@Cornelia Warhol FEB, MON, 18:50 Du noir. Encore et toujours du noir. Dans ton âme et dans ta toile. Avec une application biblique, tu fais disparaitre les dernières parties de lumières de ta peinture avec ton pinceau que tu plonges bien trop souvent dans ta peinture sombre. Tu recules le buste pour admirer l’ensemble. Le tout est très obscur, avec quelques points plus clairs représentant des étoiles dans la nuit. Au centre de la toile, se distingue un bâtiment que tu as représenté par quelques touches grises et blanches, il s’agit très probablement du reflet de la lune dans les vitres. Tu plisses les yeux, insatisfaite, il manque quelque chose à ta toile, mais tu ne sais pas encore quoi. Lorsque tu as décidé de t’inscrire à ce cours d’art, jamais tu n’aurais pensé avoir le cran de vraiment t’y rendre. Et pourquoi te voilà ici, cachée derrière ton chevalet avec le mur derrière toi comme unique admirateur de ton œuvre. Ton but n’est absolument pas de montrer au monde ta passion sécrète, mais plutôt d’obtenir des conseils et trouver des astuces auprès du professeur de ce cours, égoïstement. Car oui, tu es arrivée ici uniquement dans le but d’en sortir meilleure. Tu détestes de ne pas être assurée à cent pour cent de tes capacités et t’as toujours eu cette fâcheuse habitude d’être persuadée que quelque chose est hideux s’il n’est pas parfait. Il n’y a pas de marge de progression, pas de juste milieu, c’est tout et rien. Et dans ta vie Katalia, tu as toujours voulu que ce soit tout. C’est ton premier cours aujourd’hui et le professeur s’est présenté avant de vous demander de vous laisser aller à votre créative. Après dix bonnes minutes à vous regarder dans le blanc des yeux, à vous toiser, à tenter de vous adopter, tu t’es finalement forcée à lui faire confiance. A la toile devant toi. Une jolie blonde se tenant à quelques mètres à ta gauche semble également avoir eu du mal à se lancer, et vos regards se sont même croisés alors que tous les autres étaient déjà en train de s’afférer. T’es concentrée, mais cela ne t’a pas empêchée de tourner de temps en temps la tête dans sa direction, parce que t’as été intriguée parce que tu as cru apercevoir dans son regard lorsqu’elle t’a regardé. Cela fait déjà trente minutes que la dizaine d’élèves présents dans la salle sont concentrés sur leur art. Les chevalets sont disposés en cercle tout autour du centre de la pièce, si bien que cette configuration vous permet à tous de garder une intimité. Cela te convient très bien, car pour le moment, tu te sentirais incapable de monter ta toile à qui que ce soit. Sauf peut être au professeur et uniquement lui, après tout, tu es là pour ça. Ton regard fixe ton sombre tableau, représentation d’un immeuble à peine éclairé dans la nuit noire. Tu fronces les sourcils, laisses couler un instant, avant de trouver cette fameuse chose qu’il manque à ta toile. De la couleur. Tu vas te servir de jaune et commences à entourer le bâtiment au centre de ta peinture. Il te faut à peine quelques secondes pour réaliser que tu es train de peindre des flammes. Un bâtiment en flamme. Tu y ajoute plusieurs nuances d’orange, de marron, de noir, tout ce qui te passe sous la main pour rendre le tout le plus réaliste possible.
(Katalia Borgia)