jaspeandra ► Don’t I make you cringe?

C'est nous. Ce nous qui résonne de quelques surplus de bâtements, ce nous qui fait vibrer chacun des personnages annexes à l'histoire. Il n'a jamais été question de deux livres et de deux narations, il est question d'une seule et même histoire, cette histoire déchirante entre deux héros. Je te l'accorde, tu es le plus beau.  « C’est pas question d’envie, tu peux pas. » Je sais, j'ai creusé mon trou, j'ai construis ma prison, je me suis moi-même emportée là dedans. J'ai presque voulu, tout ça. Je l'ai voulu, et quand je l'ai eu, je n'ai pas arrêté d'être incertaine. Est-ce que c'est bon pour moi ? D'habitude, quand on marche sur le fil, j'adore me balancer. J'adore tanguer, jouer avec le feu, risquer quelques brûlures. Sur cette corde là, j'ai tellement peur de tomber que je n'ose même plus avancer. Comme figée au milieu de l'allée. Ce qui me redresse, ce qui me rattrape, c'est les bras masculins. Ceux d'en face, les tiens. Qui viennent, qui m'amène, m'offrent un peu d'équilibre. Si t'es pas au bout de la ligne, pourquoi j'avancerai ? « Dit-le encore. » Je hurlerai pour qu'il reste encore dans l'affiche finale. Je me battrai, contre tout, contre tous, contre elles, contre ce que la vie pourra t'offrir de mieux. Je serai là, terrée dans un coin d'ombre. "Embrasse-moi." Fait-le, et vis-le. Ferme les yeux et offre moi le monde en quelques secondes.

Va savoir comment quelqu'un d'aussi intransigeant, a pu s'enticher d'aussi instable. Tu oscilles, même quand on te tient la main, même quand on te montre la route à suivre. On balise ta route, et t'arrives encore à te perdre dans les recoins ; fugueuse. On s'épuise à te chercher, pour te faire à nouveau fouler le chemin. Mais, tu vois, j'ai abandonné, j'me suis assis sur le côté, et je te regarde te perdre sur la carte, et tellement tourner, que tu finis toujours par retourner sur les pas qui t'amènent directement à moi. Je suis la maison, les pieds si intégrés dans le sol, qu'il semble enraciné. Pourtant, il faut le voir se tordre la nuque pour te chercher des yeux, quand tu pars loin. Et, désormais que tu es trop proche, il cherche la faille, il veut anticiper la route dérobée que tu vas prendre, pour le fuir encore un peu. Pour les distancer. Se suspends à deux mots. C'est peu, deux mots. "Embrasse-moi." Tu sais pas comment t'en sortir Leandra hein ? Toi et le bonheur, j'sais pas, vous arrivez pas à vous mettre d'accord. Quand il s'installe, tu te lasses, tu viens me chercher, parce que tu sais qu'on a un petit différend, lui et moi. Alors, forcément, il se barre quand j'arrive, quand mes doigts arrêtent de demander et exigent, quand mes lèvres s'imposent sur les tiennes, venant chercher ce qui leur appartient. Le battant s'enflamme, et la peau avec. Ma main, de ta hanche à tes reins, qui rapproche les carcasses en pleine évidence.

