I've got nothin' to lose X Lily

Franchement, ce n'était pas la joie en ce moment. Le fait d'avoir revu James m'avait tué. Non pas seulement dans le sens où tous ce qu'on avait vécu ensemble remonter, mais aussi parce que je me sentais mal que ça se soit fini ainsi et surtout que je n'ai rien fait pour éviter que cela arrive. Oui je m'en veux énormément, et impossible de le lui expliquer, il ne veut rien entendre. Et j'aimerai tellement penser à autre chose à longueur de journée ! Même en cours je pense à lui, c'est horrible ! Il faut vraiment que je me le jerte de la tête ! Et me re-concentrer sur les cours. J'y arrive, ce n'est pas vraiment un soucis, mais à peine une légère déconcentration et pouf je repars avec lui. C'est vraiment frustrant. Peut-être qu'avec une pause café cela me fera du bien et me sortira de ma rêverie.

Heureusement pour moi, le cours est fini et je peux enfin décompresser, et encore plus penser à lui malheureusement. Faut que je me trouve une occupation de l'esprit ça devient urgent ! Un film, un livre, ou bien une conversation avec une personne qui le connaît pas. Peut-être qu'à la machine à café j'aurais cette chance-là. Je m'y dirige donc et à peine eus-je mis les pièces dans la machine que j'entends qu'on me parle. Sauvée ! Seulement, lorsque je me retourne je remarque que c'est le jeune homme qui m'a bousculé quand je devais me rendre rapidement à un exam. Je me rappelle avoir été odieuse avec lui, et pourtant il ne semblait pas me détester. Un bon point. Je sentis alors une légère pointe de provocation dans ses questions, mais bizarrement cela me fit sourire. Oui je suis de bonne humeur aujourd'hui, ça va sûrement le surprendre. Mais là, j'ai vraiment besoin de me changer les idées.

- Non ! Heureusement pour toi, sinon je t'en aurais voulu à vie !

Lui répondis-je avec un sourire taquin et un petit clin d'oeil. Franchement, je ne savais même pas si moi-même j'étais sincère vu que je ne sais pas comment j'aurais pu réagir si j'avais planté mon exam. Une vraie furie sûrement, parce que je ne supporte pas l'échec.

L

a meilleure chose à faire pour éviter un conflit aurait surement consisté à prendre mon gobelet de café et de passer mon chemin devant cette fille… mais ça ne me ressemblait pas du tout de solutionner les problèmes par la fuite. Et puis la blondinette pourrait prendre ma réaction comme de la peur, ce qui n’était absolument pas le cas ! Pas question de la laisser me tailler une réputation fallacieuse dans le dos. A la limite, je préférais passer pour un sale type à la langue trop pendue plutôt que pour un trouillard qui ferait dans son froc devant une gonzesse au caractère bien trempé.

Alors forcément, je l’abordais pour prendre des nouvelles de son exam au moment où elle glissait des pièces dans la machine à café du hall.

Je m’attendais à ce qu’elle me foudroie du regard à l’instant où elle me reconnaitrait, voir qu’elle me jette son café à la figure pour me faire taire, mais non… Au contraire, elle me sourit en me répondant :

- Non ! Heureusement pour toi, sinon je t'en aurais voulu à vie !

Je ne pus retenir un petit rire en remarquant son clin d’œil.

- Ouf, je vais pouvoir me remettre à respirer, enchainai-je sur le même ton amusé qu’elle. Je commençais déja à faire la liste de tous les moyens à utiliser pour ne pas t’avoir sur le dos jusqu'à la fin de mes jours…

Je me doutais bien que ce n’aurait certainement pas été le cas de toute façon. Nous avions mieux à faire tous les deux que de perdre notre temps à faire la misère à l’autre uniquement à cause d’un exam raté.

