You should know ▬ Evannah

C'était vraiment très étrange cette sensation d'avoir raté quelque chose. J'étais né de la même femme que Reaghan, on partageait le même sang, elle avait connu mon jumeau étant petite... Et pourtant c'était une parfaite inconnue. Je hochai la tête aux paroles d'Evannah en regardant par la fenêtre d'un air absent. Je n'arrivais pas à m'imaginer une vie différente de celle que j'avais eue jusqu'à maintenant. Je détournai les yeux sur la jeune femme lorsqu'elle me demanda comment j'avais connu Reaghan et je me passai une main dans les cheveux, me remémorant le jour de notre rencontre, plutôt houleux d'ailleurs.

« Ses parents lui ont dit où me trouver apparemment. »

Et à bien y réfléchir... ça voulait dire que mes parents biologiques savaient où j'étais, et que ce n'était pas pour autant qu'ils cherchaient à prendre contact. Je soupirai longuement et lâchai sa main pour retourner m'assoir sur le fauteuil où je m'étais trouvé quelques instants auparavant. Evannah commençait à être curieuse sur qui était Reaghan, je la comprenais. Même si je refusais de connaître ma famille biologique, ça n'empêchait pas que j'avais été curieux aussi.

« C'est une Quincy, et non je lui ai pas dit pour toi, je préférais t'en parler d'abord... Chuis désolé de t'avoir annoncé ça si brusquement, je savais pas comment m'y prendre. »

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Andy & Evannah

« Ah bon ? Mais alors ils… », commençais-je, puis je m’arrêtais. Oups. Portant ma main à mes lèvres, je réalisais que c’était moi qui risquais de n’avoir aucun tact, là. Je venais de comprendre que, si ses parents biologiques savaient où il se trouvait, ils auraient du prendre contact avec lui… normalement. Et comme je n’étais pas certaine que ce soit le cas, j’avais préféré m’arrêter de parler. Je le suivis d’ailleurs, et je me réinstallais à côté de lui. J’hochais doucement la tête quand il me dit qu’il avait préféré me parler avant. Il avait eu raison. « Oh… Ouai d’accord. Mais t’inquiète, t’as bien fais de m’en parler. Et puis de toute façon, je ne suis pas vraiment certaine qu’il y ait une bonne façon de m’annoncer ça. Ca m’aurait fait un choc dans tous les cas », lui dis-je avec un sourire. « Par contre… Je sais pas, c’est délicat. Je ne suis même pas certaine que je saurais quoi lui dire si je me retrouvais face à elle, en plus ». Et c’était vrai. Déjà que j’avais du mal, en temps normal, à parler de William, mais alors là… « Et puis Andy… Je suis vraiment désolée de t’apprendre ça, mais tu as la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine », dis-je, mais cette fois-ci j’étais amusée, j’avais un petit sourire aux lèvres. C’est vrai qu’il avait été assez brusque, cette fois.

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Evannah commença sa phrase mais s'arrêta finalement en plein milieu en mettant la main devant la bouche. Soit elle allait dire une ânerie, soit elle voulait éviter de me blesser, et dans la situation actuelle je pencherais davantage pour l'option deux. D'ailleurs en réfléchissant bien à son début de phrase et ce que je venais de lui dire, j'avais une petite idée de ce qu'elle s'apprêtait à dire. Je ne relevai pas tout de suite, on retourna s'assoir et je m'excusai d'avoir été si brusque dans ma façon d'annoncer la nouvelle et elle essaya d'arrondir les bords en me disant que ce n'était pas grave et que dans tous les cas, une bombe restait une bombe, peu importe la façon dont elle était lancée. Je hochai la tête, elle avait raison mais tout de même, je n'avais pas fait preuve de délicatesse et ça m'embêtait un peu...

« Je comprends tout à fait, c'est sûr que c'est un peu perturbant et c'est pas forcément facile de savoir quoi dire... De toute manière elle ressentirait probablement la même chose en étant face à toi. »

Je ris à son image de ma diplomatie qui pour le coup avait été pire que nulle à chier. Un éléphant dans un magasin de porcelaine, ça illustrait plutôt bien oui.

