LEAH GARCIA ► Giza Lagarce

Douce princesse qui vagabonde dans un monde édulcoré. L’enfant chérie d’une française, Bourbon de naissance, fière de ses origines et d’un père ingénieur chez RENFE. La prunelle de ses deux ainés, la rebelle qui sommeillait lorsque les hivers passaient ≈ Dans tout conte, les péripéties apportent malheur ou obstacles semblant insurmontables. Sur ses courtes pattes, elle s’est dressée et avec son petit minois, elle voulut faire la loi. Relation mère-fille conflictuelle, éternel recommencement d’histoires antérieures, la fillette qui ne veut ni couettes, ni robes, ni superflus. Mère qui préfère la version sage comme une image, appréciée par la société. La rebelle qui agit avec insouciance, préférant la compagnie de garçonnets que celle d’impeccables demoiselles. La disgracieuse aux airs de garçon manqué.
≈ La chasse aux grenouilles réunit les deux enfants, Alejandro et Leah. L’une ayant entrainé l’autre à l’aventure, un voyage qui se solda par des cris, des remontrances et des traces de boue aussi grandes que les jeunes sur le plancher fraichement ciré de la maisonnée. Addiction commune pour ces deux êtres nés la même année, le même mois et le même jour. Des parallèles qui se recoupent parfois, l’un sermonnant l’autre et inversement.
≈ La punition extrême qui se révéla une passion redoutable : l’école de ballet. La discipline fut un frein à son conditionnement mais elle dut s’y plier, non sans montrer les crocs. La musique et la danse coulèrent alors d’elles-mêmes dans ses veines, souffle qui la fit vibrer un temps, oubliant ses frasques, un temps. Si ce n’est ce spectacle, à l’aube de ses dix ans où sa chute mémorable tira le rouge aux joues de sa mère. Bêtise de plus qui, elle, tira le sourire à la donzelle. Elle conquit le public et s’attira les foudres de la señora Garcia.
≈ La danse l’appelle toujours lors de son adolescence mais l’âge également. Garçons, addictions et bêtises en tous genres rythmèrent son quotidien. On s’essaye à plusieurs passions lorsque l’on est jeune mais la dominante, le ballet, reste en son cœur et esprit grâce à son mentor, sa professeure de ballet. ≈ A 18 ans, Leah foule le sol de l’Opéra de Paris, sphère lumineuse dans laquelle elle gravita intensément et passionnément durant deux années. La pression ne l’emporte guère sur l’envie et la compétition qui fit rage durant ses deux ans ne la découragea pas. Elle la rendit juste peut-être plus féroce.
≈ Ses larmes ne ruisselèrent guère lorsque papa décida d’offrir sa carte bancaire et donc, sa dépendance, au vilain banquier. Au contraire, elle choisit le combat à la capitulation suite à une énième dispute avec sa mère. Le mannequinat la sauva et elle s’émancipa définitivement. Une visite surprise de son paternel réussira à lier de nouveau les deux femmes.
≈ Elle virevolte à travers l’Europe durant une tournée à l’aube de ses vingt-ans, un jour pour Alejandro, les autres jours pour tous ces spectateurs méticuleux.
≈ Le destin, cette chose peu reluisante qui mérite un coup de pied dans le derrière, lui assène le coup fatal. Alors qu’elle est en poste à Budapest, trois ans plus tard, après une soirée arrosée, elle enfourche la moto d’un inconnu, ils ont un accident sur un chemin de campagne. Elle ne se redresse pas tout de suite, son corps meurtri, sa tête en vrac, son dos ne répond plus que par la négative pour danser. Plus jamais, du temps pour récupérer, mais plus jamais elle ne dansera. Des mois de rééducation lui permettent de remarcher et, malgré une proposition alléchante pour travailler au sein de l’Opéra de Paris en qualité d’assistante, Leah préfère décliner. La fierté ou la honte ? Personne n’a encore eu la réponse à cette question, elle rentre donc en Espagne.
≈ Les cernes, le cœur qui bat moins vite, le sourire qui n’est qu’en coin, la vie aurait-elle eu raison de Leah ? Sa passion envolée, ses rêves relégués au rang de souvenir, c’est une sombre période qu’elle traverse. Pourtant, elle se raccroche à ce qu’il y a de plus grand que des remords, son énergie. Pliant ses bagages, elle s’enfuit voir le monde, y trouver quelque chose de plus beau que les tâches noircis d’eye-liner sur son édredon usé.
≈ Le mannequinat l’aide à subvenir à ses besoins et elle s’essaie même aux arts dramatiques en prenant des cours dans l’espoir de percer.
≈ Le chasseur de grenouilles fut celui qui l’accueillit parmi les requins américains. Alors qu’elle réalise un stage de plusieurs semaines aux USA, il l’héberge. Les choses dérapent inévitablement et, comme à son habitude, sa jalousie la consume jusqu’à ce qu’elle parte, taisant cette histoire totalement absurde qui ne fit que distiller l’obscurité sur leur amitié choyée. Arnaquerait-elle son cœur en choisissant ce subterfuge ?
≈ L’Europe l’appela à nouveau, faisant voler en éclat son questionnement, remettant à plus tard ce à quoi elle ne put répondre immédiatement. Leah, c’est une joueuse, mais le feu c’est dangereux, ça brûle. L’immortalité appartient aux créatures irréelles, peut-elle indéfiniment outrepasser les règles de tout être humain ? Vivre entièrement sans tuer l’essence même de l’homme, les émotions.
≈ On lui propose un contrat avec une agence locale, un contrat où elle pourrait être amenée à tourner dans des publicités ; un premier pas vers l’acting. Saisissant cette opportunité, elle s’envole pour les USA, à nouveau la tornade rôde…≈