T'as fait exploser mon coeur...tu veux une récompense ?

Depuis quelques jours je m’étais séparé de River. Enfin, on c’était séparé, il m’avait plutôt lamentablement plaqué comme une merde alors que je m’apprêtais à lui dire que j’étais enceinte. Il avait d’ailleurs cru que c’était simplement une façon que j’avais eu pour le garder mais malheureusement pour lui non, c’était bel et bien la vérité. J’avais fait un test de grossesse et j’avais des douleurs dans le ventre. Mes nausées ne me trahissaient pas ! J’avais décidé par faire un peu de danse pour me détendre, franchement c’était le sport que je maitrisais avec le sexe bien entendu. D’ailleurs depuis ma rupture avec River je ne faisais qu’accroitre mes compétences dans le domaine, bien sûr c’était des histoires d’un soir pour tenter de l’oublier mais ça ne marchait pas car quand je me réveillais le lendemain je pensais toujours à lui. C’était d’ailleurs bien dommage car quelques uns des hommes qui passaient sous mes draps étaient franchement pas mal. J’avais donc mis à fond le son de la chaine en rentrant, en me disant que je ne serais peut être pas dérangé. J’avais choisit pour danser une musique faisant parti du ballet « le lac des cygnes », j’avais toujours adoré ce ballet, bien souvent j’avais rêvé de jouer à la fois le cygne blanc et le cygne noir…J’aimais tellement la musique, cela me transportait. Je m’étais donc mis à virevolter, à tourner, à faire des pointes sur cette magnifique musique mais quelques secondes plus tard alors que je commençais de profiter du moment une violente douleur m’attaqua le ventre. C’était certainement le bébé une nouvelle fois, j’avais mal dès le moindre effort, sa santé devait certainement être fragile, je voulus continuer un tout petit peu mais je fus plaqué au sol. Terrassé certainement par une sorte de malaise, j’essayais de ramper sur le sol, j’étais faible. Je finis par me maitre à genoux, parlant moi-même au bébé : « Tu as décidé de me rendre la vie dur…Tu tiens de ton père on dirait ! ». Il tenait peut être de son père mais je l’aimais quand même, je l’aimais comme une folle d’ailleurs puisqu’il était la seule chose qu’il me restait à présent.

Les choses avaient pas mal bougé dans ma vie depuis quelque temps. River avait quitté sa copine pour se mettre en couple avec moi, et même si l’engagement me terrifiait plus que tout et que j’étais très certainement la dernière personne de Cambridge à désirer me trouver un petit ami, je crois – je n’étais encore sûr de rien concernant les réels limites et termes de notre relation – que je pouvais me considérer comme retirer du marché. Du moins, officieusement parce qu’on avait pas fait sonner les trompettes ni signer quoi que ce soit qui prouvaient un quelconque engagement l’un pour l’autre – à moins d’avoir loupé quelque chose de très important…

En tout cas, si beaucoup de choses avaient changé, ce n’était pas le cas de tout – et encore heureux. J’avais donc décidé de faire un petit tour au stade afin d’entretenir ma forme comme j’en avais pris l’habitude depuis que j’étais arrivé dans cette université. Mes poumons avaient beau être enfumé par la nicotine que j’inhalais tous les jours en grande quantité, mon cœur, lui, avait besoin d’exercice, tout comme les muscles de mon corps. Seulement, après deux tours de terrain, mes voies respiratoires encrassés me rappelaient vivement qu’il faudrait peut-être que je songe un jour à arrêter de fumer – ce qui n’était pour le moment pas prêt d’arriver… Je m’arrêtai donc de courir et m’assis sur les quelques marches d’un bâtiment, sans savoir que l’ex-copine de mon… de River était juste derrière moi en train de souffrir.

Depuis le début de ma grossesse les choses n’étaient pas évidentes, j’avais souvent mal au ventre et j’avais d’horribles nausées. Et puis depuis ma rupture avec River les choses ne s’étaient pas améliorés, c’était même de pire en pire car nos relations étaient au stade de non retour. Danser, danser était la seule chose qui me faisait tout oublier, cela me faisait voler. La danse, c’était bien la seule chose où j’avais toujours eu un don, depuis que j’étais petite même si ma mère m’avait inscrite au karaté pour me défendre contre mon père qui était schizophrène. Après avoir fait un petit exercice et malgré mes douleurs au ventre j’avais pris une petite douche, je n’étais déjà pas en bon état alors si je sentais la sueur je pense que cela n’arrangerait vraiment pas les choses. J’avais ensuite rangé mes affaires, enfin rangé était un bien grand mot j’avais plutôt mis mes habits de danse dans un sac avant de repartir du gymnase. Une fois sortie de l’établissement je regardais les quelques personnes qui étaient en train de faire du sport, je n’avais pas remarqué que Tyler était là et d’ailleurs je n’avais aucune envie de le voir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il avait pris le père de mon enfant, qu’il avait réussit à le séduire alors que River était complètement amoureux de moi et hétérosexuel quand nous étions en France. J’avais fait tant d’effort et cela me dégoutait ! Restant figé quelques secondes, des larmes finirent par couler sur mes joues en repensant à tout ce qui était en train de se passer dans ma vie. Je ne me voyais pas géré un bébé toute seule, ce serait vraiment horrible. En partant du gymnase je n’avais pas remarqué que j’avais laissé tombés mes chaussons de danse près du stade. J’étais tellement étourdie en ce moment, j’avais vraiment la tête dans les nuages enfin plutôt dans les problèmes que je ne faisais même plus attention à ce qui se passait autour de moi…Je finis par partir sans mes chaussons vers les bâtiments consacrés aux études plus théoriques…