Toi, tu dis que t'es la fuite. Moi, je pense que t'es l'arrivé. Je me suis perdue sur cette carte, j'ai été voir ailleurs, j'ai été observer d'autres recoins, j'ai visité des monts, vu des cascades, me suis imposée à des canyons et j'ai bu sur les plages. A chacun des voyages, je regardais toujours vers la même direction. Constamment vers un seul point, le seul endroit où je me sens à la maison. Je fais pas retour arrière, je ne fais que des pas vers l'avant. Quand tu te pense passé, je t'impose présent. Je ne fais pas marche arrière, c'est toi, qui t'impose devant. Je continue ma route et tous les chemins mènent à toi. J'ai essayé, j'ai forcé, j'ai lutté, j'ai continué dans ma poursuite, j'ai tracé ma route, t'as imposé de la distance. On est toujours sur cette même foutue carte. La même carte, le même pli, pas la même année. J'ai inventé des nouvelles routes, lancé des projets pour des nouvelles cartes, et quand je marchais vers toi, tu partais loin de moi. Quand je prenais la marche, tu choisissais les airs. J'ai pas été la seule, à dicter ma loi, ici. T'approches et je recule. J'approche et tu recule. On sait qu'on est mauvais, ensemble. On sait que le mal nous rongera, que les enfers ouvrirons leur portes, que c'est là où le chemin mènera. C'est pas la route qui nous terrifie, c'est l'ensemble. C'est les capacités à détruire ce qu'on touche, la capacité à s'auto-détruire. Est-ce qu'on s'aime plus l'un l'autre que l'on s'aime soi-même ? Jasper, c'est pas le type qui attend gentiment sur le canapé que mes pas reviennent vers lui. Jasper, c'est celui qui s'impose, qui ose les raccourcis, qui se met face à moi et me dit que ça suffit. On a beaucoup joué, sur cette carte. On a déplacé nos pions, abattu nos cartes. Ce soir, faisons une pause. Sortons de là, embrasse-moi. Le coeur explose, les mains s'impose sur le visage, dans la nuque, remontent aux cheveux. Les corps se rapprochent, criant à l'évidence. Les secondes sont longues, la carte devient mappemonde. Toi qui cesse la fuite, moi qui suis arrivé.  

Les mauvais échos dans sa caboche auraient pu lui souffler le plan depuis le début, une stratégie en plusieurs actes, qui se finirait par celui-ci, par celui où la reine défaille dans les draps de celui qui a volé le royaume, réveillé la colère du peuple, celui qui a mit la tête du bon roi, au bout de son épée. Celui qui avait écrit quelques lignes, au moment de sa précédente destitution, des lignes qui font guise de prophétie. Sauf qu'on peut jamais se fier aux écritures, avec l’héroïne. Elle rajoute trop de lignes, des chapitres entiers, elle raye la moitié de l'histoire, elle veut le bonheur tranquille et l'adrénaline de la colère, elle veut la passion des désaccords, mais accompagner les enfants à l'école. Elle veut tout, tout sans exception, et elle refuse qu'on lui arrache, qu'on lui prenne l'un ou l'autre, qu'on lui refuse le « et », qu'on lui refourgue un « ou » sans intérêt. Y a les empreintes de l'Ellington partout dans sa débâcle, même quand il veut faire les choses bien, même quand ses intentions se sont anoblies. Il a oublié la rancœur, il a oublié la vengeance, même si une infime partie de son battant réclame la mise à mort de la divine. S'installe dans le décor, même quand il crie vouloir en sortir. Fini par prendre trop de place, par ne plus du tout respecter les proportions. Par s'imposer contre le corps qui n'est pas à lui, par s'affranchir d'un tissu pour arpenter la peau, tracer son sillon contre le ventre, remonter contre le cœur, l'entendre raisonner contre sa paume. Quitter le brûlant de la bouche, pour souffler contre : « Je crois qu'il te dit de rester. » Regarde, t'as pas le droit de le contredire, je t'en empêche, d'un retour de feu, de mes lèvres qui capturent les tiennes à nouveau, avides.

Les mains prennent place, et c'est comme si elles étaient jamais vraiment parties. Les mauvais choix, ça me connaît. On apprends avec eux, apparemment. Faut croire que, de retour ici, j'ai jamais vraiment appris. J'heurte toujours l'un des deux, quoi qu'il arrive. Parce que mon coeur est indécis, qu'il est conquis, par toi, par lui. « Je crois qu'il te dit de rester. » J'ai plutôt l'impression qu'il hurle. Il l'a toujours hurlé. Il a aussi hurlé à ta mort, à la haine, à la rancoeur, à tout ses sentiments négatifs que tu lui a promis, quand t'as gravé tes lettres dans sa chair. Il a hurlé à l'amour, beaucoup. Beaucoup plus fort que le reste, et il a sû prendre le rythme. Entends, maintenant, comme il hurle. Il essaie de se mettre en rythme mais il offre un chaos interne aux autres. Il se contient mal, quand les lèvres sont touchées, les langues entremêlées, les envies trop fortes. Ma main imite la sienne, glisse sous son haut, redécouvre l'homme. La forme a quelque peu changé, ici et là, remarqué uniquement maintenant que le calme est revenu. Les lèvres se séparent de nouveau ; "Oh ça ? C'est rien, il le fait toujours, quand t'es dans les alentours." minimalise l'amour, d'un sourire contre les lèvres masculine, des miennes qui s'écartent sur sa mâchoire, dans son cou, les mains plus aventureuse sur son torse. Les baisers s'enchaînent, mes mains attrappent les siennes, les bloquent contre le lit, les doigts s'entremêlent alors que je prends lentement le dessus, finissant à califourchon sur lui, poursuivant les baisers. Relâche quelques secondes les lèvres adverses, plonge dans les yeux avec un sourire en coin, "Tu t'es musclé." le corps a changé, depuis la dernière fois. Rien que de te frôler du bout des doigts et je le remarquais déjà. Rendons ce moment plus léger, parce que la signification, on la connait.

