Elvia Novak. Je ne saurais quoi vous souffler au sujet de la demoiselle quand bien même je l’avais côtoyée pendant un long moment en m’invitant trop régulièrement dans la demeure familiale de Milo. Et, malgré ces nombreuses heures passées chez Milo en Italie, je n’avais jamais été franchement en compagnie de la jeune fille. Il m’arrivait de la croiser assez régulièrement pour avoir une relation purement cordiale avec elle. Vous savez le genre de relation qui se limitait avec les ’bonjour, ça va, merci, de rien, au revoir’. Cependant, nous n’avions jamais été plus loin que cette entente. Nous n’avions d’ailleurs jamais été seul à seul pour mettre en place une quelconque relation autre que celle qui la poussait à me considérer comme le copain de Milo. Pour tout vous avouer, je n’avais même pas cherché à donner vie à une quelconque relation avec Elvia. Je n’avais pas cherché à me pencher sur cette question. Non, ce n’était pas ce qui m’intéressait à l’époque. Je n’étais qu’un gamin amoureux. Je n’étais qu’un gosse foutrement trop épris. Je préférais passer chaque seconde de mon temps en compagnie de Milo. Je préférais passer toutes ces heures seul à seul avec le bel Italien qui me rendait complètement dingue. Elvia Novak… Franchement, est-ce que la jeune fille m’avait réellement apprécié à cette époque ou s’était-elle contentée de faire semblant devant sa famille ? Devant Milo ? Je l’ignorais. Je ne le saurais sans doute jamais dans le fond et ça ne comptait plus vraiment. Ce n’était qu’une vérité qui m’avait échappée. Ce n’était qu’une interrogation qui ne m’avait guère interpellée à l’époque puisque je me foutais bien de ce qu’on pouvait penser de moi. J’aimais Milo. Milo m’aimait. C’était ça le plus important. Peut-être bien qu’Elvia ne m’avait jamais aimé. Peut-être bien qu’elle avait compris dès le départ que je ferais du mal à son frère quand bien même cela n’avait jamais été mon but. Peut-être qu’à cause de mes blessures incessantes et de ma façon de me comporter, la demoiselle avait compris que je finirais par disparaître un jour en foutant la merde derrière moi. Ouais, peut-être bien. Elvia Novak… Je n’aurais jamais cru me retrouver de nouveau face à ce visage que j’avais si souvent croisé. Je n’aurais jamais cru avoir à me retrouver dans un quelconque face à face avec la demoiselle. Et, pourtant ça arrivait aujourd’hui. Ça arrivait parce que j’avais fait trop de conneries avec Milo. Ça arrivait parce que Milo et moi nous étions laissés aller à nos sentiments et à nos pulsions au lieu de réfléchir plus posément. Ça arrivait parce que nos conneries avaient été révélées au campus en entier. Mais, bordel, pour moi, toutes ces conneries n’étaient guère des conneries. Non. Il s’agissait d’actions que je n’avais pas été foutu d’éviter. Il s’agissait d’une réalité qui devait s’exprimer. Putain, pour moi, tout ça avait peut-être la possibilité de devenir le début d’une toute nouvelle histoire. Le beau conte de fée Nealo auquel nous n’avions pas eu le droit en Italie… Le beau conte de fée Nealo auquel je rêvais depuis si longtemps… Un conte de fée qui devenait trop rapidement balayé par Veritas puis par Elvia qui osait se pointer en personne au sein de mon appartement. La jeune fille n’hésitait pas à me hurler dessus et à faire pression sur mon torse. J’étais persuadé que si elle avait pu me tuer sur le champ sans la moindre conséquence, elle n’aurait pas hésité à le faire. Il y avait tellement de haine. Il y avait tellement de rancœur. Et moi ? Moi, je la laissais faire pour le moment. Je la laissais exprimer tout ces sentiments négatifs qui pulsaient en elle. Je la laissais agir parce que je le méritais après tout. Je détruisais des histoires. Je faisais tellement de mal aux personnes à mes côtés. Alors, ouais, je méritais cette putain de souffrance et tous ces hurlements qui me cassaient déjà les oreilles. J’étais prêt à subir toute cette irritation. J’étais parfaitement capable d’encaisser ce que je méritais. Elvia crachait son venin et je la laissais faire. Malheureusement, les choses n’étaient pas si simples. Je ne pouvais pas me cloîtrer dans le silence. Je n’étais pas fichu de garder ma bouche close alors que cela aurait été le mieux à faire. Mais non, je ne pouvais pas me