Mes prunelles se posaient sur Milo encore une fois comme si je ne parvenais pas à croire que le jeune homme se trouvait torse nu dans ma chambre prêt à s’abandonner dans un corps à corps dont nous avions tant envie. Dont je crevais d’envie depuis que mes prunelles s’étaient posées sur lui au bal de Thanksgiving à tel point que Milo avait été plus d’une fois l’acteur de mes rêves un peu trop chaud. C’était comme si toute cette histoire me semblait totalement invraisemblable tant elle s’était produit souvent dans ma tête. Putain, ouais, elle l’était sans aucun doute. Cela ressemblait tellement à l’un de mes fantasmes idéalisés. Cela ressemblait à un de ces jolis rêves dont on finissait par s’éveiller totalement perdu dans la vérité. Vous savez, le genre de réveil où l’on se demandait si ce qui s’était passé dans notre tête s’était aussi passé pour de vrai. Cependant, là, ce n’était rien de tout cela. Non. Je le savais. Tout était concret. Tout était réel. C’était foutrement trop sincère et si fort que je ne pouvais pas l’ignorer. Milo était bel et bien présent au sein de mon appartement, au sein de ma chambre. Je le savais. Je le ressentais au plus profond de moi. Mon futur amant était présent avec moi dans ce monde qui semblait retrouver des couleurs que j’avais oublié et j’en devenais dingue. Mon esprit se mettait à déraillait tandis que des milliers de mots se jouaient à l’intérieur de mon crâne. Ma tête s’éparpillait sur toutes ces vérités que je désirais tant confier au jeune homme qui se trouvait face à moi et qui faisait battre mon cœur de la plus agréable des façons. Il y avait tellement de vérités enfouies à l’intérieur de mon être et je ne pouvais même pas les laisser franchir mes lèvres parce que, zut, j’avais promis. J’avais promis à Milo que je n’étais pas ici pour foutre la merde. J’avais juré que je n’étais pas là pour faire déconner la vie de l’homme qui aurait pu être l’homme de ma vie. Mais, merde, dans le fond, en le guidant dans ma chambre, je venais déjà de foutre sa vie en l’air et la mienne avec. Je venais déjà de foutre notre histoire en l’air parce que tout partait d’une trahison et de mensonges. Je venais déjà d’offrir mon âme au diable et j’en étais foutrement consentant. J’étais fichtrement conscient du mal que j’étais en train de me faire et j’y plongeais avec délice. Ce serait tout cependant. Je devais garder la bouche close sur toutes ces choses qui se jouaient en moi, sur toutes ces vérités que je voulais tant lui confier. Je ne devais pas foutre encore plus la merde. Je devais me taire. Je devais simplement laisser ces propos se jouer dans ma tête. Encore et encore. Mais, je ne devais surtout jamais les laisser filtrer entre mes lèvres. Jamais. Alors, lentement, réellement, je me mettais à repenser à tous ces propos et ils se couchaient sur une feuille de papier imaginaire dans ma tête. Mi Tesoro… Mon amour… L’homme de ma vie… Putain, pour qui je me prends à oser te donner tous ces surnoms si doux… J’en ai perdu le droit depuis ce jour où je t’ai laissé à l’arrière et même si j’ai fait ça pour te protéger, tu n’en sais rien et tu dois me détester… Tu dois tellement me haïr que ça m’en crève le cœur. Si tu savais le nombre de fois où j’ai commencé à coucher ces mots sur un papier depuis que je t’ai abandonné comme un malpropre en Italie… Si tu savais le nombre de fois où j’ai commencé à écrire cette lettre pour finir par la brûler parce que je n’étais qu’un lâche qui avait trop peur de l’abandon que je pourrais me prendre, parce que je n’étais qu’un gamin trop amouraché de toi qui avait la trouille qu’il t’arrive quelque chose de mal. Je finissais toujours par brûler ce papier parce que je ne voulais pas prendre de risques, tu devais vivre et être heureux. Même sans moi. Milo… Mi Tesoro… Je ne pensais pas te retrouver un jour et la vie en a pourtant choisi autrement. Est-ce que je le regrette ? Non… Pas le moins du monde. Je suis l’homme le plus heureux de t’avoir retrouvé. Te voir dans mon champ de vision fut un électrochoc aussi délicieux qu’inattendu. Cette réalité m’a fait me sentir vivant et tellement bien même si ce n’était qu’un court instant parce qu’après je