jaspeandra ► promise me I'm never gonna find you fake it.

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— jaspeandra

J'étais complètement exténuée. C'était rare, quand je venais si peu préparée. Les vêtements étaient plutôt réguliers, un jean noir, un top blanc, le tout dans un maquillage très sobre. J'ai même pas essayé de dissimuler les cernes, j'ai pas eu le temps, ce matin. Je cours partout, je me couche tard, me réveille de temps en temps la nuit pour Riley qui fait des cauchemars en ce moment, j'essaie de réviser, suivre les cours, et plus fort encore, je tiens même à mettre fin à mes dossiers. Je veux que tout soit fait dans les règles. Le point positif à tout ça c'est que je ne pense plus à rien. Ni à ma rupture avec Jude, ni à moi et à ma place dans tout ça. J'ai pas le temps, je suis toujours occupée. C'est un mal pour un bien, au final. Je n'avais pas cours le jeudi après midi et je passais mon temps au bureau, terminant les derniers dossiers. J'avais bien avancé, mais il me fallait une signature importante ; celle de Jasper. J'avais rapidement jeter un oeil à son emploi du temps et réservé un créneau de dix minutes pour lui amener moi-même. Si je passais par des intermédiaires, j'allais encore y perdre des journées. Je frappe à sa porte, entre, tends les dossiers. "J'ai besoin que tu signes ça." voit la pile déjà présente sur le bureau, trouve important de préciser, "Rapidement." aujourd'hui, maintenant. J'attends même face à lui que ce soit fait.

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Si tu regardes au-dessus des dossiers qui s'empilent, tu verras Jasper dans son meilleur rôle, dans celui qu'il maîtrise. Le seul, à dire vrai. Prendre des décisions, juger les propositions, trancher, vexer, gratifier, gérer les individus et les égos, ça, il savait faire. Dès qu'il passait la porte de cet immeuble, c'était plus compliqué, plus hésitant, et, les cœurs trinquaient. Le sien, en première ligne. Alors, vaut mieux le laisser derrière ce mur de feuilles, voyez. Laissez les dossiers le capturer quelques heures supplémentaires, et les heures de liberté s'amoindrir. Puis, parfois, ça foire, parce que les deux mondes s'entrechoquent, parce qu'on a laissé une fenêtre ouverte, qu'on trouvait le loup particulièrement ravissant dans ce décor. "J'ai besoin que tu signes ça." Les prunelles se lèvent vers demoiselle, la pointe du stylo s'ôte de la feuille qu'elle commençait à grapher. "Rapidement." La main libre attrape les dossiers, et, les décale, pour les mettre au-dessus de la pile imposante, un sourire accroché aux traits. Pas posés, juste suspendus, avec leur destin déjà tracé. Joue avec les nerfs adverses. « Rapidement comment ? » Ca l'amuse, l'idiot. Toujours plus à l'aise quand c'est lui qui mène la danse. « Prends une chaise, tes jambes vont fatiguer. » Tu sais que je peux jouer longtemps. Fini par poser les dossiers devant lui. « J'suis obligé de relire ? » Ou j'me base seulement sur le fait que ça soit toi qui ai rédigé ?

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— jaspeandra

Je sais reconnaître les différentes facettes que j'ai, face à moi. Je préfère celui que tu es quand tes yeux me regardent, tendre. J'aime celui que tu es quand tu arrives à détendre l'atmosphère, quand tu provoques, quand tu te joue de ma vie. J'aime moins quand tu t'amuse avec mes nerfs, que tu me vois aux portes des enfers et que, en bon démon, tu m'y attire et m'y pousse. Le sombre a toujours été notre couleur. « Rapidement comment ? » Soupire, lasse. Il voit pas que mes nerfs sont à bout ? Que j'enchaîne tout ? Que mes journées sont longues, mes nuits courtes, que la vie s'est accéléré. « Prends une chaise, tes jambes vont fatiguer. » Fonrce les sourcils, "J'ai pas le temps pour ça, Jasper." vraiment. Plus vite c'est fini, plus vite je suis débarassée, plus vite je m'occupe de la maison et des monstres qui me gardent éveillés. Les vrais monstres, petits mais puissants. Incroyablement puissants. « J'suis obligé de relire ? » je suis pas venue pour m'amuser, moi. "J'en sais rien, tu relis d'habitude ?" chacun son travail, relire n'est pas le mien. "J'ai juste besoin que tu signes, c'est pas des contrats à huit chiffres, tu perdra pas grand chose." et moi je gagnerais pas mal, dans l'idée. Du temps, surtout, et j'en ai vraiment besoin en ce moment.

