OZYMANDIAS LEVINSON ► timothée chalamet

caractèreVous ne trouverez pas difficile d'adresser la parole à Ozymandias (s'il-vous-plaît, appelez-le Ozzy, ne vous cassez pas la tête). Son visage n'est jamais renfermé lorsqu'il n'est pas d'humeur maussade, et comme éclairé par une sympathie innée. Jamais avare en sourires, en plaisanteries, en compliments. Ozzy est une personne avec laquelle il est agréable de passer du temps. Chaleureux, rieur, solaire, sociable, jovial, certains le trouvent même parfois apaisant. Attention néanmoins à ne pas le prendre pour un idiot ou l'énerver délibérément, il mord très fort. C'est très rarement arrivé, car en général les gens lui attribue instantanément du respect grâce à la confiance et la classe qu'il a et qui émane de lui. Il est facile de se confier à Ozymandias, la plupart des secrets rentrent par son oreilles et restent dans son cerveau (ou peuvent ressortir par l'autre oreille parfois aussi). Vous le trouverez très probablement à la plupart des fêtes étudiantes sur le campus ou à Boston, il se fait souvent inviter. Malgré tout cela, sa réputation à son avantage et l'appréciation générale qu'il reçoit, Ozzy ne se sent lié ni profondément connecté avec personne. Il aime aller à la rencontrer des gens, parler avec eux et les découvrir, mais au fond c'est toujours dans un but de recherche de quelqu'un comme lui. Quelqu'un qui le comprendrait parfaitement, avec qui il se sentirait en phase, lié, alors qu'il se sent à l'écart, marginalisé, seul. Ce n'est pas quelqu'un qui aime la solitude, il préfère être entouré. Mais il ne peut éviter la solitude de l'âme dont il et victime. Il a besoin de l'art pour s'exprimer sur sa vision du monde, en espérant que quelqu'un le comprenne, le saisisse, le déchiffre. Son art doit être vrai, comme tout ce qu'il fait, ce qui le rend souvent impulsif. Pas de fausseté avec lui, il ne jure que pour les sentiments, les paroles, les gens vrais avec eux-même et les autres. Pourtant lui cache beaucoup de ses sentiments, de ses pensées, qu'il garde pour lui-même, retenant tout dans son intérieur, et qui ne peuvent s'étaler que sur une partition ou une toile.

admission à harvard
Harvard n'est pas venu naturellement dans ses choix d'université. Elle a été suggérée par un de ses professeurs au vu de son dossier presque excellent et de sa réussite certaine à ses SATs. Ozzy s'était déjà préparé depuis le collège à avoir un bon dossier, un dossier qu'aucune université ne pourrait rejeter, un dossier qui lui permettrait d'être accepté dans n'importe quelle université où il déposerait sa candidature. Multi-instrumentaliste, il faisait parti de l'orchestre de son école, créait des arrangements pour la fanfare, il rédigeait la partie dédiée à la musique du journal de son lycée et il était vice-président du club d'arts plastiques. Il faisait parti d'un groupe de musique qui reprenait les grands classiques de la musique savante pour en faire des morceaux plus modernes. Lors de son entretien, il a évidemment présenté son portfolio composés de dessins, peintures de différents types, photographies et collages en plus de quelques partitions qu'il avait composé. Une clé usb regroupait les vidéos de ses auditions et concerts de piano ou de violoncelle, les vidéos de l'orchestre de son lycée dans lesquelles il jouait d'un instrument différents dans chacune, et les vidéos de son groupe. On pouvait donc le voir jouer du piano et de le violoncelle, mais aussi de la guitare, de la basse, de l'alto, de la batterie, du trombone... Un touche à tout avec une facilité et des prédispositions innées pour la musique.
L'art et son approche personnelle, sa relation particulière avec celui-ci a ainsi été le thème de son essai. Un sujet très personnel pour Ozzy, car il dédie sa vie entière, voue corps et âme à la création artistique. Il expliquait comment celle-ci l'aidait, sorte de thérapie, à mieux se connaitre et à comprendre ses sentiments, à les extérioriser, à leur donner une forme et un sens. Sa vision sur l'histoire de l'art et sur le principe de l'art exposé et vendu était aussi développé. Comment il a mis de côté ses relations sociales et de nombreuses occasions pour s'amuser avec ses camarades de classe pour se consacrer à ses partitions, à ses répétitions ou à ses morceaux. Les sacrifices qu'il a déjà fait ou serait prêt à refaire pour devenir le meilleur dans son domaine. Comparant ses expériences personnelles de la vie avec des oeuvres d'art, des mouvements artistiques, tout en montrant sa grande culture sur le sujet. Au début de sa rédaction, il avait clairement annoncé qu'il avait essayer de traiter un autre sujet que sa passion, pour ne pas être trop redondant et montrer qu'il connaissait et q'intéressait à d'autres choses, mais que finalement, après maints essais, tout revenait toujours à l'art, à la culture, et qu'il ne pouvait donc que rédiger son essai sur ce sujet, qui revenait en fait à parler de lui et de son rapport au monde.

