RHAELLA DRAGOMIR ► Imogen Poots

Toute ma vie, j’ai connu ma mère sans homme.
Pas un seul m’a élevée. Je ne connaissais pas les raisons et je ne cherchais pas y comprendre non plus, par manque de temps. Ma mère, Kerridwen a toujours désiré me voir en grande historienne. Capable de retenir tout et n’importe quoi, à cause de mon hypermnésie. Je ne peux me résoudre à oublier quoique ce soit. Ce que j’envie aux autres assez souvent, surtout durant mon adolescence passée à New York.

Je n’aimais pas New York, pourtant ce fut là que ma mère était née. Moi pas.
J’avais vécu pendant seize longues années à Athènes en Grèce. Les gens étaient soit souriants et loyaux, soit souriants et hypocrites. New York, il n’y avait que des hypocrites. Aucune plage pour s’allonger, aucune mer pour se laisser plonger dans les pensées. Aucune mouettes à l’horizon. Rien tel que l’odeur du cambouis, le son infernal des klaxons, le râle des habitants et le stress qui jouaient sur le moral de tous.
Je détestais cette ville insupportable.
Toutes ces personnes que ma mère m’obligeait à côtoyer me semblaient exécrables et contre nature. Je veux bien comprendre qu’ils n’ont pas le même train de vie que nous. Ils sont riches et veulent montrer la puissance de leur parents, mais je vous en prie… On n’envoie pas une photo d’une fille nue à ses amis, et que cette photographie devienne virale au point que l’on la retrouve sur internet ! Tout ça pour quoi ? Montrer du pouvoir ? Ma meilleure amie, Cassie, venue de la basse classe mais ses parents travaillaient pour ceux de son petit-ami de l’époque, a été victime de ce genre d’agression. Plusieurs insultes de plusieurs personnes qui ne nous côtoyaient pas, ont été mise sur sa personne. Ce fut là qu’elle a dû déménagé, car ses parents ont été licencié. Elle a dû retourné dans sa ville natale au Texas. Elle serait largement plus heureuse là-bas que dans la ville de la pomme.
Moi ? J’étais seule. Tant mieux, j’ai appris la polyvalence. Je ne pouvais pas demander de l’aide à une personne parce que je les dérangeais. Je m’en fichais. J’étais bien, seule dans mon coin, à travailler dur afin de rendre heureuse ma mère. Elle me voulait première de la classe et de ma promotion, ce que je suis devenue en peu de temps avant d’intégrer l’université de Harvard.

Ah Harvard, là où je suis aujourd’hui.
Harvard, l’université où je me plie en quatre pour satisfaire les besoins de Calvin…Enfin, je me pliais en quatre. Veuillez m’excuser.
J’ai appris depuis octobre que Calvin était infidèle et m’a jeté comme une vulgaire chaussette sale lorsque ma mère m’annonça qu’elle était atteinte d’un cancer de l’utérus. Ce qui ne m’enchante guère puisque ma mère était mon tout. Ma mère était ma mère, mon père, ma grand-mère, ma sœur, ma meilleure amie, ma protectrice, mon professeure et tout ce dont j’avais énormément besoin. Ce n’était pas matériel, puisque je n’étais pas matérialiste. Ma vie n’était jamais si brillante sans ma mère, et je dois vous avouer que je me sens horriblement seule dans cette université…Et loin de moi l’envie de retourner à New York…

Peu de temps après que ma mère m’avait annoncé qu’elle allait mourir. J’avais tenté de me changer les idées dans un bar. Cocktail alcool ou sans alcool ? Soyons fous. Je ne prenais pas de cocktails, ni de bières, ni de softs. Je passais clairement mon temps à boire de la vodka, du whisky, du irish coffee, et surtout du bon vin de France. Je passais mon autre temps à danser dans les boites de nuit pour finir la soirée dans des hôtels luxueux où je dansais sur des filles et des hommes à la fois afin de prendre mon corps pour un jouet… Bref, c’était un ras-le-bol de tous les secrets que ma mère a pu me faire. Hélas, je lui ressemblais…
En effet, j’avais appris l’année dernière, par cette dernière, que j’étais le fruit d’une relation d’une nuit et extra-conjugale qui plus est. Oh et mon père biologique n’a pris la peine de me reconnaître. Je suis donc comme nous l’appelons dans Game Of Thrônes, une « bâtarde » de Bushnell !
Je me croyais fille unique. Mais non. Durant la grossesse de ma mère, monsieur Bushnell était père d’un garçon du nom de Sloan (dommage pour lui, il est décédé d’un accident de voiture en Avril dernier.), et il attendait une fille avec sa femme…Celle-ci naquit et porte le nom d’Iris.
Ce qui me renvoya au début de mon récit. Pendant que je m’amusais un samedi soir avec mes amis, je tourne ma tête et puis… Oh par enchantement, Iris apparait dans mon champs de vision ! Bien sûr, je n’avais pas l’envie de la laisser tomber. Ni même de l’ignorer. J’avais bel et bien toutes les preuves en main pour lui faire comprendre que j’étais sa demi-sœur, fille biologique de son père.
Pourquoi un tel acte me demandez-vous ? Peut-être parce que je me sentais seule, malgré les richards qui se trouvaient à mes côtés ? J’étais triste et à la fois révoltée par toutes ces révélations sur mon existence. Ce fut quelques semaines après lorsque je la vis seule dans ce fameux bar de Boston que je vins la voir afin de lui annoncer la nouvelle.
Bien sûr, elle ne me croyait pas. Elle n’était pas au courant de tout cela. Elle m’envoya littéralement ailleurs, malgré les preuves. Oh pauvre chérie, tu croyais réellement que papa était fidèle à maman ? Tu croyais vraiment que papa ne t’a pas fait une sœur dans le dos ? Bien, je vais te dire le fond de ma pensée un jour. Tu sauras sans doute qui je suis, vu que ma mère me dit que je suis aussi têtue et déterminée que notre père.
J’apprend désormais que tu es à Harvard, alors c’est à moi. J’ai les cartes en main, toi non. C’est moi qui fait les règles et je vais te montrer à quel point, je suis prête à gagner à ce jeu. Contente ou non, tu vas finir par comprendre que je ne mens pas. Je suis ta sœur, par le sang de notre père et non par l’esprit.