- A tes bons résultats ! Lançai-je alors en levant mon gobelet dans sa direction.

code by Mandy

Bien sûr qu'il m'arrive d'être agréable et gentille !! Bon ok, ça m'arrive pas avec beaucoup de gens, mais j'ai mes bonnes et mauvaises périodes, comme tout le monde (a). Et j'avoue que ce garçon est sûrement celui qui m'aura vu aussi lunatique en si peu de temps. Non parce que je ne suis pas du genre lunatique à changer d'humeur toutes les trente secondes, mais plutôt tous les trois jours. Ou selon les périodes. Mais là c'est vrai qu'avec les retrouvailles de mon premier amour qui est devenu l'un des pires salop, j'ai absolument besoin de penser à autre chose qu'à lui. Et pour ça, je n'ai trouvé que la sociabilisation pour contrer ça. Et même si je peux moi aussi la pire des filles, je sais être gentille, généreuse et souriante. Je le suis davantage avec mes amis, mais il faut un début à tout.

J'avais donc commandé mon café à la machine quand j'avais répondu avec un joli sourire au jeune homme qui m'avait bousculé l'autre jour. Pourquoi lui en vouloir encore, alors que j'avais réussi cet exam ? Je les avais même tous réussi jusqu'à présent, alors c'était le bon côté des choses. Et avec ce qu'il me répondit, je ne pus m'empêcher de rire. Bah j'avais bien fait de jouer la carte de la fille souriante, parce que je récoltais déjà un rire sincère. Il devrait s'en sentir flatté. C'est rare quand un homme y arrive. En général j'ai envie de les draguer et de les jeter comme une vieille chaussette. Mais aujourd'hui je ne suis pas d'humeur. Il a encore plus de chances. Puis il me tendit son gobelet pour trinquer à ma réussite quand je récupérais le mien. Je riais de nouveau puis fit s'entrechoquer ces pauvres petits gobelets en plastiques qui n'ont émis aucun sons sonores évidemment.

- Merci ! Je lui souriais puis but une gorgée de café quand je me suis dit qu'il était peut-être temps de se présenter. Au fait je m'appelle Lily ! Ravie de t'avoir gueulé dessus et que tu ne m'en veuilles pas !

T

oujours plus à l’aise avec la plaisanterie que les prises de tête, je pris avec humour la remarque de la blondinette. Bien sur, j’imaginais parfaitement qu’elle m’aurait plutôt zappé de sa vie et de ses souvenirs au lieu de chercher à me pourrir l’existence. A moins qu’elle n’ait choisie emmerdeuse en étude mineur, nous n’étions plus de mômes et notre temps à Harvard était précieux. Inutile de gâcher ça avec des conneries du genre.

Alors pour celer notre réconciliation, je levais mon verre comme pour porter un toast lors d’une grande réception. Emportée par la bonne humeur, elle en fit tout autant avant de boire une gorgée de café.

- Au fait je m'appelle Lily ! Ravie de t'avoir gueulé dessus et que tu ne m'en veuilles pas!

- Micah, me présentais-je à mon tour en lui tendant la main en poursuivant sur ma lancée. J’suis pas un mec rancunier donc y a pas de soucis.

Bon d’accord, le fait qu’elle soit vraiment mignonne et agréable me poussait aussi à ne pas jouer au con, mais ça je n’allais surement pas lui dire. Un mec doit parfois savoir taire le fond de sa pensée : voila une autre leçon enseignée discrètement par mon père pour éviter les foudres de la gente féminine.

- J’irais pas jusqu'à te dire de recommencer quand tu veux, mais j’suis là si jamais t’as encore besoin de passer tes nerfs sur un pauvre petit nouveau.

