wanna play a game ? (john & caleb)

C’était ces instants-là, à la Kirkland, qui lui permettait de s’évader loin d’un foyer trop oppressant. Il était encore marqué des coups sur le visage et le corps d’une Lex bien trop abrupt dans ses gestes, mais bordel, c’était le cœur mortel de leur amour dévastateur. Entre les petits straps qui ornaient sa pommette saillantepour cacher la cicatrice, le cocard qui s’était dessiné sous l’œil bleu, ecchymose plutôt méchante parce que son médecin lui avait dit qu’il avait eu de la chance de ne pas perdre la vue, et sa lèvre qui avait triplé de volume, il avait une gueule de con, un vieux visage de boxeur tout droit sorti d’un vieux Balboa. Alors il était venu se réfugier dans les bras de béton de la maison qu’il affectionnait particulièrement pour ses vertues revigorantes. Il aimait partager ces instants avec ses camadardes, surtout face à un jeu un peu trop complexe qui… il était posé devant l’écran de la salle de jeux, Detroit : Become Human. Un choix cornélien s’offrait à lui (promis, pas d’spoil si tu n’y as pas joué.) et il restait la main suspendue entre la croix et le carré, moment de détente enfin. Roxanne en cours, Jane à la crèche, Alexis on-ne-sait-où, en congés, un cours d’ici une petite heure, du temps à tuer, la salle vide –bien trop rare. Il fronçait les sourcils alors, presque stressé, comme s’il jouait la vie d’une personne au palpitant battant.

Depuis que j'étais devenu bizut de la Kirkland House, je passais de plus en plus de temps dans leurs locaux. Pas seulement pour le bizutage, mais également parce que c'était un endroit plaisant où passer du temps, et non loin de l'université. J'y avais déjà fait quelques rencontres sympas. Puis, ça aide d'être très bon ami avec la Présidente pour connaître du monde. Aujourd'hui, je m'y étais rendu pour rendre un jeu que j'avais emprunté et torché en une nuit. Une fois le jeu rendu, je descendis les escaliers et entendis le son d'un jeu qui me semblait familier. Je pousse la porte de la salle de jeu, en général bondée, et y découvre un homme seul devant l'un des écrans. Detroit Become Human, le jeu était facilement reconnaissable. Le jeune homme était face à un choix cornélien. Je m'approchais donc. "Fais pas le con. J'ai regretté ce choix là pendant toute la suite du jeu." De quoi lui mettre encore plus la pression. Les jeux à choix, ce sont forcément les plus prenants. Ceux qui vont font réellement devenir acteur, qui vont laisse avoir un impact sur la suite des événements. En m'approchant, je remarque que le mec a une sale gueule. Enfin, qu'il est bien amoché. Soit il sortait d'une grosse bagarre, soit il avait raté plus d'une marche dans l'escalier.

Le feu et la glace. Vendre son âme au diable ou aux démons. Ce jeu vous rendait dingue et vous assomez complètement. Mais Caleb n’avait pas réussi à le lâcher, et c’était, pour lui, l’un des meilleurs jeux de la franchise Quantic Dream. Même s’il faut avoyer que Beyond : two souls était l’un de ses grands favoris. Une voix se fit entendre non loin de lui et il tourna la tête quand un bonhomme aux cheveux blonds lui conseilla de prendre le choix inverse de celui qu’il voulait faire. « T’es sur ? J’laisse la mère mourir pour sauver ma peau et celle de ma fille ? » C’était horrible parce que ça faisait écho à sa situation actuelle. Presque. Alors il choisit l’action du garçon, sûrement bizut vu qu’il vadrouillait dans les couloirs de la Kirkland. Alors après son choix, Caleb mit pause à son jeu pour l’accueillir. Il lui tendit le bras pour lui serrer la main. « T’es nouveau à la Kirk ? Bizut ? » Il était passé par là, lui aussi, il y a quelques temps. Et il était bien content que ça soit de l’histoire ancienne, à dire vrai. Il mouvait son corps comme il put vers le jeune qui se trouvait face à lui. Caleb se levait pour aller vers le petit frigidaire de la salle de jeu et il en sortit deux bières. Il en tendit une à son invité pour venir poser la sienne sur sa pommette, histoire d’apaiser la brûlure de sa plaie. Il poussa un soupir de plaisir et de soulagement, en retournant s’installer sur le canapé, la lumière bleue vive de l’écran en face d’eux. Habitude, Caleb n’avait même plus mal aux yeux en regardant l’écran lui brûler la rétine.

