Aya 'River' Razaranaina ► Kylie Bunbury

caractèreRiver comme elle est souvent appelée, est en effet aussi simple, aussi limpide et aussi clair qu’une rivière. Elle est malléable particulièrement souple et n’est pas particulièrement revancharde. En tout cas, c’est ce qu’elle laisse paraître. The basic average girl, c’est ce qui pourrait sûrement la définir à la perfection. Elle est exactement moyenne partout, elle se fond dans la masse et n’a aucune particularité. Elle n’est pas particulièrement courageuse, c’est même plutôt l’inverse. Elle aura certainement tendance à prendre la fuite en situation de danger, qu’il s’agisse d’elle-même ou d’autrui, autant dire qu’en cas d’incendie autant oublier la possibilité qu’elle vous vienne en aide. Elle se contentera de regarder de loin en espérant que quelqu’un finisse par agir. On peut dire qu’elle est plutôt lâche puisqu’elle n’est pas non plus du genre à assumer ses responsabilités, elle va beaucoup déléguer et se camoufler derrière des faux-semblants pour se faire apprécier. C’est son mot d’ordre : se faire apprécier et ce quitte à lécher les bottes de tout ceux en position de pouvoir. Elle en a bien souvent fait les frais et elle a bien souvent dû ravaler sa fierté et taire sa conscience. C’est celle qui rira aux blagues de la pimbêche pour avoir ses faveurs et qui finira par intégrer ses idéaux comme juste étant donné qu'on ne puisse pas dire qu’elle ait une personnalité propre. C’est la reine de l’hypocrisie, elle peut avoir l’air très gentille en surface et penser du mal du monde entier. Elle ne laisse rien paraître et pourtant elle méprise bon nombre de ses confrères. Son ambition reste sa seule vraie qualité, si ce n’est son plus grand défaut, elle est capable de beaucoup de choses pour atteindre cette ambition. Elle n’est pas méchante, elle est juste beaucoup trop influençable pour son propre bien. Le plus correct serait de dire qu’elle se laisse influencer, elle sait qu’à long-terme, cela lui servira sûrement. En dehors de ça, elle est assez torturée à l’intérieur et ne semble pas vouloir dépasser l’état de l’adolescence. Même si elle rêve de régner, elle est faîte pour suivre et elle s’est résignée. Pour le coup, il est difficile de se déterminer quand au fait qu’elle soit digne de confiance, disons qu’elle peut l’être dans une certaine mesure mais peut tout aussi bien être amené à trahir en présence d’une plus forte personnalité que la vôtre. En dehors de ça, s’il faut lui trouver des qualités, on peut toujours dire qu’elle est ponctuelle et assez appliquée à la tâche. Elle sourit beaucoup et est assez sociable dans l’ensemble, elle s’adapte facilement aux différentes situations et peut facilement changer d’environnement. Elle est sportive et aime beaucoup l’effort, elle apprécie les gouttes de sueurs sur son front chaque fois qu’elle s’entraîne, c’est le seul moment où elle se sent réellement bonne dans quelque chose. Elle est polyglotte et parle couramment anglais, français, malgache et chinois, le seul héritage utile que son cher père lui a délégué. Fille unique, elle a toujours rêvé d’avoir un frère, à qui elle pourrait dévoiler la personne qu’elle est réellement mais en attendant elle se contente d’écrire dans un journal intime même si à vingt-et-un an c’est étrange de toujours en posséder un.

