JOHANNA BENNETT ► maia mitchell

caractèreNe vous fiez pas à ses airs de gentille petite fille modèle, parce qu’elle est loin de l’être. La première chose à savoir, c’est qu’elle déteste son prénom et que par conséquent, tout le monde l’appelle Joe. Règle numéro un donc, Joe, ce n’est pas une petite fille modèle. D’ailleurs, parfois, elle considère que ce n’est pas une fille tout court, parce qu’elle déteste les trucs typiquement féminins. Et elle se considère comme étant trop jeune, pas suffisamment accomplie pour être traitée comme une femme. Elle ne sait pas trop comme elle doit s’identifier, pour être honnête. Si être une fille inclus le fait de porter des robes à paillettes et des chaussures à talons, alors, ce n’est pas une fille. Elle déteste tous les trucs typiquement girly. Enfin chez les autres, ça ne la dérange pas, mais sur elle … ce n’est juste pas son truc. Et évitez de lui demander de se justifier, ça a tendance à la contrarier. Joe, c’est une véritable tête brûlée. Elle n’a peur de rien. Enfin du moins, elle aime affirmer qu’elle n’a peur de rien. Depuis qu’elle est toute petite, c’est une véritable casse-cou. Monter dans un arbre et se péter un bras ? Fait. Monter sur le toit et manquer d’en tomber pour voir les étoiles ? Fait. Peut-être qu’elle s’est fait une frayeur, une fois ou deux dans sa vie. Mais Joe, il faut dire qu’elle ne tient pas en place. Depuis qu’elle est toute petite, c’est un véritable boute-en-train. Il faut dire que depuis ses cinq ans, elle est diagnostiquée d’un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH pour les intimes). Elle pense différemment, elle est très créative. Si avec le temps – merci la ritaline – elle a apprit à contrôler un minimum ses troubles, elle passait souvent pour une sale gosse mal éduquée, quand elle était enfant. Aujourd’hui, c’est différent. Si ça l’intéresse, elle est capable de se plonger dans quelque chose à fond, elle peut étudier le même sujet pendant des heures entières et lire un tas d’informations complémentaires sur le sujet. Et si ça la gonfle, elle n’hésitera pas à le faire savoir. Autre chose, ne comptez pas sur elle pour jouer la langue de bois. Quand elle pense quelque chose, elle le dit. Le fait d’y mettre les formes dépendra à la fois de son humeur et de son envie d’être blessante ou non. Autrement dit, si elle ne peut pas supporter quelqu’un, elle n’hésitera pas à le lui dire. Ça lui a déjà joué des tours, par le passé. Elle s’est fait un tas d’ennemis, d’abord. Et puis, elle a blessé des gens qu’elle ne voulait pas blessé. Pendant son adolescence, quand elle était en pleine remise en questions sur ses origines, elle sait qu’elle a blessé plus d’une fois son frère et sa mère. Mais elle est comme ça, Joe. Elle agit d’abord, elle réfléchit après et ensuite elle culpabilise. Joe, elle peut paraître froide ou distante, souvent, un peu boudeuse, même. Elle n’a pas une histoire facile. Ou si, mais elle n’aime pas en parler. Et plutôt que de parler d’elle, elle préfère se montrer mystérieuse. Mais pas pour se donner un style, pas pour paraître cool ou quelque chose comme ça. Elle n’aime vraiment pas parler d’elle. Joe, elle est impulsive. Elle est capable de se lever un matin et de se teindre les cheveux en blond, en couper vingt centimètres le surlendemain et se faire poser des extensions trois jours après. Bon, elle n’a jamais fait ça. Ce n’est qu’un exemple. Mais elle en est bien capable. Malgré ses mauvais côtés et son sale caractère, Joe, c’est la bonne copine de tout le monde, quand on arrive à passer outre, au-delà des apparences. Drôle, taquine, elle prend la vie comme elle vient, de préférence du bon côté. Elle aime taquiner, elle aime faire la fête. Et surtout, elle est à l’écoute. Elle ne juge pas. Pourquoi est-ce qu’elle le ferait ? Elle n’est pas parfaite, ne le sera jamais et elle a commis de nombreuses erreurs dans sa vie. Qui serait-elle pour juger les erreurs des autres ? C’est quelqu’un d’authentique, qui ne cherche pas à se donner des airs, juste pour plaire. On la prend comme elle vient ou on ne la prend pas. Pas du genre à s’inventer une vie sur instagram pour se donner l’air cool. Elle est déterminée, bosseuse et quand elle se fixe un objectif, elle fait tout pour l’atteindre. Certains diront qu’elle a un entêtement à