CLARA JANSEN ► Marie Avgerpoulos

Je suis née à Vérone. Fille unique, je n'ai jamais manqué d'amour. Mon père est un célèbre réalisateur de film. Il a débuté sa carrière en Italie à Rome. Puis son travail fut reconnu par les plus grands du métier. Presque tous ses films ont reçu un oscar. Nous avons donc déménagé à Los Angeles pour son travail. Ma mère est une mannequin reconnue. Elle enchaîne les gros contrats un peu partout dans le monde entier. Paris, Rome, New-York et j'en passe. Il est donc vrai que je n'ai jamais passé beaucoup de temps avec mes parents. Le plus souvent mes parents me gardaient à tour de rôle quand ils n’avaient pas trop de travail. Une vie de Jet privée, de Jet set et de débauche pendant mon adolescence.

Pendant ma jeunesse, je passais toute mes vacances d'été avec ma cousine. On était comme des sœurs. Moi qui n’avais ni l'un ni l'autre ça me faisait du bien de la voir pendant les vacances. On faisait beaucoup de cheval. On allait se balader pendant des après-midis entiers. On se baladait toujours prêt du même petit lac prêt de Vérone. Ce lac ou j’emmenais ma cousine apprendre à nager. Elle avait peur de l'eau, mais j'arrivais petit par petit à lui apprendre les bases. Cette eau paraissait si pure, de sa transparence et par sa brillance du soleil reflétant dessus. Ma cousine était l'opposé de moi. Une personne plutôt sociable, qui a des facilités à se mêler aux gens qui l'entoure. Je suis plutôt quelqu'un de renfermé. J'ai énormément de mal à donner ma confiance aux gens que je côtoie.  

C'est à mes 15 ans que j'ai réalisé que les gens sont mauvais. Alors que j'étais dans une soirée huppée, avec ma meilleure amie, Marie, il s’est passé un drame. On avait bien trop bu comme à notre habitude, mais ce soir-là était différent. Elle était sortie car elle se sentait mal et je ne l'ai pas suivi car trop occupé à me faire draguer par un garçon que je trouvais mignon. C'est seulement au bout d'une bonne heure que je me suis demandé ou elle pouvait être. Alors j'ai commencé à la chercher partout, inquiète. J'étais morte d’inquiétude et je ne la trouvais pas. Alors j'ai décidé de sortir par derrière pour aller au calme et essayer de l'appeler. Et c'est là que je l'ai vu. A moitié nue, rué de coups et laisser pour morte dans une mare de sang. Je savais très bien ce qui venait de se passer.

C'est donc quelques jours plus tard, que j'ai décidé de me mettre au sport de combat. Me disant que ça aurait pu être moi ce soir-là. Et aujourd'hui encore, je continue à aller à mes entraînements deux fois par semaines. J'étais là pour elle, dans cette épreuve et j'étais fière d'elle à chaque fois qu'elle souriait, qu'elle osait sortir de chez elle. Ou même qu'elle n'avait pas peur quand un homme étranger à sa famille s'approchait d'elle. Puis à force de passer après les cours tous les jours. Passer plusieurs nuits la tenant dans mes bras, embrassant son front pour la rassurer ou même encore l'accompagner partout où elle allait. Que j'ai compris. Compris que je ressentais bien plus que de l'amitié pour elle. Elle avait cette chose que je n'avais encore jamais trouvé chez un homme. Et d'un coup, tout c'était bousculé dans ma vie. J'en était sûr, j'aimais les deux genres.

Même si le début avec Marie était chaotique. J'ai quand même mis trois ans avant de lui avouer ce que je ressentais. Le reste de l'histoire a été merveilleux. Je n'ai connu aucun homme de toute ma vie, et surtout pas pendant ces trois ans. Je ne voulais qu'elle je le savais, je le ressentais. C’était comme ça et pas autrement. Alors j'ai pris le temps. J'ai attendu qu'elle aille mieux. Et un soir alors qu'on se préparait pour aller au bal de notre université à Los Angeles je l'ai embrassé. Un vrai baisé, digne d'un film romantique. J'ai tellement pensé à ce moment et je m'étais mise tellement la pression, que j'ai failli tomber dans les pommes à peine ce baiser terminé. Alors je me suis assise par terre. J'ai repris mon souffle, je l'ai regardé, elle dans sa si jolie robe rouge avec des dentelles. Et je lui ai demandé si elle voulait être ma cavalière ce soir et pour le reste de ma vie. Elle a accepté. Malgré son air gêné, elle avait un grand et magnifique sourire.

