SELENA UNDERWOOD ► Charlotte McKee

Les groupes d'avant, peu importe ce qu'ils étaient. Je n'étais pas à Harvard à ce moment-là. J'y met tout juste les pieds. Ce qui m'intéresse, ce sont les nouvelles maisons, ce vent de fraicheur qui, tout comme moi, débarque sur l'université. Ayant déjà jeter un oeil aux maisons offertes, c'est sur la Adams house que mon dévolu s'est jeté. Pour moi, rien n'est trop beau. SI tu peux l'imaginer, tu peux le réaliser. D'ailleurs, ça va sûrement être le slogan lors des créations de mes événements. Je veux vendre du rêve, tout simplement. L'état tout autant que mes potentiels clients, rien ne n'arrête quand il s'agit d'en mettre pleins la vue, de rêver. Le moins qu'on puisse dire est que je suis passionnée par ce que je fais.

(UN) C'est à New-York que j'ai vu le jour. Faut pas se mentir, ça n'a pas été la journée la plus glorieuse de ma vie. À peine quelques heures de vie et me voilà abandonnée dans cette chambre d'hôpital aux côtés de ma soeur jumelle. Deux petites filles qui ne demandent qu'à découvrir le monde et qui, pour le moment, vont seulement découvrir les murs froids et inébranlables de l'orphelinat. (DEUX) J'ai passé six ans dans cette orphelinat. Six ans à apprendre que la seule personne sur qui je pouvais compter était ma jumelle. Il y avait ce lien entre nous, ce fil conducteur qui nous ramenait toujours sur le bon chemin, sur le chemin de l'espoir. Oui, parce que cet espoir d'avoir un jour des parents qui nous donneraient tout l'amour qu'on demandant, j'en rêvais chaque jour. Jamais je ne m'imaginais que ça pouvait être possible d'être séparé d'elle. Ce serait comme détruire nos coeurs qui battaient à l'unisson, qui ne formaient qu'un. (TROIS) À l'âge de six ans, on me fit venir dans le bureau de cette femme toute aussi tendre que froide. Sur le coup, j'avais peur qu'on me chicane pour quelque chose que j'avais fait. On m'annonça plutôt qu'un couple de Standford avait pris la décision de m'adopter. C'était comme un rêve qui se réalisait enfin. De vraies parents, une vraie maison. On allait finalement avoir une vraie vie et cette vie se trouvait juste devant les grandes portes de l'orphelinat. Une fois qu'on les aurait traversé, on renaîtrait une deuxième fois. (QUATRE) À mon souvenir, la suite est floue. Je pourrais dire que j'ai couru ramasser le peu d'objets qui m'appartenait, que j'ai pris une main dans la mienne pour foncer vers ces immenses portes. Je me souviens que les portes s'ouvrent enfin, de les voir là devant moi. Mais quelque chose me quitte, sa main glisse hors de la mienne alors que je la vois se faire retenir. Je veux retourner vers elle, je veux reprendre sa main mais on m'en empêche. La femme, cette femme à la voix si douce et enchanteresse, me serre dans ses bras, me disant que tout va bien aller. J'ai beau crié, tenté de me soutirer, je ne sais plus ce qui se passe. Ses larmes qui envahissent mes yeux, cette sensation de disparaître comme si je ne pouvais plus exister. (CINQ) J'ai pleuré pendant des jours et de jours, suppliant qu'on me ramène auprès d'elle, auprès de ma jumelle. C'était comme si une partie de moi était restée dans cette orphelinat, comme si je ne pouvais plus être moi-même. Cette femme continuait de répéter que tout allait bien se passer pour moi comme pour elle. Mais comment pouvait-elle le savoir? Je faisais toujours le même cauchemar. J'essayais de retourner auprès de ma jumelle. Mais avec le temps,je ne savais plus vers quoi je courais. Je savais qu'il manquait quelque chose dans ma vie, comme une partie de moi. Mais j'avais fini par oublier, comme si mon cerveau avait voulu effacer ce qui rendait ma vie trop douloureuse. (SIX) J'ai intégré une nouvelle école, commencer à me faire de nouveaux amis. Même à appeler cet homme et cette femme, papa et maman. J'ai fini par m'habituer à cette nouvelle vie qui s'offrait à moi, à la seconde chance que j'avais d'en faire quelque chose. En apprenant à connaître mes parents, j'ai d'ailleurs appris que ma mère était une designer connue et que mon père travaillait en tant que directeur dans une banque. (SEPT) Qu'est-ce qui m'a fait oublié ma vie d'avant pour me concentrer sur celle que j'avais maintenant? Probablement la venue de cette petite boule d'amour dans ma vie, Tess. Quelques mois après m'avoir adoptés, mes parents ont aussi adopté une petite fille de tout juste un an. Elle est arrivée avec son grand sourire et son petit bonheur. Pour elle qui, tout comme moi, a été rejetée dès sa venue au monde alors qu'elle n'avait rien demandé. Je me devais de lui montrer que le monde avait quelque chose de beau à lui offrir. (HUIT) J'ai longtemps suivi ma mère dans ses défilés de mode. Pas nécessairement parce que j'étais intéressée par les morceaux de vêtements qui était présentés mais plutôt parce que j'étais fascinée devant l'organisation de l'évènement, du comment tous semblait savoir où était sa place, quand quoi devait être fait. (NEUF) À l'âge de 9 ans, j'ai d'ailleurs commencé à poser pour la collection d'une amie de ma mère. Mes photos se sont rapidement rendues affichées dans les magazines et les vitrines de magasins. J'ai fait ça pendant plusieurs années. Je crois que je devais avoir 16 ans quand j'ai finalement arrêté. Pas parce que ça ne me plaisait pas. Non, plutôt parce que mon père a décidé d'y mettre un terme. Il a vu que je commençais à sortir un peu trop avec les autres mannequins et il a dû finir par savoir que j'avais commencé à consommer. D'ailleurs, en consommant, j'avais l'impression de finalement combler ce vide qui m'habitait depuis si longtemps, de l'oublier du moins pendant un moment. (DIX) Mais ce n'est pas l'interdiction de mon père qui m'a arrêté. J'ai quand même continuer en cachette pendant un certain moment. Jusqu'au jour où j'ai passé près de faire une surdose. C'est ma petite soeur qui était alors âgée de 10 ans qui m'a trouvé étendue au sol de ma chambre, qui a hurlé jusqu'à ce qu'on vienne l'aider. Je me suis réveillée sur un lit d'hôpital quelques jours plus tard. Je voyais la peur dans le visage de Tess, cette peur de me perdre qu'elle exprima haut et fort. Tout comme cette déception face à ma promesse envers elle. Si de mon côté, c'était ma mère qui m'avait toujours chuchoter que tout allait bien aller, j'avais fait de même pour elle et voilà que je trahissais ma promesse. (ONZE) C'est devant ses petits yeux apeurés que j'ai décidé que c'était assez, que je devais faire mieux pour elle. Il était temps de prendre mon avenir en main par moi-même et de partir pour l'université. Ne voulant pas aller loin d'eux, c'est à l'université de Standford que j'ai fait ma demande et que j'ai été acceptée. À 18 ans, j'ai commencé mes études et je m'y suis impliquée à fond tout comme dans la vie étudiante de l'université. Fête, événements, conseil de classe. J'aimais être en charge. (DOUZE) Quand j'ai eu 21 ans, mon père est tombé gravement malade. Son état s'est dégradée vraiment rapidement et en quelques semaines, il était à l'hôpital où nous lui faisions nos adieux. Ça a été un des moments les plus pénibles de ma vie. Ça s'est grandement ressenti dans ma vie universitaire. Par chance, j'ai eu des enseignants compréhensifs qui m'ont aidé du mieux qu'ils le pouvaient. Sur son lit d'hôpital, il m'a murmurer quelque chose qui a changé ma vie, qui m'a fait comprendre ce vide que j'avais vécu toute ma vie. Il a dit que son plus gros regret était de ne pas avoir pris ma soeur jumelle, de m'avoir séparé d'une partie de moi. (TREIZE) Les dernières paroles de mon père ont été une révélation pour moi, un nouveau but. J'ai commencé à faire des recherches, à téléphoner partout où je le pouvais jusqu'à apprendre qu'effectivement, j'avais une soeur jumelle et qu'elle se trouvait à Harvard. Avec cette toute nouvelle vérité, mes cauchemars ont recommencé. Mais cette fois-ci, je voyais la main que j'essayais de rattraper, la fillette de laquelle on me séparait.  (QUATORZE) Voulant retrouver cette partie de moi, combler ce vide qui m'habitait depuis tellement longtemps, j'ai fait une demande pour poursuivre mes études à Harvard. Demande qui a été acceptée et qui m'apporte à commencer dès la rentrée 2019. (QUINZE) Je ne connais pas Boston, je n'y connais pas grand monde non plus. Pour ne pas dire personne en fait. Mais je compte bien retrouver ma soeur jumelle. Par contre, je dois avouer que je ne sais pas quoi lui dire, quoi faire quand je me retrouverais face à elle.