Je dois avouer que mon jeu favori made in Quantic Dream restera Heavy Rain. J'étais assez jeune que j'y avais joué à sa sortie et il avait un peu bouleversé ma vie de gamer. Le fait qu'on soit acteur, que chacun de nos choix influe sur le cours de l'histoire, que chacun de nos personnages puissent mourir. Puis cette fin. Non, vraiment, je plaçais ce jeu au top, malgré les critiques. Mais Detroit était un digne successeur. « T’es sur ? J’laisse la mère mourir pour sauver ma peau et celle de ma fille ? » J'hausse les épaules. "Oh, on est jamais sûr dans ce jeu." Je souris légèrement. "Mais que la Force soit avec toi." Il en aura besoin, pour la suite des aventures. Le défiguré mis le jeu en pause puis se leva pour me saluer. « T’es nouveau à la Kirk ? Bizut ? » J'acquiesce de la tête, la mouvant de bas en haut. "Yep. Je devrais l'être jusqu'au Spring Break." Puis après, j'serai un Kirk à temps plein. "Je m'appelle John." Complètement zappé de donner mon prénom. La base, quand même. Je le regarde le jeune homme se diriger vers le mini fridge pour en sortir deux bières. J'en prends une, l'ouvre pendant que mon interlocuteur place la sienne sur son visage. "Mauvaise chute dans l'escalier, je suppose ?" On y croit.

Caleb fait ensuite claquer sa bière contre celle du prénommé John, en souriant et en hochant la tête quand il dit l’être jusqu’au SB. Il finit par éteindre la console, jouera peut-être un peu plus tard à Detroit : Become Human. « Caleb Edelstein. » Et il boit une bonne gorgée de bière histoire de s'anesthésier la gorge d’un froid qui lui faisait du bien à tout le visage. Il récupère les quelques gouttes qui perlent sur ses lèvres et il se met à rire bêtement quand à la supposition du bizut John. « Oh, si j’te dis que c’est une nana qui m’a fait ça, j’passe pour un blaireau ? » S’il voyait Alexis… Elle aussi était bien amoché, une gueule à faire flipper, à croire qu’on l’avait tabassé. Mais concrètement, il y avait une part de vérité, même si la fin des événements avaient suggéré bien plus qu’un simple match de boxe, à mains nues, comme l’avait voulu la boxeuse. Elle s’était amusé à jouer de ses charmes pour l’atteindre à tous les endroits sensibles. Son palpitant en priorité.

Nos bières se touchent avant que j'annonce mon identité puis approche la mienne à mes lèvres. « Caleb Edelstein. » J'arque un sourcil. Caleb ? Ce prénom me dit quelque chose. Je réfléchis un instant. « Oh, si j’te dis que c’est une nana qui m’a fait ça, j’passe pour un blaireau ? » Mes yeux s'écarquillent ensuite légèrement. Les paroles d'Alexis me reviennent alors en tête comme un boomerang. Un certain Caleb, de la Kirkland House, avec une gueule amochée. Ouais, le portrait pouvait difficilement coller mieux à quelqu'un d'autre là. Je le regarde de bas en haut puis lâche un léger rire. "Je vois.." J'hausse les épaules. "Cette nana. Elle ne s'appellerait pas Alexis, par hasard ?" J'aurai pu continuer à faire semblant de rien comprendre. Essayer de savoir qui t'étais, au fond, sans amener le sujet Alexis sur la table. Sauf que j'savais qui t'étais. Du moins, j'en savais assez et m'en contentais très bien. Cependant y'avait peu de chances pour qu'Alexis ne t'ait parlé de moi. Alors, j'avais l'avantage. J'cherche à devenir acteur, alors mentir, ou faire semblant d'être quelqu'un d'autre, c'est mon truc.

