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La nuit s’était abattue sur Harvard depuis quelques heures déjà et c’était un vendredi soir aussi froid que les précédents qui se déroulait sous les pas d’Acideen. Le ciel de Cambridge avait rarement eut l’occasion de la voir errer ainsi, se laissant aller à ses plus basses considérations. Depuis deux ans elle avait tout bonnement voilé son passé, elle l’avait fondu dans un brouillard de souvenirs aussi insignifiants les uns que les autres pour oublier, pour ne plus penser, pour n’être plus qu’une carrure de froideur. Mais pas ce soir, ce soir c’était différent. Ce soir elle avait cru le voir. Elle avait cru recroiser ce père cauchemardesque depuis si longtemps disparu. Elle avait bu, trop bu, mais jamais elle n’avait ressenti une frayeur pareil, jamais elle n’avait laissé ressurgir cette sensation d’impuissance des profondeurs de son esprit. Mettant un pied devant l’autre elle ne savait pas réellement où elle allait, dans quel but elle marchait, sinon pour se retrouver seule et laissé le vent lui assené des coups aux visages qui lui permettrait d’oublier. L’alcool qu’elle avait dans le sang lui remonta à la tête lorsqu’elle tira pour la première fois sur la cigarette qu’elle tenait entre ses doigts. Elle regrettait à présent d’avoir enfilé des talons aussi hauts pour se rendre à la soirée organisée par la Mather House. Elle avait bu un nombre de verre a en faire blêmir sa mère dans sa tombe et pourtant ce n’était que maintenant qu’elle en ressentait les effets. Ce n’était que maintenant qu’elle ressentait le poids de cette solitude alcoolisée qu’elle combattait si souvent. Marcher. Marcher jusqu’où ? Non, ce n’était pas marcher dont elle avait envie, c’était courir. Courir jusqu’à s’en exploser les poumons. Courir jusqu’à en sentir tous ses muscles. Courir direction ailleurs. Acid’ enleva ses talons, jeta sa cigarette à moitié fumée et se mit à courir à travers les rues. Ses cheveux volaient, l’alcool se faisait sentir dans sa tête qui faisait tourner le paysage autour d’elle, mais c’était jouissif. Jouissif jusqu’à ce que… Jusqu’à ce qu’elle rentre malencontreusement dans un passant. Elle s’apprêtait à lui hurler dessus, à le frapper de lui avoir gâché son plaisir. Mais en levant les yeux elle s’aperçut de l’identité de la personne qui se trouvait devant elle : Jason. La dernière fois qu’elle l’avait croisé dans cet état elle s’en souvient encore… 2 ans plus tôt B-B. venait d’arriver à Harvard à cette époque et il on s’exposer à de plus grand risques encore qu’aujourd’hui si on essayait de l’ennuyer. Un morveux qui l’avait ennuyé pouvait encore en témoigner. Bourrée au détour d’une soirée elle avait croisé Jason. Il l’avait aidé, il avait été gentil. Une personne de sexe masculin n’avait, à cette époque, jamais rien fait de tel pour elle et elle avait craqué. En l’espace d’une soirée elle lui avait tout raconté, tout montré. Il savait les cicatrices visibles qu’avait laissées son père, il savait les cicatrices invisibles qu’avait laissées sa mère. C’était les seules larmes qu’elle n’avait jamais laissé couler et c’était devant lui… « Bonsoir… » fut le seul mot qu’elle réussit à laisser échapper de son esprit alcoolisé. |
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