QUITO LANNISTER ► Simon Nessman

caractèreQuito, c'est une bouffée d'air frais. Il a ce sourire charmeur et ce bagout des latinos. Dire non à Quito ? Impossible. Les femmes ne lui résistent pas, et les hommes voient très vite en lui un ami de confiance. C'est une boule d’énergie, toujours à faire cinquante milles choses à la fois, et qui n'a de repos que l'épuisement total. Il dort peu, mais il ne vous dira jamais pourquoi. L'habitude de la rue et du voyage, il n'arrive jamais à se poser complètement. C'est un aventurier, et même en y réfléchissant, il se dit qu'il n'a peur de rien. Très protecteur envers sa sœur, il n'a même pas peur de la perdre puisqu'il est sûr à 100% qu'il ne se le permettra jamais. Il croque la vie à pleines dents et n'a pas le temps de s'inquiéter. Expert dans l'art du vol et du mensonge, il a un passé de véritable petit voyou. Pas par méchanceté mais pas besoin, il garde tout de même quelques mauvais réflexes et habitudes de la rue.
Pas très studieux, il a tendance à se disperser rapidement. Il a tenté des études d'ingénieur dans le but de concrétiser ses aptitudes en mécanique, mais il ne se sent pas trop à sa place parmi tous les petits protégés d'Harvard.
Amoureux des femmes, il ne cesse de papillonner mais ne semble pas trop avoir envie de se poser. Dégoûté par ses parents biologiques du couple, il ne veut trop s'attacher, mais il ne peut s'empêcher de toujours vouloir prendre soin des autres.

admission à harvardUn an de retard. Quito pensait qu'il ne serait jamais pris dans cette école. Pourtant, il a passé des SAT avec des notes plus que correctes, tout pile la barre d'accès à l'université. Mais il a surtout misé sur l'essai. Raconter un pan de sa vie, l'histoire d'un garçon sans vrais parents, coincé dans les rues de l"Amérique du Sud, à protéger sa soeur tout en lui faisant son éducation. L'histoire d'une réussite, sociale et scolaire, que Mr Lannister a aidé à ficeler de la façon la plus américanisée possible. A lire son essai, on croirait se plonger dans un véritable voyage initiatique dont les cinémas américains raffolent. Et Harvard en a raffolé, dirait-on.

story of my life
Subir. 
Ses poings se ferment. Ma mâchoire craque. Le coup est violent. Je vacille et tente de rester debout, mais très vite je ne vois plus que le carrelage sale tout prêt de mon nez. Je suis au sol. Ma vision est trouble, rouge, pleine de larmes et de sang. Shushie, où es-tu ?
À quatre pattes, je me mets à fuir mon agresseur. Ma sœur est là, je la récupère en me relevant. Elle pleure elle aussi, comme toujours. Je ne veux plus la voir pleurer. Je renverse alors le meuble à vaisselle, qui sonne le fracas tonitruent de notre nouvelle vie. Nous partons tous les deux dans les rues de la capitale équatorienne.
Maman. Je ne sais pas si tu as été une bonne personne, en tout cas tu étais mariée à une ordure. Je me souviens pas trop de toi. Mes souvenirs d’enfance se résument à l’odeur forte de la tequila et le goût âcre du sang dans ma bouche. Je crois même que j’aime ce goût. Car s’il me rappelle l’horreur de ma famille biologique, il est aussi le goût de ma victoire sur ce monde là. Ma force pour survivre et faire survivre Ushuaia, ma petite sœur. 


Survivre. 
Treize ans. Je sais lire écrire et compter. C’est bien le plus important. Mes journées de résument à chercher à manger, protéger ma sœur des hommes vicieux et des chiens errants. Le monde est plein d’horreurs, et je fais tout pour qu’aucune ne s’approche de ma sœur. Elle est la prunelle de mes yeux. Mais dans la pauvreté des rues équatoriennes, j’ai bien peur de voir mes yeux se crever.
Alors nous fuyons. Vers le nord. Toujours plus au nord. Les villes sont toutes aussi pauvres, mais grâce à notre débrouille, nous arrivons à tenir. Les petits exploits s’enchaînent. J’arrive à réparer un vieux pick up, et nous prenons la route. Ushuaia dégote même une chèvre, qui sera notre compagnon sur les routes jusqu’à Mexico. C’est dingue, mais je crois que nous sommes heureux. Je sais nous défendre. Ushuaia s’improvise doctoresse. Nous récupérons tout ce que nous voulons à l’aide de nos sourires angéliques et nos habilités dignes des plus grands voleurs.
Personne ne sous attrape. Nous sommes les seuls maîtres de nos vies. 


S’adapter. 
Les cartels mexicains ne nous ont pas eu. Les Etats-Unis non plus. Heureusement, nous parlions anglais couramment, notre sang est même américain de par notre génitrice. Les premiers jours au Nouveau Mexique furent compliqués, puis se fut Los Angeles. Nous faisions tâche. Les gens sont trop riches pour nous ici.
Puis l'on s'est fait attraper. Une femme, Mrs Lannister. Une gamine, Sydney. Toute une famille derrière eux. Que des gens adoptés. Ils veulent de nous. Ushuaia est ravie. Je ne veux pas. Pas de ces personnes qui veulent diriger notre vie. Je le fais assez bien tout seul. Mais je regarde la petite tête de ma sœur. Elle semble rêver d'une famille qui la protège. Le cœur lourd, j'accepte. Je veux tout faire pour ma sœur.
Les mois passent. Je ne me sens que trop peu à ma place. Je garde ces réflexes de la rue de tout mettre dans mes poches à la moindre occasion. Mr et Mrs Lannister ne me laissent plus m'enfiler ces bières en canette que j'avais l'habitude d'avaler pour me laisser dormir. Je dois même fumer en cachette. Je crois que cette vie trop parfaite ne veut pas de moi. Mon niveau scolaire est trop faible, moi qui me sentais un petit génie des rues, me voilà l'idiot de l'école.


Comprendre.
Encore plus d'années. J'ai bientôt dix-huit ans. Je vais pouvoir partir de cette famille. Mais je crois que je ne veux plus. Ushuaia a perdu sa maigreur de la rue. Son sourire est guilleret, et elle a tout un tas d'amies qui ne tentent pas de lui voler ce qu'elle a. Enfin, elle a le droit à une vie convenable.
Les autres enfants de cette famille sont presque aussi tarés que moi. Je développe même une relation un peu particulière avec Phoenix. Je ne sais trop que penser de tout ça, mais elle aussi j'ai envie de la protéger. Loin de la rue, ce sont d'autres choses qui m'animent. Je fume toujours autant, mais à cet âge les gens ne me regardent plus de travers. Les filles même, semblent me regarder avec envie. Mon côté latino les fait défaillir, si elles savaient que je n'étaient qu'un pauvre immigré à la rue pendant toute mon enfance … Mr Lannister passe des heures entières à m'apprendre les mathématiques appliquées. Il dit que je pourrais me lancer dans l'ingénierie, et devenir plus qu'un simple mécanicien, mais un véritable génie des machines. Je crois que je vais l'écouter, et postuler à de grandes écoles.
Harvard. Je rentre dans cette université avec un an de retard. J'ai toujours cette impression d'être un intrus parmi cette élite. Les gens sont trop riches, trop éduqués. Mais très vite, la fête, les rires et les amitiés s'enchaînent. Peut-être que même, pour une fois, je vais pouvoir me sentir à ma place quelque part.