Valentine's trouble
— with judandra
Je sens qu'il y a un malaise, et ce malaise, j'ai l'impression qu'il est là depuis cette histoire à l'hôpital. Je n'ai rien dit, mais il faut bien qu'on finisse par en parler, histoire de mettre les choses à plat et de pouvoir tourner la page. "Tu t'y attendais pas ? Tu peux pas laisser de l'argent en espèce à côté de moi en me disant que c'est pour ma mère, ça marche pas comme ça. Est-ce que j'ai l'air d'être quelqu'un qui a besoin d'être entretenue ? Qui a besoin qu'on lui laisse de l'argent cash sur le coin d'un meuble ? Le pire c'est qu'ensuite tu t'es mis à insulter l'un de mes plus proches amis, qui n'avait rien à voir dans l'histoire." Je secoue la tête, et je pense comprendre d'où le problème vient. « Je suis désolé, je pense que mon geste était pas forcément le meilleur. J'aurais dû te demander. » Je la regarde, sincère. « Je suis désolé de t'avoir vexée. Mais.. t'étais dans ce lit d'hôpital, t'avais plus aucune de tes affaires et j'ai entendu à quel point ta mère avait eu peur au téléphone. Elle pleurait, elle était en panique alors je voulais juste te laisser de l'argent pour que tu leur proposes de rester dormir.. parce que je suis peut-être un salaud dans ta famille mais le vrai moi s'inquiète pour elle et en voulait pas qu'elle fasse l'aller-retour dans une même journée. » Je me mords la lèvre, « Je m'excuse, j'aurais pas du balancer les billets comme ça. J'aurais du te proposer de te laisser de l'argent pour eux. Mais sache que rien de tout ça ne m'a choqué sur le coup parce que dans ma tête, mon argent est ton argent. Ton argent est mon argent, on est une famille, on est un tout, ça n'a rien à voir avec de un manque d'indépendance. T'étais dans ce lit d'hôpital, sans téléphone, sans argent. » Et pour l'insulte à son ami je ne me prononcerais pas. Je dis juste qu'elle me voit comme quelqu'un que je ne suis pas, et que si ça la dérange chez moi ça devrait aussi le déranger chez lui, non ? Peu importe. "C'est juste moi dernièrement qui.. j'm'ennuie." Je la regarde, assez surpris. Enfin, à moitié, parce que j'avais senti qu'un truc n'allait pas. "ça passera, t'en fais pas." Je secoue la tête, « Tu rigoles ou quoi ? Bien sûr que je m'en fais. » Elle est en train de dire qu'elle s'ennuie.. dans sa vie, avec moi ? Peu importe, si elle va mal, je vais mal. Je ressens tout ça, parce qu'on est un couple et que je pense qu'on se connait assez pour sentir ce genre de chose. « On a eu une année horrible. » Entre l'accident de ses parents, elle qui rompt nos fiançailles, sa famille qui me rejette - ce qui la laisse dans une position où elle a constamment le cul entre deux chaises - et maintenant, cet attentat. Cette année aura été forte en émotions, ça c'est sûr. « Faut qu'on se détende et c'est pour ça que je te parlais du Spring Break. » Parce que ça ne pourra que nous faire du bien. A nous, de manière individuelle mais aussi à nous en tant que couple. « Tu sais ce qu'on devrait faire ? » Je me risque à venir chercher sa main, parce qu'un peu de tendresse ne peut jamais faire de mal. On coupe ça en deux. « Tu viens au Spring Break avec moi pendant une semaine et la semaine d'après, tu fais ton voyage avec ta mère. » C'est un bon deal, et ça lui permettra d'avoir des vacances avec et sans moi. On a aussi besoin de se retrouver de manière personnelle, c'est normal.
(Jude Montgomery)