Hestia T. Jensen ► Claire Holt

Née à Salem dans le Massachusetts, de parents amoureux. Un père professeur de sociologie, très probablement atteint de troubles de la personnalité mais jamais diagnostiqué, une mère journaliste pour une chaine locale, comme beaucoup de femmes "atteinte" du syndrome de l'infirmière ; persuadée de changer son mari grâce à son amour. Leur histoire, passionnante, réelle durera 17 années. Quand le poids d'un mari instable émotionnellement, socialement, financièrement devint trop lourd, ma mère prit la décision de mettre fin à l'idylle qui a permis ma mise au monde.

Histoire banale en soi, c'est ce qui a construit peu à peu mon identité. Leur séparation, bien que dommage, n'a pas affecté plus que ça mon développement psychologique d'adolescente que j'étais à l'époque. Même si, j'étais un peu peinée pour mon père qui était éperdument amoureux de ma mère, rien n'a changé mon quotidien si ce n'est que j'ai commencé à voir de moins en moins mon géniteur. Avec du recul, je pense que si, cette histoire a joué un rôle dans la construction de ma personnalité parce que désormais, je suis constamment gênée d'assister à des disputes. Je pense même ridiculement que je suis à l'origine de cette dispute, que c'est de ma faute alors qu'en réalité la dispute peut très bien être au sujet d'un grille-pain. M'enfin continuons.

La suite des événements on fait que je ne suis pas une nana très familiale, plutôt secrètes. Ma mère n'a jamais remarqué mes problèmes d'addictions aux substances opiacées que j'ai développées après une opération ridiculement peu grave, elle n'a pas remarqué non plus le développement de "troubles alimentaires" qui n'ont jamais été réellement diagnostiqués car gardés secrets, jamais menés à l’extrême puisque l'alternance entre l'hyperphagie et les crises d'anorexie a fait que je n'ai jamais atteint un poids dangereux, même si j'ai eu des périodes de faiblesse assez critiques. Pourtant, je peux vous assurer qu'elle n'est en aucun cas une mauvaise mère, elle était très ouverte, à l'écoute, à la recherche de dialogue. J'étais juste douée pour garder des secrets !

Niveau scolarité, j'ai fait le minimum jusqu'à ma dernière année de lycée. J'ai toujours compris les cours, ce que me demandaient les professeurs. J'ai fait ce que j'avais à faire pour réussir un au minimum. Mon père était professeur chercheur en France dans une université Parisienne. J'avais envie de suivre son parcours, mais j'ai toujours eu un petit quelque chose pour l'espace; les planètes, les astres. Naturellement, je me suis dirigée vers un cursus qui m'amènerait à éventuellement, en cas de réussite, étudié ce qui m'a toujours intriguée.

Par chance, miracle, ou mérite (voyez-le comme vous le voulez) j'ai été prise à CalTech avec une bourse d'études. Après je n'ai jamais eu un mauvais dossier donc ... M'enfin voilà, j'ai avancé. Je me suis plutôt bien intégrée à Cal Tech, ma première année était franchement géniale je vous l'avoue. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai toujours tendance à me dire que "c'était mieux avant" pour rendre mon présent encore plus morose que les ou si c'est parce que c'était juste VRAIMENT bien. Mais j'en garde un bon souvenir, une intégration plutôt correcte, j'adorais danser, je participais à des soirées étudiantes vraiment dignes de ce que l'on peut voir dans les séries, une relation amoureuse (ma première). Tous les éléments d'une socialisation réussie étaient présents.

Mais, comme il y a toujours un mais. C'est au milieu de ma deuxième année que j'ai appris que mon géniteur était malade, et pas qu'un peu.
Il avait une opération du cerveau prévue dans un hôpital Parisien, je suis restée dans le déni quelques mois. Qui ne passe aucun séjour à l’hôpital sérieusement ? Pour moi, ça irait mieux. Seulement, le jour où j'ai eu le nom de cette maladie, je me suis sentie vraiment engourdie. C'est fou comme le corps réagi à de mauvaises nouvelles.