taire en l’entendant souffler toutes ces choses. Aussi, j’acceptais de reconnaître mes torts avec Milo quand bien même je refusais de considérer d’autres options possibles. Je refusais même de regretter cet instant magique pendant lequel je m’étais senti de nouveau en vie et bien dans ma peau. J’haussais les épaules et Elvia réagissait aussitôt. Elle me soufflait que ouais j’étais censé repousser Milo. C’était ce que faisaient les gens avec un minimum d’intelligence. Ils réfléchissaient avec leurs cerveaux et pas avec leurs queues. Malgré moi, un rire passa entre mes lèvres parce que, putain, si elle savait à quel point il m’était difficile de mettre mon cerveau en marche lorsque Milo se trouvait sous mes yeux. Si elle savait à quel point mes pensées se brouillaient lorsque le bel Italien se trouvait à mes côtés. C’était pire encore lorsqu’il commençait à me toucher et il l’avait fait ce jour-là lorsque nous avions couché ensemble. Merde. C’était normal de se retrouver incapable de penser correctement lorsque l’homme que l’on croyait être l’homme de notre vie se trouvait dans les parages. C’était ça aimer quelqu’un passionnément et inconditionnellement. Non ? Ma langue glissa sur mes lèvres tandis que j’hésitais quelques secondes. Et, plantant mes yeux dans ceux de la demoiselle, je finissais par siffler foutrement désespéré.
Putain, mais tu n’as jamais été amoureuse toi ou quoi ?! Genre tu crois que parce que tu le décides, tu peux repousser qui tu veux comme tu veux quand tu veux ?!
J’agitais la tête négativement comme si j’étais complètement désespéré par les propos et le comportement de la jeune fille à ce sujet. Et, putain, je l’étais. Elle m’avait dit que j’aurais dû repousser Milo. Mais, bordel, si elle avait déjà été aussi amoureuse de quelqu’un autant que je l’étais de Milo, elle aurait dû comprendre que les choses n’étaient jamais aussi aisées. Ce n’était pas tout ou rien. Il ne suffisait pas d’appuyer sur un bouton pour tout contrôler et parvenir à repousser qui on voulait. Elle ne pigeait strictement rien à toute cette histoire. Elle ne rendait sans doute pas compte à quel point Milo avait un impact sur moi. Elle ne me connaissait guère après tout. Elle ne pouvait certainement pas saisir à quel point j’étais attaché à son frère. Putain, des années auparavant, je comptais demander à Milo de m’épouser quand même. Ce n’était pas rien. Ce n’était pas quelque chose qu’on faisait sur un coup de tête sans penser une seule seconde au futur et sans avoir de sentiments assez fort. Bordel, des années auparavant, je m’étais vu passer toute ma vie avec Milo. Oui… avant que ma vie ne déraille et que je ne sois obligé de faire des choix aussi drastiques que douloureux autant pour mon entourage que pour moi. Tenez, le sujet de l’Italie revenait d’ailleurs bien vite sur le tapis et cela me déplaisait grandement. J’avais offert des explications à Milo sur toute cette histoire et, à mes yeux, cela suffisait amplement. Les autres n’avaient pas besoin de connaître les détails de ma fuite. Les autres n’avaient pas à découvrir le côté sombre de mon histoire. Lorsque je soufflais que je n’avais pas écris à Milo à cette époque parce que je ne pouvais pas me résoudre à lui mentir, Elvia se mettait à rire et je fronçais les sourcils devant ce comportement incompréhensible. La demoiselle avançait que partir sans rien dire ce n’était pas mentir peut-être… Hein ? Non, ce n’était pas mentir. C’était juste partir et laisser les autres se faire les films qu’ils voulaient. Mais, moi ça ne m’impliquait aucunement. Je ne mentais pas. Pourtant, Elvia semblait penser le contraire. Elle soufflait que j’avais ainsi laissé croire à Milo que je ne l’aimais plus, que je l’avais quitté même que je l’avais laissé pour aller voir une autre personne. Je secouais négativement la tête encore plus désespéré. J’ouvrais la bouche comme pour dire quelque chose, mais je la refermais bien trop vite. Je ne savais quoi répondre à de tels mots. J’aurais beau tenter de me justifier, la demoiselle ne comprendrait jamais mon point de vue. J’aurais beau siffler que je n’avais pas menti en partant sans mot, elle soutiendrait le contraire alors autant laisser tomber. Son avis ne comptait pas pour moi. Non, l’avis de Milo était le plus