Buddies night (Dylan)

Avalon avait l'impression que cela faisait des lustres que son bff et elle ne s'étaient plus vus. Un siècle et demi même, à l'entendre. De quoi lui donner envie de prendre le taureau par les cornes et de donner rendez-vous à Dylan le soir-même, pour une soirée entre potes sans prise de tête. Arthur n'était pas dispo pendant les deux prochains jours, et un peu de compagnie rassurerait grandement la jolie métisse, encore sous le choc de tout ce qu'elle avait vécu dernièrement. Mais avant même que de vouloir entrer dans les détails, la jeune espagnole souhaitait d'abord savoir où son bae se trouvait vis à vis de sa rupture d'avec Sheryln. Impossible de cacher quoi que ce soit à la checkeuse en chef, évidemment... Aaaah t'as radiné ton cul querido, j'étais prête à venir te chercher t'sais ! plaisanta-t-elle d'un ton léger, un grand sourire aux lèvres cachant sa souffrance, tandis qu'elle entourait les épaules de son pote à l'aide de l'un de ses bras. Tu fais comme chez mémé, hein ? T'as l'habitude pas de chichi ! On va s'en envoyer un et tu vas m'dire comment tu vas pointa-t-elle du doigt la table basse pleine de bouteilles et de bidules sympa à grignoter.

Une soirée avec l'une de mes meilleures potes, voilà ce qu'il me faut en ce moment après ma rupture. Et Avalon, mi amor comme j'aime à l'appeler, est surement la personne la mieux placé pour me changer les idées. Fut un temps où j'ai espéré un peu plus que de l'amitié avec la belle, elle le sait très bien d'ailleurs, mais ce n'est désormais que de l'histoire ancienne. Arrivant chez elle, la demoiselle m'accueille avec un grand sourire, passant un bras au dessus de mes épaules pour me faire entrer tandis que je laisse ma main se poser dans son dos et que j'essaye de ne pas afficher une mine d'enterrement dont j'ai l'habitude ces derniers jours. Me pointant du doigt la table basse où sont entreposés assez de bouteilles pour se mettre minable et assez de conneries à grignoter pour devenir obèse en une soirée, j'étire un léger sourire à l'adresse de la jeune femme avant de lui dire: "Tu veux me faire boire pour abuser de moi ?". Les conneries, c'est ben ma seule thérapie contre les coups de blues, et je sais que dans la connerie, Avalon me suivra sans soucis car elle n'est pas en reste.

Avalon ne parvenait pas bien à savoir ce qui se passait entre Dylan et Sheryln mais quelque chose lui disait ce soir, elle en apprendrait davantage... entre autres confessions de son côté, car hélas, les galères semblaient diablement lui coller à la peau sans ménagement aucun. Depuis quand t'as besoin que j'te fasse picoler toi ? poursuivit-elle sur le ton de la plaisanterie, sachant pertinemment combien son meilleur pote aimait jouer sur cette corde raide uniquement en blaguant. Ni lui ni la jolie métisse ne souhaitaient se mettre à dos leurs propres histoires d'amour, cela ne restait donc qu'au rang de blague, tandis que la brunette s'asseyait en face de lui, ses prunelles émeraudes en mode laser. Si tu veux te mettre une murge tu t'la mets, mais avant j'te laisse cinq minutes pour me causer de ce qui s'passe. Après j'ai des trucs à te dire et crois-moi, ça vaudra plus d'un shoot' de tequila... soupira-t-elle sans le lâcher des yeux une seconde.

"C'est pas faux...", répliquais-je dans un léger rire à la remarque de mon amie. A vrai dire, les murges, on a plutôt l'habitude de les prendre ensembles avec Miss Rhodes, c'est souvent ma partenaire de beuverie et on a souvent finis par dormir tout habillés dans le même lit, se réveillant ensemble avec un mal de crâne horrible. Mais avant l'alcool, il faut passer par la case confession selon la demoiselle. "Je suis vraiment obligé ?", dis-je dans un soupir alors que le regard de mi amor me faisait clairement comprendre que je l'étais. Nouveau soupir, je finis quand même par répondre: "Sheryln pense que je lui manque de respect, et je ne me vois pas continué une telle relation si la femme dont je suis amoureux n'a pas confiance en moi." C'est un résumé très bref, mais je n'ai pas franchement envie d'en parler et j'espère que cela suffira. D'ailleurs, je change vite de sujet et réoriente la discussion sur toi: "Et toi ? Tu voulais me dire quoi ?". On verra si c'est mieux qu'un shot de tequila !

Si l'optique d'Avalon n'était pas nécessairement de se mettre une murge ce soir, elle n'était pas non plus de rester totalement sobre. Tout ce que souhaitait la jolie métisse, c'était s'anesthésier de cette insupportable douleur lui sciant l'esprit depuis que tout ceci lui arrivait. Depuis Paris. Un weekend qui aurait dû être romantique mais qui avait viré au cauchemar. Tu connais la tradi ! répliqua-t-elle, pour toute première réponse, la brunette souhaitant connaître le fin mot de l'histoire. La donne lui fit d'ailleurs froncer les sourcils, car elle ne s'y attendait clairement pas. Comment ça manqué de respect ? T'as fait une connerie ou c'est juste dans sa tête ? tenta-t-elle de comprendre, sans juger bien évidemment. Dylan pouvait trouver le passage confession désagréable, celui auquel il s'adonnait n'était rien en comparaison de celui auquel Avalon s'adonnerait prochainement... Oh trois fois que dalle ! Weekend pseudo romantique à Paris avec Arthur, et les flics m'ont embarquée devant ses parents - que j'voyais pour la première fois - pour une garde à vue de quarante-huit heures... ils voulaient faire tomber un ancien client à moi, un trafiquant de drogues, sauf que je savais nada... Ce fut elle qui se rua sur le premier shooter de tequila finalement, ne parvenant pas à avouer tout ce que ces salopards lui avaient fait ni les conséquences.