toute épreuve. C’est peut-être vrai dans le fond. Est-ce que c’est mal pour autant ? Elle espère que non. Joe, elle est contradictoire aussi, parfois. Par exemple, elle a toujours aimé les belles histoires d’amour. Celle de ses parents adoptifs. Celles qu’elles lisaient dans les livres, qu’elle voyait à la télévision. Mais elle est quand même persuadée qu’elle, elle ne trouvera jamais l’amour, le vrai. Peut-être un peu parce qu’elle a toujours réussi à faire foirer ses histoires d’amour, jusqu’à présent, avec son manque d’assurance et sa peur de l’abandon. Et ses remises en questions constantes. Ou parce qu’elle pense qu’actuellement, le monde n’est plus fait pour que les relations amoureuses durent pour toujours. Il y a un contraste entre celle qu’elle est en amitié et celle qu’elle est en amour. En amitié, elle ne demande rien et offre tout. En amour, elle demande tout et se barricade derrière des remparts. Pour se protéger, sans doute. Terminé, de se faire briser le cœur. Elle a assez donné. Que dire d’autre ? C’est une vraie touche à tout. Dans sa vie, elle a presque tout essayé. Enfin … Peut-être pas tout. Mais, elle s’intéresse à beaucoup de choses. Son TDAH l’empêche parfois de se concentrer sur la même activité trop longtemps, si bien que des activités, elle en a testé. Quand elle était enfin, c’était les sports de combat. Puis, elle a prit des cours de dessins (et elle était nulle, au passage). Elle pourrait passer des heures à faire de la pâtisserie, mais elle est incapable de faire cuir des spaghettis correctement. Elle a choisi la danse, vers l’âge de quinze ans. Et elle était très mauvaise. Mais à force de persévérance, elle est devenue plutôt bonne. Pas excellente, mais ses progrès sont considérables. Et voilà. Joe, c’est peut-être pas la fille la plus facile à vivre qui puisse exister. Mais la connaître, ça en vaux le détour.

admission à harvardElle aurait pu faire ses études à Sydney. On ne va pas se mentir. Mais elle voulait retrouver Zed. Et cette tête de nœud était partie étudier à Harvard. Rien que ça. Genre tout le monde peut mettre les pieds à Harvard, rien de compliqué, tout le monde sait ça. On peut dire que quand elle a remplit son dossier, elle n’y croyait pas vraiment. Mais elle avait plein de choses, pendant sa scolarité. On lui passait beaucoup de choses aussi, à cause de son TDAH. Mais bref, passons. Elle a demandé des lettres de recommandations à ses professeurs. Pas à tous, parce que soyons honnête, son professeur d’histoire aurait plutôt eu tendance à la décrire comme un élément perturbateur. Mais son professeur d’anglais, l’a chaudement recommandé. Tout comme le propriétaire de la bibliothèque dans laquelle elle travaillait après les cours et pendant les vacances. Même son professeur de danse avait accepté de glisser un mot en sa faveur. Et son entêtement a fini par payer. Alors elle a travaillé dur. Elle a révisé dur. Quand elle voulait quelque chose, elle était capable de l’obtenir et capable de travailler de toutes ses forces pour atteindre son but. Elle a passé des jours et des jours à réviser, enfermée dans sa chambre. Et elle a réussi. Elle a passé les SATS et obtenu un score de 1550. Une fierté à ses yeux. Puis, il y a eu la dissertation. Et une fois encore, elle a brillé. Pas que c’était sa partie préférée, pourtant. Mais elle savait qu’elle avait un sujet à exploiter. Après tout, c’était une enfant adoptée. Alors, elle en a parlé. Parlé de ses parents. De ses rêves. Des rêves qu’ils avaient pour elle. Elle s’est donné à fond. Elle a ouvert son cœur sur le papier. Bon, aujourd’hui, si elle pouvait récupérer cette lettre et la brûler pour que personne ne puisse jamais la lire, ça l’arrangerait. Parce qu’elle s’y est mise à nue. Et il y a eu l’entretien. Elle était nerveuse, angoissée au possible. Elle avait peur de rater, de détruire ses chances. Elle n’avait jamais été très douée pour parler d’elle. Et sincèrement, en sortant de l’entretien, elle était persuadée d’avoir tout fait rater, d’avoir gâché ses chances. Elle était persuadée que les portes d’Harvard venaient de lui être claquées au nez. Mais ça n’a pas été le cas. Quand elle a eu sa lettre d’admission, elle a bien cru qu’elle allait tomber dans les pommes. Mais elle a réussi. Et franchement ? Elle n’en est pas peu fière.

