ELLYN DESROSIERS ► emma stone

smile, even though your heart breaks in two, smile, smile little bird. Le dessin, bien plus qu'une passion. A six ans, suite au départ de sa génitrice, la demoiselle, sous un coup de tête, gribouilla. Étrange pour un âge aussi bas, pourtant, sentir le crayon entre ses doigts l'apaisait, lui procurait le calme dans sa tête. Gribouiller, encore et encore. Peu importe à quoi sur quoi, où, à quoi ce gribouillage ressemblera, son but était autre : épuiser la mine de ce crayon. Lorsqu'on découvre à un âge aussi prématuré le sentiment de liberté à travers une activité, toute votre vie, celle-ci ne vous quittera plus, soyons-en sûr. « Ellyn ? Encore à dessiner ? Pourquoi ça ne m'étonne pas ? » Un ami de classe débarqua par surprise derrière elle, mais malgré tout, elle ne sursauta pas, ayant finement entendu ses pas venir à elle quelques secondes auparavant. Ellyn, quatorze ans, mince et belle, accoutrée de quelques tissus ne la mettant guère en valeur, se contenta de sourire à son camarade de classe lorsque celui-ci se plaça à ses côtés, tout en observant dans la même direction qu'elle. Un jeune couple discutait tranquillement, les mains liées, assis sur un banc, en face d'eux. La jeune blonde les reproduisait avec exactitude, sans omettre aucun détail, aucun trait de leur visage. Fasciné, le garçon qui ne lui avait presque jamais adressé la parole auparavant, fixait avec stupeur la façon dont Ellyn faisait glisser le crayon sur la feuille. Il était évident qu'elle possédait une aisance admirable dans ce domaine. « Ah, tu connais mon prénom ? Magnifique. » ironisa-t-elle tout en lui adressant un sourire. Non, elle n'était pas haineuse quant à au fait qu'il ne lui avait jamais adressé un seul regard depuis le début de l'année, le fait que personne ne lui ai adressé une simple parole dans cette classe, le fait d'être seule, mis à part par tout le monde parce qu'elle était 'mme je-sais-tout', non, elle faisait juste une simple remarque. Remarque dont le jeune homme passa outre, continuant d'admirer la reproduction du couple qui se dessinait en direct sous ses yeux. « Tu es libre samedi ? » lança-t-il tout en quittant des yeux pour la première fois le carnet pour les poser sur Ellyn. Une Ellyn stupéfaite, tellement sidérée par la question que le jeune garçon venait de lui adresser qu'elle en laissa déraper le crayon. Un grotesque trait noir immonde traversait dorénavant le visage de la blonde sur la feuille de dessin. Samuel, le camarade de classe qui n'allait sans doute pas tarder à devenir plus, lui adressa un regard désolé avant de doucement caresser du bout de ses doigts le doux visage d'Ellyn. Lors d'un instant, elle eut le souffle court avant de secouer la tête de haut en bas, aux anges. « Parfait ! Et ... essaie de te dégoter une belle tenue. » lui lança-t-il en la jugeant de la tête aux pieds, avant de s'en aller en vitesse. La jeune fille s'examina également à son tour et désespéra à la vue de son jean à moitié délavé et déchiré et sa pauvre veste recouvrant un haut datant de plusieurs années.

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Humiliée. Durant sa tendre jeunesse, on lui avait infligée toutes les pires choses de la vie, pourtant rien ne lui avait fait aussi mal que ce soir. Pleurer, pleurer encore et encore jusqu'à s'épuiser de larmes, c'était dorénavant tout ce qu'elle pouvait faire. Elle se remémorait la fête, cette fête, cette soirée qui venait tout juste de s'interrompre, les rires, les moqueries, Samuel riant aux éclats en compagnie de quelques ami(e)s lorsqu'elle avait fait son entrée dans la maison, l'argent qui avait fait passe-passe entre lui et ses copains. Ce dernier s'était bien moqué de sa figure, ils l'avaient tous fait. Une fête, parlait-il ! Non, c'était juste un coup monté pour humilier une bonne fois pour toute la mal-aimée de la classe, la petite intello. Ellyn. Elle pleurait, pleurait dans son lit, gâchait sa nouvelle robe dont son père lui avait fait offert quitte à être à découvert sur son compte (encore). Ce n'était qu'un bout de tissu immonde de toute manière, quelques torchons assemblés par-ci par-là pour donner l'effet d'une robe. Elle le savait, jamais, ô grand jamais, dans tous les cas, elle ne ressemblerait à une princesse, jamais un garçon ne s'intéressera à elle, jamais personne ne la comprendra. Elle était seule au monde, seule contre tous, ignorée, délaissée. Qui voudrait d'une jeune fille aux allures pitoyables et négligés, aux habits toujours déchirés ? A l'instar de Quasimodo dans le Bossu de Notre Dame, elle était la bête de cirque de sa propre classe, et en souffrait. Énormément.