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Le problème tu vois, c'est que l'homme déteste qu'on lui force la main, qu'on presse ses gestes, qu'on lui impose un rythme qu'il n'a pas choisi. Quand on dicte son poignet, lui tire de l'autre côté, il s'échappe de la contrainte pour faire le parfait contraire. Alors, ralenti, quand elle presse. "J'ai pas le temps pour ça, Jasper." Le sourcil se hausse, le dos s'appuie contre le siège, et le visage masculin peine à dissimuler un mécontentement passager. Léger, mais suffisant pour durcir sa mâchoire. « Parce que moi, j'ai le temps ? » Ferme son stylo, qu'il pose à côté de la pile de dossier, ultime provocation. J'aime pas ça, que tu débarques, que tu clames ne pas vouloir de traitement de faveur, et en réclamer tout de même, te permettant une impatience que personne de l'étage n'oserait. "J'en sais rien, tu relis d'habitude ?" J'le sens, l'épuisement et l'agacement. Je sais les nuits courtes, la solitude face à l'épreuve. Je sais aussi que tout ça, c'est toi qui l'a choisi. "J'ai juste besoin que tu signes, c'est pas des contrats à huit chiffres, tu perdra pas grand chose." Ca te ressemble pas, chaque mot dans cette réplique déconne. « C'est vrai, puis après tout, tout ce que je perdrais j'aurai qu'à le ponctionner directement sur ton salaire, non ? » Je me moque des échecs, s'ils servent, s'ils blessent suffisamment pour ne plus les reproduire. Mais là, tu t'en fous, et c'est pas toi cette attitude. « Comme c'est pas grand chose. » Je sais que demain, tout peut se casser la gueule. Qu'on viendra chercher mes costumes, qu'on videra mon compte et qu'il faudra repartir de zéro. Alors, tout compte, parce que c'est comme ça, pierre par pierre, que l'empire s'est construit. « J'signe rien tant que tu m'as pas dis ce qui allait pas. » Se penche légèrement arrière, et feuillette négligemment le premier dossier. « Puis, j'ai le temps, moi. » Tu sais, comme j'ai pas de vie, comme y a que la tienne qui compte.