story of my lifeIl n’y a pas d’il était une fois. Parce que l’histoire ne commence pas comme dans un compte de fée. Son histoire commence dans une maternité, où sa mère, qui venait d’accoucher, donnait son bébé à l’adoption. Parce qu’elle n’était pas capable de s’en occuper. Et ce n’était pas mieux. Qu’attendre d’une femme qui n’avait même pas été capable d’arrêter de se droguer pendant le temps qu’à duré sa grossesse ? On ne pouvait rien en attendre. Rien du tout. Elle a passé plusieurs jours à l’hôpital, en observation. Tout petit bébé, né prématuré, en syndrome de sevrage. Oui, dès sa naissance, elle s’est prie la dureté de la vie en pleine figure. Mais ce n’était pas grave. Parce que quand elle a put quitter l’hôpital, c’était dans les bras chauds et réconfortants d’une femme et d’un homme qui l’ont aimé, même si elle n’était pas biologiquement leur petite fille. Elle a été choyée. Par Miranda, par Paul et par leur fils, Evan. Ils étaient une famille soudée. Elle a passé les premières années de sa vie sans jamais se douter qu’elle était adoptée. Parce qu’ils étaient juste une famille normale, vous voyez ? Rien d’extravagant. Une famille simple, qui profitait des dimanches pour faire des repas de famille. Oui, ils étaient ce genre de famille. Du genre à inviter les oncles, les tantes, les cousins et les cousines tous les dimanches, pour profiter de la famille qu’ils formaient. Et elle était heureuse, Joe. Un peu exubérante. Tête en l’air. Du genre à parler à tort et à travers. Elle courait toujours partout. Elle grimpait partout. Elle refusait de coller ces putains de gommettes sur des feuilles à la maternelle. Et les maîtresses, elles étaient excédées. Alors ses parents, qui ne trouvaient pourtant pas cela anormal, ont décidé de l’emmener voir un pédopsychiatre. Un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité. Rien de bien grave. Elle avait juste trop d’énergie, trop d’imagination et les adultes étroits d’esprit considéraient juste qu’elle était mal élevée. Juste. Eh bien, elle, elle les trouvait cons. Elle aurait pu le prendre mal, le vivre mal. Mais ce n’était pas le cas. Parce que ses parents lui donnaient tant d’amour et de stimulations positives, qu’elle se contentait de continuer de penser que les adultes étaient juste des cons. Pas le bon état d’esprit, certes. Mais pas de quoi l’abattre non plus. Quand elle a eu huit ans, ses parents ont décidé de lui faire tester les sports de combat. C’était plutôt drôle, quand on y pense. Elle a débarqué à la salle de sport, toute petite, toute frêle. Franchement, on aurait pu croire qu’une brise de vent pourrait la renverser, alors faire de la boxe ? Personne n’y aurait cru. D’ailleurs, un gamin l’a traité de fillette. Et elle lui a mit un coup de pied dans les parties. Plus personne ne lui a cherché des noises, après ça. Elle n’était pas spécialement bonne, mais elle devait bien avouer que de se défouler, de déverser son trop plein d’énergie, ce n’était pas une mauvaise chose. Et puis, ça lui donnait l’occasion de passer encore plus de temps avec Zed. Ah. J’devrais vous parler de Zed. Cette tête de nœud, c’est son meilleur ami. Ils étaient déjà amis avant d’apprendre à marcher. Aujourd’hui, elle ne pourrait pas vous dire pourquoi. Ils ne sont pas d’accord sur tant de choses. Et pourtant, même sans parler, elle a l’impression qu’il la comprend. C’est son âme sœur. Ne voyez pas un truc super glauque de meilleure amie amoureuse en secret de son meilleur ami, non, loin de là. C’est juste son âme sœur amical. Le type qui la connaît plus qu’elle ne se connaît.

