Hold on to me ‡ Abelard

Tu viens retirer ta main de la sienne parce que tu sais que tu as déjà franchi une limite quelque part. Il veut que tu te tiennes à distance et t'es entrain silencieusement d'en crever, mais tu le respectes. Sans doute un peu trop. Abelard te pousse à cette inclination qu'aucun autre ne pourrait exiger de ta part. Mais si tu es l'obscur, il est cette autre facette solide qui te pousse à tenir. Alors , tu respectes sa demande et t'éloigne malgré toi. La réalité est ainsi, amère, abrupte. Ces attentats vous ont éloigné plus que tu ne l'aurais pensé. Ce même stigmate sur vos peaux trahit la fracture entre vous. Mais c'est Abelard qui s'éloigne du monde et non seulement de toi. Il t'apprend que les personnes qui l'accompagnaient sont mortes et un frisson traverse violemment ta colonne. Tu n'en montres rien toutefois sinon tes phalanges qui viennent se tordre silencieusement. Il a échappé au pire et tu ne peux pas penser à ça. « La moindre des choses oui. » que tu rétorques ton regard balayant le sol. Sans doute que ces hommes n'avaient pas la vie de famille idéale, sans doute qu'ils étaient aussi seuls que vous. Tu l'espères quelque part. Parce que le Roi n'a pas besoin d'un fardeau de plus. Tes yeux se lèvent toutefois au plafond à sa réponse. Abelard, son sens pratique et son absence de sarcasme. Mais tes lèvres amorcent la naissance d'un sourire traîtreusement. Il a ce don pour toujours se penser au dessus du lot. Et il l'est quelque part mais sa condition le rappelle à votre commune, il est humain lui aussi et bien que solide, il mérite que certaines personnes s'inquiètent de son sort. Sa réponse, vient cueillir ton silence alors que tes prunelles se rappellent aux siennes. Tu l'observes doucement, abîmé, écorché, mais digne. « Pour cette fois oui, mais si ça avait été différent ? » Tes sourcils se froncent et cette tristesse mêlée de colère te gagne. Tu ne comprends pas, tu te doutes que ce qu'il cherche est important. Mais au point de le mettre autant en danger ? Alors tu lui demandes si il a besoin d'autre chose, mais il ne te répond pas. Juste cet instant étrange entre vous. Incapable qu'il est de te parler alors que tu as parcouru le globe. Mais tu n'es pas celle qui l’assaillira de questions et c'est peut-être pour cette simple raison que son choix s'est porté sur ta personne. « Je suppose que tu as besoin de te reposer. » dis-tu avant de te relever. Tes phalanges viennent se poser sur la joue du Roi. Simplement inconsciente ou trop téméraire pour lever un interdit de plus. Les doigts descendent à l'épaule avant de se retirer doucement. « Tu as besoin que je reste encore un peu ? » Parce que tu ne t'imposeras pas. Mais tu peux parfaitement rester dans l'ombre si c'est ce qu'il veut.