admission à harvardLes mains moites, j’attendais patiemment à la porte comme quelques dizaines d’élèves de passer mon entretien pour pouvoir éventuellement prétendre à m’asseoir sur les bancs de cette prestigieuse université. J’avais de bons résultats, certes mais ils n’étaient pas excellents. Cependant la cohérence de mon projet professionnelle que j’avais détaillé en long en large et en travers de mon essai m’avait valu un entretien devant ces géants qui allaient décider de mon avenir. Ce que je voulais c’était faire de la politique, partager mes idées avec les grands de ce pays, avoir une voix qui porte et devenir quelqu’un dont les décisions seraient prises en compte. Une personne avec une voix qui compte. Et personne ne se placera en travers de mon ambition, pas même ma mère.
Lorsque j’entendis mon nom, je m’avançais, comptant encore une fois mon pouls, une habitude que j’avais acquise pour cannaliser mon stress et un pied devant l’autre, j’attendais patiemment que l’on me somme de m’asseoir avant de lancer mon speech préparé sur le pourquoi je voulais devenir présidente des états-unis et comment je pensais qu’Harvard pourrait être un énorme tremplin pour moi sans oublier de parler de ma fibre artistique dut au métier de ma mère. Je n’oubliais pas non plus d’évoquer mon atout principal à savoir mon ouverture sur le monde et mon héritage culturelle ainsi que mon polyglottisme.

story of my life

FLASHBACK
Je ne me suis même pas rendu compte que petit à petit sa main commençait à effleurer la mienne, tandis que pour la première fois, je sentais que quelqu’un s’intéressait réellement à mon sort. Que j’étais devenue importante et que mon histoire était tout aussi significative. Je relevais donc la tête pour rencontrer deux billes brunes, presque noires, une pupille presque imperceptible pour un regard perçant. Et j’articulais non sans bégayer un peu.

« Pourquoi t’es aussi gentil avec moi ?  »

« Je sais qui tu es, River… Pas besoin de faire semblant avec moi. »

J’entendais presque le son des tambourinements de mon pouls alors que je feignais l’indifférence et que je préférais arborer le masque de la fille loyale et fidèle. Comme pour me convaincre moi-même, mon regard fuyait alors que je replaçais une mèche de cheveux comme pour corriger une mauvaise trajectoire ou un mauvais raisonnement.

« Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, je suis moi. Tu es toi. Je sais qui je suis, et je ne mens pas.  »

« Si tu insistes pour te voiler la face, vas-y… Mais saches que j’ai très bien vu qui tu étais, que tu n’as pas à t’excuser de penser ce que tu penses et que le monde peut très bien te comprendre aussi… de la même façon que tu comprends les choses.  »

Et c’est là qu’il m’a eut, sans crier gare il a percé la carapace que je n’ai pas fais exprès de m’inventer et il a sût lire en moi comme dans un livre ouvert. J’ai essayé de le regarder dans les yeux, de percevoir la supercherie, de lire le mensonge dans son regard mais il n’en était rien. Il me paraissait sincère, à l’écoute de ma personne et c’était une grande première. Et je lui ais fais confiance, sans doute ma plus grande erreur. Et je lui ais tout dis.

« Ma mère a un trouble de la personnalité paranoïaque. Ce qui est assez paradoxal vu sa position. Tu la connais sans doute, c’est une grande peintre. Roxanne Razaranaina. Une grande artiste peintre. Elle a gardé le nom de famille de mon père, son ex-mari puisqu’elle pense qu’un nom étranger lui apporte de la personnalité. Ils n’ont jamais officiellement divorcé mais ils sont séparés depuis un moment. Et forcément, aux vues du caractère arbitraire de la chose, je n’ai pas pus et ne peut toujours pas d’ailleurs quantifier mes visites paternelles. Je le vois parfois, quand ça lui chante, sans que ma mère le sache. Il m’encourage, me donne un peu d’argent et il compatit parce que je suis forcée pour ma part de vivre avec cette sorcière.  »

« Une sorcière ? Ce n’est pas de sa faute si elle est malade tu sais.    »

« La maladie n’excuse pas le comportement exécrable, à la limite du persécuteur. Ce qui est assez paradoxal puisqu’elle pense que le monde la persécute et en veut à sa position.    »

« Ce n’est pas le cas ?  »

« Absolument pas. Elle pensent que les autres se servent d’elles qu’ils essayent de la tromper, qu’ils en veulent à sa positions. Elle ne se confie en personne, passe son temps à se position en victime et lit des signes cachés en chacun des faits et gestes de son entourage. C’est la raison principale pour laquelle, mon père s’est séparé d’elle. Il n’en pouvait plus d’être accusé d’infidélité à tort et il n’en pouvait plus de son caractère si… spécial. Elle est très difficile à vivre surtout si elle décide que tu es son ennemi.  »

