Where's my mind ? ▬ Maveddy

Faut toujours que tu te mettes dans des situations étranges Maverick. Oui mais voilà, Teddy tu l'aimes bien. Elle est gentille. Elle est mature, elle est prof et ça te fait fantasmer à mort au fond de toi faut l'avouer. Mais tu restes sage, parce que t'as pas de limite mais t'as quand même du respect pour certaines personnes. Et puis elle a pris de tes nouvelles, si c'est pas mignon ? T'as rien écouté des conseils médicaux en tout cas, puisque c'est sur ta moto que tu te rends à l'adresse qu'elle t'a indiqué. T'as quand même pris ta mallette à outils à l'arrière de celle-ci , ce qui te donne un drôle de look. Tu repères finalement l'endroit, retire ton casque, prend le fardeau entre tes bras solides et tu peux plus sonner en fait. « Teddy ! » T'as l'air con, bon va falloir qu'elle s'habitue. « C'est le plombier. » C'est nul et cliché mais ça te fait rire. Et d'ailleurs tu ris tout seul comme un con et ton casque se fait la malle, si bien que t'es entrain de faire un espèce de mouvement de jongle bizarre quand elle ouvre sur ta personne. Mais t'es bricoleur, c'est vrai ! Juste un boulet.

"Parfait, j'resterai chez moi alors !", je relis le message, et je me dis que c'est le plus stupide. Comme si j'avais une vie, comme si je faisais autre chose de mes soirées que d'être chez moi. Cette vie calme, rangé, commence à creuser l'ennui. Rangé... pas tant que ça, quand on voit encore certains cartons empilés dans le salon, et cette bibliothèque toujours pas terminé dans le fond de la pièce. Je sais pas, quand il a proposé, l'idée me semblait bonne. De toute façon, il fallait bien le finir ce meuble, et bien sûr que j'en étais capable, mais j'avais déjà tenté et aucune du reste des planches n'allaient ensemble. Ma patience en a eu marre et j'ai juste abandonné. « Teddy ! » Je fronce les sourcils, repose le livre que j'étais entrain de lire, sous le plaid sur le canapé. J'ai bien entendu ? « C'est le plombier. » le sourire se fend au coin des lèvres, amusée. Heureusement que je sais que c'est lui. Qui d'autre ? J'avance vers la porte, ouvre alors qu'il jongle avec son casque et ses outils. Je souris, ma main s'avance pour rattraper le casque avant qu'il ne tente la chute. "T'es bien équipé !" fronce les sourcils, note la nuance, "les outils, j'veux dire." évidemment, quoi d'autre ? Pourquoi même avoir besoin de le préciser ? La maladresse, jusque dans les mots. Je rigole à ma bêtise, comme si ça allait la rendre plus légère, et entre à l'intérieur. "Si tu peux juste retirer tes chaussures." je penche la tête vers le coin de l'entrée, là où stagne des tas d'autres chassures, bien plus féminine. Les pas amène au salon, le sapin de Noël qui est dans un coin, dépouillé. Presque même plus vert. Une boite a outil avait déjà été préparé, non loin du meuble qui ne ressemble pas à grand chose. "Pour la tuyauterie, j'sais pas trop mais j'ai surtout besoin de.. monter ? démonter ?" offre une grimace, hausse les épaules en riant un peu, si seulement il savait dans quoi il venait de s'embarquer. Il y a probablement des planches mal montés, celle du haut en bas, peut-être inversement. "J'ai juste suivis la logique des trous." ferme les yeux quelques secondes, reprends ; "des vis, j'ai suivis les vis et les clous." arrête de bomber le torse, elle est déjà destabilisé. ça va être une longue soirée.