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— jaspeandra

Tu sais mes incohérences, tu sais comme j'aime jouer avec le feu, le provoquer, venir, partir, faire du vent, m'en aller en courant. Il faut trois éléments pour ce feu, trois uniques éléments. Presque rien, un chiffre que tout le monde utilise. Nous, on a crée ce feu à partir d'un rien. Toi, moi, et l'amour. On s'est pas rendu compte que le feu prendrait trop haut, on a pas sû gérer, on a pas sû contrôler, et ça fini avec nous deux blessés. Aujourd'hui, j'ai décidé que c'était moi qui serait fatiguée. « Parce que moi, j'ai le temps ? » D'accord, je la mérite, celle là. « C'est vrai, puis après tout, tout ce que je perdrais j'aurai qu'à le ponctionner directement sur ton salaire, non ? » D'accord, celle-ci aussi. Tends l'autre joue, Leandra, parce qu'à donner des coups, on s'attends à en recevoir. En réalité, j'ai plus de force, je peux même pas argumenter, je veux juste que ces foutus papiers soient signés. « Comme c'est pas grand chose. » Je soupire, je sais qu'il a raison, je sais que je suis venue mal intentionnée, je sais que je suis trop pressée. J'oublie parfois qu'entre ses murs, c'est son bébé. « J'signe rien tant que tu m'as pas dis ce qui allait pas. » les yeus se plantent dans ceux de l'homme, il sait que trop bien lire. D'habitude, j'aime ça. Aujourd'hui, moins. "J'suis juste fatiguée." les enfants, l'inquiétude, l'avenir, le travail, les cours, la recherche d'un appartement, ça prends du temps. J'essaie de tout bien faire, mais quand j'excèle d'un côté, le reste ne suit pas. J'excèle partout, pourtant je suis la pire des personnes à qui s'adresser, irritable à souhait. « Puis, j'ai le temps, moi. » je passe ma main sur mon visage, soupire de nouveau. J'offre un sourire, léger, "J'dors juste pas assez, ça me passera." tout ce qui m'arrive n'est que de ma faute, tu me dira. Lève la main vers l'homme avant qu'il parle, "J'sais c'que tu vas me dire, que je peux prendre des jours, que j'en ai assez, mais j'ai.. besoin d'argent." nouvel appartement veut dire besoin d'un revenu, et un bon revenu au vu des loyers aux alentours quand on est seule, surtout dans le même quartier que Jude pour que ce soit plus pratique pour les enfants. Lève les yeux vers ceux plus sombres ; je sais plus où exactement est ta place, mais t'a toujours été une oreille, toujours eu cette place de confident, d'ami, d'amant. "Je.. c'est terminé, avec Jude." je sais que ta première réaction sera de te moquer, d'en rire, de blaguer, mais regarde mon visage et demande-toi si c'est une bonne idée.

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— jaspeandra

Ici, c’est ce que je maitrise, ici, c’est chez moi plus que dans cet appartement de Boston. Ici, c’est là que je courre quand tu te barres, quand mes bras tremblent, réveil de vieilles batailles. Ici, c’est ma réussite, quand dehors, j’entends mes échecs criés par le vent. Alors, tu vois, t’as pas le droit de piquer, de vexer, t’as pas le droit de te pointer ici et d’exiger. Attends d’avoir passé la porte pour le faire, pour m’atteindre. Ici, la peau est plus difficilement abîmée. Refuse, donc, prolonge l’instant, et interroge. "J'suis juste fatiguée." Ca m’suffit pas, ça. On l’est tous, pour des raisons qui nous échappe. On est fatigué du quotidien, du passé qui revient, qui saute sur les dos fragilisés. "J'dors juste pas assez, ça me passera." Les lèvres s’entrouvrent, la réplique déjà toute trouvée. "J'sais c'que tu vas me dire, que je peux prendre des jours, que j'en ai assez, mais j'ai.. besoin d'argent." Réplique anticipée. Les lèvres se pincent, le dossier se pose à nouveau sur le bureau. « Je peux pas t’augmenter, sinon faut que je le fasse pour tous. » Ta compétence empêche déjà que notre passé ne fasse jaser dans les couloirs, qu’on remette en question mon jugement. « Je sais que tu ne me l’as pas demandé. » Qu’il reprends, juste après. « Mais tu sais que je suis là, si t’as besoin. » Le sourire s’esquisse sur les traits qui se détendent. « Pour tous les trois. » Bon, Jude a surement apprit à Aaron à me mettre des coups de pieds s’il me voit, et à viser les yeux. J’amadouerai Riley avec quelques grimaces, ça ira. Tu vois finalement que t’as un genre, à choisir des hommes qui partent. Des hommes que tu quittes. "Je.. c'est terminé, avec Jude." Un rictus, d’abord, qui se fane aussi vite qu’il comprends l’absence d’ironie. J’ai même pas d’hésitation sur l’auteur du point. Point virgule, parce que les points, tu les fais mal, tu traînes toujours un peu de la pointe de ton stylo. Il, il est pas foutu de partir, il prend même pas la fuite quand tu finis contre moi, il s’en fout que t’ai le coeur en deux. C’est pour ça, qu’il est celui pour toi. Il est celui qui reste, même quand tu l’aimes mal, qu’à moitié. « Pourquoi ? » J’envisage même pas notre entrevue, et mes lèvres sur ta peau. Ca a jamais suffit. J'ai jamais suffis.

