Je vais pas mentir sur le fait de te trouver très attirant, même si la situation est plutôt étrange, en vu que d’habite, je préfère voir la personne s’en aller directement. Là, c’est pas dérangeant, comme si au plus profond de moi, je voulais une présence masculine, que ça allait me faire du bien, et que je ne voulais pas que tu disparaisses. Pas après ce moment chargé en électricité. Je souris, ou plutôt un faible rire vient à s’échapper de mes cordes vocales, laissant mes orbites se lever en direction du plafond.
« Des médailles ? Carrément ? J’ai jamais foutu les pieds dans une université, j’ai même pas pu terminer ma scolarité. » Manque de moyens, manque de volonté probablement. Mais surtout, le manque d’intérêt certain à ce sujet. Je n’ai jamais apprécié être enfermé dans une classe à devoir écouter bavarder la ou le prof sur des conversations qui étaient loin d’être la vie réelle. De plus, où j’étudiais, c’était loin d’être le luxe, et il faut dire que la plupart du temps, ils ne connaissaient même pas nos prénoms. Je t’écoutais, attentivement. Je sentais également la pression que tu fis sur mon membre en ondulant de la sorte. C’était plaisant, et je ne m’empêchais pas de poser mes mains sur ton fessier, t’inciter à continuer ce geste qui me fit perdre la tête bien plus vite que je ne l’aurai imaginé.
« Depuis très longtemps. J’ai jamais fait d’autres métiers. » Menteur, menteur. Mais je ne pouvais dire la vérité, je me voyais mal annoncer le fait de vendre des drogues, d’être aux bras de plusieurs femmes au pouvoir, simplement pour avoir de l’argent. Ou même de coucher avec elles. Ma conscience qui me dit que j’ai bien fait, de ne pas briser ce moment. Parce que ouais, je suis doué à ça, je suis doué pour gâcher les instants précieux. Je ricane, je hausse les épaules en faisant mine de réfléchir, tu vas être jaloux. Ou peut-être pas.
« Je fais pas beaucoup de sport, je m’entraîne pour garder la forme, mais sans plus. J’ai pas trop le temps. » Ou l’envie, clairement. Je me délecte de toi, laissant mes articulations remonter le long de ta colonne vertébrale, pour descendre sur tes bras avant de prendre en otage ton visage. L’observant, mes lèvres proches des tiennes, à tel point que je pouvais d’ici, sentir la chaleur de ton souffle.
« On peut se revoir, il me semble qu’il n’y a rien de dangereux à ça. » En secret, parce que je me vois mal être en compagnie d’un homme, j’ai jamais aimé, j’ai jamais supporté. Pas ici, pas dans mon monde.
« Au pire, la prochaine fois. Je viendrais chez toi. Je suppose que t’as une chambre d’étudiant ou tu vis dans ton appartement ? » Je crois que j’ai toujours ce fantasme de coucher dans une chambre d’étudiant. Mon sourire est présent, mes traits sont sereins, à la limite d’être paisibles si je ne m’en abuse. Je me redresse, te posant au sol alors que j’inverse les positions en te poussant pour que tu t’allonges sur le dos, et que je me glisse entre tes cuisses à peine écartée. Faut croire que j’avais envie d’être là, de rester comme ça. Sentir quelque chose m’envelopper, sentir autre chose qu’une solitude morbide m’entourer chaque nuit.
« Tu veux rester dormir ? Fin, je comprends que tu peux pas. C’est logique, mais si jamais t’as envie de rester te reposer un coup. » Ou si tu as envie de prendre un deuxième coup. D’ailleurs, je plonge mes iris dans les tiens, je m’empare de ta bouche sans même t’avoir laissé le temps de répondre à ma question. T’embrassant, avec un désir insoutenable qui grognait en moi comme une bête féroce. Liant nos langues ensemble, je perdais la maitrise de mon corps quand ma main droite se faufilait entre nous deux, pour suivre ton bas-ventre et plonger sans gêne dans ton boxer. Le souffle court, le cœur cognant dans ma cage thoracique. Je me sentais vivant à cet instant.
« Je serais frustré de ne pas te revoir. » Il le faut, c’est un besoin en ce moment de pouvoir reposer mes mains sur toi. Je palpe, avant de relâcher ton membre pour accoler mon torse contre le tien, laissant presque mon poids te surplomber. Mes coudes de chaque côté de ton visage. Putain, c’est comme si j’oubliais où j’étais, dans quelle merde je vivais, et surtout, comment je pouvais autant me sentir bien dans une telle position, avec en plus, un inconnu. Les paupières se fermaient. La douceur du sommeil pointait le bout de son nez, même si je voulais rester réveillé, même si je voulais me forcer à garder les yeux ouverts.
« Je dors plus, depuis des jours et des jours. Faut juste que je ferme les yeux et on pourra le refaire. » Mon visage se pose sur le sommet de ton torse, c’est peut-être la dernière fois que je fais ça, que je me lâche autant. Je trouve ça même étrange de me voir dans ce genre de truc, alors que je suis tout le contraire. Mais j’ai besoin, ouais, j’ai juste besoin de quelques heures de sommeil pour ensuite me retrouver. Ou peut-être que ma conscience avait besoin de ça, elle aussi. De savoir que je peux être autre chose qu’un gars inexpressif, qu’un gars de la rue où les gens pensent que du mal de moi. Je relâche ma respiration. Je relâche tout emprise sur mes muscles en sentant même le rythme de mon cœur ralentir. Comme si finalement, il avait décidé d’avoir peur pour moi. Comme si j’avais en cet instant, arrêté d’avoir peur pour ma propre personne.
(C) CANTARELLA.