Là, au creux de mes doigts, ça sonne comme une évidence. L'évidence s'en ira, quand tu t'éloigneras, quand tu retrouveras ton quotidien où je ne suis qu'éphémère, de passage. Je comble quelques battements, je relance ton cœur de temps en temps, quand il ronronne. Puis, je me tapie à nouveau dans l'ombre, attendant l'inattention pour insuffler mon souffle dans ta nuque, pour réveiller la peau, lui dire de ne pas m'oublier. Pour retrouver un peu de passé, le rendre présent, présenter un futur qu'on aura jamais. Notre futur, il se limite à quelques secondes, minutes si on tire sur les aiguilles. Se limite à une pièce, à un instant. Tu bats des cils, qu'il s'est déjà barré, qu'il n'en reste qu'une nouvelle cicatrice, au-dessus de toutes les autres. "Oh ça ? C'est rien, il le fait toujours, quand t'es dans les alentours." Il me parle, il gueule quelques trucs que je prends soin de ne pas écouter. T'es trop douée pour bercer, et j'ai pas de mats auquel m'accrocher. Moi, j'plonge toujours, et j'me nois avec délice. Après, j'suis comme un con avec l'eau dans mes poumons, et toi t'es loin de mes doigts. Alors, ils grappillent de la peau, ces doigts, ils dévorent ton ventre, ton cœur, tes reins. « Sacré dysfonctionnement. » Qu'il s'amuse, la lèvre qui se mord, la lèvre qui fini contre les tiennes. Tout se débat, sous la peau, et les brûlures sont infligées, au passage des doigts féminins. Elle nargue, elle lui rappelle juste que tout n'est pas réglé, que ça réagit toujours. Imbécile, amoureux éternel. "Tu t'es musclé." Le sourire est bien trop fier, cet idiot. « J'ai cru que tu n'allais jamais finir par t'en rendre compte. » Comprends que t'as pas l'oeil, ou saisi que j'pensais que tu ne finirais plus contre moi. Plus assez proche, pour sentir l'organe torturé se débattre dans son enveloppe. Et le corps s'animer d'avantage, en réclamer plus, de ses lèvres contre ton cou, et de ses mains plus dirigées. Le truc, c'est que je sais plus être celui qui recule, je suis fatigué d'être celui qui s'inflige les blessures. Je te laisse le faire, je t'offre mon flanc pour y planter ta dague.