Ouais la tradi je ne la connais que trop bien ! Surtout quand tu m'offre ce regard qui veut clairement me dire que si je ne me confie pas, tu trouveras un moyen de me tirer les vers du nez. Je me livre donc sur mes problèmes avec Sheryln mais tu ne trouves rien de mieux que de me demander des précisions. Sérieux Ava' ! Tu ne vois pas que je n'ai pas franchement envie d'en parler là ? Que je préférerais qu'on attaque les bouteilles entreposés sur la table basse ? "J'ai parlé à une vieille amie avec qui elle était en conflit alors elle considère que je lui manque de respect...", répondais-je du ton le plus blasé du monde. Sérieusement ? C'est bidon moi non ? Je ne suis même pas impliqué dans ce conflit entre les deux moi, je devrais faire un choix ? Mais finalement, on dirait que tu as des problèmes pas mal dans le genre aussi mi amor, j'écarquille légèrement les yeux suite à tes paroles et me chope un shot pour te suivre avant de te répondre: "Si tu n'avais rien fait c'est bon non ? Ses parents comprendront je pense."

Avalon esquissa un soupir, pas étonnée de la réaction de Sheryln. Mais elle se défendit de tout commentaire, se connaissant trop bien : à sa place, probablement aurait-elle agit de la même manière. La jolie métisse savait être très excessive quand elle s'y mettait et ce fut pourquoi, en entendant les paroles qui lui parurent presque blasées face à sa propre confession, elle fronça les sourcils et croisa les bras contre sa généreuse poitrine, ses yeux émeraudes lançant des éclairs. C'est un prince, Arthur. J'suis une stripteaseuse, moi... j'te fais un dessin ou t'as compris qu'ils peuvent s'en servir comme prétexte pour nous séparer ? reprit-elle plus froidement, profondément hallucinée et déçue du peu d'intérêt qu'elle obtenait de son querido. Dans le fond, les mecs étaient bien tous les mêmes... nombrilistes au possible. J'ai fait une fausse couche à cause de leurs traitements en garde à vue. Mais tu me dis surtout si j'te fais chier. De la délicatesse à l'espagnole, pur jus pur fruit, tandis qu'elle se servait un shooter pour se l'envoyer dans le gosier, histoire de se calmer.

Oups... On dirait que j'ai réveillé la bête ! La preuve en est de ce regard qu'elle me lance. Je le connais très bien ce regard depuis le temps, et clairement je l'ai agacée. Mais comment étais-je censé savoir que ton boy est un prince Ava' ? Je ne le savais pas. Et de mon point de vue, ton statut social ne devrait même pas avoir d'importance, s'ils le pensent, c'est qu'ils sont les rois des gros cons. "Arrête amor ! Tu sais bien que ce n'est pas ce que je voulais dire !", ajoutais-je avant que la demoiselle ne parviennent à me fermer mon clapet avec ses paroles suivantes. "Une fausse couche...", dis-je sans trouver les mots qu'il convient de dire dans ce genre de situation, je peux juste t'adresser mon regard désolé. Je pique finalement le verre dans sa main et le repose sur la table basse en même temps que le mien avant de lui dire: "Viens là ma belle...". Je lui fais signe de venir contre moi pour un calinou qui se voudra réconfortant. Avalon, elle est très forte mais quand ça ne va pas, elle ne le montre pas, elle ne dira jamais qu'elle n'est pas bien. Accueillant la jeune femme près de moi, je finis par lui dire: "Qu'est ce qu'ils t'ont fait ces cons ? Tu veux que j'aille les défoncer ?". Je ne doute pas que tu t'es défendus, je connais ton caractère, mais l'idée que ces mecs là t'ont maltraités me met en rage, une rage que j'essaye de canaliser présentement pour être là pour toi. "Et si tu dis encore que tu me fais chier, c'est moi qui te frappe", ajoutais-je. Non mais vraiment, comment tu peux penser un truc pareil ?

Avalon n'y pouvait rien : depuis le drame, elle ne marchait pas sur des œufs mais des charbons ardents et démarrait au quart de tour. Si la jolie métisse pensait qu'un moment en compagnie de son querido la détendrait et l'empêcherait de péter une durite, elle se fourvoyait grassement, hélas. Un soupir échappa la barrière de ses lèvres alors que Dylan commençait à répliquer, lui faisant aussitôt regretter de s'être emportée, ainsi que ses propres paroles. Ce fût plus évident encore une fois entourée de ses bras, ses dernières barrières de défense ayant bien du mal à tenir le choc. J'suis trop conne. T'as rien fait et c'est toi que j'engueule secoua-t-elle la tête, ravalant toute émotion qui pourrait la faire craquer. Malheureusement cette fausse couche, en plus du drame qu'elle avait subit, l'avait marquée au fer rouge et il fallait être stupide pour ne pas le remarquer désormais. T'irais en France leur refaire le portrait façon puzzle ? Naaaan pas la peine querido, mais ça m'touche. Pendant ces deux jours de garde à vue c'était... Immanquablement, son corps se mit à trembler contre celui de Dylan à cette pensée. Putain... !!