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— jaspeandra

Je sais qu'il est capitaine dans ce navire, je sais qu'il tient la barre mieux que personne, qu'il coulera avec la globalité de la compagnie, qu'il se relèvera, construira de nouveau. Je vois en lui tout ce qu'il ne voit pas. Le meilleur, le pire, et je m'étonne d'aimer les deux. « Je peux pas t’augmenter, sinon faut que je le fasse pour tous. » Je fronce les sourcils, secoue la tête, "Non non c'est pas ce que j-" - « Je sais que tu ne me l’as pas demandé. » ce que je voulais dire. C'est pas ce que je voulais dire. J'avais besoin d'être présente, besoin de mener le tout à bien. Je sais ce qu'ils disent, dans les couloirs, je sais que je suis représenté ici comme la sorcière noire. Celle qui sait y faire une fois sous le bureau, celle qui a la place facile, qui participe aux réunions. Je sais ce qu'ils disent, que ma place n'est pas mérité, que comme eux, je n'ai pas gravis les échellons. J'essaie de me battre pour prouver que ce n'est pas qu'un joli corps, que je ne me cache pas derrière une relation à base de regards déviants, d'hurlement de battants et de secrets fuyants. « Mais tu sais que je suis là, si t’as besoin. » hôche la tête, je sais. Je sais qu'il sera toujours là, et il sait que l'inverse se joue aussi. « Pour tous les trois. » les yeux se relèvent vers l'homme, ça retire d'un poids sur la poitrine. Comme s'il savait que j'avais tout fait pour avoir les papiers d'adoptions d'Aaron, comme s'il était au courant de la fausse légalité qui se cachait derrière la signature de l'abandon de son poste de mère. J'ai peut-être triché, mais je sais que c'était la meilleure chose à faire, pour le bien de cet enfant. "Merci." mais j'appellerais pas. Je sais ce que ça te ferait que de jouer à la famille parfaite et j'ai trop joué avec ton coeur. J'y ai mis un mixer, et j'ai appuyé à chaque fois que j'avais besoin d'un morceau de toi avec moi. Mais dis-moi, il en reste quoi ? « Pourquoi ? » parce que. Tellement de raisons qui se mélangent, pour les reponsabilités, parce que mes sentiments ont changés, pour la solitude qui m'attends, parce que je ne me connais pas vraiment, pour ses mots que tu m'as mis en tête et que j'ai pas réussi à effacer. "La dernière fois qu'on s'est vus ? J'te l'ai dis, t'as juste pas entendu." ou pas écouté, je sais pas à quoi on est réduit, désormais. Je sais plus si c'est moi qui parle pas assez fort ou toi qui est trop éloigné, je sais plus si mon coeur résonne plus assez pour toi, parce que je t'assure qu'il fait souffrir, au dedans. Les yeux se portent à l'homme, offre un sourire tendre, efface la vérité d'une triste réalité ; "Je fais n'importe quoi, avec lui, avec toi, avec moi." hausse les épaules, déjà trop épuisée, "J'me dis que ça peut pas faire de mal, si j'me recule un peu." beaucoup. J'ai besoin d'être seule, de me faire un plan de vie avec les nouvelles constantes dedans. Je sais pas improviser, Jasper, tu me connais. "J'vais me trouver un appartement et être seule, ça pourra pas me faire grand mal." le sourire qui remonte les cernes, les pupiles qui se posent sur les dossiers, le corps se relève de la chaise où il s'était posé, d'un unique mouvement, "Tu peux me les renvoyer une fois signés ?" la secrétaire appelle déjà l'étage du bas pour compter les minutes, supposer les soupires, insinuer les désirs. Une réputation défini belle et bien une personne, parce que mes midis sont solitaires, mes passages dans les couloirs sont silencieux et peu m'adressent la parole, de peur que je raconte au grand homme les secrets des employés. Aux soirées, je suis la photo sur laquelle les flèches sont lancées. Aucune crainte, sur mon poste de travail, j'ai un cv prêt à être envoyé. Je te l'ai dis, j'essaie de me reculer.