l’ai vu. Elle. Cette blonde. Ta blonde. Je ne pouvais même pas la détester. Je ne peux même pas la détester. Elle te rend heureux et c’est tout ce que tu mérites alors je suis prêt à m’effacer quand tu me le demanderas… Parce que tu le feras n’est-ce pas ? Un jour, tu te lasseras de moi et de ce que je t’apporte. Après tout, je ne suis qu’un passé mal terminé. Je ne suis qu’un passé dont la page est dure à tourner. Mais, je suis un passé et un jour tu me demanderas de disparaître de ta vie afin de vivre ta nouvelle romance à la perfection. Tu le feras n’est-ce pas ? Je le sens quelque part au fond de mon être. Je sais que je suis en train de tomber encore plus pour toi depuis nos retrouvailles. Je m’amourache à nouveau éperdument, follement. Et, putain, je sais que je vais me prendre le revers en plein visage trop rapidement. Je vais me retrouver enfoui dans des profondeurs auxquelles je ne pourrais plus échapper. Et ça me fait tellement peur… Pourrais-je me relever encore une fois ? Si seulement tu savais Milo… Si tu savais tout ce que mon cœur désire te crier… Si seulement tu entendais toutes ces pensées qui tournent dans ma tête lorsque je pense à toi… Si seulement tu voyais à quel point je suis fou amoureux de toi malgré toutes ces années. Putain, ouais, si seulement tu parvenais à lire toute ces choses sur mon visage… Mais, pour ça, il faudrait que je cesse de me cacher. Pour ça, il faudrait que je te montre au lieu de me planquer derrière ces conneries illusoires pour te protéger toi et ta nouvelle histoire. Je t’aime Milo et je ne cesserai jamais de t’aimer. Je ne pourrais jamais vivre une vie entière sans t’avoir à mes côtés. Je ne pourrais jamais offrir totalement mon cœur à une autre personne parce que, depuis que mes yeux se sont posés sur toi des années auparavant, mon cœur a été à toi. Tu en es le maître. Tu es le seul à en avoir la clé absolue. Aujourd’hui tu n’es plus à moi et ça me tue de le penser. Cela me fait tellement de mal de le formuler quand bien même je sais que je l’ai mérité. Mais, merde, Tesoro, tu étais tout pour moi. Tu es tout pour moi. Mon paradis dans l’enfer. Ma lumière dans l’obscurité. Mon bien-être dans la douleur. Mon amour dans le désespoir. Je suis à toi et je le serais sans doute à jamais. Après tout, je t’avais acheté cette putain de bague et j’étais persuadé de passer toute ma vie à tes côtés. Et, lorsque tout est parti en sucette, j’aurais dû balancer cette bague. J’aurais dû rayer ton nom de mon cœur et effacer ton souvenir de ma tête. Malheureusement, c’était impossible. Tu es là. Tu seras là pour toujours. Ton prénom est ineffaçable. Il se confond avec mon cœur et je ne peux pas l’arracher. À moins d’arracher mon cœur et de mourir sur le champ… Ton visage se joue tellement dans mon esprit. Tes yeux. Tes lèvres. Ton sourire. Tes grimaces. Tout de toi. Et cette bague… Putain, c’était ridicule et j’aurais dû la jeter sans chercher à réfléchir. Je ne l’ai pas fait. Cette bague repose toujours tout contre ma peau. Elle reste toujours là si proche de mon cœur. Je n’ai jamais été foutu de l’enlever. Je n’ai jamais été fichu de t’oublier. J’ai gardé cette bague contre moi comme pour faire ma vie avec toi d’une certaine manière. Dans mon monde illusoire. Et aujourd’hui mmh ? Est-ce que je devrais te parler de cette bague ? Non, bien sûr. Je ne peux pas. Tu es engagé ailleurs. Avec une autre. Je n’ai plus que mes yeux pour pleurer. Je n’ai plus que mon cœur brisé pour survivre. Je n’ai plus que ces souvenirs de nous pour tenir. Alors, je continuerais à porter cette bague comme un vestige de notre amour. Un vestige que tu ignores. Je continuerais à interdire qui que ce soit de toucher cette bague, ce collier. C’est à toi et seulement à toi. Même si tu ne le sauras sans doute jamais. Je t’aime mi Tesoro. Et je t’aimerais toujours. Mes prunelles se fermaient tandis que je me concentrais quelques secondes afin de brûler cette lettre à l’intérieur de ma tête. Ce n’était que des propos que je ne pourrais jamais lui dire. Mon fardeau. Et, tandis que la feuille brûlait lentement dans mon esprit, je plongeais dans cette réalité délicieuse.
@Milo Novak
(Neal T. Hood-Spritz)