C'est un peu comme le jeu du mensonge. Celui qui tiendra le plus longtemps avec toutes ces histoires, avec toutes ces cachoteries. Le plus difficile quand on joue dans ce jeu là c'est d'en sortir. Parce qu'un mensonge en devient un autre et on s'embourbe peu a peu dans un bain de boue qui n'a rien de beau c'est comme des sables mouvants qui cherchent a manger la vérité et tous ce qu'il reste d'elle. T'as cette impression que si tu parles tu ne pourras jamais le revoir alors tu supportes. Tu serres les dents et tu es si près du but en même temps... Tu es a quelques mètres de la vérité, a quelques mètres de le retrouver et tu attends ce jour finalement. Ce jour où le petit prince reprendra sa place dans vos vies. Tu as le corps meurtris, le corps abimé par les coups du sort comme si la foudre t'avait touché parce que tu étais trop près. Tu regardes autour de toi les gens sans pour autant distinguer le vraie du faux et tu finis par l'appeler. Lui demander de venir pour simplement ... être là avec toi ? Tu ne laches rien, tu restes en position de défense tu ne craches rien tu es énigmatique comme toujours parce que tu es connu pour ça. Tu finis par parler de ces hommes morts pour ta liberté et ta vie. Une vie n'a pas de prix il parait. Mais au moins ils ne seront pas morts en vain. oui ta reconnaissance est la moindre des choses tu ne cracheras pas sur des cadavres. Tu finis par la laisser s'approcher davantage. Elle s'inquiete tu le vois dans ses yeux mais rien ne peut changer ca pas vraie ? Parfois la mort est la seule issue acceptable tu sais. oui tu es réaliste la mort n'est pas toujours la solution mais elle peut et mourir pour sa cause ce n'est pas ça la liberté ? Tu ne soutiendras jamais toutes les causes il faut le dire, surtout pas quand cela vient des extrémistes qui l'ont apparemment embarqués la dedans mais ... tu préfères encore quelqu'un qui se batte pour ses idées que quelqu'un qui s'incline. Ta belle est énervée et tu la laisses s'agacer intérieurement tant que ce n'est pas trop bruyant pour te perturber. Elle finit par supposer que tu doives te reposer et tes yeux alors divagants dans le vide se posent sur elle. Reste encore un peu s'il te plais. oui. Là maintenant tu ne veux pas être seul.

Tu ne peux que deviner ce par quoi il est passé. Tu ne peux qu'émettre des suppositions à voir ainsi son corps malmené, à entre sa voix qui prend plus de distance encore. Il ne peut pas te parler de sa quête parce que tu l'imagines sensible, sans doute. Et tu respectes son choix. Les hommes qui l'accompagnaient y ont perdu la vie. Tu le regardes alors qu'il t'explique qu'ils ne sont pas morts en vain. Peut-être qu'il a trouvé un peu de ce qu'il cherchait dans ce cas. Peut-être que tout espoir n'est pas vain. Et il t'apprend que parfois la mort est la seule échappatoire. Tu y crois toi aussi, de défendre une cause qu'importe ce qu'elle en coûte. Tu y plongerais également de ton plein gré, si tu jugeais que l'importance de la quête en soit digne. « Je sais oui. » que tu rétorques doucement. Tes yeux errant dans un silence pesant vers la fenêtre. Parce que c'est compliqué de dire ce que vous taisez, de mettre des mots sur ce qui se passe là au fond de vous. Tu imagines qu'il a besoin de repos, qu'après le chaos on recherche un semblant de calme. Alors tu lui proposes, de le laisser à sa solitude, de le laisser seul pour apaiser ses tourments. Et l'errance de vos regards se rencontrent à nouveau alors que sa voix vient résonner entre ces murs anonymes et blancs. « Ce que tu voudras. » que tu rétorques en ne le quittant pas cette fois. Parce que tu es son ombre et qu'il est la tienne. C'est singulier, étrange, froid de prime abord, mais c'est bien là. T'aimerais qu'il te promette qu'il ne t'abandonnera pas, que sa cause ne sera pas suffisamment folle pour qu'il s'y noie entièrement, qu'il restera toujours là. Mais tu n'es pas de ces ingénues, encore moins de ces fébriles qui se donnent en spectacle, ressassant leurs sentiments. Pas avec lui. « Je suis soulagée que tu sois là. » que tu dis finalement. Et il en comprendra l'importance de tes mots, il en saisira la puissance parce que vous n'avez pas besoin de tout l'enrobage qu'utilisent les gens habituellement. Tu te relèves finalement pour t'asseoir sur le fauteuil à côté de lui. Tu autorises ton dos à se plaquer au dos du meuble, trouvant un semblant de repos alors que tes nerfs étaient à vif, dans le silence, tu t'apaises et t'as cette impression qu'il s'apaise avec toi.