Au départ, je n'avais pas pensé étudier à l'université d'Harvard. C'est vrai que cette université en fait rêver plus d'un mais pas moi. Non, celle qui me faisait rêver était l'université de Standford. Après tout, c'est à coté de celle-ci que j'avais grandi depuis l'âge de six ans. J'avais vu ses grands murs pratiquement tous les jours en allant à l'école. J'y ai donc fait une demande d'admission et étudié là pendant quatre ans. Au cours, de ma dernière année, mon père est décédé, celui qui m'avait adopté, me révélant par le fait même, sur son lit d'hôpital, que j'avais une soeur jumelle et que malheureusement, il n'avait pas les moyens de nous prendre toutes les deux au moment de l'adoption. Aussitôt dit, je me mis à faire des recherches et c'est ainsi que j'ai appris qu'elle se trouvait à Harvard. J'ai donc tout mis en oeuvre pour faire transférer mon dossier à Harvard. Demande d'admission, STATS, essay, entretien avec le doyen. Tout ce processus a duré pendant des mois, durant pratiquement tout ma quatrième année. Mais ça en valait la peine puisque j'intègre l'université d'Harvard pour la rentrée 2019.

Caractère de con, vous dites? Ouais, on peut dire que j'ai tout un caractère et tu peux rapidement t'en rendre compte. Je dis haut et fort ce que je penses et j'agis en fonction de mes pensées d'ailleurs. Je suis de celle qui veulent être de l'avant scène. Organisatrice hors pair, organisée comme dix, rien ne m'échappe. On pourrait pratiquement dire que je souffre d'un trouble obsessionnel compulsif tellement je veux que mes choses soient placées à ma manière. Mais bon, rassurez-vous, c'est pas le cas. J'aime juste contrôler ce qui m'entoure quand je le peux. Bon, je dis ça mais quand je ne peux pas contrôler, ça m'énerve grandement. Puis, faut pas être Einstein pour comprendre que j'aime m'amuser. Pourquoi organiser des événements démentiels sinon? Évidemment que j'y assiste après. Je suis fière de ce que je fais et j'ai pas honte de me valoriser dans ce sens. Peut-être que j'ai l'air de la fille qui pète plus haut que son trou. Mais je sais ce que je vaux.