♪ If we ever meet again • Ft Grace

Vivre, c’est sans doute l’expérience la plus troublante. On ne choisit pas sa destinée, on se laisse bercer puis au final on tente désespérément de donner à cette existence éphémère, un but. Sloane, elle avait décidé de tout faire à l’envers, elle ne voulait pas être réduite au conformisme…C’est-ce qu’elle voulait petite, puis elle s’est rendue compte qu’on n’échappe pas à sa destinée. Sa Mère est mourante, elle se meurt progressivement et bien qu’elle se soit faîte à l’idée, cela ne veut pas dire que s’en est moins douloureux. Ça fait mal, c’est puissant et tenace. La mort n’a jamais été un tabou, ils en parlaient à la maison durant de longues heures où son père leur assurait que la mort n’était pas une fin, mais un commencement. Bon, son père avait aussi une forte tendance à partir dans de longs trips due à la drogue, mais n’empêche qu’il tentait par ces définitions illusoires de les rassurer sa sœur et elle. Sloane ne sait pas vraiment si ces explications ont suffit à la rassurer, à vrai dire non, elles n’ont pas réussit. Elle pense continuellement au moment où sa mère la quittera, elle l’accepte, mais ne s’y fait toujours pas. Au final comment peut-on réellement s’y faire ? Comment peut-on dire adieu sourire aux lèvres alors qu’intérieurement on souffre de n’être rien face au monde, d’être impuissant ? La jeune fille sourit, voilà elle partait encore dans de longues réflexions où elle allait finalement finir pas bader dans son coin. Elle remit une mèche de cheveux dans son chignon désordonné et tira de nouveau sur sa cigarette. La blonde était posée prés d’un arbre qu’elle avait trouvé parfait pour une petite séance de lecture. Certes il y’avait un peu de vent, mais ce n’était pas ce qui allait l’empêcher de prendre l’air. Avec ses colocataires elle avait parfois l’impression d’étouffer et ce n’était pas qu’au sens littéral du terme. Sloane se faisait progressivement à sa vie étudiante, à ses cours qui la passionnait, aux bâtiments splendides devant lesquels elle était émerveillée. Harvard était une pure merveille et elle remerciait le ciel chaque jour de pouvoir étudier dans un tel endroit. Elle avait même réussit à se faire des amis et même à en retrouver, si ce n’est pas magnifique ça ? Elle qui avait passé une bonne partie de son adolescence à fuir les autres se retrouvait à avoir une vie sociale riche, du moins d’après ses propres critères - ce qui ne correspond évidement pas à la norme - La petite Londonienne avait fait du chemin cependant elle était restée la même ; cette petite Outsider qu’on regardait parfois d’un œil moqueur ou dépréciateur. Avec son style parfois décalé, sa guitare qui ne la quittait presque jamais c’est vrai que Sloane avait une apparence qui ne passait pas inaperçue. La jeune fille se laissait aller à poser son beau regard brun sur les passants lorsqu’une vibration vint la sortir de ses rêveries. Fouillant dans un sac désordonné, elle en sortit enfin un Blackberry où apparaissait un message non lu, c’était Grace. Instinctivement la belle sourit, cela lui faisait d’avance plaisir de savoir que son amie pensait à elle. Elle appréciait vraiment Grace, il lui semblait qu’elle la connaissant depuis des années, si ce n’est depuis sa plus tendre enfance. La rousse apportait toujours à Sloane ce brin de réconfort et de joie qui lui manquait tant, elle savait par ces mots tendres lui redonnait le sourire à chaque fois que ça allait mal. Sloane n’aimait pas trop les termes qualifiant les relations comme : meilleure amie, sœur de cœur…Elle trouvait que ça enlevait son charme au lien et puis, pourquoi mettre forcément des noms ? Grace comptait pour elle et c’était tout ce qui lui importait. Elle lut rapidement le message et décida que c’était le bon moment afin de la rejoindre. L’étudiante mis son sac sur son épaule tout en écrasant les restes de sa cigarette avec ses bottines. Sur le chemin vers la cafétéria où elle devrait retrouver son amie Sloane se mit à imaginer le succulent café qu’elle allait commander, elle devait assouvir son manque de caféine tout le temps, partout. Si elle pouvait être mise sous intraveineuse spéciale café et tabac elle ne dirait pas non ! Ok ce n’est pas bon pour la santé, mais OSEF, elle est jeune, elle fait ce qu’elle veut. Après quelques petites minutes, elle aperçut enfin le petit café cosy où l’attendait la jolie rousse. Tout sourire, Sloane fit son entrée, posa son sac et lança un joyeux « Dis moi qu‘ils ont un macchiato au caramel, s‘il te plait ! » Ses lèvres s’élargirent, elle savait que Grace comprenait que ce besoin maladif était pour elle une source de bonheur intarissable. Elle repoussa les mèches volages de son visage et dit plus sérieusement sur le ton de la conversation « Pas trop chiant les cours ? J’aurai pu venir te chercher si j’avais su que tu avais finis plus tôt, j’étais dans un parc pas très loin. Tu me connais moi et mon amour passionné pour mère nature. » Rajouta-t-elle d’une voix rieuse. Elle ouvrit le menu que proposait le café et commença à jouer avec tout en attendant que son amie prenne la parole. « Désolée je ne t’ai pas même laissé le temps de souffler » Décidément, Sloane avait encore des progrès à faire en société.

