SIMEN DE GLÜCKSBOURG ► Daniel Radcliffe

Ton histoire est un conte. Un roi qui rencontre une dame, une dame qui devient reine. L'amour véritable, l'amour qui permet de se relever, de surmonter tous les obstacles. De cet amour, de cet union, naquirent deux enfants, des jumeaux. Une année plus tard, une petite fille suivit. Un prince et deux princesses.

L'enfance était plutôt calme. Tu prenais plaisir, tu étais prince, tu avais ce que tu souhaitais. Mais de nombreux devoirs qui t'incombaient. Ambre, ta sœur jumelle, étant la première destinés au trône, celle qui succéderait à tes parents si le malheur frappait. Tu l'aimais, c'était ta sœur et pourtant. Quand tu la regardais, quand tu étais à ses côtés, une boule se formait dans ton estomac. Un creux était présent dans ton cœur, tu ne savais pas pourquoi, tu ne savais pas. Et tu préférais aller jouer avec Nora, la laissant seule. Que tu étais sot, que tu étais jeune.

Bien sûr, tu passais ton temps avec elle, bien sûr, c'était ta jumelle, la prunelle de tes yeux. Elle était présente aux mêmes cours que t'inculquait votre père. Vos précepteurs. Vous aviez reçu la meilleure éducation, vous parliez quelques langues, vous saviez écrire et compter. Et pourtant, durant les rares occasions où tu pouvais être seul, tu profitais de cet instant pour aller te poser près du piano. Tu posais tes doigts, les tremblements te faisant monter les larmes aux yeux. Et tu faisais vibrer le piano, profitant du silence ambiant pour laisser couler tes larmes.

Tout se passait bien, tu grandissais, tu apprenais. De nombreux bals se succédèrent, de nombreuses choses qui pesaient sur tes épaules. Et plus le temps passait, plus tu savais qu'il serait temps que tu te maries. Pour le bien de tous. Tu ne le voulais pas, tu ne le souhaitais pas. Tu souhaitais que quelque chose se passe, que quelque chose arrive pour tout chambouler. Que tu étais bête.

Ambre tombas malade et qu'importe les médecins qui se succédèrent, tous étaient catégorique. Seul un membre de la famille pouvait l'aider. Dans un sens, vous étiez soulagés, vous pourriez la sauver. Le constat tombas si brutalement que tu te haïs pour ton souhait ridicule qui avait coûter la vie à Ambre. Elle n'était pas ta sœur jumelle. Elle ne faisait pas partie de la famille. Elle était une inconnue qui mourrait à petit feux. Tu ne t'étais jamais rendu compte que tu tenais quand même à elle. Que tu l'aimais. Et pourtant, quand ses paupières, quand sa vie disparut, tu ne pus que pleurer ton chagrin, n'ayant rien pu faire. Tu te haïs. Pour ton incompétence, pour la distance que tu avais instaurés. Pour ce souhait ridicule que tu avais formuler. Si seulement tu pouvais revenir en arrière, si seulement tu pouvais échanger ta liberté contre la vie. Mais cela n'était pas possible et tu vivais avec ce poids, cette chose qui comprimait ton cœur.

Et tu la rencontras. La vraie. Ta vraie soeur jumelle. Même si tes premières paroles étaient timides, tu étais si heureux de la retrouver. Tu étais en synchronisation avec elle, tu savais ce qu'elle pouvait ressentir. Quand elle t'avouas son terrible secret, tu maudis encore une fois ton impuissance. De rien pouvoir faire, de n'avoir rien pu faire. Même la vengeance ne pourrait réparer le cœur, l'âme, la pureté de ta sœur. Tu fis en sorte d'être à ses côtés, d'être présente pour elle, heureux de constater qu'elle allait te suivre à Harvard.

Et c'est quand tu fus acceptés que tout dégringolas. Tu n'en pouvais plus, on ne te voyait pas. On ne voyait que ton titre et ta richesse. Alors, tu en usas pour conquérir de nombreuses femmes pour combler le creux. Et quand aucunes n'étaient présente, l'alcool faisait le reste. L'alcool n'étant jamais une bonne amie, puisqu’elle t’incitais à devenir violent, de temps en temps viré des boîtes de nuit. De nombreux journaux parlant de tes déboires. Qui remontèrent aux oreilles et aux yeux de tes parents. Ton père t'engueulas. Ta mère avait simplement le visage malheureux et déçu.

Tu étais loin d'eux, tu voulais profiter de la vie, profiter de ce que tu n'avais pu faire dans ton adolescence. Mais cela ne suffisait plus, tu n'en pouvais plus, tu voulais aller ailleurs.

Tu repartis en Norvège, près d'un lac, dans l'une des nombreuses maisons secondaires de ta famille. Décembre 2018. Oui, la glace recouvrait le lac et tu avais éteint téléphone et télé. Tu lisais de nombreux ouvrages près du feu. Ou alors, tu regardais l'horizon. Essayant de te recentrer, essayant de boire moins. Certes, tu buvais encore, beaucoup. Tu essayais de te restreindre mais tu n'y arrivais pas. Tu pensais, tu essayais, tu ne savais que faire de ta vie, de ton destin. Tu avais tuer Ambre. Tout du moins, tu le pensais. C'était à cause de ton souhait ridicule.

Tu pris des vases, tu les jetas à terre, renversant fleurs et eau. Des débris par terre, semblable à ton cœur. Tu nettoyas le désordre, une simple goutte tombant de tes yeux. Il fallait que tu te ressaisisse, non pas pour toi, mais pour Nora et Nova.

Tu partis donc de cette demeure début juillet, pour participer au Summer Camp, pour revenir en fanfare, revoir tes connaissances et plus. Revoir enfin ta sœur.

Tu n'avais pas été présent pour elle et tu appris le drame en revenant. Elle avait été entre la vie et la mort. Et toi qui te morfondais dans ton coin. Tu te haïssais. Ton impuissance, tes crises, ton cœur, toi.

Il fallait que tu lui parles, que tu la voies, que tu t'excuses, que tu fasses quelque chose de tes dix doigts. Pour elle, rien que pour elle, ce n'est que pour elle que tu ne plonges pas dans le désespoir.