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« Je vous déconseille donc d'aller faire la fête ce soir, vous devez connaître par cœur les théories de Marx, Bourdieu et Weber pour vos partiels. A demain. » Cette phrase fut sobre, dite sur un ton que n'importe quel professeur aurait adopté. Mais le visage de ce professeur ci se fendit d'un gigantesque sourire en attendant les longs soupirs de ses étudiants. Pendant qu'eux passeraient leur soirée à étudier, lui sortirait rencontrer de nouvelles petites étudiantes ou de nouvelles femmes dans des bars ou dans de nouvelles soirées. L'italien connaissait désormais plutôt bien ses élèves et il savait que certains d'entre eux étaient de vrais bosseurs, qui buvaient largement ses paroles dans un silence admiratif, tandis que les autres sortaient en haussant les épaules, n'y pensant déjà plus. Cette pensée effaça le sourire de notre professeur qui haussa les épaules et arqua un sourcil. Décidément ! Des milliers d'étudiants postulant, seulement 15% de pris et voilà ce que ça donnait : des fils et filles de PDG qui s'en foutent. Cette pensée pourrait étonner d'un professeur semblant aussi dilettante, cependant, pour avoir son doctorat, Joseph avait du beaucoup travailler, se privant par la même occasion de nombreuses soirées avec ses amis du moment, refusant des rendez-vous avec de jolies filles, reportant ses prises de drogues... En somme, tous ses instants de plaisirs avaient été reportés à plus tard. Ainsi toutes les soirées qu'il faisait maintenant n'étaient qu'une façon de rattraper le temps perdu, les étudiants actuels remplaçant en quelque sorte ses amis d'antan, bien que désormais, les actes sexuels avec eux devenaient hautement condamnables. Mais cela n'intéressait pas Joseph. Après tout, la transgression faisait partie de son train-train quotidien. D'ailleurs, en pensant à la transgression, le professeur sortit de sa poche intérieure de veston un tout petit sachet de poudre. Il en étala légèrement sur la peau joignant le pouce et l'index et l'aspira, à la manière des priseurs de tabac. Sa façon à lui de se remonter sans se défoncer à proprement parlé. Et c'était également une façon de le faire discrètement. Cela lui arrivait, parfois, de se tracer des lignes directement sur la petite tablette qui semblait lui servir de bureau, et lui rappelant sans cesse à quel point les dirigeants de Harvard étaient radins. Cependant, cela laissait des traces, sur ladite table, mais également sur son nez. Il n'était pas tellement rare de voir Joseph Facilieri déambuler dans les couloirs, le regard dans le vide, le nez un peu blanchi, faisant de lui parfois une sorte d'attraction, car, il faut bien l'avouer, ce type de scène était relativement cocasse. Le professeur installa contre le dossier de sa chaise en soupirant, quand soudain, il perçut des « cloc cloc » qui le firent sursauter. Il reconnaîtrait entre mille les bruits des petits talons gracieux d'une très jolie femme et ses grands yeux marrons se mirent à papillonner, afin de découvrir l'auteur de ce son. Quand soudain, une jeune femme blonde apparut devant ses yeux. Il resta happé par cette image et ses yeux s'ouvraient de plus en plus à mesure que la silhouette approchait. Une sorte de déesse aux douces senteurs exotiques. Afin de reprendre une contenance, Joseph se leva de sa chaise, réajustant son veston, avant de jeter un regard mystérieux vers la jeune femme. « Qui êtes-vous ? Que puis-je faire pour vous aider ? »
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