SAVANNAH SUTHERLAND ► Sabrina Carpenter

caractèreLe lion ou l'agneau? Dans mon cas, ça dépend si tu me connais vraiment ou si tu veux voir seulement ce que t'as envie de voir. D'un côté, il y a cette gamine fragile, battue que t'as envie de protéger. Cette petite blondinette aux airs d'ange qui ne ferait probablement pas de mal à une mouche avec son apparence de poupée de porcelaine. Puis, il y a la vrai Aurore dont tu ignoras toujours l'existence. Celle qui a été détruite par les hommes qui sont entrés dans sa vie, celle qui a plongé dans une dépression suite au décès de sa mère. Ce que tu vois à ce jour, la fille qui n'a peur de rien. La fille qui fonce tête baissée, qui profite comme s'il n'y avait pas de lendemain, qui fait ce qu'elle a envie sans rendre de compte à personne.

depuis combien de temps vis-tu ici ?C'est tout récent à vrai dire. À peine quelques mois que je suis ici. J'ai quitté New-York, je me suis enfuie de cette ville qui ne m'amenait maintenant que de mauvais souvenirs pour débarqué à Boston. C'est au premier jour de l'année 2019 que j'ai mis les pieds à Boston. Nouvel an, nouveau départ. Puis, à l'aube de mes 19 ans, il a bien fallu que je m'offre la liberté. La curiosité, la liberté; c'est ce qui m'a poussé à venir et ce qui m'aide à rester.

comment te vois tu dans 10 ans ?L'avenir. Un concept pour les faibles. Tout le monde le sait que c'est impossible à prédire. J'aurais beau dire que je vais travailler dans tel domaine, avec un mari, des enfants, une belle grande maison en campagne. Si ce n'est pas ce que la vie m'apporte, à quoi bon. J'avais des projets, des grands projets. Et ils ont tous été anéantis un après l'autre. Alors, j'en fais plus. Plus de projet, plus de déception. Je vis aujourd'hui et personne ne sait de quoi sera fait demain. Alors dans 10 ans?

story of my lifeFaut croire que dès le départ, j'ai eu aucune chance. Malgré ce que j'ai pu pensé. C'était une fausse chance. Après tout, bon nombre d'enfant s'ont venu au monde et on été élevé par un seul parent. Beaucoup ont grandi comme il se doit ainsi. Ça aurait pu être mon cas. Histoire classique; mon père a foutu le camp quand il a su que ma mère était enceinte. D'ailleurs, en 19 ans de vie, je n'ai jamais entendu parlé de lui, ni eu envie de le connaître. Il m'a abandonné et ça été assez pour le rayer de ma vie. Je m'en sortais plutôt bien sans lui. Ma mère a toujours été une femme travaillante avec les valeurs à la bonne place. Une femme forte qui a décidé de mettre tout ses projets de côté pour être une mère présente, pour me donner tout ce dont j'avais besoin. Une enfant surprotégée, aimée,mais surtout une enfant anxieuse. Ma mère n'était pas riche. Elle vivait d'un petit salaire d'enseignante dans une école d'un quartier du même niveau. Mais nous étions heureuses avec ça. Après tout, tout ce qu'un enfant veut, c'est de l'amour de la part de son parent. Et ma mère savait m'aimer et me rassurer comme personne d'autre.
Puis, un jour, elle a rencontré un homme. Homme d'affaire apparemment important, avec beaucoup de classe qui a vu en elle une femme merveilleuse. Ça semblait bien parti pour le coup. Et même si ça été difficile pour moi de m'adapter à la situation, j'ai fini par y arriver. Je devais avoir douze ans quand ils se sont rencontrés. Les premières années de leur relation annonçait quelque chose de bien. Ma mère avait un homme dans sa vie, je me retrouvais donc avec un beau-père et également un demi-frère de quatre ans mon aîné. On aurait presque dit une famille, une vraie famille. Mais ma mère est décédée d'un cancer un peu après que j'aie soufflé mes seize bougies. C'est là que tout a changé. Je venais de perdre la personne la plus importante de ma vie, celle qui avait toujours été là pour moi, qui me protégeait, qui m'aimait. Je perdais tout ce que j'avais. Je me suis refermée sur moi-même. J'ai arrêté de manger, de sortir, d'aller à l'école. Une dépression, ont dit les médecins. Due à la perte de ma mère sans aucun doute. On m'a envoyé voir des psychologues, on m'a prescrit des médicaments. Puis, même si ce n'était pas ma faute, mon beau-père a fini par en avoir marre de mon attitude, de mes rendez-vous et du fait que j'allais pas mieux. Je savais qu'il détestait quand j'étais à la maison. C'est pourquoi j'ai commencé à vagabonder chaque soir. Plus question de rentrer avec une heure ou deux du matin, question qu'il soit endormi quand j'allais arriver. Puis, j'attendais qu'il quitte pour le travail avant de sortir de ma chambre. Les fins de semaines, je les passais carrément à l'extérieur, dormant chez des personnes que j'avais rencontré un soir, buvant peut-être un peu trop avec ce garçon d'ailleurs. Je me sentais comme une vagabonde, une bonne à rien. Étrangement, j'étais tombée amoureuse de ce mec plus vieux que moi, Jonah. Amoureuse de lui ou du fait que je me sentais mieux avec lui, avec cet alcool que chez moi. J'en savais trop rien en fait, je n'étais plus certaine de rien. Et comme je n'avais plus personne pour m'aider à gérer mon anxiété, je buvais pour l'oublier. Je buvais dans l'appartement miteux de Jonah et c'est sans grande surprise qu'on a fini au lit. Plusieurs fois même mais toujours sous l'effet de l'alcool. Évidemment quand on fait ce genre de conneries sous l'alcool, on finit enceinte. Quand mon beau-père l'a su,il m'a obligé d'avorter et m'a envoyé dans une institut en santé mentale. Des jours, des semaines de thérapie. C'est en entendant une discussion entre mon père et une infirmière que j'ai compris ce qu'il tentait de faire, ce qu'il me cachait depuis la mort de ma mère. Mon père essayait de me contacter, de reprendre contact avec la fille qu'il avait abandonné avant même sa naissance. Un homme important, un sénateur. Mon beau-père essayait de convaincre l'infirmière que je n'étais pas prête pour une telle révélation, pas prête à rencontrer l'homme qui m'avait abandonné 19 ans plus tôt. Ce soir là, je me suis enfuie. J'ai quitté cette institut et j'ai pris le premier autobus que j'ai trouvé. Ça m'a conduit à Boston. Les premiers jours ont été difficile. Pas grand chose à manger, pas d'endroit où dormir. Jusqu'à ce que je réussisse à mettre la main sur son adresse. Depuis ce temps, depuis janvier 2019, j'habite dans un loft de Boston avec ce dernier, je vis au jour le jour sans me soucier de rien alors que je fais tout pour fuir ce beau-père qui n'en a qu'après mon argent. Je suis prête à tout même habiter avec celui qui devait être mon père alors qu'après tout ce temps, on a encore aucune relation