Escapade nocturne || Dynya

Ces nuits-là, je ne les affectionne pas particulièrement. Disons qu'elles sont une partie de moi désormais, que c'est devenus une routine, certes illégales et peu conseillés, mais routine quand même. Et toi Anya, je ne veux en aucun à te mêler à ça. Si tu savais le nombre de fois où j'ai voulus te le dire, où j'ai voulus t'avouer cette activité qui occupe certaines de mes nuits… Mais je garde le silence, la peur de te voir impliquer dans une situation merdique et de te mettre en danger l'emportant toujours sur l'envie d'être sincère avec toi malheureusement. Comme à chaque fois, je m'assure que tu dors pour de bon et je me glisse hors de ton étreinte pour finalement enfiler un froc, un t-shirt et sortir affronter la légère brise nocturne. Ce quartier, je le connais comme ma poche, j'ai des souvenirs dans les moindres recoins de ce dernier. Aujourd'hui, je suis posté à l'endroit même où ma petite sœur a fait ses premiers pas, faisant quelques mètres avant de s'écraser violemment sur le goudron a la façon de la gamine de La Petite Maison dans la Prairie. Soudain, une silhouette se fait sentir dans l'obscurité, silhouette à laquelle j'indique: "Si c'est pour acheter il va falloir t'approcher mec.". Tu regretteras d'avoir dis ça à la personne que tu ne peux encore apercevoir Dylan, je peux te l'assurer…

y a des milliers de fois où j'ai voulu te poser la question. où j'ai voulu savoir où est-ce que tu disparaissais en pleine nuit. où j'ai voulu comprendre pourquoi est-ce que tu n'étais plus là quand j'ouvrais les yeux. et pourtant, malgré le nombre insaisissable de perche que j'avais pu te tendre, t'avais toujours dévié de la réponse sans que je ne comprenne réellement pourquoi. j'aimais pas ça. le mystère, ne pas savoir. quelque part, j'me disais que ça devait être grave pour que tu restes autant silencieux sur ça. et qu'est-ce qui justifierait ton besoin de t'en aller au beau milieu de la nuit ? j'ai eu beau imaginer des milliers de choses à chaque fois, j'ai jamais été certaine d'avoir envisagé le bon scénario. c'est sûrement pour cette raison que je me fais violence pour ne pas m'endormir, laissant mon esprit divaguer un peu partout dans l'attente que la scène se rejoue encore une fois. bingo. je te sens quitter les draps, te laisse faire, attends sagement que tu ais quitté la pièce pour me lever à mon tour sans un bruit. la porte d'entrée qui se referme et moi qui enfile rapidement une paire de basket pour te suivre dans les rues bien trop sombres. et on part loin de notre appartement, je fais mon maximum pour rester silencieuse et reste en retrait quand tu t'arrêtes. qu'est-ce que tu viens faire ici dylan ? la question se pose et je n'ai toujours pas les réponses. puis faut croire qu'agent de filature n'est pas une compétence que je pourrais ajouter à mon curriculum puisque tu as vite fait de me remarquer. "si c'est pour acheter il va falloir t'approcher mec." j'ai le coeur qui rate un battement, les poings qui se serre légèrement. acheter ? j'suis pas bête tu sais ? je l'ai finalement ma réponse. et je sors de la pénombre, avançant vers toi à petit enjambée. ━ vas y, tu vas me vendre quoi ? tu te sens con là de suite, pas vrai ? et putain, j'étais à des milliers de kilomètre d'imaginer ça. ça me rend dingue, j'me sens stupide moi aussi pour la peine. ━ t'es un sale con moi je m'inquiète pour toi quand toi, tu disparais juste pour jouer au dealer dans les rues ? t'as même pas d'excuse, c'est pas comme si t'arrivais pas à joindre les deux bouts.

Est-ce qu’on peut qualifier cette situation de pire cauchemar ? Je crois que oui… Je vois mal comment une situation pourrait être pire que celle-ci. Tu vois ce genre de moments où tu aimerais tant avoir le pouvoir de Hiro Nakamura ? Celui où tu n’as qu’a faire semblant d’être constipé sur le trône pour remonter le temps ? Et bien c’est ce genre de moment là que je vis quand la voix de ma petite-amie se fait entendre dans l’obscurité et que je comprends qu’elle est désormais au courant de mes agissements nocturnes. “Anya ?”, demandes-tu comme pour espérer que la réponse à cette question sera négative, que ce sera une autre personne qui débarquera devant. Mais il n’en est rien. C’est bien ton petit gabarit qui me fait face désormais et qui m’envoie un “sale con” surement mérité. Je ne sais même pas comment réagir, je reste figé devant toi, fixant ton regard furieux qui me dévisage. “Qu’est-ce que tu fais ici ?”, demandais-je, comme si une nouvelle fois c’était elle en tort. T’es sûr de vouloir adopter cette stratégie Dylan ? De faire comme s’il n’y avait rien de mal dans le fait de se retrouver là en pleine nuit pour vendre de la came à des drogués qui finiront surement leurs jours dans une overdose. Disons que c’est la seule tactique de défense que j’ai trouvé durant le laps de temps qu’il m’était impartis pour lui répondre. Laps de temps qui m’as permis de vite rentrer dans ma poche ce petit sachet destinés normalement à tes clients, réaction des plus stupides de ma part, cacher une preuve alors que la culpabilité était déjà établis pour de bon. Clairement, faire comme si tout était normal ne va pas me mener très loin, mais je n’ai pas d’autres alternatives qui s’offre à moi