Bref, pour en revenir à cette histoire de boxe, c’était un échec cuisant, si vous voulez tout savoir. Elle s’en fichait bien d’avoir de la technique, de savoir esquiver et attaquer. Elle, tout ce qu’elle voulait, c’était donner des coups, de toute ses forces. Et puis, elle n’était pas très douée pour suivre les règles. A sept ans, elle s’est cassé le bras, parce qu’elle était montée dans un arbre. Pourquoi ? Ben pour prouver qu’elle le pouvait, bien entendu. Et comme la branche était humide, elle a dérapé, elle est tombée deux mètres plus bas. Est-ce qu’elle avait mal ? Bien entendu. Mais sa première réaction a été de hurler à son frère « tu vois que j’peux l’faire, p’tit con ». Parlons de son frère, d’ailleurs. Il a toujours été très protecteur envers elle. Un peu trop. Ils avaient le même âge, pratiquement. Il était l’enfant biologique de Paul et Miranda. Il ne savait pas qu’elle était sa sœur adoptive. Par contre, il la maudissait d’exister, de prendre du temps dans la salle de bain, de laisser toujours traîner ses habits par terre. Et en même temps, mieux valait ne pas dire le moindre mot de travers sur la brune quand il était dans les parages. Ils étaient liés, comme les deux doigts de la main. Ça a été le cas jusqu’à ses douze ans. Ses parents ont jugés qu’ils étaient tous les deux assez grands pour savoir. Alors, ils les ont fait s’asseoir dans le salon, et ils leur ont expliqué. Ils avaient adopté Joe. Joe n’était par leur fille. Pas vraiment. Et vous savez quoi ? Malgré tout l’amour qu’elle leur porté, elle l’a mal prit. Elle se sentait trahie. Elle ne leur adressait plus la parole. Pendant plusieurs semaines, la seule personne avec qui elle acceptait de parler, c’était Zed. Certes, Miranda et Paul lui avaient offert une belle vie. Mais si elle n’était pas leur fille, elle était la fille de qui ? Ces questions lui tournaient sans arrêt dans la tête. Et puis, il y a eu l’accident. L’accident qui a coûté la vie à Paul. C’était quelques semaines après qu’elle ait apprit pour son adoption. Son père, son si précieux père, est mort en pensant qu’elle lui en voulait. Elle s’en est voulu. Elle s’en veut encore. Elle ne s’en remettra jamais. Pendant plusieurs mois, elle a cru mourir de chagrin.

S’il y a bien d’autres personnes qui lui ont causé du chagrin, c’est bien les garçons. Joe, elle était naïve, quand elle avait quinze ans. On lui faisait un compliment et elle se sentait défaillir, littéralement. Alors, quand John l’a invité à sortir, elle a dit oui. Quand il l’a embrassé, elle était heureuse. Et quand il a voulu coucher avec elle, elle a prétendu qu’elle était prête. Deux jours plus tard, la nouvelle avait fait le tour de l’école et John ne lui parlait plus. Qu’à cela ne tienne, elle a ni plus ni moins utilisé Zed pour être son faux petit ami, pour montrer qu’elle s’en foutait. Mais elle ne s’en foutait pas. Toujours attristée par la mort de son père, elle avait tendance à tenir son frère et sa mère a distance. Et par chercher des bras dans lesquels se consoler. Ça ne veut pas dire qu’elle a couché avec n’importe qui, n’allez pas croire cela. Mais quand un garçon s’intéressait à elle, elle avait toujours trop tendance à se faire des films. Et puis, quand elle se rendait compte qu’ils ne voulaient que coucher avec elle, elle les jetait et passait au suivant. Joe, elle a souvent eu le cœur brisé. Le pire, c’est probablement quand Zed lui a apprit qu’il allait étudier aux USA. Elle était contente pour lui, mais elle n’arrivait pas à imaginer sa vie sans lui. Quand il est parti, elle se sentait vide. Plus de soirées d’Halloween, plus de fêtes de noël. Et ça la rendait malheureuse. Elle ne le lui a jamais dit, pour ne pas gâcher son bonheur. Mais il lui manquait. Certes, ils se voyaient régulièrement mais ce n’était pas assez pour elle. Alors, elle essayait de trouver de nouveaux amis, de profiter de sa vie à Sydney, mais ce n’était pas pareille. En revanche, ça l’a rapproché de son frère. Ils ont fini par se parler, à cœur ouvert. Et ils ont fini par se réconcilier. Seule, sans son meilleur ami, la jeune femme n’a pas trouvé mieux à faire que de sortir avec l’un de ses professeurs. Était-ce donc surprenant que les choses tournent mal ? Pas vraiment. Il était marié et bien entendu, il l’a quitté parce qu’il ne voulait pas briser son mariage. Nouvelle désillusion. Et puis, est arrivé le mois de novembre 2018. Trop longtemps qu’elle n’avait pas vu Zed. Et surtout, elle savait qu’il faisait n’importe quoi. Enfin, à ses yeux, il faisait n’importe quoi. Comment elle le savait ? Hae. Cette fille qu’elle avait rencontré en Australie et qui était devenue comme une sœur pour elle. Avec qui elle était restée en contact malgré le temps et la distance. Elle avait toujours été une grande fan du couple Hae/Zed. Alors, elle ne comprenait pas comment Zed pouvait sortir avec une autre. Et pourquoi il ne lui donnait pas de nouvelles. C’était proprement scandaleux. Un mois plus tard, elle débarquait elle aussi à Boston, acceptée à Harvard. C’était une bonne université, c’était un bon cursus. Et au moins, elle allait pouvoir lui remettre les idées en place, à ce sombre crétin.