Candyjar - Alexis

Dans le sombre de la nuit, tu perçois ces prémices de printemps. Bientôt, tout sera comme avant. Tout ce bordel sera de l'histoire ancienne, et t'auras plus peur de t'offrir au sommeil. Pour le moment, t'as trop d'alcool dans les veines et trop de drogue également. T'es bien, tu planes, iris empiétant sur le sombre de tes prunelles à force de dilatation. Tu te crames Maverick et t'es trop faible pour protester. Y'a que comme ça que tu oublies et là ton humeur est juste au beau fixe. Tu te marres avec quelques potes, un peu trop fort, un peu trop tout court. Ce joint qui vient enflammer le charnu de tes lèvres ne fait qu'amonceler un surplus de poison. Tu la repères pas tout de suite l'amazone aux cheveux d'ébène et à la peau hâlée, tu repères pas le défi qui anime son regard assuré, ni même cette classe de ceux que possèdent les hauts placés. T'es juste là à te marrer comme un con, ne sachant pas encore quel sorte de défi, elle va t'inciter à relever.

Le trop se conjugue à plusieurs temps. Sous la peau d'Alexis, c'est trop. Ca boue, ça se tourmente, les questions se bousculent tellement qu'elle est obligée de les délier à l'alcool, à force de cocktails, tous plus colorés les uns que les autres. Ils sont jolis, alors, ça peut qu'être bon, non ? Mais si regardez, elle arrête de s'inquiéter de demain, elle cesse de craindre de tout faire foirer, quand ses pieds sont débarrassés de ses talons, qu'ils finissent au bout de ses doigts, l'autre main qui courre sur l'épaule d'un grand machin. C'était peut-être pas la meilleure idée, de se lester de dix centimètres. Ils manquent, là, quand elle doit lever son regard vers l'homme. Toi, t'es la personne parfaite, j'en suis persuadée. La personne qu'on se félicite, ou qu'on regrette ; pile ou face. Y a des bières, y a pleins de trucs près de toi, et moi tu vois, j'ai rien dans les mains. Rien qui s'boit, en tout cas. Arme ses lèvres d'un fin sourire, plus innocent qu'elle ne l'est. « T'as à boire, pour moi ? » De l'assurance de la femme qui n'a jamais accepté le non, qui mord quand on la contredit. Qui mord même quand on est d'accord.

Petits doigts sur ton bras trop grands, tu crois à une bête et tu t'apprêtes à la chasser machinalement. Mais non. Ce sont des doigts. Et pas n'importe lesquels. Canon la jeune femme. Bien trop classe pour le déjanté que tu es. Tes sourcils se haussent mais le sourire s'agrandit. T'es gentil toi Maverick et dévoué. « T'aimes les parasols ? » Question existentielle pour une amitié alcoolique avec toi. Tu lui tends un cocktail acidulé et armé du petit accessoire au top de la tendance d'années trop poussiéreuses pour en parler. La beauté de la nostalgie Maverick. « Santé ! » que tu dis en prenant un shot entre tes doigts avant de l'avaler cul sec. T'es passé aux choses sérieuses depuis longtemps pour ta part.

On parle cocktail, on parle parasol, on parle d'une mode dépassée, et Lex, elle retient ses commentaires derrière ses lèvres rieuses. C'est pas le moment demoiselle, t'as décidé d'une cible, et c'est pas un mauvais goût conséquent en matière de décoration de boisson qui doit te faire renoncer. « Je préfère les bonbons. » D'ailleurs, attrape un paquet qui traîne, un mélange de bonbons acidulés ; parfait. En coince un entre ses dents et tire dessus, pour faire exploser sa bouche. Avant de s'attaquer à un second, lève son verre devant l'homme. « Au Spring Break ! » Absorbe deux-trois gorgées de son cocktail, et le laisse finir de noyer son sang. S'approche, un peu, et lui rempli à nouveau son verre. « Dit, tu me parles de toi ? » J'ai choisi le plus déluré, celui qui se rappellera pas que j'lui demande des trucs étranges, demain, celui qui se formalisera pas que j'oublie les présentations, les politesses.

Elle a rien à avoir avec toi. Suffit de vous regarder, c'est risible en fait. Mais tu te prêtes à penser qu'elle est aussi barrée que toi tu peux l'être lorsqu'elle te dit préférer les bonbons. Etrange la meuf. Tu te contentes de hôcher de la tête, elle fait ce qu'elle veut après tout et puis elle veut bien boire de ton cocktail alors ça te va. « C'est bon pas vrai ? » que tu demandes en te marrant doucement. Tu sais ces jus de fruits dont on ne sent pas le goût d'alcool. Moi je ne sens plus rien depuis longtemps. Elle te demande de parler de toi mais clairement elle en a rien à foutre et toi non plus d'ailleurs. « Ok, en fait je suis un super héros mais c'est un secret. Et toi ? » Alliée, méchante de l'histoire ? Espionne ? Va savoir. Juste histoire de s'amuser.

