Vassili Lyov ► Maxence Danet-Fauvel

Né Vassili Marian Lyov à Tallin, Estonie, il a les yeux couleur Volga, un peu perturbants. Gamin seul, famille recomposée. « Je peux pas être ce qu'on attend de moi. » Les mots de sa mère, pas les derniers mais presque. Journaliste d'investigation connue en Europe, il la connaît peu. Dépression post-partum après la naissance du gamin, elle a quitté le géniteur comme une amante de passage et a refait sa vie avec une place minimale pour son fils. Vass' la fuit comme la peste en réalité, se considère relativement orphelin. Unique héritier Lyov, le poids du nom sur les épaules, un Atlas moderne. Son père est un prestigieux homme d’état, présentement ambassadeur d’Estonie à Washington. On attend de lui qu'il soit pareil, méprisé par les plus invisibles, adulé par les plus intouchables. Sa belle mère est une pétasse conservative proche des idées de son père - idées qu’il partage sur certains points, malgré le mépris indéniable qu’il entretient envers ses parents – et il a un demi-frère sans lien de sang plus jeune que lui, Aspen. L’enfant prodige d'après les rumeurs.

C'est un chien galeux Vassili, un spectre aux joues creuses et aux cernes violettes, qui font ressortir le teint blafard de ceux qui fuient les astres. Enfant terrible, sujet à de grosses crises de colère, gâté à en crever, insatiable de possession. Il veut plus et toujours, puis à Vass’ on ne dit pas non. Il le prend mal, rejette le refus. Intellect supérieur, il pense vite et froidement, s’embarrasse peu de pitié, faisant probablement partie du spectre psychopathe, non diagnostiqué cependant. Il se trouve une famille tout seul en la personne de Yegor Hawkins, son meilleur ami, son frère. Son partenaire de conneries, royal acolyte. Beaux comme des dieux, élite inatteignable des hauteurs de Tallin, à frôler les étoiles du bout de doigts en montant illégalement sur les toits des parlements.

Il est promis à la grande carrière Vass', fréquente les meilleures écoles, hante les meilleures soirées, pense écraser par sa prestance, son physique. Il a les plus jolies filles à ses pieds. Lui il est champion, elles c'est toutes des putes quand elles finissent par céder. Infernale, détestable, y'a p't'être pas grand chose qui l'atteint à part l'excitation dans l'interdit, les limites, la ligne rouge, celle qui luit sous les paupière quand on ferme les yeux, l'appel des Enfers. Elle est Perséphone, il est Hadès.

Fallyn. Quelques lettres pour tout un monde. Attiré par elle inexorablement parce qu'elle fascine, qu'elle est sublime, qu'elle a ce truc magnétique qui agit sur lui en plus de représenter l'interdit fatal. La sœur de Yegor n’est pas pour lui, pour personne. Elle embras(s)e le rôle d’un fantasme auquel il pense p’t’être un peu trop. Ils se tournent autour comme des bêtes sauvages dans une arènes, des fauves aux crocs saillants, à s'demander qui ira mordre le premier et lui, ça l'éclate de faire ça dans le dos de Yegor, de la voir elle sans lui et de régner dans la famille sans même en faire partie. Il divise pour mieux régner, se prend pour un empereur romain, sans savoir qu'à la fin, c'est sûrement lui le condamné à mort.





Danse comme un fou sur d'la trans de merde, mêlé à une playlist douteuse de Yegor, il brûle, une lueur de folie dans la prunelle, un sourire psychédélique collé au visage, (mal)heureux et con, comme d'habitude, le verre d'alcool de trop à la main et les yeux glissant sur l'ombre de Fall', belle à en crever ce soir. C'est sa fête, leur fête. Ce soir, ce soir, elle est à lui comme elle l'aura jamais été...

Il se souvient l’exaltation du moment, la puissance bestiale dans ses coups de reins, les effluves de son parfum quand il la tuait doucement, à la maintenir prisonnière contre ce mur des lamentations, perdu dans un palais de glace. Saoul de trop d’alcool, enivré par ses yeux saphir, les noyés d'un premier naufrage. Le défi qu’elle représentait aussi, et l’idée de savoir que c’était presque trop facile. Qui n’aurait pas perdu la tête, à l’observer danser lascive sur une musique trop suggestive, les prunelles brillantes de désir adolescent. « Sshhh, c'est bientôt fini. » L'extase à son paroxysme, il se perd dans le parfum de ses cheveux, la libère, désinhibé. Perdu. Est-ce qu'il est conscient, à vingt et un ans, d'être un monstre ? Peut être, peut être pas.  

Elle l'aimait, lui pas. Il est jamais tombé amoureux, mais elle, elle l'aimait. Pourquoi elle a dit non au final ? Aux dernières secondes, contre ses lèvres, le souffle saccadé, entre peur et désir, celui trop étouffant, alors que ses mains à lui se perdaient dans les courbes de la divine. Il a pas comprit ce refus, il a pas voulu qu'elle arrête. C'est pas elle qui décide, ça fait trop longtemps qu'il attend. Bourré, confiant, il a l'ego qui frôle la lune. Gosse frustré à qui on s'échappe, il devient chasseur et bête sauvage. Elle fait son caprice, elle fait l’inaccessible mais c'est lui qu'elle veut. Parce qu'elles le veulent toutes. Tout s'est enchaîné trop vite. Incontrôlable, incontrôlé, il a brisé ses rêves de gosse contre la pierre trop froide de cette pièce impersonnelle, paradis mortel.   





Il a dépassé les limites y'a cinq ans, il a marché sur la ligne rouge, est tombé du côté dont on ne revient pas, jamais. Elle aurait pu le dénoncer, foutre sa vie en l'air comme lui avec la sienne. Mais y'a rien sauf le silence depuis ce soir là. Ça devait pas être si grave au final.... Elle est la menace qui a fuit aux USA, laissant sa réputation tenir le haut du pavé, son amitié avec Yegor rester la même. Il se fout totalement de ce qu'elle devient aujourd'hui, Harvard c'est grand. Beauté fatale, reine des glaces et drama queen sans couronne, le spectre immortel tenant la guillotine de ses emmerdes. Vass' prêt à perdre la tête. Ils ont changé, grandis, elle est devenue dangereuse, il l'est resté...