(hansens) piece of peace

Qu'est-ce qui nous attend au fond tous les deux ? Après tout ça, une fois sortis de l'hôpital, comment ça se passera quand on se verra à la dérobée, entre deux soirées, dans la rue ? Je suis incapable de dire dans l'immédiat si je baisserais les yeux ou si j'irais vers toi. Y a deux pensées contradictoires qui s'affrontent dans ma tête, la gamine rancunière et blessée, et la jumelle qui a trop peur de perdre quelqu'un d'autre et d'être encore blessée. On est juste deux gamins abîmés par les conneries de nos parents, et peut-être qu'au fond, l'idée qu'on est juste victimes de notre famille commence à se faire un chemin dans ma tête. Toujours est-il que dès qu'un effort te fait grimacer, je m'approche, je bouge pas, adossée à un siège, prête à guetter le moment où ta respiration deviendra lourde et régulière pour mieux retourner dans ma chambre. Et t'évoque cette enfance passée, perdue, parfois presque une autre vie tant elle semble loin. Pourtant, je souris à me dire qu'on a pensé à la même chose, comme quoi certaines choses ne changent pas. « Je me souviens oui. Souvent on finissait tous les deux malades à ne pas écouter Ga... maman, nous dire de nous tenir à distance. » Le mot m'écorche presque les lèvres, à ne plus l'utiliser depuis des années. Maman. Je baisse les yeux, joue nerveusement avec mes mains, puis je soupire. « Tu crois qu'un jour on saura la vérité ? » Sur ce qui s'est passé. Savoir qui avait tort, qui avait raison. Faire le point sur ces secrets de famille qui nous ont peu à peu enterré toi et moi.

hansens ☾ piece of peace
w/ bleach hansen  — boston, janvier 2019
Il était évident que notre relation n'allait pas aller mieux du jour au lendemain, en un claquement de doigts. Je le savais pertinemment. Tu avais de la rancoeur contre moi et je pouvais le comprendre. Seulement, je voulais simplement avoir ma soeur à mes côtés encore un peu et tu ne semblais pas vouloir te dérober, au contraire. A la moindre petite accroche de douleur, tu étais aux aguets. C'était un peu ce qui me faisait sourire. Ca et le fait que ça ressemblait énormément aux moments qu'on passait ensemble quand nous étions enfants et malades. Tout du moins, quand l'un de nous deux l'était. Je souriais à tes mots, au fait que toi aussi t'y pensais à ça. Dans le fond, on était insouciant et on s'en fichait pas mal... puisqu'on était tous les deux. Pendant longtemps, ça avait été toi et moi contre le reste du monde. Puis ils ont tout foutu en l'air. Manipulation et tentatives désespérées. C'était un gros bordel la famille Hansen et toi et moi étions des dommages collatéraux. Qu'importe si on s'entend bien ou pas, pour eux ça ne change rien. Des pions. Voilà ce qu'on est aux yeux de nos parents. « Je sais pas. J'espère. Cette histoire a fait trop de mal pour rester comme ça, stagnante et marécageuse » Les mouches volent autour de tout ça tellement ça pouvait être pourri. Soupirant doucement, je finissais par me mordre la lèvre inférieure. « Mais dans le fond, ils s'en foutent eux des conséquences... » de ce que ça a pu avoir comme répercussions sur nous deux.

On en a jamais vraiment reparlé. Du moins, pas sans que je sois celle qui te hurle dessus, qui crie sa déception, sa colère, son sentiment d'abandon. Tu sais, j'me suis sincèrement sentie abandonnée, quand t'as pris son parti à elle. Peut-être que toi aussi, alors que je préférais être de son côté à lui. On était trop jeunes, trop influencables, à se mêler à une guerre dont on a jamais été que les pions sur l'échiquier. Sans rien avoir à faire de la chute des pièces, à ce qu'on finisse brisés. « Comme si ça les dérangeait de rester dans cette merde. » murmure chargé d'amertume, j'ai les yeux baissés sur mes genoux, pendant que tu valides mes propos. Partage mon avis. Et pour la première fois depuis dix ans, on retrouve une ébauche de ce lien qu'on avait, celui des jumeaux qui pouvaient tout partager. Je soupire, je hausse les épaules. Le sourire que je fais en levant les yeux vers toi, il est faux. On le sait tous les deux. « A quoi bon, on est plus qu'une affaire classée aux yeux de tous. » que je conclus simplement en pinçant les lèvres. « Repose toi. » que j'ordonne presque, à te voir résister contre la fatigue comme ça.

hansens ☾ piece of peace
w/ bleach hansen  — boston, janvier 2019
C'était le genre de conversation que je voulais avoir avec toi, mais plus tard. Une fois que j'aurais vraiment récupéré de tout ce que j'avais subi durant ces quelques jours de coma. J'étais pas forcément en état de débattre sur ce sujet. Notre famille, nos désaccords, notre discorde. Et dans le fond, j'étais d'accord avec toi tu sais. On aurait pas du prendre le moindre parti. On aurait du rester toi et moi contre le reste du monde, ça nous aurait évité bien des soucis, bien des problèmes aussi. Et surtout, on aurait pas été dans cette guerre médiatique également. Et je voyais ton sourire sur la fin, comprenant que les choses étaient pas encore gagnées mais je gardais espoir. J'avais ce manque, celui que ton absence avait créé dans ma vie. « Oui, oui, je vais me reposer » finissais-je alors par te dire doucement, toi la personne la plus importante de ma vie pendant très longtemps. Soupirant, le regard posé sur toi, je finissais par me laisser aller dans le sommeil. J'avais lutté mais maintenant, j'étais incapable de tenir. Morphée m'appelait et je me laissais engloutir sans résistance.