« C'est clair, quoiqu'à ce niveau-là j'aurais même dit un mammouth. »

Je secouai doucement la tête de gauche à droite, amusé par ma propre bêtise. Au moins je riais de moi-même. Je relevai la tête vers Evannah avec un sourire.

« J'peux fumer ou pas ? »

(Invité)

Andy & Evannah

« Oui c’est sûr… ». En effet, elle risquait de savoir encore moins quoi dire que moi. Et elle pouvait être plus impressionnée que moi, aussi. A la différence, moi, je connaissais déjà Andy, alors qu’elle, elle débarquait comme ça à Harvard, et en plus de devoir faire la connaissance de son frère qu’elle n’avait jamais vu, elle héritait d’une belle sœur. « Elle serait peut-être triste aussi. Je veux dire… Peut-être que ça la rendrait triste que ce soit avec moi que William ait passé ses derniers mois. Je suppose qu’elle aurait voulu que ce soit avec elle… Ce serait légitime ». J’haussais un peu les épaules, et je détournais le regard. Ca me faisait un peu de peine de penser comme ça, mais après tout, je me mettais à sa place. « Andy le mammouth… ça sonne bien tu trouves pas ? Ca pourrait faire un bon slogan de campagne… Garde ça pour la présidence des Eliot de l’année prochaine », dis-je en riant doucement. Il me demanda ensuite s’il pouvait fumer et je hochais la tête. « Bien sûr. Je vais même t’accompagner je crois ». Et j’en profitais pour lui en piquer une, au moment où il sortit son paquet. « Plus d’autres nouvelles traumatisante aujourd’hui, d’ailleurs ? Parce que sinon je t’écoute, profites-en, je suis psychologiquement préparée ! ». Je rigolais bien sûr. Après tout, il valait mieux en rire.

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« Sans doute oui... Mais elle serait aussi triste je pense de savoir qu'il s'était marié et qu'elle n'était même pas au courant... »

Je pinçai les lèvres. Je découvrais seulement ce que c'était la vie en famille à proprement dit, je n'en avais jamais vraiment eu jusqu'à maintenant mais j'essayais de visualiser du mieux que je le pouvais... En plus l'exemple de la famille d'Apple était parfait. Deux jumelles, un frère... Si Apple et Charlie venaient à être séparées et que l'une d'elle se marier sans prévenir le reste de la famille, ça détruirait les autres, c'était clair. Alors là... Reaghan s'évanouirait peut-être d'apprendre ça. Surtout qu'elle ne savait pas encore non plus qu'elle était tatie puisque Cora était née. Je me raclai la gorge à cette pensée.

« J'lui ai pas encore dit non plus pour Coraleen... Je crois qu'elle va faire une syncope en fait, surtout avec ma délicatesse de Mammouth comme on le dit si bien. »

Puisqu'elle m'autorisait à fumer, je sortis mon paquet et mon briquet. Elle me piqua une cigarette et après avoir coincé la mienne entre mes lèvres, je l'allumai et lui passai le briquet en rangeant le paquet dans ma poche, malicieux.

« J'utiliserai ce slogan que si tu promets de voter pour moi et me faire une campagne démentielle à tel point qu'Obama deviendrait caucasien sous l'effet de la jalousie. »

J'eus un rire en imaginant Obama... blanc. Non vraiment, ça ne collait pas. Je souris et repris de plus belle :

« Non, pas d'autre nouvelle fracassante à annoncer je crois... En tout cas je viens de réaliser que je t'avais pas remercié pour m'avoir soutenu pour les présidentielles d'Harvard. Alors... merci. »

(Invité)