Les juges n'ont apparemment pas dû trouver cela trop redondant pour un futur étudiant en musique. L'entretien s'étant très bien passé d'après lui, on l'a même félicité sur sa rédaction. En ressortant de la salle d'entretien, Ozymandias était certain d'être pris.

story of my life






Le mercredi c'était cours de piano depuis mes quatre ans. J'avais cours juste après ma soeur avec notre professeur particulier. Etant plus âgée, elle avait commencé les cours avant moi et était de ce fait en avance sur moi. Ce que je haïssait. Je redoublais donc d'effort pour pouvoir la rattraper, voire la dépasser, voire carrément la surpasser en tout point. Ce que j'ai réussi à faire au bout de trois ans. Elizabeth avait beau être le modèle parfait, la favorite, elle n'a jamais eu et n'aura jamais mon talent pour la musique. Malheureusement, les parents, surtout mon père, n'en avait que faire de mon talent dans la musique. C'était juste un bon divertissement au moment du dessert pendant les soirées mondaines et un bon moyen pour aussi récolter des compliments sur le fils et non pas que sur la fille.
J'ai appris à lire une partition avant d'apprendre à lire des phrases en anglais. J'ai fait mes premiers concerts à l'âge de six ans avec un niveau bien supérieur à celui des camarades de mon âge. Le Conservatoire de Musique de Seattle m'a demandé à l'intégrer à sept ans. J'ai commencé à composer mes propres partitions vers l'âge de huit ans. Pourtant, ils n'en avaient que faire. La musique n'a jamais été un choix de carrière pour mon père. Jamais il ne s'imaginait que je pourrais devenir musicien. Tous ces cours qu'il me payait, de piano, de violoncelle, tous ces instruments qu'il ne refusait pas que je m'achète avec son argent, tout ça n'avait pourtant pas de futur à ses yeux. Juste un passe-temps, une hobbie, un moyen d'avoir l'air cultivé. Comme les études pour ma mère, qui a fait des études en lettres et en histoire pour au final rester mère au foyer toute sa vie, dans le seul but de pouvoir épater ses invités avec sa grande culture et ses diplômes. Mais concrètement, elle n'en a rien fait.
Or moi je ne pouvais pas me permettre de ne rien faire. C'est pour cela que mon père ne voulait pas que j'entame des études en art. Je devais dans l'idéal faire dans le génétique, la nanotechnologie, l'informatique, la médecine, le droit, le commerce comme mon exemplaire soeur, n'importe quoi, mais pas l'art. Je devais travailler, travailler dur et pas glander en m'amusant avec des cordes et des pinceaux.


