Daisy and Priape.
Je ne savais pas quelle était la réponse qu'elle allait me servir, en fait, cet épisode dans la bibliothèque, où l'on se retrouve enfermé, tous les deux, aurait pu se passer très simplement mais nous avions décidé de parler et de ne pas nous éviter comme nous le faisions depuis quelques temps, en fait, c'est vrai, si tout cela avait suivi le cours des choses, nous serions, actuellement chacun dans notre coin de la salle, entrain de continuer ce pourquoi nous étions venus, au bout d'un moment, nous nous serions endormi, elle avant moi, comme d'habitude, et seulement là je me serais permis de la regarder vraiment, pas dans un de ces regards furtifs que je lui aurais lancé toute la soirée, et au bout d'un moment, je me serais endormi à mon tour. Bref, la soirée n'était décidément pas décidée à se dérouler de la sorte, on aurait pu penser que c'était un scénario mené à la baguette, mais pas du tout, je n'avais dit à personne que j'avais été à la bibliothèque et personne ne m'y avait forcé. En fait c'était juste un hasard, un heureux hasard parce qu'il nous permettait de nous exprimer et au moins, ni elle ni moi ne pouvions fuir comme elle l'avait fait autrefois. C'était bizarre comme situation comme ci... Je ne sais pas, comme ci tout était minutieusement pensé pour nous faire parler l'un à l'autre. Comme Valentin aurait pu le faire s'il avait eu l'idée, cependant il en l'avait pas eu, cette idée et il n'avais décidément rien n'a voir avec tout cela.
Alors, c'était autre chose, sûrement le destin qui voulait définitivement nous voir ensemble ou bien peut-être juste nous réconcilier, mais, secrètement j'espérais, si c'était lui le metteur en scène de tout ça, qu'il nous veuille ensemble. En fait, en peu de temps, elle s'était excusée, prenant la parole en première et ensuite, après un court, ça avait été mon tour. En boucle résonnaient ses paroles dans mon crâne, c'était étrange, comme un discours sans fin qui se répétait à jamais, comme ci il essayait de mémoriser les paroles de la jeune femme qui était en face de moi. Si je m'avais écouté, cela ferait bien longtemps que ses bras serait autour de moi, et les miens autour d'elle, en fait, dès que je l'aurais aperçu, c'est ce qu'il ce serait passé. Mais, non, rien de cela n'était arrivé, encore une fois. Là, nous avions du mal à nous parler, comme s'il y avait une gêne, une gêne qui s'était installée et avait pris une place entre nous, nous empêchant de nous rapprocher, comme un accoudoir entre deux sièges de cinéma. Mais nous avions tout de même pris la parole, luttant contre cette gêne qui nous poussait à rester chacun de notre côté. Ce soir, là, parlant avec elle, je réalisais tant bien que mal que ces quelques temps que j'avais passé sans elle à mes côtés, l'évitant pour l'imiter et le cœur rempli de douleur, eh bien, je réalisais que tout ce temps, elle m'avait manqué, je réalisais qu'elle m'avait terriblement manqué. Plus que ce que je m'imaginais. Et c'est maintenant que j'en prenais l'ampleur, là, appuyé contre ce bois de bibliothèque et elle juste en face de moi, un peu plus loin. Nous gardions cette espèce de distance de sécurité que je n'aimais pas le moins du monde, si seulement j'avais pu m'en débarrassé, je l'aurais fait depuis longtemps, croyez-moi.
