(abigail) time to talk

Je me rends à l'hôpital. Non pas pour une visite de contrôle, mais pour aller voir Abigail. Honte à moi, je n'ai même pas pris la peine de prendre de ses nouvelles. Je suis comme ça. Je suis pas très doué en amitié, surtout quand je ne sais même pas ce qu'on est. Quand je sortais avec Phoebe, y'avait toute cette pression qui m'éloignait d'elle, de la mère de mon enfant. Je me suis fait lavé le cerveau ? J'en sais rien. Je suis bien connu pour faire les mauvais choix de toute façon. J'arrive dans le grand hall principal de l'hôpital et je cherche après le bouille d'Abigail. Je me demande quelles blessures elle a. Ou si ça tombe, elle vient juste rendre visite à quelqu'un, ou elle a une visite chez le gynéco. Tout peut être possible. Si ça tombe elle a perdu l'enfant ! Brr, ça me fait froid dans le dos. Je me regarde dans le reflet des grandes fenêtres. Je suis temporairement aveugle d'un oeil avec un pansement et j'ai mon épaule qui a été transpercée par une barre de fer. Autant vous dire que je fais peur à voir. Est-ce qu'elle va me reconnaître ? Avec tout ça, tout ce qu'il s'est passé, j'ai pris conscience de pas mal de choses. La vie est trop courte, beaucoup trop courte. Et j'ai pris conscience de quelque chose. On verra comment se passera la discussion avec elle. Bizarrement, je ne suis pas tendu. Moins tendu qu'avant. C'est peut-être parce que je me sens mieux célibataire, pas de disputes toutes les trente secondes, je dois rendre des comptes à personne. C'est juste moi et mon petit monde.

Dire que j'ai risqué ma vie pour sauver Phoebe. Et là, elle est partie, très loin, me laissant en plan, handicapé, sans soutien. Je me sens déboussolé, perdu sans elle. C'est à ce moment là que je me rends compte qu'en fait, j'étais beaucoup trop dépendant à elle. Je dois réparer mes erreurs, reprendre contact avec mon entourage. Arrêter de penser qu'à elle. Mais ça, c'est dur... mon coeur saigne à petit feu. Mes douleurs physiques sont moins douloureuses. Je veux revenir sur ma décision concernant le bébé. Je dis pas que je veux pleinement assumer mais je veux la soutenir. Elle me donne rendez-vous à l'hôpital. J'imagine qu'elle y est toujours. Moi je suis rentré chez moi depuis une semaine. Je suis une larve, je fous rien à part prendre des antidouleurs. Allez en cours dans cet état ? C'est juste mort. Je souris doucement quand elle s'approche de moi et qu'elle pose ses mains sur mon visage. « c'est rien t'inquiètes. » je ferme les yeux sous le doux contact de ses doigts puis j'attrape doucement son poignet pour qu'elle retire ses mains. Je veux pas qu'on me prenne en pitié. Elle a aussi des marques sur le visage. « comment tu vas ? et le bébé ? » après tout, je ne sais même pas s'il est encore en vie. Vu que j'ai décidé de pas du tout avoir affaire à elle. Qu'elle me remballe comme ça, je peux comprendre. Mais bon, au moins, j'aurai essayé.

Le "on va bien" me fait un pincement au coeur, mais tellement soulagé. Je sais pas comment j'aurais réagi si j'apprenais qu'elle avait perdu le bébé. Mal sans doute ? Même si je ne veux pas me l'admettre, cette petite chose, je suis en train d'y prendre affection. Rien qu'un petit peu. « tant mieux. » que je souffle. Une partie du poids en moins sur mes épaules. Je me pince les lèvres et je la laisse me caresser la joue avant de l'interrompre. De base, je suis pas très tactile, voir pas du tout. Faut pas s'étonner. Direct, elle me parle du bébé et j'hoche la tête d'un air robotique. Un garçon, une fille, c'est vrai, on va pouvoir découvrir le sexe de notre enfant. « pas une fille s'il vous plait. » que je réponds en rigolant mais rire me fait grimacer de douleur. Je pivote pour aller m'asseoir sur une chaise de la salle d'attente et j'attends que la quincy fasse de même. Evidemment, le sujet Phoebe devait forcément faire surface et là, c'est une autre douleur que la douleur physique qui s'en prend à moi. Elle est partie, je suis sûr que c'est à cause de moi, car j'ai refusé d'emménager avec elle. « oh tu sais ce qu'on dit ? une de perdue... » dix de retrouvées. Je sais pas si je suis triste pour elle ou pour la situation dans laquelle est plongée Boston. Mais bon, je ne suis pas venu pour me lamenter sur mon sort. Non, je veux lui proposer quelque chose, et cette fois-ci, il me sera inconcevable de faire marche arrière. « abigail, je... j'veux t'aider pour ta grossesse. je ne veux pas que tu subisses ça toute seule, c'est totalement égoïste de ma part et si je ne veux pas être père, si encore maintenant je suis sûr à cent pourcent que je n'éduquerai pas cet enfant, je veux au moins t'aider toi, jusqu'à... l'adoption. » c'est ce qu'on avait dit non ? En tout cas, si elle le garde, je ne serai pas là après, c'est au-dessus de mes forces. Mais si je peux être une présence sur laquelle elle peut compter pendant huit mois, je serai là. « sauf si tu as changé d'avis ? » car il s'en passe tellement de choses, surtout avec les récents événements.

11 femmes pour moi ? Non merci. Je crois même que c'est simple, j'en veux zéro. Je veux plus de relation malsaine, plus de prises de tête. Je veux juste être moi et faire comme j'ai toujours si bien fait : camoufler mes sentiments. Je suis pas ce genre de type qui veut une nana. Et surtout pas le genre de type qui veut un enfant, construire une famille. J'ai grandi seul et abandonné, je vais mourir seul et abandonné. Bref, on est pas là pour parler de mes malheurs de coeur avec une fille dont j'ai pas trop envie de prononcer le prénom. Je veux juste proposer mon aide à Abigail. Je soupire et je baisse les épaules. Je l'oblige à rien en fait. Je propose mon aide. Qu'elle ne se dise pas que j'ai pas essayé, c'est elle qui refuse. « on ne s'entend pas très bien, c'est vrai. mais si y met chacun du sien, on peut être capable d'y arriver non ? on est adulte. » t'as quel âge en fait ? Maintenant j'ai un doute. Physiquement, tu parais si jeune. Elle me dit qu'elle veut être seule, elle semble si sûre de sa décision que je ne sais pas quoi dire pour la convaincre. « d'accord, comme tu veux. » un petit silence s'installe. Est-ce que je suis vexé qu'elle ne veuille pas de mon aide ? Oui, mais j'ai beaucoup trop de fierté que pour le dire. « mais sache que si tu as le moindre problème, franchement, t'hésite pas. » et j'affiche un sourire sincère en coin. Peut-être qu'elle se dit que je fais ça pour avoir la conscience moins lourde et elle a totalement raison. C'est comme si depuis l'attentat, tout ce que j’enfouissais, toute cette culpabilité pour les actes que j'ai commis me revenaient en pleine face.