Puis les années ont défilé, avec des hauts et des bas. Elle à rencontrer ma cousine pendant toute nos vacances d'été. Elles s'aimaient bien et c'est tout ce qui comptait pour moi. On a voyagé dans les plus beaux endroits du monde toutes les deux hors vacances scolaires. On s'engueulait, bien évidemment, comme tous les couples. Crise de jalousie débiles et quand on se quittait trop longtemps. C'est à nos 20 ans qu'on à décider d’emménager ensemble et depuis nos 15 ans on ne s’était jamais quitté plus de cinq jours d'affilés. Alors il est vrai que chaque fois qu'on devait se séparer c'était un traumatisme pour nous et notre couple. Et c'est tout juste avant ses 23 ans qu'elle avait décidé de sauter le pas. Mais malheureusement ce pas n'est pas une demande en mariage mais mettre fin à sa vie. Je l'ai retrouvé dans notre lit où elle respirait plus. Une lettre à la main. Je me suis écroulé, en pleure. Impossible de parler, de respirer. Je pouvais juste rester là, à genoux. Puis j'ai hurlé. Un hurlement rempli de tristesse et de larmes. Les voisins sont arrivés dans un fracas. Alors que le mari m'a attrapé pour me sortir de cet appartement, la femme a appelé les secours. Mais il était bien trop tard pour faire quoique ce soit. Et les secours, me l'ont bien dit je n'aurais jamais rien pu faire pour la sauver. Mais je ne peux m’empêcher de penser le contraire. Si seulement je n'étais pas tombée à terre ? Si seulement j'avais fait ce qu'il fallait ? Des questions qui me hanterons le reste de ma vie.

Mes parents ont tout arrêté pour venir me récupérer. On a pris le Jet privée familiale et on est parti sur une île paradisiaque où mes parents ont une grande maison. Je suis resté onze jours à pleurer, alors que mes larmes ne coulaient même plus. Vingt-sept jours sans parler. Et presque deux mois pour arriver à manger un repas entier. Puis nous sommes tous rentrer à Los Angeles. C'est seulement une fois rentré, que j'ai trouvé la force de lire la lettre qu'elle avait dans la main ce jour-là. Elle me disait que s’en était trop pour elle, qu'elle n'arrivait pas à surmonter toutes ces épreuves. Elle m’aimait, mais que cela ne suffisait pas. De ne pas la pleurer pour cet acte si lâche, et de lui pardonner. Chose que je n'arrive toujours pas à faire aujourd’hui. Le jour où elle est partie, le soleil a arrêté de briller pour moi. Depuis, je vis dans les ténèbres et je me suis accommodé de cela. Elle qui était mon tout. Et ça je ne pourrais jamais vivre avec.

Et puis après un an, sans vraiment ne rien faire, à part éviter les gens qui m'entourent en restant enfermer dans ma chambre. À lire, jouer au jeux vidéo. J'ai décidé de reprendre ma vie en main. Une bonne fois pour toute. Mais je ne pouvais plus rester dans cette ville. Trop de souvenirs avec elle. Le pont où on s’est dit qu'on s'aimerait jusqu'à la fin de nos jours. Le cinéma auquel on allait presque toutes les semaines. Et cette université où on se retrouvait toujours pour manger ensemble et se moquer de nos profs. Tout ça, c’était trop dur à supporter pour moi. Alors j'ai décidé, avec l'appui de mes parents, d'envoyer ma demande d'inscription à Harvard loin de tout ça. Mon père m'a fait un gros chèque, à sept chiffres. Comme si cela effacerait toute ma tristesse. Et c'est quand j'ai reçu l'avis favorable d'Harvard, il m'a accompagné pour acheter mon premier appartement. Quand j'ai reçu la lettre d'Harvard j'ai appelé ma cousine et je lui ai dit que j'allais la rejoindre. Que j'aurai besoin d'elle. Déjà pour trouver mes marques mais aussi comme un soutien psychologique.