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La famille Cellier-Northwood.
C'était un campus et ce n'était pas comme s'il ne s'était encore jamais rendu dans une université, après tout il sortait de plusieurs années passées a étudier à Dartmouth et n'était donc pas vraiment dépaysé par son arrivée dans un nouvel établissement et pourtant il avait cette ridicule boule au ventre. Il n'était pas stressé par ses cours, pas le moins du monde d'ailleurs. Une telle idée l'aurait fait sourire s'il n'était pas si bêtement sur les nerfs. Ashley n'avait jamais été de ces élèves angoissés par la perspective d'une interrogation, feuilletant vivement les feuilles de leurs cahiers avant la fameuse heure du devoir. Peu être était-il un peu trop confiant mais de toute évidence, cette assurance lui réussissait : si ses parents avaient put remettre en cause son attitude par le passé et encore à présent, il n'avait jamais eu à lever le ton pour le forcer à plonger le nez dans ses livres. Il n'était pas un acharné de travail, il ne le serait sans doute jamais et pourtant il parvenait à garder un bon niveau en travaillant un minimum. Ainsi il parlait plusieurs langues et excellait la plus par du temps.
Sans doute était-ce une chance : sa flemmardise apparente et sa tendance à réfléchir avec ses pieds avant de penser avec sa tête dans les moments d'impulsion ne lui faisaient guère défaut dans ses études. Il ne pouvait qu'en être heureux. Mais l'université ne consistait pas seulement en des cours. Il y avait aussi tout le côté social, ce qui attirait nettement plus le garçon. Parler aux gens n'avait jamais été un problème : il les abordait sans difficulté, échangeant souvent des banalités superficielles avec une arrogance désarmante. Du moins c'était ainsi avec les gens qu'il ne connaissait pas et qui en savaient tout aussi peu sur lui qu'il en savait sur eux. Il avait toujours trouver plus simple de s'entretenir avec les étrangers. Certains éprouver de l'intimidation à cet égard, une peur de l'inconnu. A l'inverse, Ash' appréhendait davantage d'être confronter à des visages familiers. Tout le monde a des gens dans sa vie qui connaissent tout de vous, un rayon de connaissances déconcertant dont certaines seraient capables de vous faire rougir jusqu'aux oreilles. Ces gens ne manquent pas d'informations susceptibles de vous rassurer, de vous aider, mais aussi de vous humilier, de vous blesser. Ashley n'avait jamais trouvé très bon d'être un livre ouvert pour ses proches, peu être étais ce pour cela qu'il affichait en permanent cet air froid et ne quittait que rarement ce ton arrogant qui le caractérisait désormais. Peu de gens avait la chance d'entrapercevoir une facette plus tempérée, plus douce de sa personnalité et il en était satisfait. Aussi drôle que cela puisse être, cela lui apportait un sentiment de sécurité.
Les gens n'avaient guère besoin de tout savoir sur lui, il préférait les autoriser seulement à apprendre ce qu'il voulait qu'ils sachent. Mais il ne pouvait pas agir ainsi auprès de ses proches. Sa mère n'y avait jamais réellement crut et parvenait toujours à trouver ses failles, il y avait ainsi des gens qu'il ne pouvait pas tromper. Sa petite soeur faisait notamment partie de ses gens. Avant de garder d'Ashley l'idée d'un garçon turbulent, arrogant et désireux de fuir le cocon familial dans lequel ses parents le gardait soigneusement, Lola avait rencontrer son frère sous de meilleurs jours, ou du moins des jours différents. Elle était notamment une des seules personnes à l'avoir un jour vu pleurer. Des larmes salées et considéré comme faciles car provoquées par une douleur physique, comme le jour ou il s'était blessé et qu'il s'était mit à pleurer comme un bébé dans l'hôpital ou quand on l'avait emmené ou quand il s'était cru perdu en plein milieu d'un de ces bâtiments rendus monstrueux pour un enfant par leurs tailles dans lesquels ses parents organisaient par leur passé de grands diners en compagnie de nombreuses personnes toutes aussi peu familières pour leurs enfants. Mais d'autres larmes aussi plus marquantes et qu'il s'était empressé d'essuyer avec sa main avant que d'autres personnes aient eu l'occasion de les remarquer, coulant sur son visage, comme celles qu'il avait versé durant l'enterrement de son père. Il n'avait guère de secrets pour elle et à l'évidence, elle pouvait en jouer. Il détestait cette position et lui en voulait d'avoir ce pouvoir sur lui. Elle était la raison de la présence de cette fichue boule dans son ventre, de sa vive appréhension à chaque fois qu'il franchissait une nouvelle porte : il allait la revoir. Il ne pouvait plus reculer et quand bien même il l'aurait brièvement voulu, il était décidé à ne pas succomber à une telle facilité. Il était à Harvard dans le but précis d'avoir une discussion avec elle. Tout ça, ce changement soudain dans sa vie, c'était pour elle.
Vêtu d'un tee-shirt gris au col en v, une main voulue négligemment plongée dans la poche de son pantalon, il franchit finalement les portes de la salle commune des Eliot et balaya la pièce du regard, ne s'attardant pas sur les visages qu'il croisa. Il aurait bien des occasions de faire plus amples connaissances plus tard. Il ne croisa que brièvement des regards, trop occupé à repérer ce visage dans la foule. Finalement, il le rencontra et déglutit silencieusement, tâchant de ne pas le laisser apparaître, faisant son mieux pour reprendre le contrôle sur sa propre personne. Une envie de faire demi-tour le traversa et il la refoula, commençant à marcher de sa démarche habituelle, non dénuée de grâce, bien que nettement moins assurée que d'habitude. Qu'importe, peu de gens le remarquerait, seule Lola sentirait son appréhension quand il ouvrirait la bouche pour lui dire quelque chose. Il constata avec étonnement qu'il se fichait assez de ce que sa soeur pouvait bien penser. Quelques pas et il se trouva finalement en face d'elle. Elle discutait avec quelques filles et ne remarqua pas sa présence immédiatement. Concentrant toute son assurance et son calme en quelques instants qui lui parurent aussi longs que souvent pensés alors qu'il songeait à ses fameuses retrouvailles. Puis, il ouvrit la bouche et parla, tout simplement. Lola, je peux te parler, en privé ? Demanda-t'il d'un ton suffisamment fort pour être entendu. Il se tenait derrière une fille, en prenant soin de s'être placé suffisamment bien pour pouvoir regarder sa soeur dans les yeux, tel qu'il le faisait désormais.
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