Woodrow Simonne ► Joe Keery

Students. Il est d'ordre traditionnel et sacré que les étudiants Simonne s'investissent dans une confrérie au cours de leurs passages successifs de génération en génération à Harvard. Certainement pour mieux s’enorgueillir de quelques anecdotes du passé racontées d'un ton traînant et satisfait à la fin d'un repas, ou dans un souci de se sentir appartenir à un ensemble élitiste. Pour Woody, cela n'a aucune consistance ; de la masturbation intellectuelle comme il l'avait lâché à la figure paternelle ombrageuse à l'aube de sa première rentrée, signifiant ainsi sa volonté de ne pas suivre le chemin tracé par les aînés. Il n'est entré dans aucune maison à ce jour, et n'en ressent pas le besoin. Mais s'il devait choisir, Woodrow admettrait être ascendant Dudley House plus que le reste.

(1) Woody n'est pas croyant, mais lorsqu'il a besoin de calme pour faire mûrir quelques réflexions ou apaiser ses états d'âme, il n'est pas rare qu'il s'isole dans le cloître d'une église. C'est un lieu où au moins il échappe au cheminement chaotique et autres petites défaites semées par l'existence même si ce n'est qu'illusion furtive. (2) C'est une bête au poker, de quoi retourner le casino à l'occasion d'un grand soir. Il est arrivé à Woody de participer à certaines parties privées plus sélectives, à la limite du légal. Mais son véritable terrain de jeu, ce sont les plateformes en ligne qu'il écume sous le pseudonyme de WeirdoKiddo. Il n'est pas du genre à jouer de manière déraisonnable, son plus gros fait d'armes en la matière ayant été de perdre près de huit-milles dollars en une nuit, ce qui a eu le don de calmer ses ardeurs. (3) Les réunions de famille n'ont jamais eu ses égards, surtout les fêtes de Noel qui forment le paroxysme de son désintérêt. Il n'est pas rare que les manifestations des Simonne se terminent dans la fièvre, comme le fameux Thanksgiving de l'année précédente où Woody était finalement rentré à Cambridge en plein milieu de la nuit après un énième désaccord tonitruant avec son père. (4) Après son voyage humanitaire il y a trois ans, il a crée un blog, Mr. Earth, où il publie des articles sur ses expériences ou sur des faits de géopolitique et de mondialisation autant pour encourager certaines initiatives qu'en dénoncer d'autres. Le blog a pris un vrai accent politique, à tel point que Woody a même été invité l'année passée sur un plateau d'une chaîne câblée où il s'est confronté à un politicien pédant et ulcéré sur la question de l'éthique. La vidéo de cette intervention où il prend l'ascendant sur son adversaire avait fait le tour des réseaux sociaux, faisant augmenter l'audience du site à la même occasion.(5) Il possède un tatouage représentant un éclair minimaliste sur l'index de la main droite, oeuvre réalisée alors qu'il était complètement ivre il y a quatre ans. Lorsqu'il est nerveux, il lui arrive d'en effleurer le contour d'un geste discret. (6) C'est un piètre cuisinier, capable de faire brûler tout ce qu'il entreprend. A défaut Woody s'y connait en vin, ayant le nez fin dans le domaine. Il fréquente occasionnellement depuis deux ans un speakeasy à Cambridge, une adresse chèrement gardée dont il apprécie l'atmosphère et la carte étayée des liqueurs présentées par l'établissement. (7) (8) (9) (10)