Andy & Evannah

« Tu as sans doute raison. Peut-être que… Ce serait mieux si je ne lui annonçais pas ça de suite ? Je veux pas que ça puisse jouer sur ton lien avec elle. Je pense que si je m’en mêlais, ça risquerait d’être délicat pour elle et toi après ». Et c’était vrai, car si la situation était difficile pour Andy et pour moi, elle devait l’être pour Reaghan également, et elle ne devait évidemment pas être préparée à l’idée que le frère qu’elle avait perdu était marié, et que de plus cette dernière était également à Harvard. Mais d’un autre côté, je pense que j’aimerais bien la connaître, peut-être. Enfin, me présenter, échanger quelques mots avec elle… peut-être qu’on s’entendrait bien, toutes les deux. C’était peut-être tordu comme idée, mais j’avais encore du mal à ne pas être nostalgique en repensant à la vie que je menais à Londres, et Reaghan me ferait repenser à tout ça. « La pauvre, ça va faire beaucoup pour elle ! Mais d’un autre côté je pense qu’elle s’y fera vite. Coraleen est vraiment une petite adorable, comment ne pas l’apprécier ? », dis-je avec un sourire attendri. « Elle doit beaucoup te manquer… N’oublies pas de lui faire un bisou de ma part quand on rentrera à Harvard ! ». J’avais tout de suite adoré la petite Coraleen, et à bien y réfléchir, je l’adorais déjà même avant qu’elle naisse. Et quand Andy promis d’utiliser le slogan si je promettais à mon tour de lui faire une campagne électorale de folie, j’éclatais de rire. « Compte sur moi, c’est dans mes cordes ! Et il n’y aura pas que lui qui bavera de jalousie ! Evannah Vanderbilt, directrice de campagne d’Andy McDougall… Ca sonne bien ! Oh, d’ici quelques années je m’occupe de ta place à la maison blanche ». Je rigolais encore un peu en lui demandant quelle autre nouvelle il pouvait avoir à m’annoncer, et fort heureusement il n’y en avait pas d’autre pour aujourd’hui. Je souris quand il me remercia de l’avoir soutenu pour les élections d’Harvard, un peu gênée. « Oh, c’est rien, t’as pas à me remercier… ». Au fond, je n’étais pas très douée quand on me remerciait. « Je suis certaine que tu en aurais fais autant pour moi ».

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« Comme tu veux... Franchement si tu veux vraiment lui parler et apprendre à la connaître je peux comprendre, je ne suis pas pressé de la faire entrer dans ma vie au point de la ramener chez moi et lui montrer ma fille »

Pour certains, ça pouvait peut-être paraître un peu cruel ce que je venais de dire mais même si Reaghan était de ma famille par le sang et que ça faisait d'elle la tante de Coraleen, ça ne changeait rien au fait que je ne la connaissais pas tant que ça... voire même pas du tout. Bon elle n'avait pas l'air méchante, ni d'une attardée, elle était une Quincy donc ça en disait déjà plutôt long sur son caractère... mais je n'étais pas près à mettre ma fille chérie dans les bras d'une quasi inconnue sous prétexte qu'elle avait le titre de sœur. Je hochai la tête quand Evannah me signala que ça ferait beaucoup pour Reaghan à accepter, j'étais d'accord avec elle sur ce point-là, mieux valait la ménager en passant les annonces petit à petit, l'une après l'autre histoire que Reaghan ait le temps de les digérer. J'eus cependant un sourire, touché par les compliments d'Evannah à propos de Coraleen. Je revoyais déjà Cora dans son berceau, ses grands yeux bleus semblables aux miens fixés sur moi et là... je ressentais tellement l'envie de la serrer contre moi que j'en regrettais l'espace de quelques instants d'être venue à ces vacances au ski, si loin d'elle.

« C'est vrai qu'elle est belle... Apple a bien travaillé. J'lui en ferai même plusieurs. »

Je ris doucement aux remarques d'Evannah sur la campagne électorale, l'ambiance se détendait petit à petit et autant dire que ça faisait vraiment beaucoup de bien. Je tirai sur ma cigarette.

« Je me verrais bien président des États-Unis, ouais... en fait non, j'aime trop mon pays pour vouloir en diriger un autre. »

C'est vrai quoi, j'avais beau aimer beaucoup les États-Unis, je restais anglais et fier d'être British, j'essayais d'ailleurs de m'arranger pour ne pas perdre mon accent british parce que je tenais à ce que les gens savent que je ne venais pas d'ici. Je soufflai un nuage de fumée grisâtre avant de me tourner vers Evannah.

« Ouais sans doute. On fait une belle équipe tous les deux j'trouve. »

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