Ses jours étaient donc comptés, environ 1 an et demi ou plus si une bonne étoile passe par là. Devinez ce que j'ai fait . Je suis allée au bureau des transferts de Cal Tech, ils devaient bien avoir des partenariats avec des universités Parisiennes . J'avais raison, mon dossier était plutôt bon, je pouvais partir à Paris 6, soit l'Université Pierre et Marie Curie à Paris (comme son nom l'indique) dès le semestre prochain, soit à la prochaine rentrée universitaire. J'avais l'été pour faire mes affaires, trouver un appartement dans une ville en mal de logement. Une étoile est surement passée par là parce que les choses ont été bizarrement faciles : j'ai eu un logement par les services de bourse Français qu'on nomme là-bas le CROUS (les gens se moquaient de moi parce que je ne prononçais pas le S), j'ai eu le droit à une bourse et même une aide pour payer mon loyer. Je n'avais pas de quoi rouler en voiture de sport ou faire du shoping dans de grandes boutiques, mais, j'avais de quoi manger des petits sandwichs un euro et quelques centimes, vivre décemment. C'était suffisant. L'université était proche de l’hôpital ou était hospitalisée mon père. Sachez que sa maladie ne connaît aucune guérison, c'est la mort au bout du fil. Un des cancers les plus agressifs derrière la leucémie d'après notre ami Google.
J'ai découvert les quartiers Parisiens, je m'y suis énormément attachée. Après les cours j'avais souvent boire avec des amies. J'avais mes repères la-bas comme je n'en ai jamais eu en Amérique. Je passais du temps avec mon père, j'essayais de lui faire oublier la fatalité de la réalité.

Son état a commencé à se dégrader au bout de huit mois. Son autonomie s'est envolée autant que certaines de ses capacités psychiques. Il avait perdu énormément de poids et avait constamment des pertes de mémoire. Je me suis donc improvisée infirmière personnelle, veillant à ce qu'il prenne bien son traitement en temps et en heure. Se rendais bien à ses rendez-vous. Je vous passe les détails. Les traitements, agressifs, ont encore plus dégradé son état général que la maladie en elle-même, et c'est à ce moment que j'ai senti la fin arriver. C'était les moments les plus durs, j'ai fait en sorte de poursuivre mes études tant bien que mal, je me suis présentée à tous mes partiels mais je passais le plus clair de mon temps avec mon père, qui avais radicalement changé. En été, j'ai eu mon diplôme et la souffrance de mon géniteur se sont apaisée. Les derniers mois avaient été un terrible calvaire et j'étais à la fois rassurée pour lui mais vidée d'une partie de moi. Mon deuil était et est terriblement difficile, à la fois inhibé, il surgit de nulle part, m'attaque la nuit. J'ai des terreurs nocturnes comme une petite-fille de 4 ans, peur de mourir et j'en passe. Je prends de temps à autre des anxiolytiques mais j'évite de trop de me confier au personnel médical donc, les ordonnances ne se renouvellent que rarement.

Ne pouvant rester à Paris avec autant de souvenirs autant heureux que poignants, j'ai décidé de rentrer en Amérique. Pourquoi ne pas tender l'Université d'Harvard ? J'ai quand même demandé à avoir un dossier à CalTech puisque je connaissais déjà, j'avais étonnement eu de bons résultats à Paris donc ... Mais, mon choix s'est définitivement penché sur Harvard, ils avaient aimé mon dossier, j'ai réussi les tests, les entretiens et toute l'horrible paperasse qui est pire que les tests en eux-mêmes (ironie). C'était pour moi, une opportunité d'effacer tout le passé, le laisser derrière moi et avancer vers quelque chose de nouveau. Peut-être quelque chose d'heureux ?