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Vu que j'avais bien besoin de sociabilisation pour une fois aujourd'hui, pourquoi ne pas en profiter pour faire plus ample connaissance avec ce jeune homme que j'avais martyrisé qui devenait de plus en plus craquant au fur et à mesure que je le regardais. C'est fou comme ma haine et ma souffrance pouvait boucher certaines de mes perceptions. Je me ferme beaucoup trop j'en ai bien conscience. Mais j'ai tellement peur. J'ai bien envie de me laisser aller parfois, il m'arrive de vouloir de nouveau mon ancienne vie, mais je sais que les fin heureuse ça n'existe pas, alors je me durcis de nouveau et c'est reparti. Tout ça pour dire que là, j'ai bien envie de faire plus ample connaissance avec le jeune homme. Je m'étais donc présenté, enfin, comme tout être civilisé et bien élevé, comme avait essayé de faire ma défunte mère. Il se présenta à son tour et m'annonça son prénom, et me révéla qu'il n'était pas rancunier. Une chance pour moi, sinon je me retrouverai seule avec mon café à cet instant même. Il enchaîna ensuite sur le fait que je pouvais passer mes nerfs sur lui si jamais j'en ressentais le besoin. Comme c'est adorable ! Je me mis à sourire et à pencher la tête sur le côté. Attendrissement ou je rêve ?! Oui il était bien parti pour briser ma carapace celui-là. Peut-être que cela me fera du bien après tout un peu d'amitié dans mon pauvre dark world. Pour enchaîner notre discussion, j'avais repéré un élément pour en savoir plus sur lui :

- Tu es nouveau ici ? Tu étais où avant ?

Avec tous ces étrangers ici, on ne sait plus à force qui est du coin ou non. Bien évidemment je fais parti de ces étrangers, vu que je viens de loin, bien que anglophone. Mais ça m'a fait un bien fou la première année que je suis arrivée, à voir de nouvelles têtes, à voir un nouveau mode de vie, même si parfois il ne m'enchante pas vraiment, et si certaine personne m'insupporte. Il existe des cas, des cas qui me font tout de même apprécié bien plus ma vie ici qu'auprès de mon père et de sa femme. Et dire que son fils est venu ici lui aussi. Il me gave, mais je ne peux pas le chasser tout de même. Il a mérité sa place ici et je ne peux rien y faire. A part faire ma vie de mon côté et essayer d'avancer du mieux que je peux, même si j'ai toujours préféré stagner dans ma souffrance. C'est plus facile.

M

aintenant que nous avions tiré un trait sur notre rencontre catastrophique de mes premiers jours à la fac, Lily et moi en arrivions à nous présenter dans les règles de l’art. Et je préférais largement ça aux insultes et aux cris de rage.

Comme j’avais insinué que mon arrivée à Harvard était toute récente, la blondinette s’engouffra dans la brèche pour me questionner dans la foulée.

Tu es nouveau ici ? Tu étais où avant ?

Affichant un petit sourire, je reposais mon gobelet sur la table avant de lui répondre en joignant mes mains comme un expert qui s’apprête à faire un exposé en énonçant les points importants en comptant sur ses doigts.

- J’arrive du 869 Hamilton Street à Vancouver, Canada, commençais-je d’un air amusé pour lui faire un rapport sur mon ancienne vie sans qu’elle n’ait à poser des questions. J’étudiais le russe à l’université de Colombie britannique, si tu connais, et franchement j’adorais l’ambiance et le campus… sauf que ma mère à voulu se rapprocher de ses parents, alors me voila à Harvard.

Le mensonge par omission n’était pas vraiment un crime ? Non ? Je préférais mettre en avant les relations familiales plutôt que la carrière politique de mon père… Moi j’étais Micah, et pas seulement le fils de Mr et Mme Beiley.

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Autour d'un bon petit café, comment faire connaissance avec quelqu'un avec qui je suis partie du très mauvais pied. J'espère juste que cela ne sert pas à rien, parce qu'on pourrait très bien ne pas s'entendre par la suite, ça peut très bien arriver, qui sait. Mais quand il répondit à ma question, je me mis à sourire. Non, on allait bien s'entendre, il n'y avait plus aucun doute. J'aime les personnes qui ont de l'humour, et il semblerait qu'il n'en manque pas ce petit Micah.

- Ah et pourquoi le russe ? Bah oui faut bien faire la conversation, et ça m'intéresse bien sûr ! Sinon je ne poserai pas de question et je me tirerai loin d'ici. Mais non, faire connaissance avec lui m'intéresse bel et bien. Tu es quoi alors ? Canadien ? Russe ? Américain ? Un mix des trois ?