Spoiler:

Sloane sourit face au répondant de la belle rousse. Son amie était une femme lumineuse et dynamique, chose qu’elle avait de suite appréciée chez elle. Grace était toujours pleine de vie, présente à chaque fois que la blonde avait besoin d’elle. Et c’était rassurant de pouvoir compter sur quelqu’un comme cela. L’étudiante écouta avec attention les paroles de sa vis-à-vis tout en sirotant son café qu’un charmant serveur venait de lui apporter. « C‘est vrai, un salut n‘aurait pas été de trop, mais qu‘est-ce qu‘un salut face à mon sublime enthousiasme ? » répondit la jeune fille en souriant. « Oh merde, heureusement que les cours sont passés assez rapidement ! Tu as donc été très occupé cette nuit alors » continua Sloane en faisant pleins de sous entendus. « Un charmant jeune homme peut-être, ou bien même une ribambelle de jeunes hommes. En même temps tu n’es pas très cohérente même en temps normal » La blonde fit à son amie un petit clin d’œil joueur et reprit ensuite le fil de la conversation. « Non, j’étais censée avoir cours ; mais ma prof’ n’était pas là du coup je me suis posée dans le parc avec un bouquin puis j’ai reçu ton message. Et heureusement d’ailleurs, je commençais à m’ennuyer quelque peu…et surtout à penser à ma mère. Je sais que je ne devrais pas, je ne veux surtout pas plomber l’ambiance ou parler de choses qui font de la peine. » Sloane sourit presque gênée de ce qu’elle venait de dire. Elle ne savait pas pourquoi elle parlait de ça, peut-être qu’elle avait besoin de se soulager de ce poids qui la prenait aux tripes depuis des semaines, des mois. Elle en avait marre de ressasser toujours les mêmes choses, de se faire mal et surtout d’emmerder les autres avec des problèmes qui devaient n’appartenir qu’à elle. « Désolée, parlons d’autres choses veux-tu ? » Mais après tout est-ce que parler d’autres choses allaient vraiment aider Sloane ? Elle se réfugiait derrière un masque à chaque fois tout en tentant ainsi d’annihiler sa propre souffrance. « Pourrais-je avoir un autre café s’il vous plait ? » Sloane avait ingurgité sa tasse sans s’en rendre compte, elle avait apprécié telle une mauvaise habitude l’élixir chaud. Ce n’était sans doute pas la bonne solution d’ingurgiter autant de caféine, mais que pouvait-elle faire de plus ?  « Alors parle-moi un peu de toi, comment se passe les choses depuis quoi…hier soir ? » dit-elle en souriant. Grace et Sloane passait pas mal de temps ensemble, à rire, à sortir puis il fallait avouer que la rousse tentait d’aider son amie à se sortir de son mutisme en l’incitant à se familiariser à diverses sorties. « Au fait, tu vas à la soirée de la St Valentin ? » Sloane avait vaguement entendu parler de l’organisation de la soirée célébrant les amoureux. Apparemment l’événement suscitait déjà de longues conversations, la blonde voyait dès maintenant les jeunes filles glousser à chaque passage d’hommes séduisants. « Je ne pensais pas qu’à notre âge les amourettes passagères susciteraient autant d’enthousiasme. Finalement l’université, même la plus prestigieuse ce n’est que le lycée avec des années de plus. Je me rends compte que ce ne doit pas être très drôle de parler avec moi, je me plains souvent non ?  »