EUN JIN SUN ► son naeun

un » Je suis née dans une famille modeste qui ne possède que peu de biens. Mais c’était une famille aimante, du moins au début. Arrivée à l’âge de six ans tout bascule lorsque ma mère décide de nous quitter avec mon père. Nous nous retrouvons tous les deux, livrés à nous-même. deux » Souvent rejeté depuis le départ de ma mère, mon père a toujours eu du mal pour trouver les mots et s’exprimer correctement avec moi. L’ambiance a rapidement basculé, non pas par manque d’amour, mais par manque de pratique. trois » Mon père s’est noyé dans le travail, j’étais souvent seule et livrée à moi-même. Je devais néanmoins le rendre fier, alors j’ai tout fait pour être une bonne élève, même si au début ça a été compliqué. A l’âge de sept ans, un an après le départ de ma mère, j’ai dû prendre mes responsabilités et exceller à l’école. quatre » Non appréciée de mes camarades de classe, j’ai été le bouc-émissaire d’un groupe de jeunes de mon école parce que je restais dans mon coin et n’arrivait pas à concilier travail et vie sociale. J’en ai énormément souffert. D’autant que les élèves de mon école savaient pour le départ de ma mère et me disaient que tout était de ma faute si elle nous avait abandonnés, mon père et moi. cinq » A l’entrée au collège, tout a changé. J’ai commencé à faire attention à mon apparence et j’ai coupé cette vilaine franche qui me cachait le visage, enfant. Les autres élèves ont commencé à me dire que j’étais jolie et qu’avec un tel visage d’ange, je pouvais aller loin dans la vie. Je remplissais tous les critères du parfait standard beauté de Séoul. six » Me rendant compte de ma popularité grandissante, j’ai décidé de jouer la carte de la parfaite petite fille coréenne. Non seulement belle, je montrais aux gens la meilleure facette de moi-même, je montrais comme j’étais gentille et souriante. Bien que les apparences ne fassent pas tout, cela m’a été d’une grande aide et je me suis toujours promis de faire attention à mon image, quoi qu’il advienne. J’étais devenue la fille que les garçons désiraient et dont les filles voulaient être l’amie. Et je continuais d'exceller dans mes résultats scolaires. sept » Sans m’en rendre compte à l’époque, j’étais devenue ce que les gens voulaient voir de moi. Façonnée pour les autres, je gardais toute la rage accumulée pendant des années, en moi. Je souffrais. Respecter les standards de beauté, être une bonne élève, cela me prenait beaucoup d’énergie. Et j’aurais aimé que ma mère soit fière de moi, je ne l’ai jamais revue depuis son départ. Ce mal-être a grandi en moi, et ma véritable personnalité devait rester bien enfouie. Trop capricieuse et exigeante, personne ne voudrait d’une fille comme ça à ses côtés. huit » Au lycée, mes formes ont commencées à se dessiner. Je n’étais plus seulement Sun Eun Jin, j’étais devenue la plus belle fille de l’école. Les garçons s’intéressaient davantage à moi, et je compris rapidement que j’avais plusieurs atouts de séduction dont je pouvais me servir. Sentir que l’on plait autant, cela me procurait une sensation de bien-être absolu. Alors j’en ai joué. J’ai flirté avec bon nombre de garçons, sans jamais aller plus loin. Jalouse quand leurs attentions se détournaient vers une autre, je ne voulais être que la seule que l’on regardait. Alors ma véritable personnalité a commencé à sortir. Rien n’était visible pendant que j’étais au lycée, mais les coups bas que je pouvais faire dans le dos des autres, je ne me gênais pas pour le faire. Détruisant alors des couples et des amitiés bien ancrés. neuf » Une seule personne m’a réellement vu comme j’étais. Ce garçon qui n’était pas si facile à atteindre et qui paraissait toujours froid avec les autres. Solitaire, il refusait de me regarder et de m’accorder de l’importance. Il a vite compris mon petit jeu et il a été la personne la plus redoutable de mes années lycée. Finalement, je suis tombée dans mon propre jeu et c’est moi qui suis tombée amoureuse de lui. dix » Major de promo à la sortie du lycée, je n’ai jamais revu ce garçon qui connaissait ma véritable personnalité. J’annonçais aussi à mon père que je voulais être parfumeuse et que je voulais créer ma propre marque de parfums pour pouvoir les vendre à l’international. Comme j’aurais dû m’en douter à l’époque, mon père, déjà très fatigué par le travail ne comprit pas ma décision et me chassa du logement familial. Je me suis retrouvée livré à moi-même, mais bien déterminée sur ce que je voulais faire de mon avenir. onze » J’intègre une filière de chimie à l’université de Kyung Hee de Séoul. C’est mon heure de gloire et je suis prête à réaliser mes objectifs coute que coute. Je décide de garder la même mentalité que celle que j’avais au lycée. Je serais la petite Sun Eun Jin parfaite en tous points. douze » Pendant mes trois ans à l’université, j’excelle sur tous les fronts, je suis gentille, belle et bonne élève. De grands chimistes me remarquent et tentent de me faire intégrer leur entreprise comme apprentie. Je refuse à chaque fois me promettant de partir de cette ville qui ne ressasse que de mauvais souvenirs pour moi. Vivant dans une petite maisonnette avec une seule pièce, j’ai eu du mal à joindre les deux bouts et à m’en sortir. Je ne mangeais pas à ma faim et j’étais exténué de jouer le même cinéma tous les jours. treize » A la fin de mes années d’université, une femme de renom qui avait créé sa propre parfumerie vint à ma rencontre et me proposa d’être son apprentie nez dans une ville américaine. Je n’ai pas mis beaucoup de temps pour accepter sa proposition. Les mois qui ont suivis m’ont permis de me préparer pour mon voyage, ne sachant pas quand j’allais bien pouvoir revenir à Séoul, ma ville natale. quatorze » Lorsque j’arrive à Boston je n’ai que vingt-et-un an et je suis subjuguée par la beauté des paysages occidentaux. Je suis ici pour une bonne raison. Valider mes objectifs et devenir celle que j’ai toujours rêvé d’être. Mon père est au courant que je vis désormais à Boston mais il n’a pas daigné une seule fois entrer en contact avec moi. Pour lui, ce n’était qu’une bouche en moins à nourrir. quinze » Mon logement, mes transports, tout ça m’est payé par ma patronne et je lui en suis réellement reconnaissante. Mon caractère n’a toujours pas changé, je garde ce masque de fille parfaite collé à ma peau en espérant qu’un jour, je pourrais peut-être être moi-même, moins vicieuse, moins colérique. Pour le moment, je ne préfère pas montrer mon véritable visage. Cela ne fait que deux ans que je vis ici et j’ai toujours cette irrépressible envie d’être appréciée de tous.