Le changement de ce John change brusquement, tout de suite un peu plus en retrait mais rien de bien fou. Caleb ne s’en alarmait pas et haussait les épaules. Il finit par s’étaler un peu plus dans le canapé de sa maison et fronçait le nez quand il sentit une douleur venir l’attaquer sur la tempe. Elle avait bien trop de poigne, cette femme. Moins de force, mais elle piquait. Très fort. Puis le prénom de sa guerrière sortit des lèvres de John et le sourcil viable se releva, étonné. « Elle-même. » Rien de plus, il était juste surpris. L’université était peut-être grande, il n’était pas impossible qu’ils se connaissent, mais ce ton un peu trop certain rendait Caleb trop sceptique. Ils se connaissaient. Et c’était peut-être la jalousie mal placée de Caleb qui parlait mais il était intrigué dorénavant. Trop, même.

Alors c'était donc lui. Le mec pour qui craquait Alexis. Enfin, à ce que j'avais compris. J'dois avouer que mes oreilles commencent à bourdonner lorsqu'elle commence à me parler de l'intérêt qu'elle peut porter à quelqu'un d'autre. Elle m'avait même dit récemment qu'ils avaient remis le couvert juste après une session de boxe. Quand j'vois l'état de Caleb, je m'imagine celui dans lequel elle doit être aussi. « Elle-même. » Il valide ma pensée, mais je n'en avais pas vraiment besoin. Je souris légèrement, prend quelques gorgées de ma bière. "Et elle t'as mis dans cet état ? Elle est toute menue.." J'vois mal comment c'est possible, sauf s'il s'est un peu laissé faire. J'savais qu'Alexis était une tigresse, mais je pensais pas qu'elle était capable d'amocher quelqu'un comme ça.

Il s’impatientait du Spring Break, le Caleb, parce qu’il savait qu’il allait approfondir sa relation avec Alexis, plus ou moins, mais sans savoir ce qui allait concrètement se passer. Pour autant, si John posait ces questions, c’est qu’il ne savait pas la capacité d’Alexis à boxer comme elle le fait. Elle méritait même de faire des championnats, elle s'entrainait avec Caleb depuis un moment et elle avait une agilité que son corps de boxeur poids lourds n’avait pas. « Ca fait un moment qu’elle boxe et puis… elle a réclamé sans les gants. Elle est agile. » Et sur la fin, il l’avait laissé faire parce que ses défenses s’étaient effondré au moment où il avait réalisé qu’il ne l’avait pas en rage, mais à l’inverse, qu’il crevait pour elle. « Tu la connais ? » Curiosité jalouse.

J'ai apparemment éveillé la curiosité du jeune homme en parlant d'Alexis. En même temps, je n'en attendais pas moins. Alexis n'est pas le genre à laisser indifférent qui que ce soit. De plus, il y avait clairement quelque chose de louche entre ces deux là. Ça ne me plaisait pas, d'ailleurs, mais j'avais promis à Alexis que je la laissais gérer cette affaire, sans intervenir. J'sais pas combien de temps j'allais pouvoir encore tenir, mais j'pense en avoir encore pas mal sous le pied. « Ca fait un moment qu’elle boxe et puis… elle a réclamé sans les gants. Elle est agile. » J'arque un sourcil. De la boxe avec une nana, sans les gants ? Il a un grain. Ils ont un grain, en fait. « Tu la connais ? » J'hausse les épaules, bois une nouvelle gorgée de ma bière. "Ouais.." J'prend place sur un fauteuil non loin. "Mais je connais beaucoup de monde." J'préfère sous-entendre que y'a rien de plus. Ce ne sont pas mes affaires, tant que j'aurai pas décidé de foutre mon nez dedans.