Aujourd’hui, Ellyn a bien grandi, a bien mûri, s’est littéralement métamorphosé ; Harvard, la prestigieuse université américaine, l’ayant permis de s’émanciper correctement de sa misérable vie à la française, de se donner de la confiance pour se détacher à tout jamais de son image de première de classe tête-à-claque, détestée, moquée par tous ses camarades. Aujourd’hui, Ellyn, vingt-deux ans, est loin d’être la petite fille refermée sur elle-même, ne vivant qu’en compagnie de ses dessins et ses peluches dans son dix mètres carrés de chambre. Aujourd’hui, Ellyn n’est même plus passionnée de dessin, considérant cette activité comme une partie de son passé, passé qu’elle aimerait effacer à tout jamais. Aujourd’hui Ellyn représente ces pimbêches de petites blondes écervelées que tout le monde enviait et adulait au lycée, le cerveau en plus. Aujourd’hui, Ellyn représente la perfection incarnée : belle, mince, élancée, séduisante, séductrice, un peu trop séductrice, confiante, sûre d’elle-même, non plus cloitrée h24 dans sa chambre, rayonnante de bonheur, de joie, de malice. Aujourd’hui, Ellyn s’est remise de ses maintes et maintes humiliations de son enfance, et était même passé du côté des bourreaux, sans honte, sans gêne, comme pour se venger de la vie, du passé qu’elle a subit. Mais malgré tout, aujourd’hui, Ellyn est toujours pauvre jusqu’à la moelle, et étant inscrite à Harvard, elle se débrouille comme elle peut pour trouver de l’argent. Ellyn, elle est débrouillarde, comme une grande, elle ne demande jamais de l’aide à quelqu’un, fière comme elle est. Aujourd’hui, Ellyn est ainsi devenue une fille de joie à domicile, pour hommes, femmes, adolescents (majeurs), peu importe, c’est son métier, elle respecte les règles de son métier. Aujourd’hui, Ellyn vivrait presque un conte de fée si on escomptait la partie de la fille de joie clairement, parce qu’Ellyn est maîtresse de sa vie dorénavant, plus comme avant. Ellyn aime séduire, inlassablement, et mine de rien, ses activités extrascolaires ne lui déplaît pas plus que ça parce qu’Ellyn, aussi impropre à dire qu’il soit en vue de son statut de péripatéticienne, aime le sexe et ne s’en cache pas. Aujourd’hui, depuis sa rentrée à Harvard, et sa métamorphose, Ellyn a pris conscience de son charme inéluctable, a appris à jouer de sa beauté et est prête à revoir ses abrutis de camarades de classe du passé pour leur apprendre une bonne leçon. Parce qu’Ellyn est rancunière, une vraie, en plus d’être ambitieuse. C’est pourquoi, Ellyn veut réussir, pour son propre bien mais aussi pour en mettre plein la vue à ce petit con de Samuel et ses amis, parce qu’Ellyn elle est comme ça, elle aime se venger, elle se délecte de sa vengeance d’avance parce qu’Ellyn est devenue plus que sûre d’elle. Aujourd’hui, Ellyn vit une vie légèrement clichée de la petite martyrisée qui ne se métamorphose en grandissant que pour assouvir sa soif de vengeance, est critiquée par sa famille notamment et tous ceux qui l’entoure, mais elle s’en fiche, royalement. Parce qu’Ellyn  elle plaît, elle est magnifique, elle séduit, elle manipule par sa séduction, atteint toutes ses fins qu’importe les moyens, elle est joueuse. Bref, Ellyn aujourd’hui c’est Ellyn Desrosiers, la ‘survivor’, le charme français à l’état pur.