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lola jette son téléphone avec dégoût. son feed instagram l’a accablé encore plus que le joint qu’elle a écrasé il y a vingt minutes. elle n’arrive pas à croire qu’elle manque l’occasion de parader elle aussi sur les réseaux sociaux pour la saint-valentin. stupide fête de stupides amoureux. aujourd’hui, lola n’est amoureuse de personne. elle pourrait l’être dans quelques jours, mais il sera alors trop tard, et ses photos ne seront que des déclarations mielleuses. la tête cachée sous un coussin, elle étouffe son hurlement. elle n’ose pas retourner sur tinder depuis la dernière tête qu’elle y a croisé, et son répertoire de booty call est obsolète ce soir. ses copines sont absentes, probablement en train de se faire couvrir de cadeaux par leurs boytoys - ou leurs sugar daddies, allez savoir. lola est là, à fixer le plafond, ses jambes interminables jetées au dessus du canapé. sans s’en rendre compte tout de suite, elle se met à pleurer. une larme, puis une autre, et bientôt, elle sanglote comme une petite fille, en serrant son coussin dans les bras. seule et complètement défoncée, c’est pas joli à poster sur instagram. puis, après avoir écouté le nouveau single d’ariana au moins vingt fois, elle trouve son chemin vers sa penderie et revêt un de ses plus jolis ensembles de lingerie. quel gâchis. elle mérite bien que quelqu’un d’autre le lui enlève ce soir.
heureusement, y a du champagne au frigo. ça lui en prend, des verres, pour avoir enfin la tête qui tourne. mais elle y arrive. une lola bourrée, qui sent la beuh, à rire comme une folle dans son body en dentelle rose. soudainement, tout est plus brillant, plus excitant, comme si des filtres snapchats s’étaient ancré dans ses pupilles. c’est la saint-valentin, et lola est tellement canon ce soir que quelqu’un a intérêt à s’en rendre compte. et si ce n’est pas le cas, elle le mettra devant leurs yeux.
et c’est ainsi que, à moitié saoule et les pupilles dilatées, elle prend son selfie sulfureux dans la glace du salon. son répertoire l’ayant déjà déçue, elle s’aventure sur facebook, et tapote un visage qui n’a rien de familier. peu importe. c’est marqué ‘harvard’, alors ils sont dans le coin.
‘i like ur face. come over’. boom, sent.
lola est très fière d’elle. les mauvaises décisions, ça la connait.
2981 12289 0 (Invité)
La Saint-Valentin. J'crois que c'est une journée que j'ai jamais vraiment fêté. Même quand j'étais en couple durant cette période, j'ai ptêt fait l'effort d'acheter une rose ou une connerie, mais pas plus loin. J'vais pas être du genre à te payer un resto le jour le plus bondé de l'année. Le jour où les amoureux décident de jeter leur love au visage de tout le monde alors qu'ils se prennent la tête les 364 autres jours de l'année. En vrai, j'crois même que j'ai pas fais attention qu'on était le 14 février aujourd'hui. Ce dont j'ai fais attention, par contre, c'est que j'avais un pochon de coke qui m'attendait. Je m'étais mis quelques railles dans le nez, histoire de me mettre en forme. Un joint et quelques verres de whisky plus tard, voilà que j'me retrouve affalé dans le canapé à me marrer devant des épisodes de South Park. Mon téléphone vibre, alors je l'attrape et y jette un œil. J'me redresse légèrement lorsque je vois la photo dénudée d'une nana que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve. Probablement une erreur. Je regarde finalement le message envoyé avec. Bon, ptêt pas une erreur. Je clique sur le profil de la fille en question. Quoi ? Elle aurait pu juste être pimpée de ouf sur cette photo. Bon, non, tout a l'air plutôt sympa chez elle. J'lui demande l'adresse, elle me l'envoi dans la minute. J'attrape ma veste puis chope les clés de ma voiture. Surement pas une bonne idée de conduire dans mon état. Mais j'étais pas réputé pour prendre des décisions censées. J'arrive à destination, puis devant la porte de la jeune femme. J'me dis que c'est peut-être un prank, mais on vit qu'une fois. J'ai pris un peu de matos sur moi, on va voir c'est quel genre de nanas. J'espère juste que j'ai pas trop pris et que j'vais pas bander moue. Je fini par frapper, me grattant la nuque en attendant qu'elle ne daigne ouvrir.