Et je me mis à sourire bêtement une fois de plus. Ça, ça veut dire que j'ai un très bon feeling avec la personne avec qui je parle. Très bon signe pour lui, il remonte dans mon estime, même si au final, c'est plus moi qui devrait remonter dans son estime, puisque c'est moi après tout qui lui ai gueulé dessus alors qu'il n'avait rien fait de mal, à part se trouver sur mon chemin quand je ressembles à une furie. Une furie qui peut facilement se transformer en adorable petit chat. S'il devient un ami il oubliera bien vite la première personne qu'il a rencontré en moi l'autre jour. Ce sera de l'histoire ancienne et il aura l'impression que ce n'était pas la même personne.

C

’est avec plaisir que je remontais dans mes souvenirs de ma vie au Canada pour satisfaire la curiosité de Lily. Il n’y avait absolument rien de secret dans le motif du déménagement de la famille Beiley, mais je préférais ne pas évoquer les responsabilités politiques de mon père. Je voulais qu’on me juge pour ce que j’étais réellement et pas seulement sur mon arbre généalogique. A la place, je parlais plutôt du campus où j’étudiais le russe avant de m’inscrire à Harvard.

- Ah et pourquoi le russe ?

- Parce que j’adore ce pays. Vraiment. Leur culture, leur patrimoine, leur langue, ça me fascine.

Inutile de lui avouer que j’avais eu la chance de vivre en Russie pendant quelques années. Elle l’apprendrait en temps et en heure si nous devenions des amis plus proches que de simples collègues de table proche de la machine à café.

- Tu es quoi alors ? Canadien ? Russe ? Américain ? Un mix des trois ?

Sa question m’amusa. J’étais tellement jaloux que ma sœur est une double nationalité et pas moi…

- Non, riais-je avant de finir mon gobelet de café. Je suis un américain pur souche. Par contre je suis pas hyper attaché à ce pays. J’aime voyager et j’espère qu’en terminant mes études j’aurais la chance de partir bosser en Europe ou en Asie.

Nous avions bavardé plus longtemps que prévu et le début des cours se rapprochait. Pas question que mon blablatage retarde la jolie blonde que je savais maintenant très à cheval sur les horaires.

- On devrait y aller avant d’être en retard, mais la prochaine fois faudra que tu me parles de toi. On n’est pas du tout à égalité là.

Et sur cette note d’humour, j’attrapais mes affaires pour suivre le flot d’étudiants qui se dirigeait vers les différentes salles de cours.

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Pourquoi est-ce que je l'avais autant mitraillé de questions ?! Bonne question, à laquelle je répondrais sûrement parce que je me sentais coupable d'avoir été aussi méchante avec lui alors qu'il semblait être un chic type, qui commençait à éveiller ma curiosité et mon intérêt. Ça ne m'étais pas arriver depuis bien longtemps pour un mec. Les filles cela avait été beaucoup plus facile de redevenir sociable, mais les garçons, c'était un peu plus délicat vu que je les traitais d'office d'incapable et de moins que rien qui n'ont pas de cœur. En tout cas, Micah avait répondu à chacune de mes questions qui aurait pu paraître indiscrètes, sans broncher. Un américain qui adore la Russie. Original, mais j'aime. Bien que personnellement je préfère mon Ecosse d'amour. Après qu'il m'eut fait partager son envie de partir pour l'Europe ou l'Asie, je lui répondis :

- L'Asie ? Vraiment ?! Je te conseille l'Europe, et plus particulièrement l'Ecosse, c'est le meilleur des pays !! Avais-je dit tout en riant. Je vantais les mérites de mon pays, en sachant pertinemment qu'il n'écoutera pas mes conseils et prendra ses propres décisions. Mais ça me faisait rire. Au moins il saurait un truc sur moi déjà. Mais l'heure d'aller en cours de nouveau arriva bien vite et ce fut lui qui clôtura la conversation sur ça justement, avec une pointe d'humour que j'appréciais particulièrement. Haha pas de problème mais ma vie est loin d'être joyeuse je te préviens ! Je jetais alors mon gobelet dans la première poubelle, prit mon sac et me dirigeais vers ma salle de cours en compagnie de ma nouvelle bonne connaissance qui risquait de devenir un peu plus (a).

Fin de la scène