DYLAN GILMORE ► abigail cowen

Tu marches doucement dans les rues de New-York en direction de l'appartement de ton meilleur ami, qui, tu le sais, ne se sent pas très bien. Il est tard, t'as été lui chercher toutes les choses qu'il aime manger question de lui remonter le moral. Toi-même tu n'as pas passé la meilleure des journées, mais comme à ton habitude, tu vas te voiler la face parce que même s'il est la seule personne à pouvoir te faire sourire quand t'as l'impression que ta tête va exploser et que t'aimerais mieux que ton coeur tout brisé arrête complètement de battre, tu préfères prioriser la seule personne qui compte pour toi. Les autres t'ont tous abandonnés les uns après les autres. Certains par choix, d'autres non et tu sais qu'eux, ils ne t'auraient jamais laissés tomber, mais ça te fait beaucoup trop mal d'y penser. En fait, tu n'as jamais vraiment réussi à guérir cette blessure du décès de ton père et de ton grand frère Asher. Ils étaient tout pour toi et tout a vraiment dérapé après leur départ. À chaque fois tu as perdu et ta vie depuis est devenu un véritable désastre. Ton passé, tu préfères ne pas y penser. Tu as peur de le faire même et c'est sans doute pour une de ces raisons qu'il n'y a jamais aucune de tes relations amoureuses qui fonctionnent. T'en a marre de t'attacher à des gens parce que tu sais très bien qu'ils finiront par se lasser de toi de toute façon comme ta mère l'a fait et ton frère Jax même après tout ce qui t'es arrivée, il a simplement préféré partir pour se sauver de tout ça. Avec Ariel c'est différent. Tu te considères même très chanceuse de l'avoir rencontré pas très longtemps après le dernier abandon d'un membre de ta famille. Tu sais que tu comptes à ses yeux autant qu'il compte aux tiens même si à une certaine époque, t'as voulu être beaucoup plus pour lui et quelque part, c'est peut-être encore le cas. Pourtant, tu n'as jamais rien dit parce qu'en aucun cas tu ne voudrais briser cette amitié forte qui vous uni. De toute façon il a un petit copain ou du moins, il en avait un jusqu'à il n'y a pas si longtemps. En fait, tu viens d'apprendre que ce connard le trompe depuis un an déjà et même si, très sincèrement, tu ne lui faisais pas confiance et que t'avais même prévenu Ariel, tu voulais aussi que ton meilleur ami soit le plus heureux au monde. Là pourtant, t'as plus envie d'aller te défouler sur celui qui lui a fait du mal, mais au lieu de ça, tu préfères passer du temps avec Ariel. T'es toujours avec lui. Tellement que tu pourrais te rendre à son appartement les yeux fermés comme il pourrait sans doute le faire avec le tien. Après tout, tu t'y rends depuis plusieurs années maintenant pour te rendre à Colombia avec lui et étudier ce qui te passionne vraiment; le droit. C'est une des choses, avec Ariel, qui t'aide à ne pas devenir complètement folle. C'est justement en pensant à lui, le sourire aux lèvres et les mains pleines que tu réussis à cogner et entrer directement dans son appartement. Sur son canapé, tu vas le rejoindre, pose un baiser sur sa joue comme à ton habitude et tu lui montres fièrement tout ce que tu as apporté. Dans tes trouvailles, tu poses un petit livret de la ville de Boston et juste à côté un livret de l'Université de Harvard. Tout sourire, tu le regardes, il est temps pour lui de changer d'horizon et toi aussi ça te fera le plus grand bien.  




Tu le vois frapper ta mère comme s'il ne l'avait jamais réellement aimé et les larmes coulent sur tes joues tellement tu as peur. Peur parce que tu sais très bien que c'est toi la prochaine s'il te voit les regarder comme ça, s'il sait que t'es là, il va encore t'accuser d'être trop curieuse et tu n'auras même pas le temps de te confondre en excuse que son poing ou sa main va aussi se poser sur ton petit corps trop fragile pour recevoir encore une fois ses coups. Il t'a fait souffrir presque autant que la femme qu'il est supposé aimer et pourtant vous n'avez jamais rien fait de mal pour en arriver là. Il le fait régulièrement et au lieu d'appeler la police pour te défendre et aussi pour mettre fin à sa propre souffrance, ta mère le laisse faire et le pardonne à chaque fois qu'il ose poser ses mains sur toi et sur elle. T'en a marre, tu peux plus encaisser les coups comme ça, tu pleures de plus en plus surtout en le voyant approcher de toi. Et tu fermes les yeux en souhaitant presque que cela t'empêchera d'avoir mal cette fois-ci.

Réveil en sursaut, petite crise de panique qui t'empêche de respirer correctement pendant quelques minutes et t'es évidemment incapable de t'endormir à nouveau. De toute façon, tu sais très bien que ton manque de sommeil en ce moment est non seulement dû à tes nombreuses heures d'études, mais aussi à tes cauchemars, comme celui-ci, qui reviennent peu à peu alors que ça fait des années que cela n'avait pas recommencé. Ta journée commence bien mal ce matin en plus de la dispute que t'as eu hier soir avec ta fréquentation du moment qui, n'en sera probablement plus une dès aujourd'hui. N'ayant pas vraiment envie de te casser la tête avec ça, tu sais très bien que tu vas lui dire que ça ne fonctionne plus et te trouver une excuse pour arrêter de le voir. T'as peur de l'engagement, peur de te faire encore une fois abandonné et tu sais très bien que ton manque de confiance envers toi-même et envers les hommes t'empêchent de t'investir véritablement dans une relation. Pourtant, t'es sans aucun doute l'une des personnes les plus romantiques sur cette Terre, mais t'as probablement seulement besoin de quelqu'un de spécial qui pourra te faire croire à nouveau que le véritable amour existe encore et que toi aussi t'y auras droit un jour. En enfilant ton tee-shirt ce matin, tu regardes les quelques petites cicatrices qui sont présentes sur ton corps par sa faute parce que tu as voulu trop souvent sauver ta mère et qu'au final elle n'a jamais pris ta défense. La violence de ton beau-père c'est ce qui t'a poussé à étudier en droit, mais aussi dans la spécialisation dans laquelle tu es. Simplement parce que lui, il n'a jamais été condamné pour ce qu'il vous a fait et qu'il ne le sera jamais puisque tu n'oses pas parler. Tu recherches donc ta propre justice dans celle des autres que tu vas défendre. Gagner toutes tes causes c'est ce que tu veux même si cela ne sera pas toujours très facile. Maintenant 5 mois que t'es à Boston et jusqu'à ce matin tout se passait très bien. T'as rencontré déjà quelques mecs, mais rien de bien sérieux. L'important pour toi c'est surtout tes études et le fait de savoir qu'Ariel se sent mieux. Pour le reste, tu préfères tout oublier et faire comme si ton passé n'avait jamais existé. Tu as une belle vie maintenant. T'es à Harvard, t'étudies dans ce qui te passionne le plus et t'as un entourage que t'aime beaucoup même si ta peur constante de l'abandon est encore présente. Ton magnifique sourire sur tes lèvres aide à tout camoufler de toute façon.