Elle rattrape le casque juste à temps et il s'en est fallu de peu pour qu'elle se le ramasse sur les pieds. « Merci. » que tu dis un peu gêné en rentrant à l'intérieur. T'as l'impression d'être trop grand pour l'endroit. Y'a toutes ces chaussures de filles, ce sapin en fin de vie et puis ce meuble qui ressemble à rien. Hormis ça, ça sent bon, c'est propre. C'est une maison de fille et il fait chaud. Et toi t'es trop grand. « Ok. » que tu dis en enlevant tes chaussures finalement. T'as pas fait ce genre de choses depuis que tu étais chez tes parents. Tu te grattes l'arrière de la tête en voyant la gueule du truc comment dire y'a du boulot. Tu observes le meuble, le touche par endroit, le soulève, le pousse. Et Teddy qui commente. Tu poses ton regard sombre sur elle. Tu peux pas empêcher la naissance d'un sourire. Elle déconne ou quoi ? Tu commences à te demander si c'est pour le meuble qu'elle t'a appelé. « Je suis un pro pour ça. » Tu souris à pleine dents cette fois, faut dire que. Quand elle continue, tu ris pour de bon. On a jamais dit que t'étais très grand niveau âge mental. Finalement tu retires ton sweat parce que t'es entrain de crever là et tu peux pas t'agiter comme tu veux. Dans ton mouvement, t'entraînes le tee-shirt également, c'est pas long juste furtif et t'as pas fait exprès promis. T'es même un peu mal à l'aise parce que certaines cicatrices sont encore bien rouges et les fils se sont pas résorbés. Tu remets le tee-shirt en place et dépose ton sweat sur le canapé en le lançant. T'es pas très délicat comme garçon. « Bon. » tu remets tes cheveux en place, ils ont pris en désordre dans la bataille. « Teddy, j'ai pas une bonne nouvelle. » Tu t'approches pour ouvrir ta maille et tu dégaines une pince. Tu la regardes en haussant les épaules. « On va devoir tout recommencer. » Elle est douée pour le journalisme mais clairement elle pas son diplôme ikea. « Faut croire que c'est pas toi l'experte en trou. » Tu t'attaques à la première planche que tu dévisses en moins de deux. Ton regard est un peu plus pesant quand t'ajoutes. « En vis pardon. » Tu ne t'excuses pas vraiment en fait.

Les chaussures, c'est pas réellement le fait d'être maniaque, c'est surtout de l'anticipation. Je déteste faire le ménage, réellement. Moins je le fais, mieux c'est. Pas de sable, de terre, ou quoi que ce soit d'autre par terre, et je suis heureuse. J'aurais adoré avoir les moyens d'avoir une femme de ménage, hélas, c'est juste moi. Moi, et moi seule. La flemme parfois, ça peut porter loin. « Je suis un pro pour ça. » Monter ? Démonter ? Je pense que j'ai loupé un coche, je pense aussi que, d'un coup, je me suis sentie mal à l'aise. Etudiant. Ecrivons-le sur son front, que ce soit clair. C'est clair. Très clair, d'ailleurs, sauf quand le front est couvert par le sweat, que le t-shirt se remonte et que ce sont les yeux qui descendent. C'est pas fait exprès, promis. C'est l'oeil qui est attiré par le rouge, disons. A peine en bas, les yeux remontent aussitôt dans les siens. On a rien vu, presque rien. Juste des plaies, qui sous entendent qu'il devrait probablement pas être ici, mais plutôt dans une chambre blanche immaculée. « Bon. » je le regarde, souriant. J'ai fais du bon travail, j'le sais. « Teddy, j'ai pas une bonne nouvelle. » Les sourcils se haussent, "Quoi ? Comment ça ?" le meuble est mort, j'ai fais n'importe quoi ? « On va devoir tout recommencer. » La bouche s'ouvre, presque surprise. « Faut croire que c'est pas toi l'experte en trou. » Le rire est même pas masqué, c'était certain qu'il y allait avoir un retour sur ça.  « En vis pardon. » La lèvre se fait attraper par les dents, doucement. Les yeux sombres, ça a jamais été quelque chose à laquelle je suis restée insensible. On trouve pas plus sombre que ceux d'en face. Comment il est devenu attirant ? Etudiant, on grave à l'encre rouge. Je soupire, remonte mes manches et prends un tournevis dans l'autre boite à outils. "Okay, tu m'as eu sur celle là !" Je m'attaque à une planche de l'autre côté, c'était déjà horrible à faire, mais alors à défaire, c'est pire. On défait les planches une à une, et pendant le processus, j'arrive pas à m'en empêcher ; "Il s'est passé quoi.. ?" pointe le torse de l'homme du tournevis avant de le remettre dans une vis, "J'ai vu les cicatrices." qu'elle lance, un sourire tendre aux lèvres. "Si tu veux un conseil, ne retire jamais un pull face à une journaliste !" surtout une qui a l'oeil, surtout quand le tout embarque le t-shirt, quand on voit la peau. L'envie de l'esprit prend le dessus, j'aurais pas voulu être là, à ce discours. Je retire une nouvelle planche, la pose sur le côté. Je pourrais comprendre qu'il ne veuille pas en parler.