i’m falling, in all the good times I find myself longing for change - willow

Je rigolais de plus belle quand elle me demandait de ne pas me moquer d’elle. « Comme si c’était mon genre. » Je haussais faussement les épaules en considération. N’importe qui qui me verrait dans cet état là me connaissant un minimum pourrait croire que j’étais droguée, et devinerez sans hésitation mon état d’ébriété plus qu’avancée. Je n’étais forcément toujours à faire la tête, mais j’avais ce côté hautaine et parfois froide qui repoussait les gens. Je ne pouvais pas dire que j’avais beaucoup d’amis. Mais j’étais souvent celle qu’on aimait avoir comme proche par mon statut. C’était toujours plus classe de traîner avec une princesse. Et c’était exactement ce que j’aurai pu croire de Willow, la mettre dans le même panier que les autres. Alors que malgré le fait que je l’avais ignoré aussi bien après cette nuit-là, que dès que j’avais su que l’on partagerait la même chambre, elle était encore là ce soir à prendre soin de moi comme peu savait le faire. Je l’écoutais, je ne comprenais pas tout mais je ne retenais surtout qu’une chose à ce qu’elle venait de dire. « J’ai été une idiote. » Attention événement mondial : je venais de reconnaître que j’avais eu tort. Qu’elle profite maintenant de ce moment car ça, c’était une chose qui n’était pas près de se reproduire une fois sobre. J’espérais pour elle qu’elle avait filmé ce moment mémorable. Son petit rire était réconfortant. Et je me laissais aller à lui poser des questions un peu plus personnelles, comme savoir comment elle savait qu’elle était devenue lesbienne. Et je l’écoutais avec grande attention. « Donc la si j’embrasse une fille et que j’aime bien, ça veut dire que j’aime les filles aussi ? » Bien Charlotte, tu as actuellement le même raisonnement qu’une enfant de cinq ans ! Je m’allongeais enfin, je n’avais pas forcément sommeil, mais je sentais les effets de l’alcool plus négatif se faire ressentir comme le fait d’avoir la tête qui tourne. Une fois de plus la brunette prenait soin de moi en se penchant au-dessus de moi. « ça tourne. » lui dis-je en souriant et fermant les yeux un instant. De ma main, je la posais sur son bras instinctivement lui faisant des allées retours du bout de mes doigts. « Tu restes avec moi ce soir hein dit ? » En une soirée, Willow aura eu l’occasion de voir cinquante nuances de Charlotte : la joyeuse, la coupable, la taquine, la fêtarde, l’attachante, ou encore la charmeuse.

J'avais rarement eu l'occasion de voir toutes les facettes de Charlotte, et je crois que je la connais bien plus ce soir que depuis que je l'ai rencontrée. Je l'ai connue séductrice, tactile, mais jamais taquine, puisqu'elle n'a plus donné signe de vie après ça. Mais c'était plutôt drôle à voir, parce que derrière sa stature de princesse, elle reste rien de plus qu'une jeune femme qui veut être normale. Et qui de plus normale qu'une fille comme moi, qui travaille pour se faire un petit pécule depuis des années pour kiffer un peu ? « J'vais faire comme si j'te croyais, hein ! » dis-je en riant. Les explications que je lui avais données avaient causé quelque chose d'inexplicable chez elle, quelque chose qui me laissait carrément sur le cul. Elle disait qu'elle avait été idiote. J'en crois pas mes oreilles. J'ai fait avouer à une princesse qu'elle avait eu tort. J'écarquille les yeux, parce qu'il faut que j'assimile à fond cette information. « J'en demandais pas autant, mais… Attends, tu peux répéter ? T'es en train de dire que tu m'as mal jugée ? » dis-je en souriant, pour qu'elle ne se sente pas non plus trop forcée, mais l'information était vraiment importante pour que je la laisse passer. Puis elle me demandait si jamais elle kiffait embrasser une fille, est-ce que ça voulait dire qu'elle aimait quand même bien les filles. Tant d'innocence en une personne, c'est presque mignon. « Dans la théorie, c'est ce que tout le monde pense. Mais ça, il n'y a que toi qui peut le savoir. T'es peut-être bisexuelle, ou bi-curieuse. Ou pansexuelle. Y'a que toi pour mette l'étiquette qui te convient. » lui dis-je en souriant. C'est assez compliqué de se trouver une identité sexuelle, parfois. J'ai eu la chance de la trouver assez jeune, parfois ça arrive à 40 ans. Alors qu'elle s'est allongée, elle me dit que ça tourne autour d'elle. Les vapeurs d'alcool ont eu raison d'elle, visiblement. Elle venait caresser mon bras du bout de ses doigts, avant de me demander de rester avec elle. Un léger rire s'échappait d'entre mes lèvres. « J'vais pas dormir dans le couloir, tu sais. Puis, il est plutôt confortable mon lit, j'irai pas le troquer contre le sol. » Comment ça, j'ai pas compris ses allusions ? Disons que j'suis pas sûre de ce qu'elle veut dire, donc je joue la sécurité.

Sans savoir comment, on passait des rires, aux éclats de rires, qu’à une discussion sérieuse. Bon si c’était l’alcool le comment. Je me lâchais rarement pour en arriver à ce point-là. D’habitude, je buvais et si j’étais en charmante compagnie ça finissait avec un coup d’un soir, ou alors je rentrais chez moi. Enfin chez Nicolas mon frère. Et mes aveux avaient fait que Willow faisait une drôle de tête. Une tête qui me faisait rire. « Non non non non, je ne le redirais pas. » Je secouais la tête de gauche à droite comme si j’avais trois ans, et je rigolais toujours. « Mais oui. » Oui je l’avais mal jugé. Mais réalisait-elle que ce n’était pas toujours simple que d’être une princesse ? On avait ses rôles qu’on nous attribuait cette façon d’être où l’écart était rarement permis. Rien que là, s’il y avait des paparazzis dans le coin, j’étais certaine de faire la une des journaux à scandale quant à ma proximité avec la jeune femme. Et dans la foulée, un appel de mon père avec un allée pour le Luxembourg. Certainement sans retour. Je regardais Willow, le regard un peu flou et parfois vide. Mais à cet instant précis, j’aurais presque envie de jalouser sa vie. Bon sauf que je pouvais avoir tout ce que je voulais sans avoir besoin de travailler, et ça, même l’alcool ne pouvait me retirer ce plaisir-là. « Et si j’ai pas envie d’avoir d’étiquette ? » Dis-je un peu solennellement. Celui de princesse était déjà assez pour en rajouter d’autres non ? Allongée sur le lit, je regardais le plafond qui tournait grandement alors je fermais les yeux. Et Willow était toujours là, à côté de moi. Et elle avait toujours le mot pour me faire rire. « Et il est assez grand pour nous deux. Mais si tu ronfles, je te pousse par terre. » Je rigolais encore plus, avec un petit regard de défi. Puis, avec l’alcool, il y avait plus de chance que moi je ronfle, mais le poids mort que j’étais à cause de mon état ferait qu’il faudrait un tank pour me faire bouger. Je continuais de fixer Willow, et sans comprendre, et alors ce fameux truc bi-curieuse dont elle parlait avant, je prenais la tête de la brune pour l’avancer vers moi et l’embrasser comme la première nuit qu’on avait déjà passé ensemble. Et non cette fois-ci, je ne comptais pas regretter ce geste, cela faisait maintenant une petite heure que j’étais rentrée dans la chambre, je venais de manger. Oui, j’étais toujours alcoolisée, mon cerveau n’était pas entièrement connectée, mais je réalisais tout doucement mes actes. Et ce contact m'aidait également.