Un verre, deux verres, trois verres, quatre verres, cinq verres, et puis... t'as arrêté de compter. On le sait tous, tu ne tiens vraiment pas l'alcool. Toi même tu le sais, mais il semblerait que toutes ces gueules de bois ne t'ai toujours pas fait retenir la leçon. La plupart de ces gueules de bois étant en présence de cette tête blonde avec qui t'étais encore hier soir, tiens. La soirée était magique, géniale, épique, des quelques souvenirs qu'il te reste, du moins. Ta paupière gauche s'entrouvre et se plisse, alors que ta pupille est traumatisée par la luminosité alentours. Tu te concentres pour te remettre les idées en place, comme un puzzle à 1000 pièces. C'est dur, bien trop dur. Ta tête te fait un mal de chien, tu rêves d'une douche, d'un doliprane et d'eau bien fraîche. Tu refermes l’œil et tentes de te souvenir de comment t'es arrivée là. Une soirée, de la tequila, de la bonne musique, un taxi, un escalier interminable, et Melu. Melu ! Tu sens sa présence à côté de toi, de part son odeur que tu connais par cœur, et surtout quelques mèches qui se sont perdues sur ton visage. T'es chez elle, vous êtes toutes les deux et rien que toutes les deux, c'est déjà un très bon point. Tu te concentres pour sentir les différentes parties de ton corps endolori. T'es sur le flan, ton bras gauche avachi sur son ventre et les jambes de Melu posées sur les tiennes. Mademoiselle dort encore paisiblement, telle la belle au bois dormant, alors que tu tentes de replier tes jambes pour t’échapper des siennes et te dégourdir. Tu plisses le nez, fais la moue alors que des images de la veille te reviennent en tête, tu imagines déjà les articles torchons sur des pseudos-blogs d'actualités en Italie avec un bon gros titre de merde du genre "l’héritière fait des siennes". Pour le moment, c'est le cadet de tes soucis, tu vas d'abord te concentrer sur le fait de retrouver l'ensemble de tes sens et de ta dignité. Tu entends la porte de la chambre s'ouvrir, tu t’apprêtes à râler sur le coloc venu vous déranger, et tu reconnais alors une voix bien particulière. C'est Jayson qui ne trouve rien de mieux à faire que vous lancer une blague salace dès le réveil. « Je suis en train de décéder, t’es venu pour mon enterrement ? » Les mots de ta meilleure amie te font sourire et lâcher un léger rictus. Tu sors un bras de la couette et, les yeux toujours fermés, gigotes ta main dans les airs à la recherche de l'invité du matin.
« Jay t'es où ? » Tu finis par trouver la tête du jeune homme et déposes tes doigts sur son visage. Tu atterris d'abord sur son front, passes sur sa joue droite pour finalement venir lui pincer doucement le nez.
« Tu serais un ange descendu du ciel en venant nous apporter un verre d'eau ? » Tu finis par avoir le courage d'ouvrir les yeux, mets quelques secondes à adopter la luminosité et te tournes vers le beau brun.
« Je t'ai dis à quel point t'étais canon comme ça, de bon matin ? » Tu tentes de l'amadouer à ta manière pour obtenir ce que tu veux, mais au fond tu le penses vraiment. Jay semble bien plus frais que vous, et ces yeux doivent en faire tomber plus d'une à chaque fois qu'il se montre quelque part, t'en es persuadée. Tu te tournes ensuite vers la sublime blonde qui te sert d'amie.
« Ah quel dommage, tu ne peux plus partir à Tahiti si tu te sens trop mal, du coup. Tu vas devoir rester avec moi. » Tu ne lui laisse pas le loisirs de répondre que tu viens l'attraper en l'enrouler de tes bras avides en riant de ta voix roque du lendemain de cuite. En vrai, tu pars toi même en voyage d'ici peu, mais c'est juste histoire de l’embêter.