Taram & Alice
Bas noirs montés à la mi-cuisse, talons noirs, micro short en jean qui laissait entrevoir mes longues jambes et débardeur blanc, voilà quel était le « simple appareil » dans lequel je me mouvais avec délectation. Évidemment, quand un de mes amis Mathers m’avait demandé de le suivre jusqu’ici, j’avais sauté sur l’occasion. Nan mais sérieusement, quoi de mieux que faire la fête. Noctambule dans l’âme, voilà que je dansais, une bière à la main, un sourire carnassier aux lèvres, secouant mes couettes violettes au grès des basses et du rythme entrainant de la musique. J’aimais cette ambiance enfiévrée, où les plus grands vices tels que le sexe et l’alcool se côtoyaient. C’était mon monde, l’endroit, la situation dans laquelle je me sentais le plus libre, la plus vivante. J’enchainais les verres payés par d’ignobles inconnus, parfois pas si ignobles, et continuais de danser fiévreusement, langoureusement au milieu des corps plus ou moins dénudés. Au fur et à mesure que les verres m’étaient offerts, l’alcool me montait de plus en plus dans la tête et pourtant, dieu sait à quel point j’étais une habituée de ces états d’ébriété plus ou moins avancés. Je riais, souriais, lançais des regards inquisiteurs aux hommes, bref, je déployais déjà tous mes charmes pour ramener une proie au bercail ce soir. Bah oui, ce soir, je n’étais pas là que pour la fête mais bel et bien, aussi, pour chasser un petit mâle qui me servirait de casse-croûte de débauche au détour d’une rue, d’un toilette ou même d’une banquette arrière, je ne suis pas une fille très compliquée. C’est là que je le remarquais, seul, visiblement impatiemment perdu au milieu de cette jungle dont il ne semblait certainement pas faire partie. Bref, proie parfaite pour soirée déjà bien partie. Doucement j’avançais près du bar où il se tenait, aguicheuse, un peu vacillante quand tout à coup mon ami, avec qui on avait l’habitude de se donner des cap ou pas cap, me tendit un verre de tequilas et me dit :
« Cap ou pas cap … de monter sur cette table et de faire un de tes légendaires Rock’n’roll girl strip ? »
« T’m’prends pour une demeurée … file moi ça … j’vais t’en donner du cap ! »
Attrapant le verre de tequila, ni une ni deux, j’en faisais un cul sec, lançais un regard à mon ami et m’approchait de la table là plus près. Un groupe d’étudiant y était attablé mais je m’en fichais complètement. Ne cherchant pas plus loin, d’un geste rapide et souple, je m’y hissais dessus, émergeant de la foule. Ça tombait bien, ils passaient un morceau qui s’y prêter bien, un remix de My Favourite Game des Cardigans. Je commençais alors à me balancer, langoureuse, sensuelle, terriblement féline, plantant mes yeux bleus charbonneux sur le jeune que j’avais repérer plutôt. Et c’était parti : « Tu t’en sortiras pas facilement » me disais-je.