VICTORIA SAMUEL ► Sabrina Carpenter

caractèrevictoria, vicky pour les intimes, c’est avant tout la personne la plus loyale qui puisse exister sur cette planète. quand elle s’investit pour quelqu’un, c’est à vie. et jamais, jamais, elle n’ira dans le sens inverse. c’est sûrement pour cette raison que malgré vee et ses problèmes, vee et son comportement, elle est toujours restée à côté, sans broncher. planter des couteaux dans le dos ? très peu pour elle. mais c’est aussi la gosse avec une rancune plus que tenace. elle pardonne mais n’oublie pas. et puisqu’elle n’oublie pas, il faut s’attendre à prendre les piques qu’elle lance à tout moment dans la journée. vicky, elle est aussi terriblement sociale. elle noue des liens comme on dit bonjour le matin. avec une facilité déconcertante. et c’est sûrement parce qu’elle est drôle à en pleurer, qu’elle peut faire de l’humour sur tout et n’importe quoi. puis aussi parce qu’elle est avenante, qu’elle sait prendre soin des autres et qu’elle est la première à tendre la main quand l’autre à besoin d’aide. victoria, c’est une explosion de facette. gosse de riche qui peut parfois se croire tout permis. elle a un caractère à en faire fuir plus d’un. elle tape des crises de nerfs gigantesque juste parce que son café comporte un gramme de sucre supplémentaire. elle a cette impulsivité qui lui colle à la peau. qui lui fera faire tout et n’importe quoi sans s’accorder le temps de la réflexion. pourtant, elle est intelligente victoria. elle ne serait pas à harvard dans le cas contraire. et c’est cette intelligence profonde qui lui ouvre bien des portes. vicky, elle bosse tout le temps. entre les deux verres de vin de la matinée, elle potasse ses bouquins en long large et travers juste pour s’assurer de rester dans le top trois de sa promo. mais être studieuse ne l’empêche clairement pas d’être présente à toutes les soirées. d’ailleurs, ce ne serait pas une soirée digne de ce nom si vicky n’y pointe pas le bout de son nez. et même si la blonde peut être la personne la plus compréhensive du monde, même si elle met un point d’honneur à protéger ceux qui lui sont cher (oui, vee en fait partie), elle peut aussi être une sacrée pain in the ass. parce que vicky, elle fait tout le temps la morale. trop comme ci, pas assez comme ça. victoria, elle a toujours raison dans tous les cas. et comme si ça ne suffisait pas, elle prends un malin plaisir à se rebeller contre tout. ce que l’on attends d’elle, ce qu’on lui demande, tout le temps. c’est à sa façon, pas comme on le lui impose. et hypothétiquement que ça cache un mal être ? parce que l’associer à sa jalousie bien trop pointue et on obtient une allumette au milieu d’une flaque d’essence. be careful.

admission à harvardn’est pas un samuel celui qui n’intègre pas harvard. c’est en grandissant dans ce genre de crédo que victoria a comprit très vite qu’elle n’aurait pas le choix. que c’était l’excellence qu’elle devait viser. tout le temps. une vie parfaite, un dossier parfait, un avenir tracé. c’est une vie dans l’exigence. toujours donner le meilleur de soi même. relever le niveau à chaque fois. un dossier parfait qui augmente ses chances. et si vee a le patinage artistique, victoria a la gymnastique. passion qu’elle a déployé au fur et à mesure des années. sport qu’elle est bien contente de ne pas partager avec cruella. les SATS ? un jeu d’enfant. un score presque parfait. l’essai ? une blague glissée entre deux cigarettes. victoria rédige d’une facilité déconcertante. et si vee semble partir sur quelque chose de sérieux, vicky, elle, y met du personnel. elle parle de la difficulté d’être deux, de son envie de se démarquer. d’être une personne à part entière et non le reflet d’une personnalité écrasante qui ne cesse de vouloir entrer en compétition. résultat ? validé. ne reste plus que l’entretien. entretien qu’elle aborde avec un sourire, une moue de gosse charmante, une élocution qui impressionne et une facilité déconcertante. elle fait des plaisanteries, discute de tout, réponds à tout sans la moindre gêne et sors en sachant d’avance qu’il n’y a pas de place pour l’échec. harvard ? here i come.

