C'était quelque peu désolant, triste, à la limite du pathétique ce que Fabian perpétuait à faire tous les mois depuis sept ans mais peu importe. Le Hahvahd Tour. Le tour destiné aux touristes et futurs étudiants de cette prestigieuse université aka le groupe dont il ne fera jamais partie. Aussi triste que ça ne l'est, le plus loin où il mettra les pieds dans cette école sera ce square triangulaire qu'il commençait à connaître par cœur et pour certains, ça pouvait être lassant et dépassé, mais pour lui, c'était un petit plaisir mensuel dont il ne se privait pas. Il était heureux là, au milieu de ces inconnus venus de tous les pays du monde, il se fondait dans la masse, tout allait bien. Ceci dit, ce qui pouvait être lassant c'était le discours du guide; discours qu'il avait largement entendu depuis toutes ces années qu'il le connaissait par cœur et pouvait aisément remplacer ce guide. Il n'écoutait qu'à moitié de ce fait, suivant à son rythme la visite, découvrant personnellement des petits détails qu'il aurait manqué le mois dernier, des petits graffitis inexistants jusque là. C'est presque en traînant des pieds qu'il suivit alors le groupe, concentré et amusé par ces petits détails, ignorant le monde qui s'activait autour de lui, ignorant cette jeune femme dans laquelle il rentra dedans en reculant d'un coup, hâtivement pour rattraper son retard. « Oh oh, déso- » Il remarqua qu'une fois qu'elle fut au sol les béquilles étalées de par et d'autre de son corps et une expression horrifiée apparut sur son visage. Sa bouche forma un joli 'o' de surprise. « Oh merde.. » Maladroitement, il essaya alors de se rattraper en se baissant pour l'aider à se relever en prenant en premier lieu ses béquilles mais dans la hâte et peu adroitement, sa tête rentra vite en collision avec.. le nez de la jeune femme qu'il n'avait pas osé regarder dans les yeux jusqu'ici. Et n'oserait sans doute jamais plus maintenant. Les béquilles et le nez - presque - cassé, c'est un joli combo Fabian. « Je-je.. désolé désolé désolé.. y'avait un dessin assez sympa qui rappelait un peu la grande fresque de la grotte de Chauvet - ou peut-être que c'était que pour moi, je sais pas, mais c'était assez.. wow et j'vous ai pas vu et d'un coup, boum et puis bam et.. et.. ça va ? » Généralement quand il était désolé et embêté, il partait dans un débit de blabla inaudible et incompréhensible. Comme là. Où il était réellement réellement désolé et embêté.
Me demander de me déplacer jusqu'au secrétariat alors que j'arrivais à peine à marcher avec mes béquilles, c'était inhumain. Pourquoi je n'avais pas demandé à le faire par e-mail d'ailleurs ? J'avais été stupide sur ce coup-là, mais au moins, j'avais l'excuse d'être encore un peu dans les vapes entre la blessure qui habitait ma cuisse et les médocs que j'étais forcée de prendre trop régulièrement. Je me trainais donc jusqu'à Harvard pour déposer mes papiers de l'hôpital, l'air grincheuse sur le visage tellement j'étais au bout de ma vie question douleur. Je ne regardais pas vraiment autour de moi puisque, de toute façon, j'avançais à la vitesse d'un escargot asthmatique et donc, j'espérais que ce soit les autres qui mettent un périmètre de sécurité autour de ma personne. J'ai arrêté d'espérer la seconde suivante quand elle type me rentre dedans en reculant. J’étouffe un cri de douleur et je finis le cul sur les pavés de la petite place triangulaire, bien loin de ma destination finale. « Oh oh, déso- » Je me redresse tant bien que mal alors que ma cuisse me lance sans plus attendre. Je jure déjà intérieurement sur le touriste, le maudissant de venir m'emmerder sur mon lieu d'étude. « Oh merde.. » Je lui offre mon plus beau regard noir alors que je serre les dents pour prendre sur moi et ne pas l'envoyer valser. Ce n'était pas le moment de me montrer en public, pas dans cette position, le cul par terre, les jambes en l'air et mes abdos douloureux qui peinaient à relever mon buste. Une fois que l'information est montée jusqu'à son cerveau, il se baisse dans l'intention de m'aider à me remettre debout sauf que dans la précipitation et la nervosité, il me donne... un coup de tête... dans le nez. « Ahww » que je cris en portant aussitôt mes mains à mon visage, relevant mon regard sombre sur le type. « Je-je.. désolé désolé désolé.. y'avait un dessin assez sympa qui rappelait un peu la grande fresque de la grotte de Chauvet - ou peut-être que c'était que pour moi, je sais pas, mais c'était assez.. wow et j'vous ai pas vu et d'un coup, boum et puis bam et.. et.. ça va ? » - « J'ai l'air d'aller bien abruti ? » que je lui demandais sans même attendre une réponse de sa part. J'étais énervée et je lui arrachais des mains la béquilles qu'il tenait. J'enlevais ma main délicatement de mon visage, les sourcils froncés, heureuse de constater que je ne saignais pas du nez. Une bonne chose au moins. En voyant ses mains s'approcher encore de moi pour me venir en aide, je reculais brièvement pour le regarder et le couper dans son élan. « T'es sûr de toi ? T'as l'air d'avoir deux mains gauches » Et il était hors de question qu'il me touche si c'était le cas.
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