Le jeudi c'était cours de violoncelle au conservatoire depuis mes sept ans. Ma soeur ne prenait que des cours de piano, juste pour savoir jouer des morceaux sur le piano de la maison et pas pour la passion là encore. Elle faisait toujours tout mieux que moi alors j'ai voulu surenchérir en apprenant à jouer d'un deuxième instrument. Mais ça n'a rien changé au fait que mes parents apportaient un meilleur regard sur elle que sur moi. Je faisais juste plus de bruit. À neuf ans je demande une guitare, devient autodidacte et commence à écrire mes premières chansons. Je ne pouvais plus m'arrêter. Je demande aussi à prendre des cours de dessin. Plus tard, je m'achète une guitare électrique, puis une basse, une batterie, un synthé. Je ne pouvais plus m'arrêter. Lorsque je deviens adolescent, je télécharge des logiciels d'enregistrement et de mixage, j'achète des micros, je me fais un petit home studio pour enregistrer mes chansons. À treize ans, avec des amis, on monte un groupe de reprises. Les concerts de pianos ou de violoncelle devant des assemblées de plus en plus grandes font toujours partie de mon quotidien. Je ne cessais de créer en permanence. Lorsque ma tête avait besoin de repos, de silence, je me lançais sur une nouvelle toile. Toile qui terminait forcément dans un coin du garage, parce que seules les tableaux de vrais artistes qui coûtent très cher pouvaient orner les murs de notre demeure. Heureusement cette loi ne s'appliquait pas à ma chambre. C'était ma galerie, là où je pouvais exposer toutes mes oeuvres. Seulement, cette galerie n'accueillait pas beaucoup de visiteurs. Si, une fois ma soeur avait organisé une grosse soirée chez nous et cette soirée-là, trois inconnus ont bien se extasiés devant mes peintures, dessins et croquis, nus sur mon lit. J'ai changé de lit depuis.


Les lundis, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et parfois samedi, c'était les cours. J'étais dans une très bonne et très chère école privée. Tous nos parents étaient partons, chefs, présidents, commandants, dirigeants, dictateurs de quelque chose. Le mien est président du conseil d'administration de Apple, pour votre information. Je vous mentirais si je vous disais que je n'avais pas d'amis, que je n'étais pas populaire, que je passais la plupart de mes journée seul à lire un livre dans un coin d'une salle vide. J'avais beaucoup d'amis, j'étais très populaire et je passais mes journée entouré d'au moins une personne. J'étais un électron libre qui attirait tout les protons autour de moi (oui, je sais que ce n'est pas comme ça que la physique marche). Comme je m'impliquais beaucoup dans la vie du lycée, tous les professeurs me connaissaient et m'appréciaient, de même que la plupart des élèves. Il me semble aussi que j'étais convoité, autant chez les filles que chez les garçons. Je ne dis pas ça pour me la raconter, mais parce qu'on me l'a raconté et que je l'ai vraiment vécu. Sur le coup je ne m'en rendait pas compte, petit être innocent que j'étais. Mais quand j'y repense maintenant, je me rends compte que nombres de mes amis, ou des personnes qui venaient me parler, essayaient de flirter surtout. Je suis sorti avec l'une d'elle, pendant un trop long moment. C'était une amie. J'ai fini par ne plus pouvoir la supporter. On n'aurait vraiment pas dû sortir ensemble. Erreurs de jeunesse. Je suis sorti avec une autre fille vers la fin du lycée, ma cavalière pour le bal de promo. Elle était chouette, elle faisait partie de la chorale du lycée et chantait sur mes chansons. Elle était presque tout le contraire de moi. Elle ne sortait pas beaucoup avant de me rencontrer. Elle préférait de loin les sciences aux arts. Elle aimait passer inaperçue dans les couloirs du lycée, c'est comme ça que je l'ai remarqué. C'était une des seules personnes avec qui je croyais vraiment avoir une de ces connexions dont tout le monde parle, que je n'arrive jamais a avoir avec qui que ce soit. On était assez complémentaires. Ce n'était pas non plus l'osmose, mais on s'entendait très bien. On s'est séparé au milieu de notre première année d'université. Elle a Stanford, moi à Harvard, impossible de continuer. Elle ne me manque pas tant que ça, je n'étais pas amoureux.
J'ai gardé de bons amis du lycée. Ils sont tous dans des études qui auraient plues à mon cher père. On ne se voit plus comme avant.


