Y. TESFAYE ARAD ► a$ap rocky

ዛሬ እኛ ነን. ነገ ለእናንተ ይሆናል.

une brise s’élève, glisse entre ces ruines axoumites intemporelles, elles qui avaient vues romains et romans, rois et proies, batailles et bouteilles. le vent s’empare de la liberté de quelques poussières sablonneuses éperdues entre deux stèles. menelik, un nouveau-né dans les bras, s’approche de l’une de ces stèles, l’air solennel, ses pas et gestes suivis attentivement par le reste de la nouvelle famille impériale. tesfaye s’inscrivait deuxième d’une lignée d’enfants d’une idéologie, d’idéaux folâtres et siphonnés que l’on ne trouvait nulle part ailleurs. c’était entre ces stèles que l’arad fut forcé d’accepter le titre de prince d’éthiopie, devenant ainsi deuxième titulaire d’une telle désignation, le frappant telle une malédiction. les yeux fermés, épris par un sommeil enfantin que l’on ne pouvait lui pardonner, le nouveau prince rêvait pour la première fois. telle était la tradition. ses yeux s’humidifiaient, lui qui était posé sur son berceau aux côtés des prières de la famille impériale. des chants amhariques accompagnaient ses pleurs de joie, cités comme étant l’évacuation de toute impureté de son corps. cette couronne éthiopienne ne valait rien aux yeux du monde, du peuple. fictive, elle était, un simple idéal fade et immatériel, une recette du passé que l’on tentait de concocter quelques siècles après son décès. et pourtant, qui aurait pu croire que cette couronne causerait tant de tourments au sein d’une famille liée à un destin disparate. pour la première fois, tesfaye ouvra les yeux au ciel, observant la lune d’un oeil attentif, inconscient, conquérant.


ራስን መመስረት, መሰጠት, ጽናት, ከመለኮታዊ ጸጋ ጋር, ስኬታማነታችሁን ያረጋግጣል.

ce n’était pas une pièce de tissu qui allait essuyer un chagrin tel que celui qui avait empli menelik. les gouttes d’eau n’étaient pas les seules pleurs à s’abattre contre les trottoirs londoniens, le titulaire impérial tentant tant bien que mal de retenir la haine qui l’avait envahi après le diagnostic. l’instant qui avait précédé ses pleurs s’avérait être le pire souvenir de la vie du vieil éthiopien. son deuxième fils, second héritier à la couronne plastique du nouvel empire éthiopien, allait entrer dans une toute autre lignée. il y avait eu van gogh, hemingway, schubert, sinatra. et depuis ce triste après-midi d’avril, tesfaye. le bipolaire. la prodigue progéniture du premier empereur non-officieux d’éthiopie avait été atteinte d’une syndrôme que l’on ne retrouvait à un tel âge que chez un millième de la population européenne. les crises tantriques et pics de nervosité n’était donc pas de simples signes enfantins ayant perduré jusqu’à l’adolescence. l’envie d’isolement et d’idolâtrer des savants à travers l’histoire était peut-être une projection de sa personnalité. sa curiosité, son obsession envers la grandeur n’avait peut-être rien d’héréditaire, étant peut-être de simples complications à ce qu’on pouvait considérer comme une enfance tumultueuse, couplée à l’échec d’une quelconque loterie génétique. l’enfant d’aksoum, d’harrow, n’avait d’yeux que pour la lune, sa seule confidante lors de ces périodes ou, esseulé, il questionnait son destin. pourquoi se limiter à une terre tiraillée par le conflit et le désarroi, alors qu’une planète entière se faisait si belle à ses yeux, prête à être conquise, à trouver un nouveau maître. la lune avant tout.


የምንፈልገው ነገር አዲስና የተለያዩ የህይወት መንገድ ነው.

être maître de soi-même n’avait jamais pu suffire aux envies de grandeur du petit prince d’aksoum. obsédé, complexé par la pureté du céleste, tesfaye était subjuguée, contrôlé par une force mystérieuse qui tirait les ficelles sur son destin depuis embryonnaire. ce rêve qu’il avait cultivé, nourri comme son enfant, était pourtant aussi éloigné que tout. explorer d’autres domaines n’avait pas alterné la route que s’était tracé l’ambition princière. la seule exploration qu’il souhaitait entreprendre était lunaire. c’était la lune qu’il souhaitait décrocher. les sacrifices avait été nombreux. la solitude était moindre en fin de compte. l’arrêt de toute sorte de passion, l’abandon de l’amour, essence qui alimentait nos interactions et apportait une couleur tout autre à la vie, une saveur exotique à laquelle peu pouvait résister. à l’affolement de son entourage, tesfaye avait préféré la solitude, par peur qu’il puisse repousser, voire pire, attirer la femme parfaite avant qu’il n’ait atteint son objectif final. au risque de se répéter, tesfaye n’avait d’yeux que pour la lune. certes, il avait peut-être comme ambition d’y devenir le premier homme noir à y mettre pied, de marquer l’histoire à travers ses gestes, de la décrocher, la lune . mais, si c’était sans l’amour, pour qui la décrocherait-il?