The world is a few drinks behind me || Maddox & Alan

Un verre, puis un deuxième, puis trois, quatre… Tu finis finalement par perdre le compte, parce que le nombre de verres, ou même de bouteilles, que tu t’enverras dans le gosier ce soir t’importe peu. Le plus important, c’est de pouvoir rentrer chez toi sans penser à cette nouvelle déconvenue amoureuse dont tu es la victime. C’est ça l’amour ? Une émotion grandissante dans son coeur qui est irrémédiablement amener à se consumer en l’espace d’une vision, d’un aveu qui réduira le peu d’espoir restant en miette ? Si c’est le cas, Aphrodite et Cupidon sont des gros sadiques… Je sais que j’aurais le droit au petit sermon de la rouquine quand je rentrerais à la Mather House, si j’y rentre, mais c’est vraiment le cadet de mes soucis présentement. “Oh.”, appelles-tu la demoiselle derrière le bar qui ne bronche pas d’un pouce. “Oh !!!”, renchéris-tu, haussant grandement la voix de ce ton si caractéristique des mecs imbibés jusqu’à la moelle. Tu ne crois pas que tu devrais arrêter là pour ce soir Alan ? L’image de Rain embrassant un autre gars passant une nouvelle fois dans ton esprit te confirme que non. Jeune femme se retourne enfin vers toi et tu lui fais savoir: “Tu bouges ton p’tit cul pour me resservir ou je le fais moi même ?”. Il est amusant de se dire que la plupart des personnes te connaissant laissent entendre que tu es le mec le plus gentil qu’elles connaissent, parfois trop gentil même, mais qu’une fois l’alcool intoxiquant ton sang, tu te transformes en le plus gros connard de base Alan.

Ce soir, c'était l'Enfer au Nirvana. Grosse soirée en perspective, beaucoup de mondes dans la salle, une chaleur lourde et électrique se dégageant. J'avais chaud. Tellement chaud que je ne pouvais pas m'empêcher de faire, dès que je le pouvais, un aller-retour rapide dans le local à l'arrière du bar pour me rafraichir et boire un peu d'eau. Je l'imaginais même pas comment les filles faisaient pour danser et être aussi sexy alors que pour ma part, j'avais l'impression qu'on ne pouvait que ressentir que je trainais des pieds. Faut dire qu'il y a peu encore, j'avais du mal à marcher à cause des attentats et de la blessure que ceux-ci m'avaient infligé. Ce soir, même si ça ne se voyait pas forcement, il arrivait que je me mette à flancher tant la douleur à ma cuisse était insoutenable. Sans compter sur le type relou au bout du bar qui passer son temps à m'appeler comme si j'étais de la merde, la bouche si pâteuse que c'était à peine possible de le comprendre. Après avoir servie la dernière personne devant moi, j'allais à son niveau, le regard sombre, détestant ce genre de situation. « Tu bouges ton p’tit cul pour me resservir ou je le fais moi même ? » - « Tu as assez bu trouduc, va voir ailleurs » que je lui réponds sèchement. Il a cru qu'il pouvait faire ce qu'il voulait.

Tu le regretteras surement demain, tout cet alcool ingurgité sans la moindre modération te filera un un mal de crâne pas possible, mais il t’auras au moins permis d’oublier tes problèmes le temps de quelques heures, le temps d’une nuit. Ce que tu regretteras surtout, c’est ton comportement avec cette jeune femme à qui tu manques de respect. Ce n’est pas ton genre Alan, mais l’alcool change un homme, dévoile peut-être la vraie nature des gens. Alan le gentil est peut-être un gros connard au fond, on a tous un part sombre en nous il parait. “Qu’est que ça peut te foutre ce que je descends ?”, lachais-je d’un ton blasé. C’est vrai non ? Son boulot c’est juste de servir les gens et basta. Que je me mette mal ne devrait pas être son soucis. Et puis elle ne sait pas ce qui m’amène à me mettre une murge comme ça d’ailleurs, peut-être que j’en ai besoin pour me sentir mieux. “Allez fais pas ta p’tite coincée et ressers moi ma jolie !”, ajoutais-je en sortant un billet de ma poche que je pose sur le bar et fais glisser de son côté. Un simple petit extra pour sa conscience, tu pourras te payer un petit quelque chose pour oublier que tu as fait boire un mec en pleine déprime, je ne t’en voudrais pas.

C'était toujours délicat quand un client devenait lourd ou désobligeant. On savait rarement ce que l'on avait le droit de dire, jusqu'où on pouvait aller sous peine de se faire renvoyer. Puis, on ne savait pas non plus à quel moment on avait le droit de faire signe au videur même si généralement, ils arrivaient avant même qu'on ne dise quoi que ce soit. Le jeune homme en face de moi était bien alcoolisé et me parlait comme si j'étais de la merde. Je détestais réellement ce genre de comportement, qui aimait ça de toute façon ? Mon passé et vécu avec les hommes faisaient que j'étais toujours réticente pendant des échanges à vif comme ceux-ci. « Qu’est que ça peut te foutre ce que je descends ? » - « Je m'en cogne de la façon dont tu te rends pitoyable. J'ai surtout un problème avec la façon dont tu me parles » S'il m'avait sifflé, ça aurait été exactement la même chose. « Allez fais pas ta p’tite coincée et ressers moi ma jolie ! » Je fulminais en le voyant comme ça. Physiquement, il n'était pas aidé pour supporter l'alcool, il avait même pas la gueule pour insulter une fille. On dirait un gosse de quinze ans. « Tu as ta carte d'identité d'ailleurs ? Parce que si on me dit que tu as vingt-et-un ans, je ne le croirais pas » que je lui demandais en haussant les sourcils.