Les Simonne font leurs études à Harvard. C'était ainsi depuis trois générations comme quelque chose d'inéluctable, une prophétie spécifique adoptée de tous. C'était là toute la réalisation du père de Woody, qui avait rencontré sa femme à Harvard où il avait brillamment inondé les murs de son génie - tout du moins était-ce ainsi que Woodrow aimait se le représenter, goguenard. Pendant longtemps, il s'était juré fidèlement d'aller à Yale et y tracer sa route quoi que puisse maugréer le géniteur déçu.
Sa visite à Cambridge lors de portes ouvertes le fait finalement flancher et Woody entreprend de s'acquitter des démarches pour présenter sa candidature.
Il décide de rédiger un essai sous forme de pièce de théâtre consacrée à une dystopie moderne prenant racine dans les faiblesses humaines. Le développement se clôture sur le procès des courtiers,  assez percutant pour lui permettre de décrocher un entretien oral et pour déclencher le courroux paternel après lecture de ce papier réactionnaire avait-il vociféré en gesticulant.
Woody a passé une entrevue avec un responsable du pôle de droit, celui-ci même avec qui il finira par se lier d'amitié après avoir suivi ses cours en première et deuxième années. Woodrow l'érige au rang de mentor - et peut-être à celui de père substitutif.

Sarcastique. C'est une forme d'expression appréciée de Woody qui en use sans parcimonie ; un penchant sardonique qui aussi agaçant soit-il lui permet d'amener plus facilement au cours d'une discussion certains sujets sensibles. C'est un éternel vindicatif doté d'un charisme saisissant quand il ne donne pas l'envie d'être étranglé tant il peut se montrer insolent. Loyal. Quoiqu'il préfère travailler en solo, s'il s'engage auprès de quelqu'un, Woodrow est un homme de parole. Comme une facette qui s'est érigée contre les mensonges égrainés par son père depuis toujours. C'est parce qu'il a longtemps cru à ces farces qu'elles lui sont devenues irrémédiablement insupportables.  Méfiant. Les premiers rapports sont souvent tâtonnants avec ceux qu'il rencontre.Toujours dans ce grand souci de préservation, ne jamais prendre le risque d'être déçu ou trahi. On ne lui connait qu'une poignée d'amis, ces irréductibles présents malgré les marasmes, ainsi que les jumeaux cadets. Car si Woody peut se targuer de ne pas faire dans l'effusion à l'égard de ses parents, sa fibre fraternelle est quant à elle prédominante. Il prend à ce sujet son rôle d'ainé très à coeur avec l'âge, considérant l'avoir bien suffisamment négligé ces dernières années. Anticonformiste. Ou réfractaire à l'autorité par nature. D'abord face à celle du géniteur, puis plus globalement à tout ce que Woody juge illégitime. Il est progressiste et a le souci de s'engager dans des intentions permettant de faire bouger les choses concrètement. Dans son cas, l'idéal tendrait vers un monde beaucoup plus équitable, loin de celui bâti par son financier de père et ses sbires depuis des décennies. Excessif. Cette fâcheuse tendance à en faire toujours trop, ce qui conduit souvent à le mettre dans la merde. Woodrow est construit tout en nervosité piquée, suffisamment fébrile pour se jeter dans des projets ou paroles très aléatoires par moments sans en mesurer les possibles conséquences. Il avait l'impression d'être seulement capable de prendre du recul que quand il avait suffisamment tout foiré pour se voir imposer un constat sans appel. Pudique. Woody n'aime pas s'épancher. S'il peut haranguer sur bien des sujets, l'homme perd de sa superbe quand il s'agit de se dévoiler. La nonchalance feinte sert sa volonté de discrétion, mais ceux qui le connaissent vraiment savent que ce n'est qu'un leurre. Surprenant. C'est un esprit où calme et tempête cohabitent, passant de l'un à l'autre à une vitesse édifiante. Personnalité contrastée, il cherche toujours à être là où on l'attend le moins, se dissocier du médian. Son truc à lui c'est de sortir sur un coup de bluff ou un full, jamais dans la demi-mesure. Immature. Même s'il arrive de mieux en mieux à jouer l'adulte, son insouciance légère est tenace. Longtemps Woody aura balayé d'un revers de coude les responsabilités, celles qu'il ne peut plus ignorer désormais. Maladroit par nature et souvent contre sa volonté, son tact est empreint de cette même gaucherie qui a pu sévir dans bien des circonstances. Compétiteur. C'est un challenger né, souvent bien trop impliqué pour faire preuve de mesure. Si un objectif peut le plonger dans une transe studieuse à
certains moments opportuns, cette facette peut aussi le conduire à la surenchère un peu trop facilement. Indépendant.