Il est le seul à savoir comment frapper, à savoir où frapper, à cogner si fort qu'il me réveille quand je suis perdue dans les songes. Je reviens à lui parce qu'il est ce coup de marteau dont j'ai besoin, celui qui fracasse mais qui fracasse les bons endroits. Les incertains, et de ses mains, il efface les doutes et remet les cauchemars au lendemain. Le protecteur des rêves, le gardien des ambitions. Dans l'histoire, ça n'a jamais été de moi, dont il a été question. Je ne suis pas l'héroïne, je ne suis que ce petit personnage secondaire qui a sû prendre trop d'importance, qui s'est frayé un chemin et qui s'est formé une place, sur un battant. Je me suis habitué à son bruit, qui me berce dans mes longues nuits, à sa couleur et surtout à sa manière de changer de rythme quand ma main s'y balade un peu trop. On se bat à l'unisson. « Sacré dysfonctionnement. » Parles-en au principal intéressé. Celui qui attrape mes lèvres pour me faire tanguer. Et le bateau tangue trop fort, et de tes mains tu imposes les vagues, qui le retourne, le broie, me noie. J'ai jamais eu autant envie de mourir qu'auprès de toi. « J'ai cru que tu n'allais jamais finir par t'en rendre compte. » Il se pense seul dans sa vérité, mais j'ai toujours été là, forcée de mieux le cacher. Le rôle de l'amoureux trahit lui a toujours collé à la peau, mais mon coeur qui bat trop fort, on l'oublie. J'ai juste réussi à bluffer, construire un semblant de vie. Est-ce que ça fait de moi la méchante du conte ? J'ai jamais voulu t'offrir cette pomme, et je voulais même pas ce rôle, moi. Mon rôle, mon beau rôle, c'était celui de la princesse qu'il fallait venir sauver. Mes mains remontent à son visage, l'encadre, plonge mes yeux dans les siens. C'est ici, que je me sens le mieux. Ses lèvres affligent une douce torture dans mon cou, ses mains font réagir l'ensemble du corps, qui d'un flash soudain, se souvient. "On.. on peut pas.." crois-le ou pas, c'était la chose la plus difficile à dire tant le corps ne demande que ça. "Faut que.. faut que je.. me sépare." la salive s'avale, la femme réalise. C'est soudain, ça brise le coeur, plante un couteau et le tourne sans cesse. "Jude." parce que ce sont des retours incessants, que ça n'aide personne, que ça gâche la vie de tous et surtout de celles des deux hommes. Les responsabilités, le bonheur, l'ambition, faut mettre de côté, tout ça. Penser à ceux que je blesse, qu'on blesse, rien qu'en soufflant contre nos peaux. Regarde comme t'a toujours eu raison. On bat à l'unisson.

On peut pas, faut que je me sépare, Jude ; succession logique, éternelle, refrain insupportable. « Change de prénom, juste une fois, pour rajouter un peu de suspens. » Que ça sort, le corps qui abandonne, qui s'fait balancer une vague glacée. Les lèvres brûlantes sont brûlées, le corps défaillant crie à la frustration, les nerfs s'agitent, et les mains quittent la peau, repoussent l'autre corps. Lâche-moi, arrête de me toucher, arrête de me donner pour tout me reprendre. C'est con, j'pensais que j'pouvais le supporter, que ça m'faisait plus rien. Mais le battant qui tambourine de rage, lui, n'a pas l'air d'accord. Jouer, on sait faire, sauf que ça n'est plus un jeu, quand les deux participants s’abîment. Personne gagne. Les lèvres sont amères, encore acidifiées de ton odeur. « On dirait un mauvais running gag. » Et j'suis l'abruti de l'histoire, qui pense toujours embarquer la princesse, et qui fini seul sur son trône, à torturer son peuple pour oublier ce qui se passe sous sa propre peau. Dans ces moments là, là, juste maintenant, j'ferai tout pour te l'arracher du crâne ton Jude. Je sortirai les lettres, l'une après l'autre, j'effacerai vos souvenirs et je nous mettrais partout. Je décaperai ta peau jusqu'à faire ressortir notre infini, je t'empêcherai de nous effacer, je te ferai monter dans cet avion, je changerai le nom de Riley, j'y apposerai le mien. Les silhouettes sont côte à côte, et le souffle retrouve seulement un rythme normal. Les billes sur le plafond, et le battant qui tente la normalité, à son tour. C'est pas gagné, il a du mal avec les montagnes russes le pauvre. Il s'use à force, ça le vieillit plus rapidement. « Faut que t'arrêtes de me faire ça. » Ca, tout ça. Venir et partir, et provoquer ça, là, sous la peau, faut que t'arrêtes. Tu te démerdes comme tu veux, mais faut que ça cesse, ça a assez duré, ça se compte en années.

