Les volutes de fumées s'échappent de sa bouche. Elle fume pas Scarlett, elle fumait pas, elle aime même pas ça, mais, la clope revient à ses lèvres, salissant la pureté de la vision. Tu vois Michelle, Tamsin, c'est ça aussi. C'est ça, quand ça s’éteint, quand elle a flingué les lampes, quand elle a tiré dans toutes les ampoules ; il fait noir, tout autour de toi, et tu te prends les murs. Quand elle a enjambé ta carcasse, qu'elle s'excuse, qu'elle le fait même bien, de t'arracher le cœur. Elle le fait avec talent, avec une certaine sensualité. T'as rien vu toi, tu te faisais bercer par son regard noir, t'avais la peau anesthésiée par ses doigts, t'as pas vu qu'elle tenait le battant trop fort, qu'elle le sortait, doucement, de ta poitrine. Maintenant, j'ai l'impression qu'on voit que ça, ce trou béant qui gâche ma peau diaphane. Alors, j'suis là, devant la Cabot House. J'suis là pour toi, j'ai appris ton prénom ce matin. C'est l'avantage des anciennes, et des roses bavardes. Je sais rien de vos pages, de votre histoire, je sais juste que j'vous ai vu, que j'ai perçu l'affection, tes gestes retenus mais désirés. Que j'me suis peut-être un peu reconnue, dans tes joues rosées. Je prédis la route, je prédis l'eau salée, alors, je m'infiltre entre deux pages, j'impose ma marque, je pose ma silhouette, à tes côtés, sur ce banc en face de la confrérie. C'est trop, cette longue veste, cette clope, et les lunettes de soleil qui masquent mes yeux fatigués. Je suis un mauvais film, à moi toute seule. Regarde son téléphone, attends un bon moment qui n'existe pas. Ne la regarde pas, l'autre. La suivante. Scar, elle a peur que tu sois trop belle, elle a peur des propres sursauts de son cœur, en imaginant celui d'elle, près du tien. Se pince les lèvres, les serrent trop fort, puis sort un son : « Michelle, c'est ça ? » Elles m'ont donné un surnom, un second prénom, j'sais pas trop, je m'en tiens au premier.
© LOYALS.
(Billie O'Malley)
Ô travers ☽ Au travers de l'humain, tu comprends des choses, controverse tes travers en vers et puis en prose. Découvre l'endroit et l'envers, analyse la chose, en comprenant tes travers viendra la métamorphose. Regardez-moi de travers, je prendrai la pose. Moi je les aime mes travers, donnez les vôtres, j'en ferai quelque-chose. ☽ zaho de sagazan