« Mais ça n’a pas dut être difficile pour toi, tu es quand même sa fille.  »

« Malheureusement oui et je suis surtout sa plus grande ennemie selon elle. Je suis sa persécutrice et celle qu’elle déteste le plus et j’imagine que j’ai finis par intégrer ce rôle-là mais j’essaie le plus possible de m’en détacher en dehors de l’enceinte de nos murs. Je préfère être transparente, m’attirer les faveurs d’autrui, quitte à faire semblant.  »

« D’où le decalage et avec Tess… tu fais semblant aussi ?    »

« J’aimerais me persuader que je suis totalement authentique avec elle mais il n’en est rien. Je fais ce qu’elle demande, je sais ce qu’elle pourra m’apporter et je sais aussi que ça l’arrange d’avoir un sbire aussi fidèle que moi. C’est une situation win-win. On y gagne toutes les deux.    »

« ça a dût être difficile pour toi… non ?  »

« Tu penses… Comme tout ado, j’ai mon lot de drames, anorexie, perte de la confiance en soi, sache que même si tu couches avec moi, y’a moyen que je ne tombe pas enceinte parce que ça fait un paquet de temps que j’ai pas eu mes règles. Mais je me soigne alors bon… On va dire que je passe au-dessus.    »

« Tu n’as pas peur d’en parler à son petit-ami.  »

« Si tu voulais me faire du mal, tu l’aurais déjà fais. Je sais que tu es vraiment curieux et Tess… je l’aime beaucoup quand même.    »

Il m’a ensuite embrassée, je n’étais pas vraiment surprise. L’ambiance s’y prêtait, je me suis laissé faire et j’ai continué de lui dire tout ce que j’avais refoulé, je lui ais fais confiance et comme promis, il l’a trahi.

END OF FLASHBACK

«  Tess ne m’a jamais pardonnée d’avoir tentée de lui « voler » son petit-ami et autant dire que les jours suivants ont été un vrai calvaire au lycée. Je l’avais bien cherché c’est vrai, je n’aurais jamais dû le regarder en premier lieu mais je ne sais pas ce que j’ai fais pour mériter un tel traitement. J’avais aussi été dupé, il avait abusé de ma confiance et m’avait fait passer pour la méchante. Je lui ais vraiment dit tout ce que j’avais sur le cœur cette nuit-là et j’ai été assez naïve pour penser qu’il s’intéressait vraiment à la personne que j’étais. La personne que je suis. Finalement, c’est des histoires de filles tout ça et ça fait certainement partie de la vie de lycéenne mais je t’avoue que c’est resté dans ma mémoire. »

« A ton avis, pourquoi tu restes cramponné à cette période du lycée, pourquoi ces ‘histoire de filles’ t’importent autant ? »

« Parce que je sais fondamentalement que c’est ce qui me permettait de sortir un peu de la maison, de sortir de l’emprise de ma mère, de combler l’absence involontaire de mon père sans doute. Encore une histoire d’Œdipe mal réglé je pense. »

« Tu es la seule à tirer des conclusions, peut-être qu’il faut voir au-delà de l’aspect rationnel et de voir un peu plus tes sentiments comme quelque chose d’authentique tu ne penses pas. »

« Peut-être bien oui… »

« Je pense qu’on va finir là pour aujourd’hui, il y a quelque chose dont tu aimerais me parler avant qu’on se quitte »

« Oui, j’ai été acceptée à Harvard ! »

« Félicitations à toi, tu le mérites ! »

« Merci »

C’est en sifflant, satisfaite de sa séance chez la thérapeute que son père la forçait à aller voir depuis son départ qu’Aya déambulait dans les rues de Nantucket. Elle venait de lui annoncer la nouvelle et bien que de chaudes larmes se former à l’encolure de ses yeux à l’idée de quitter celle qui avait été sa confidente pendant ces quelques années, elle se sentait prête à démarrer un nouveau chapitre de sa vie en laissant derrière elle, sa petite île et sa mère paranoïaque.