« Change de prénom, juste une fois, pour rajouter un peu de suspens. » D'habitude, tu es celui qui est réveillé par le coeur, par l'instinct anti-destructeur. Mon tour vient et c'est toujours la même rengaine, les mêmes mots, les mêmes sons. J'ai jamais été fatiguée de toi, de ça, de nous, mais voilà que tu me repousses. Si on compte les points, celle-ci fait parti des très rares fois où c'est moi. « On dirait un mauvais running gag. » secoue la tête, "Arrête." parce que depuis le fond de mon coeur, ce n'est pas une blague. Une blague ne verse pas autant de sang, ne laisse pas autant d'épine se planter et se retirer à allure folle, frapper, détruire et casser. J'offre et je reprends, mais qu'est-ce que j'allais offrir, exactement ? Un nouveau bain de sang. Je me serais accroché pour mieux te relâcher au matin. J'en ai envie, j'en meurs d'envie, mais pas sans être complètement propre avant, aussi bien d'un côté comme de l'autre. J'offrirais toutes les parties de moi dès lors qu'elles ne seront pas marqué par un autre. Tu l'entends pas, toi, que j'arriverai dans ton royaume sans chaînes, bientôt. « Faut que t'arrêtes de me faire ça. » je sais. "Je suis désolée." et la main glisse sur l'avant bras, dessine des vagues en remontant à l'épaule, qui continuent, qui ne cessent pas. Des vagues légères, petites, poétiques, qui bientôt formeront une boucle reliant à une seconde, d'un même chiffre. Je sais que ça ne marche plus, je sais que c'est pas ça qui calmera, mais quand tes yeux sont au plafond, les miens sont sur toi. Les lèvres s'approchent et déposent un baiser sur l'épaule masculine, doux, tendre, amer. Laisse-nous ce soir, laisse nous cette nuit, dans le silence, dans le noir. Les jours prochains seront plus compliqués, pleins de douleurs. Les deux heros ont trop joués avec les personnages secondaires, ils ne méritent pas leur fin heureuse, alors profitons de cet instant de bonheur. Laisse moi dormir contre toi, ce soir. Laisse moi être l'enfant qui a peur du noir, qui se blottie dans tes bras, qui s'enfouie contre toi. Nos coeurs batterons d'un seul mouvement, d'une machine bien huilé, à base d'humains trompés, d'un amour à bout portant.

"Arrête." Arrêter, j'aimerai bien. Tu sais, juste savoir faire comme les autres, tourner les pages, regarder devant, faire les choix opportuns quand ils se présentent. Alors, tu me dis d'arrêter et moi j'te répondrai bien que j'essaye. Je fais que ça, essayer d'arrêter. Arrêter les regards qui se traînent, qui insistent, ou arrêter d'entendre ces quelques lettres qui forment un prénom gravé sur ton chemin. De l'anticiper. J'ai fini par le voir partout, même sur tes lèvres quand elles s'éloignent des miennes. Même quand c'est moi qui recule, quand j'ai peur de l'entendre susurré. Le refrain provoque la folie, ruine les espérances. A peine commence-t-on un nouveau complet, qu'on l'entends revenir à grandes enjambées, pour venir foutre mon solo en l'air. J'ai juste fini par arrêter d'écrire de nouvelles paroles. D'écrire tout court, puisque je ne sais écrire que sur toi. "Je suis désolée." Le corps encore bousculé, récupère quelques certitudes qui traînent là, un peu d'ego, se rhabille d'acier, remballe le cœur et ses battements. Il faut le calmer, ce pauvre battant qui s'énerve pour rien, s'anime dès que tu respires d'un peu trop près. Il faut l'apaiser, cet organe qui se tord dans tous les sens, quand tu passes la porte pour cette vie trop réelle qu'est la tienne. Mes bras n'offrent que des perspectives inaccessibles, des paysages qu'on feuillette sans s'attarder. Et tu traces le chiffre, de ces points qui se courent après, qui tracent des traits, des courbes, qui se poursuivent à l'infini. On arrive jamais à se trouver. C'est toujours toi qui avance pas assez, ou moi qui recule. Y en a toujours un pour partir. Part pas, pas cette fois. Te capture dans l'excès de douceur, te coince à ta place, juste contre mon corps. « Reste avec moi cette nuit. » J'ai le droit à ça, à la quiétude d'après adrénaline, au sommeil d'après secousses. J'ai le droit au soleil qui empli la pièce, qui dévoile tes traits endormis, et mes prunelles qui n'osaient abattre leurs paupières, de peur que tu te barres entre deux battements. T'as le droit à ton départ, et à ma carcasse qui reste. Peut-être même que je feindrais l'enlacement à Morphée, pour nous éviter de prononcer à voix haute ce point à notre pause. On fera comme si on y croyait, à notre fin heureuse.

FIN