j'comprends pas en fait. je ne comprends pas pourquoi tu fais ça ? quel est le but ? je t'ai tout donné. que ce soit moi ou tout ce qui m'appartiens. tu peux pas me dire que t'en as besoin parce que c'est faux. et j'me sens tellement conne de n'avoir rien vu venir. j'me dis que t'es stupide ou alors c'est moi. c'est peut être moi la plus bête des deux. j'ai les yeux noirs, le coeur au bord des lèvres.  j'ai envie de te frapper et de t'insulter en même temps. puis j'ai aussi envie de tourner les talons et te laisser planter là, changer les serrures de l'appartement et te dire d'aller te faire foutre royalement. ━ ce que je fais là ? tu te rends compte de l'absurdité de ta question ou pas ? le truc, c'est pas de savoir ce que je fais ici mais plutôt pourquoi est-ce que t'y est allé en premier lieu. tu fais ça depuis combien de temps hein ? te tirer au milieu de la nuit pour vendre ta merde et revenir te coucher dans nos draps l'air de rien par la suite ? ━ alors vas y, dis moi ce que tu vas me vendre dylan. parce que c'est pour ça que t'es là, non ? vendre ta merde, prendre un peu de fric. tu sais ce qui se passe pour les gens comme toi ? dans le meilleur des cas, tu finis en taule. dans le pire, tu te fais massacrer par tes clients et on retrouve ton corps sur le bitume. tu te trouves intelligent là ? je sors un billet que je te tends. ━ c'est combien ? parce que ça doit être ça non ? t'as besoin d'argent ? ━ j'te donne le double si il faut. c'est combien ? si tu veux jouer à l'idiot, c'est parti. tu feras beaucoup moins le malin par la suite.

Au fond, tu le savais que ce moment arriverait, que c'était inéluctable. Tu t'es voilé la face Dylan, tu t'es dis que ce mensonge durerait encore quelques semaines, voire quelques mois. Tu te pensais le plus malin en prenant la poudre d'escampette une nuit de temps en temps. Tu as voulus jouer mon pote, et tu as perdus. Parce que c'est ce qui est en train de se passer en ce moment, tu perds tout, et surtout Anya qui prends très mal cette révélation. "Je… Je peux tout t'expliquer Anya !", dis-tu d'un ton qui oscille entre la panique et la peur, les mots sortant a une vitesse folle, comme si cela permettra de la convaincre plus facilement alors qu'il n'en est rien. Mais par pitié, ne me juge pas sans avoir tout les infos à ta disposition Miss Harrison. "Je ne fait pas ça pour m'amuser Anya…" lances-tu a la demoiselle qui arbore un regard noir dans ta direction. Mais encore ? Parce qu'elle a clairement deviner que ce n'était pas des bonbons que tu vends, ou une sorte de bonbons bien plus dangereux on va dire. Ta fierté te pousserait presque à garder cette histoire pour toi, a garder ce secret dans le silence encore plus longtemps, mais tu sais que tu perdrais la belle dans le même temps, ce qui te pousse à lui ces quelques mots: "Je fais ça depuis mes 14 ans, je file l'oseille que je me fais en vendant à mes parents. Ils vivent un peu plus loin dans ce quartier, dans un appart miteux et insalubre, celui où on vivait avec mes trois petites soeurs et moi quand on était encore gamin. Je ne côtoie pas des camés en plein milieu de la nuit pour le plaisir Anya, je le fais pour sortir mes parents de la merde.". Moi j'en suis sortis grâce à toi, je vis dans ce grand appart avec toi, mais le fait est que je paye que dalle, parce que ce roman en cours d'écriture me rapporte que dalle tant qu'il n'est pas publié...

━ oh oui, vas y, explique moi. elle raille, bras croisés, le regard qui lance des éclairs. parce qu'en soit, expliquer quoi ? y a pas besoin d'un manuel d'instruction pour comprendre ce qu'il était en train de faire ici. et ça l'a met en rage la brune de se rendre compte de tout ça. de savoir qu'elle s'est fait berner depuis le début et qu'il a joué avec le feu jusqu'à se brûler les ailes. ━ non, sans déconner ? elle se doute bien que y a rien d'amusant. à moins que ça ne flatte l'égo masculin que d'arpenter les rues avec sa came sur lui. peut être un sentiment de puissance de secouer des sachets devant la tronche de camé qui tuerait pour en avoir rien qu'un petit peu. ━ mais putain, pourquoi tu me demandes pas ? tu fais chier en fait. c'est quoi ? l'égo masculin encore une fois ? t'as pas les couilles de demander de l'argent à ta petite-amie ? tu sais que si tu demandais, j't'en donnerais de l'argent. j'en ai plus que de raison. et si tu veux pas vivre à mes dépends, vois ça comme un prêt que tu me rembourseras plus tard éventuellement. ━ ou alors trouves toi un job merde. comme tout le monde. tu vas bosser dans le restau du coin et tu t'en sors comme les autres. pas comme un putain de dealeur à choisir la voie de la facilité. ━ j'ai laissé passer beaucoup de chose les insultes par message, les ex à gogos, ta putain d'hystérique d'ex enceinte et toutes les conneries que t'as ramené une par une. mais ça ? hors de question. elle claque une poignée de billet dans la poche et recule de quelques pas. ━ j'ai pas besoin de ça.