story of my lifealors ? la voix du géniteur qui s’élève dans le gigantesque salon de la demeure familiale et vee qui répond immédiatement. j’ai encore gagné. elle appuie sur le encore et moi, je roule des yeux. encore. parce que vee, elle fait une compétition de tout. celle qui aura la meilleure note, celle qui remportera le plus de point, celle qui sera la plus jolie. ce qui est risible si on partait du principe que l’on était identique. alors même les jours de repos devenaient une pression constante. gagner, être la meilleure, prendre l’avalanche de critique si ce n’était pas le cas. tu devrais être un peu plus comme veerle. bien sûr. ça, c’était la phrase quotidienne. si elle n’était pas crachée au réveil, ça relevait de l’exploit. et je lève les yeux au ciel, esquisse une révérence hypocrite lâchant la raquette de tennis sur la moquette tout juste nettoyé. « désolée, ça doit être le rail de coke de ce matin qui me fait planer. » qu’on soit clair, je ne touche pas à ça. mais le regard offusqué de papa, c’est la meilleure chose au monde. et je virevolte, emprunte le grand escalier, monte les escaliers quatre à quatre prenant un malin plaisir à faire claquer la porte de ma chambre. chambre où l’on frappe quelques secondes plus tard. une mère concernée qui vient s’asseoir sur le bord du lit baldaquin, les lèvres légèrement pincées avant de tapoter ses genoux. genoux où je me pose ma tête, lâchant un soupir significatif de mon agacement. « ils sont insupportables. » et pour toute réponse, j’ai sa main qui caresse doucement mes cheveux, geste suffisant à apaiser le feu brûlant à l’intérieur.

veerle, elle a probablement besoin d’écraser les autres pour exister. c’est ce que je me répète à chaque fois que je ressent l’envie de lui arracher les cheveux. et quand on sort de la voiture hors de prix, quand les regards se posent sur nous, je peux d’avance savoir ce qui se dit. la prestance de vee et la pâle copie victoria. mais j’ai pas besoin d’annihiler les autres pour montrer ma présence. j’ai pas besoin de cracher mon venin. mais vee, elle prouve qu’elle va toujours plus loin. que quand on pense que ça ne peut pas être pire, elle arrive à attaquer toujours plus fort. deux mille douze. dix-sept ans, une beauté ravageuse mais une personnalité peut être un peu plus en retrait. c’est difficile d’exister en tant que personne quand veerle est dans le coin. mais y a andre. andre et ses beaux yeux. andre qui me fait craquer d’un sourire. les jeux de regards, la fébrilité qui m’envahit quand il est dans le coin et cette fâcheuse manie de me mettre à rêvasser à toutes heures de la journée. un coup de coeur, un crush, des sentiments qui prennent le contrôle sans que je ne trouve le courage d’y aller. j’attends le bon moment. bon moment qui disparait à la seconde ou vee y va. elle le charme en quelques battements de paupières, trois sourires aussi faux que la relation que l’on aborde. et andre, il coule pour elle en même temps que je coule intérieurement. ultime trahison. parce qu’elle sait vee. elle sait à quel point je pouvais être éprise de lui. mais elle s’en fiche, elle me donne une énième leçon de vie comme si elle pouvait se permettre n’importe quoi sans avoir le retour du bâton. vee est une garce,  y a rien qui changera ça.

et c’est sûrement ce qui provoque l’entièreté de mes problèmes. c’est dans le sport que je noie chacun de mes problèmes. c’est en passant des heures au gymnase à faire souffrir la moindre de mes articulations que j’espère pouvoir passer à autre chose, oublier. et quand ça s’annonce peu concluant, j’emprunte le monde de la nuit. les soirées à n’en plus finir, faire le mur tard le soir, revenir au petit matin. boire à m’y noyer, à oublier, à ne plus connaître mon prénom. c’est une souffrance sans nom qui tourne en boucle dans ma tête et que je lâche pourtant quand les premiers signaux de détresse apparaisse. la loyauté me tuera un jour mais c’est vee qui sombre et malgré la colère, j’y prête attention. j’écoute, j’analyse. andre il a des comportements étranges, andre il est oppressant. andre il fait peur et vee, elle disparait peu à peu. moi, je reste au milieu, j’essaie de comprendre, d’agir, de trouver des solutions. alors je m’arme de courage et entre dans le tas. je sais qu’il l’a touché. qu’il a levé la main sur elle et qu’elle a juste trop de fierté pour l’avouer. mais personne ne touche à vee, personne. surtout pas lui. je lui fais face, j’hurle de tout, le menace, laisse la colère exploser mais y a rien qui fonctionne. il me rit au visage, m’envoie balader comme si je ne représentait qu’un grain de sable dans le sahara. « ça suffit vee, tu viens avec moi. » t’es pas apte à gérer tout ça, tu le vois bien. alors poser plainte c’est la seule solution que je vois. je me fous que tu veuilles pas, je te laisse pas le choix. « t’attends quoi ? d’être six pieds sous terre ? »

la plainte est posée et pourtant, l'enfer continue. andre, il est là tout le temps. dans les couloirs, au détour d'une rue. l'ombre à la fenêtre. il menace, violente, détruit tout ce qu'il touche et c'est d'un accord commun qu'on finit par en parler. ça ne peux plus durer. une ordonnance restrictive et un nouveau départ qui s'annonce. un dernier voyage puis harvard. loin de tout ça. l'occasion de recommencer à zéro, de vivre pour de vrai. mais vee, elle apprends jamais. elle reste la même. écraser les autres c'est son mode de fonctionnement. et comme toujours, je suis la première à en faire les frais. jusqu'au court où ça explosera pour de bon.