Les genx normaux l'ennuient ; en réalité, le monde en général l'ennui, si l'on oublie certaines entités qui sortent du lot. Qui se parent de glace, ou qui soufflent le brûlant. Qui vous marquent, le corps et ce qu'il y a sous la peau. Toi, t'es pas tiède, et tu transpires l’extrême. Le truc qui j'évite, en général, qui gesticule trop, parle trop, prend beaucoup trop de place. « C'est pas mal, c'est vrai. » Qu'elle se contente de répliquer, un fin sourire aux lèvres. N'importe, j'te répondrais ce que tu veux, pourvu que tu restes un peu, que j'accomplisse ma mission stupide. Et, que je m'amuse un peu, aussi. C'est pas que j'ai jamais voulu d'une vie normale, c'est elle qui m'a foutu dehors, un couteau dans le ventre. J'ai juste appris à pas insister avec ce qui visiblement, n'est pas compatible. « Han nooon ! » Qu'elle joue l'ingénue, en fait trois tonnes. « Tais-toi, faut pas que tu me le dises ! » Une poignée de bonbons acidulés, plaquée contre les lèvres masculines. « Parce que moi aussi j'ai un secret, et du coup j'vais être obligée de te le dire. » Etre une enfant, avec quinze ans de retard.

Elle s'est perdue la Reine là. Dans ton univers barré et psychédélique. Elle contraste mais ça lui va bien finalement, ta nuance de folie. Sérieux qui s'assume, rêves aux phalanges. Un beau mélange. « Attends d'être au troisième. » le clin d'oeil accompagne les paroles. On les aime toujours plus mes cocktails sous l'excès. Et parfois c'est bon de régresser non ? Toi t'en sais rien Mav', t'as jamais grandit. Et une poignée de bonbons vient se plaquer contre tes lèvres, t'ouvres la bouche grand, les prend dans le four qui te sert de bouche. Parce que toi et la bouffe. Mariage pour l'éternité du Christ. Amen. « Oh putain j'en étais sûr, t'es trop bonn.. euh belle pour mes cocktails parasols. Dis-moi tout. » Tu rigoles comme le doux dingue que tu es , mais c'est discret. Parce que chut. Secret top défense. « C'est pas empoisonné au moins ? » que tu demandes entre deux bouchées. Trop tard de toute façon.

A force de se parer de retenue, Lex en oublierait presque que danser sur les bars, fait partie de ses capacités. Que rire trop fort, qu'oublier les protocoles, les règles tacites de ce nouveau duo formé, c'est dans ses veines. Tu es plus belle en  papillon qu'en chrysalide. Expose tes couleurs, charme ton monde, juste pour le plaisir de sentir le regard s'écouler sur ta peau, en détailler chaque trait, et fantasmer le reste. Tu n'existes que pour être désirée. « Au premier qui s'effondre. » Qu'elle provoque, vidant de quelques gorgées la moitié de son cocktail, sans quitter la paille de ses lèvres. Et vient les secrets, le conte où on est le héro de personne. L'histoire où la reine se hisse jusqu'à l'oreille de l'homme, confortablement installée contre la grande carcasse, s'imposant. Chez elle, c'est partout où elle le décide. « Je suis une chasseuse de super héros. Je suis venue sur Terre pour tous vous éradiquer. » Siffle la délicieuse menaçante, attrapant une nouvelle poignée de bonbons, dont elle gave l'homme une seconde fois.  « Mâche bien. » Ses doigts sur la mâchoire masculine, ses lèvres déchirées en un sourire quasi flippant.

Tu l'aimes bien cette nana, elle a de l'aplomb, elle a de la classe, et elle ne se laisse pas démonter. D'ailleurs, elle a plutôt une bonne descente et u l'as peut-être un peu sous-estimer. Tu la regardes cette lueur déjantée au fond des prunelles, du mec un peu fou mais pas méchant pour un sou. Et elle te confie être une chasseuse de super-héros tandis que tu mâches ses bonbons sans doute empoisonnés pour le coup. « Laisse-moi deviner, tu veux détruire la terre. » que tu lances entre deux bouchées. Tu te fais pensif alors que t'avales les derniers avant de provoquer à ton tour. « T'as pas des trucs plus piquants ? » Parce que tu préfères l'extrême vois-tu. Et là c'est juste un peu trop doux.

Peur de rien, même de ce qui devrait la faire hurler. Elle aime l'inconstance, elle aime voir les choses dérailler, les accidents, voir le chaos se plonger sur une ville tranquille. Le malheur la réconforte, ça lui montre juste qu'elle appartient bien à ce monde là, que tout est aussi moche à l'extérieur, que son intérieur. « La terre ? » Un rire, et ses doigts se perdent dans les cheveux aussi fous que l'homme. « Non, juste les hommes. » La terre, moi je l'aime bien, je la préfère même quand elle est vide. J'pourrai en être la seule habitante, ça me va. Vous autres, êtes bien trop décevants. « Tiens, avale encore ceux-là. » Que j'te refourgue, directive, te les plaquant contre l'ouverture, pour la troisième fois. Défi, check. Te laisse digérer tout ça, et présente le dernier, cette espèce de langue de chat acide, là, juste à l'orée de ta bouche. Te laisse la capturer de tes lèvres, et vient attraper l'autre couleur de mes dents, pour plus de piquant, parait-il.