Et pendant tout ce temps, qui n'était en fait que de longues secondes sans paroles, mon cerveau laissait mes pensées vagabondées me remémorant tous les souvenirs que j'avais partagé avec elle, tous les petits détails que j'avais cru oublier ces derniers temps, ensuite, il me rappelait comment j'étais mal quand elle avait décidé de partir, de me laisser là et quelle douleur j'avais connu quand je l'avais vu au bras de cet enfoiré – excusez-moi du terme – de mec qui était son copain, ce que finalement, je n'avais pas vraiment pu être... D'une certaine façon, j'étais jaloux de lui, il avait à ses côtés la femme la plus belle du monde, la plus précieuse du monde et lui, il ne faisait que dégradé son image qui restait intacte à mes yeux et à abîmé son corps sur lequel il frappait en cachette. Mais ça, je n'étais pas censé le savoir, et elle non plus n'était pas censée savoir que j'avais légèrement - beaucoup – aidé à amoché le jeune que mon meilleur ami et moi avions surpris à lever la main sur Daisy. En fait, j'étais jaloux de lui parce qu'il avait la seule chose que je désirais le plus et je ne l'étais pas parce qu'il était tellement que je n'avais quasiment rien n'a lui envié, si ce n'est ce détail qui n'était pas des moindres, vu, qu'en fin de comptes, il avait tout ce que j'avais toujours voulu. Quand elle se remit enfin à remuer les lèvres, j'ouvrais mes oreilles. Je ne avais pas ce qu'elle allait me répondre mais j'allai bientôt le savoir. « Si j’avais sû…. On a gâché tellement de temps à agir comme des gamins, crois-moi, je m’en suis mordu les doigts mais j’avais peur, peur que mes sentiments ne soient pas réciproques, peur d’être un simple chiffre dans ton tableau de chasse, je ne voulais pas souffrir, j’avais peur de tomber de haut, du coup j’ai préféré partir en courant que d’affronter ce que je croyais être la vérité… Je me sens idiote, on a perdu tellement de temps pour des bêtises… » Partir en courant... Oui voilà, c'était ça la solution de tous les problèmes, partir en courant. C'est ce que j'avais, enfin, d'une certaine façon, fait quand ma sœur était montée au ciel ce jour-là, je n'avais tellement pas supporté, c'était tellement horrible... Mais je préférais stopper mes pensées là-dessus. Elle avait raison... En fait, elle avait incontestablement raison, nous avions gâché trop de temps... Du temps précieux à faire des idiots et des enfants... Mais elle avait tort sur une chose, d'une certaine manière aussi, ses sentiments étaient réciproque et si elle m'avait laissé le temps de lui dire, de lui faire comprendre mes sentiments, elle n'aurait plus eu peur, elle aurait été apaisée, et elle se serait réfugiée dans mes bras au lieu de prendre la fuite et ses jambes à son cou. Je la regardais encore une fois, noyé dans son regard noisette. J'étais un peu perdu, je dois l'avouer... Je ne savais pas quoi répondre... Je ne savais pas quoi lui dire... Je ne savais pas à quoi m'attendre et j'avais peur. Peur d'être déçu par la réponse qui s'en suivait... A chaque fois qu'elle parlait de sentiments, elle parlait au passé, est-ce que ça signifiait qu'elle ne ressentait plus rien pour moi ?
Et sans que je n'eusse pu répondre quoi que ce soit, je la regardait se mouver dans le noire de la nuit couverte par la toit au-dessus de nos têtes. Elle se décollait du mur et vint à moi, elle marchait en hésitant, elle faisait des pas, un à un, et elle ne s'arrêtait que lorsqu'un seul pas nous séparait. J'étais encore un peu plus perdu et un peu plus encore quand ses doigts froid se posèrent sur les miens avant qu'elle ne s'empare de ma main, toujours un peu plus grande que la sienne, en fait, j'avais baissé le regard, j'avais de suite regarder sa main dans la mienne, je ne savais pas quoi penser. Ce n'était pas possible, elle qui m'évitait si bien en temps normal, là elle me tenait la main, un acte qui aurait très bien pu être un rêve, mais là, maintenant c'était bel et bien réel, vrai. Je relevais mon regard une fraction de seconde avant elle. Je ne savais pas trop quoi faire, j'avais envie de la serrer contre moi comme quelque chose de cher à notre cœur que nous avions perdu et que nous retrouvons quand on est plus grand, des années plus tard. Sans trop réfléchir, je pris finalement contre moi et l'attirait doucement contre moi, jusqu'à ce qu'elle soit contre moi. Je l'entourais ensuite de mes bras. Si elle voulait partir, elle n'avais qu'à se retirer. Je n'avais rien ajouté de plus, je ne savais pas quoi dire et je cherchais toujours...