Les larmes coulaient sur mes joues, inondaient mes yeux. J'étais assises sur une chaise dans la salle d'attente, j'avais squatté l'endroit depuis.. plusieurs jours déjà. J'voulais pas croire que mon ex était mort. Mort, mort. Pu de ce monde, que son corps retrouverait jamais cette chaleur. J'avais cet espoir d'le voir, de pouvoir le serrer dans mes bras, entendre sa voix et son rire. Tout ça m'déchirait le coeur, ça m'faisait mal. J'étais venue plusieurs fois ici pour pouvoir identifier son corps et à chaque fois, j'avais fait demi-tour. J'me sentais incapable de faire ça, j'étais bloquée. Et s'il se ressemblait pu? Pourquoi c'était à moi d'aller l'identifier? C'était pas humain de m'imposer ce genre de chose, pourquoi m'faire vivre ça? Fuck off, je voulais pas. C'était impossible, j'étais pas assez forte pour vivre ça. J'essuyais une larme du dos de ma main et pourtant, je restais assise là. J'attendais quoi en fait? Pourquoi mon corps refusait d'obéir aux consignes de mon cerveau? « Excusez-moi, vous avez rendez-vous avec un médecin? » Une madame s'adressait à moi, probablement la réceptionniste. J'en savais rien. Je comprenais ce qu'elle voulait me dire mais encore une fois, j'étais incapable de prononcer quoi que ce soit. « Non.. je.. » finissais-je par dire. Non j'suis là pour aller identifier mon ex à la morgue, génial hein.
Depuis ces putains d’attentats je n’avais pas bougé de ma chambre, je n’en avais pas envie, je ne voulais pas qu’on me voit dans ce piteux état, totalement faible. J’avais perdu beaucoup trop de sang, après les marques de ceintures dans le dos, me voilà criblé de balle sur le corps. Et si seulement ce n’était que ça, non en plus lorsque j’ai été propulsé contre le comptoir, certaines vertèbres ont été endommagé et à l’heure d’aujourd’hui je n’arrive plus à marcher ou du moins plus normalement, c’est quel genre de vie de merde ça ? J’en veux au monde entier, enfin surtout à ces connards de terroristes. Le médecin en charge de ma rééducation me demande de tenter de marcher avec des béquilles même en dehors des séances, de sortir, de m’ouvrir aux autres et non pas de m’enfermer dans cette bulle, restant dans ma chambre mais c’est compliqué à comprendre que je ne veux pas de ça ? Les gens de Boston sont vils et je ne souhaite pas croiser qui que ce soit dans cet état, j’ai honte de moi. Seulement aujourd’hui après plusieurs jours à rester cloitré ici, ce dernier me force la main et ne me donne pas le choix que de sortir, me mettant dans le fauteuil roulant « Non pas le fauteuil, j’vais sortir mais pas avec le fauteuil » Non le fauteuil c’est vraiment trop, je ne veux pas. J’enfile un sweat à capuche et je prends mes béquilles et j’essaye de marcher, serrant les dents, c’est douloureux, je sens qu’il y a quelque chose d’anormal. Je passe devant la chambre d’Agathe, la voyant toujours accroché à cette machine et dans le coma comme m’avait prévenu Frank et je poursuis ma route jusqu’à l’accueil histoire de faire un tour complet. J’ai ma capuche sur la tête pour pas que l’on me reconnaisse, des lunettes de soleil et je marche sans réel but si ce n’est pour habituer mes jambes à reprendre de l’activité mais c’est douloureux. J’ai vécu toute ma vie dans la douleur donc je suppose que c’est normal, peut être même ce que je mérite, j’en sais rien en fait. En arrivant je vois Laura à l’accueil et je souffle, c’est tout sauf ce dont j’avais besoin. La voir pour qu’elle se moque, s’attaque ou autre. Je préfère largement faire demi tour et éviter de la rencontrer, non pas que je la crains mais je ne suis pas trop en état pour ce genre d’affrontement maintenant. Seulement alors que je pars, je remarque sa mine décomposé, ses larmes et je ne comprends pas trop, bon après tout c’est les attentats donc forcément mais quand même. Que se passe t’il pour qu’elle soit dans un état pareil ? Elle semble en forme et pas réellement touchée physiquement. Je m’approche d’elle, je sais pas si je fais bien mais je dois en savoir plus et puis bien que je l’aime pas, je vais pas me réjouir de son état, c’est malsain et je ne le suis pas à ce point. « Laura … » Je soupire un petit coup, ne retirant pas mes lunettes de soleil « Qu’est ce que tu as ? » Je ne pensais jamais dire ça un jour, mais les derniers événements font que forcément au fond on s’entraide un peu.