Les gens m'appelle Ozzy depuis toujours, ou Oz comme le magicien. Seule ma mère m'appelle Ozymandias, parce que c'est elle qui a choisi le nom j'imagine. Je vous raconte pas la galère que ça a été d'apprendre à l'écrire, heureusement que je ne suis pas dyslexique. Elle le sort d'où d'ailleurs ce prénom (si on peut appeler ça un prénom) ? Pas de Watchmen, elle ne sait absolument pas ce que c'est. Du poème de Percy Bysshe Shelley. Oui j'ai été obligé de le lire, évidemment. Je me demande même si ce n'est pas avec ce texte qu'elle m'a appris à lire. Bien sûr je le connais par coeur. J'ai même peur qu'il soit la raison pour laquelle je veux faire quelque chose de grand, qui reste, qui dure, quelque chose de réellement éternel. De l'art, qu'on expose en musée. De l'art qu'on stream sur Youtube, de l'art qu'on revoit, qu'on réécoute. Qui reste. Je veux laisser une trace sur cette Terre. Qui aie du sens. Qui soit digne, juste, et pertinente. Que j'aurais créer de mes propres mains, qui sort de mon cerveau. Et pas juste de ma semence comme un certain daron.

Je veux dire, oui d'accord, mon père est très très bien placé, très confortable, prend des décisions qui ont une répercussions sur vos vies. Mais qui se souviendra du nom d'Arthur Levinson une fois qu'il sera mort ? Personne. A part nous, ses enfants. En plus l'un deux s'en souviendra plus en mal qu'en bien. Et je ne parle même pas de moi. Il est vrai que je ne supporte pas mon père à cent pour cent, mais au moins j'ai pu vivre avec lui et le voir sous des facettes qui sont à son avantages, des facettes qui me plaisent, des facettes qui m'ont fait plaisir. Si je parle avec autant de cynisme de mon père aujourd'hui, c'est à cause de ce que j'ai découvert récemment. Avant, je l'estimais un peu plus. Avant je pouvais me surprendre à penser que je l'aimais. Ce que jamais n'a pu faire ma demie-soeur. Dont j'ai découvert l'existence l'été dernier. En même temps donc que les infidélités et les secrets de mon père. Je ne vous raconte pas l'ambiance chez les Levinson pendant ces vacances. Cette soeur, Deirdre, est aussi à Harvard, ai-je appris. Elle était donc la raison pour laquelle mon père s'est fortement opposé à ce que j'envoie ma candidature à Harvard, et que j'y aille une fois accepté. Pour ne pas révéler son secret, il a finalement cédé.
Depuis, je suis intrigué par ce personnage. Ça fait toujours bizarre de découvrir un nouveau membre de sa famille. Je n'ai pas la plus grande des affinités avec ma grande soeur. Nous avons toujours été trop différents (et surtout elle ne pouvais s'empêcher de me rappeler sans cesse qu'elle était indétronable et que j'étais un peu de la merde). Je me suis toujours senti comme le black sheep de la famille. Et peut-être est-ce mon âme sensible, mon côté poète maudit, que sais-je, mais je me dis que je pourrais peut-être trouver dans cette demi-soeur une vraie famille, un reflet, un proche. Pourtant elle doit me détester, me voir comme celui qui lui a voler un père et une vie. L'usurpateur. Elle ne sais pas qui je suis. Les mercredi, je la vois le midi. Les jeudi, je la vois le matin. Je l'ai déjà croisé à des soirées, rarement cependant. Les autres jours, je me demande ce qu'elle fait, ce qu'elle a dû faire, ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a dû ressentir. Bizarrement je n'en ai pas encore fait une chanson, ni un morceau. Pourtant c'est mon truc ça, composer dès que je ressent quelque chose. Mais je suis bloqué. Je ne me sens pas dans le droit de faire ça tant que je continuerai à me cacher. J'essaie donc de ne pas trop y penser. Loin de Seattle, je laisse les autres se démerder avec cette affaire de famille.

Moi, je me contente de me concentrer sur mes études. Étendre mon champs culturel le plus loin possible. Agrandir mon répertoire de musique et de connaissances. Développer mes capacités et mon talent. Vivre. Et c'est tout.