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— jaspeandra

Quand  tout s'effondre, il essaye toujours de tout sauver, le moindre morceau, toutes les poussières, il n'y arrive pas, avec l'échec, avec ce qui fini contre le sol et qui ne se relève jamais. Il n'est pas doué dans l'art de tourner les pages, de changer de bouquin, la mélancolie l'attends toujours, derrière toutes les portes. Il peut te refaire un jardin, d'un peu de pollen, il reconstruira tout à partir d'une simple brique, qu'on pensait inutile, foutue, qu'on a négligé et oublié. Lui, il oublie rien, c'est ça l'problème, c'est l'problème de tout le corps, depuis le battant qui se fait torturer bien trop régulièrement. Il aimerait un peu de repos, juste une pause, il aimerait que le reste de la carcasse apprenne à fermer les paupières sur le passé. Mais, le passé continue à squatter, recouvrant la peau, s'incrustant dans chaque morceau de peau. "Non non c'est pas ce que j-" Ouais, je sais. "Merci." Je sais aussi que tu le feras pas, que t'utiliseras pas mes bras pour y loger le fruit de ton autre choix. Que tout ça, c'est une espèce d'utopie qu'on a jamais réussi à toucher du doigt. Ca serait tellement plus simple, si on arrivait à s'attarder sur l'autre, sans remuer tout l'intérieur. Sans que ça me fasse quelque-chose, quelque-chose d'autre qu'une empathie cruellement absente sur ce sujet. J'apprendrai par cœur les phrases qu'on sert aux meilleurs amis, quand ils se séparent. Parce que tu vois, je les maîtrise pas encore totalement, et elles ne viennent pas naturellement. Je les pense pas, j'suppose que c'est ça. Je pourrai te dire que ça a juste prit un peu plus de temps que ce que j'avais prévu, que t'as davantage fléchi ton dos, que ce que j'avais deviné. Te rappeler que tu le retrouveras, plus tard, mieux, comme un éternel refrain, tellement entêtant que j'rêverai d'être sourd. "La dernière fois qu'on s'est vus ? J'te l'ai dis, t'as juste pas entendu." Le sourire s'esquisse, un peine. « Tu dis beaucoup de choses Leandra. » J'mise pas dessus, je parie plus sur tes mots, qu'importe comment tu les conjugues, combien ils sonnent bien, sur l'instant. Ils sont colorés, mais ils ternissent. T'as toujours trop parlé. Tu balances des 'je t'aime', et dans une autre vie ça voulait dire que tu finissais contre moi. Dans la nôtre, ce sont des syllabes qui s'accrochent en l'air. Alors, j'ai entendu, si. "Je fais n'importe quoi, avec lui, avec toi, avec moi. J'me dis que ça peut pas faire de mal, si j'me recule un peu." Les traits s'hochent, doucement, à peine. "J'vais me trouver un appartement et être seule, ça pourra pas me faire grand mal." Le stylo s'anime un peu trop, entre les doigts masculins. « Ouais, je suppose qu'être seule ne peut pas te faire de mal. » Tu vois, j'avais entendu, et apparemment j'avais pas compris. La solitude ne porte pas mon prénom, je cherche les sous titres, et je ne trouve que du vide. Et, tu pars, parce que finalement ça, tu le fais encore mieux que moi. "Tu peux me les renvoyer une fois signés ?" Attrape les dossiers, et le stylo fait son œuvre, paraphant et signant rapidement chaque fin de contrat, et lui tends. Qu'importe le contenu. « Tiens, récupère-les. » Avant qu'elle ne passe la porte. Le dos retrouve le siège, et une nouvelle pile de dossier s'affiche devant ses prunelles. Tu n'as pas encore quitté la pièce, qu'il est déjà ailleurs. Tu ne sais que briser, tu ne sais pas réparer.

Fin