important et il avait eu les informations sur cette histoire en Italie. Ça suffisait. Le sujet était clos. Je sursautais soudainement tandis qu’Elvia frappait dans le mur. Merde, je ne m’attendais pas à ce que la demoiselle soit violente. Je prenais sur moi soufflant lentement pour me contrôler et éviter de m’en prendre à elle. On ne touchait pas les femmes. On ne frappait jamais une femme. À moins que ce ne soit elle qui frappe en premier… Mais, soudainement, la vérité éclatait tandis qu’Elvia m’avouait qu’elle était derrière le Veritas. C’était elle qui avait révélé la tromperie de Milo au grand jour. C’était elle qui nous avait exposé de cette manière. Je relevais la tête si vite que je me cognais au mur étouffant un gémissement. La colère bouillait tellement à l’intérieur de mon corps. Elle était si violente que j’envoyais rapidement mes principes à la poubelle n’hésitant pas à repousser violemment la demoiselle. Je ne la frappais pas. Je ne pouvais pas faire ça. Je me mettais simplement à marcher de long en large avec l’espoir de faire sortir ma rage de cette manière. Et je babillais ma haine sans même me retenir. Je balançais des propos trop rapidement sans me demander si j’étais compréhensible ou pas. Elvia finissait par reprendre la parole. Est-ce que je croyais qu’elle avait fait ça pour protéger Veïa ? Putain, ouais, en parti en tout cas. Tout le monde avait semblé apprécier cette blonde au bal de Thanksgiving comme si elle était exceptionnelle alors peut-être qu’Elvia aussi l’aimait bien – tellement plus qu’elle ne m’avait aimé moi – au point de vouloir la protéger. Mais, la jeune Novak m’avouait qu’elle l’avait fait pour Milo, pour qu’il arrête tout avec moi parce qu’elle savait qu’il ne l’aurait jamais fait. Que je ne l’aurais jamais fait. Putain de merde, elle avait tellement raison. Si Milo me laissait être dans sa vie, je ne ferais pas machine arrière. Si Milo acceptait notre histoire, je n’arrêterais rien avec lui. Je rêvais tellement de faire ma vie avec le bel Italien. Lorsque la demoiselle souffla qu’il était facile de se dire qu’une fois suffisait, mais que la deuxième allait suivre puis encore une autre que jamais ça ne serait fini entre Milo et moi, je fermais les yeux parce qu’au fond ouais j’avais voulu y croire. Je voulais y croire. Et elle avait raison. Peut-être que c’était ce qui serait arrivé si elle n’avait pas posté ce Veritas. Je sursautais lorsque la main de la demoiselle se refermait sur mon col de nouveau. Et, sans que je ne le voie venir, sans que je ne puisse l’esquiver, le poing de la Novak s’écrasait dans ma mâchoire. Outch. Bordel, ça faisait mal. J’encaissais sans broncher alors qu’elle me hurlait dessus. Elle hurlait ces vérités que je ne voulais sans doute pas entendre parce qu’elle avait trop raison et que, putain, même si elle me l’avait demandé, j’aurais eu trop de mal à partir sachant que mon Milo était à portée de main et que j’étais fou de lui. Soudainement, la jeune fille disait qu’elle aurait aimé que je sois mort et que je ne revienne jamais dans sa vie. Mes yeux se fermaient tandis qu’elle me relâchait en me repoussant. Presque aussitôt, mon poing s’abattait sur le mur. Je ne pouvais pas la frapper elle malgré tout. Je ne voulais pas la frapper. J’appuyais mon front contre ce mur tournant le dos à Elvia. J’attendais quelques secondes avant de me tourner vers elle pour souffler.
Ouais, tu as raison… Je ne me serais sans doute pas éloigné à moins qu’il me le demande… Parce que c'est à lui de prendre la décision Elvia. C’est à lui de choisir le chemin de sa vie… Tu… T’as jamais pensé que peut-être Milo et moi avions le droit à une seconde chance ? Que j’avais le droit à cette seconde chance avec lui ? Je… S’il veut de moi dans sa vie, je… Je ferais juste tout pour le rendre heureux… Et ce… C’pas toi qui m’en empêchera… Je relevais les yeux vers Elvia comme pour lui prouver que sa venue chez moi, ses mots et ses coups ne changeraient strictement rien. Si Milo me voulait, je serais là et je ferais tout pour combler ce garçon qui faisait pulser mon cœur. Laissant tomber ma main qui massait ma mâchoire, je m’appuyais contre le mur avant de siffler entre mes dents. Maintenant si t’as fini de cracher ton venin, barre-toi !
@Elvia Novak