Spoiler:

Après avoir retrouvé quelque peu mon souffle, je scannai les alentours à la recherche d’une fontaine à eau afin de m’hydrater avant de poursuivre mon petit jogging plus très matinal à présent. Par chance, j’en trouvai une non loin de là où j’étais assis et je bus l’eau qui sortait du robinet à grande gorgée. Une fois pleinement rafraîchi, je m’apprêtai à retourner sur la piste de course du stade lorsque je remarquai des chaussons de danse qui traînaient par terre. Je les ramassai donc, me demandant bien à qui il pouvait appartenir, avant de remarquer une jeune fille habillée – semblait-il – d’un juste-au-corps et qui semblait se diriger vers le campus. Je décidai donc de la rattraper, me disant que, de toute façon, si les chaussons ne lui appartenaient pas, je n’avais rien à perdre à courir quelques mètres pour lui poser la question.

- Hey ! Excuse-moi ! la hélai-je alors tout en trottinant vers elle. Est-ce que c’est… à toi ?... Eh merde… Le campus était gigantesque, mais il fallait tout de même que je tombe sur la dernière personne que je voulais voir : l’ex de River. Je me demandais d’ailleurs si elle savait que River l’avait quitté pour se mettre avec moi, mais je pense que je n’allais pas tarder à le savoir…

J’avais finit par partir du stade en laissant mes chaussons de danse au sol, oui je n’avais même pas entendu qu’ils étaient tombés, j’étais complètement dans la lune en ce moment mais ce n’était pas vraiment une bonne chose. Je finis par me rendre compte après quelques secondes que quelqu’un m’appelait, c’est vrai que j’étais plutôt du genre reconnaissable comme probable danseuse avec mon petite juste au corps et mon chignon parfaitement réalisé. Je m’étais toujours demandé pourquoi les danseuses devaient avoir les cheveux aussi lisses et aussi tirés. Pourquoi se faire mal à la tête pour avoir juste la satisfaction de ne pas avoir les cheveux dans le visage….Mais j’avais finit par comprendre un peu plus tard que chaque pas de danse, chaque mouvement, chaque petite chose que l’on faisait pour la danse était toujours synonyme de douleur, c’était comme ça. Je regardais alors à peine la personne qui me tendait les chaussons, je n’avais pas vu son visage, seulement ses mains qui tenaient mon bien, je répondis alors sans lever la tête : « Excusez moi, je n’avais même pas vu que je les avais perdus…Je suis complètement ailleurs en ce moment ! ». Oui, ça j’étais bien ailleurs moi qui avais toujours été une fille souriante et avenante j’avais changé du tout au tout depuis que je n’étais plus avec River. J’avais les yeux humides en permanence, je passais mon temps à pleurer ou à me taire, c’était trop triste. Je relevais quand même un peu la tête pour voir le visage de mon interlocuteur et merde…c’était Tyler autant dire que j’avais vraiment aucune envie de lui parler. Je préférerais partir en courant, rien que de le voir je sentis mes yeux devenir de plus en plus humide. Voir Tyler c’était me faire penser à River, à lui, à notre séparation et à notre bébé et à l’avenir complètement nul que m’avait réservé mon inutile existence. Je finis par lui dire, me référant à l’actualité : « Oh Tyler…Bonne année à toi, je pense qu’elle ne sera pas si mauvaise pour toi ! ». Parce qu’il était accompagné de la personne la plus géniale que j’avais connu tandis que moi je devais continuer à avancer sans lui, je devais commencer doucement à l’oublier. J’avais presque envie de partir, de tourner les talons dès à présent car après tout je n’avais rien à lui dire, il avait volé mon petit ami, celui que j’aimais le plus au monde, il avait gagné, il devait être heureux. « Je devrais peut être y aller, j'ai pas trop envie de parler ...». J'avais surtout pas envie d'entendre qu'il vivait le bonheur absolue avec River alors que moi j'étais au plus mal depuis notre rupture !

- Excusez-moi, je n’avais même pas vu que je les avais perdus… répondit alors June qui n’avait même pas levé la tête. Et peut-être allait-elle s’en aller, les yeux toujours baissés, sans même m’avoir reconnu ?... Après tout, je n’avais pas spécialement envie de me recevoir des chaussons – même de danse – dans la figure… Je suis complètement ailleurs en ce moment ! commenta-t-elle, avant de relever finalement les yeux vers moi. Evidemment, c’était trop beau pour que cela soit réalisable... Le pire de tout était qu’elle avait les yeux humides, comme si elle s’apprêtait à pleurer, ce qui n’était juste pas du tout envisageable. J’avais déjà été assez gentil pour lui ramasser ses affaires – bon, ok, j’ignorais que c’était elle à ce moment-là, mais tout de même ! –, je n’allais pas non plus jouer les consolateurs amateurs. Surtout que j’avais déjà du mal à réconforter mes ami(e)s, ce n’était pas pour le faire avec mes ennemi(e)s… Oh, Tyler… Bonne année à toi, je pense qu’elle ne sera pas si mauvaise pour toi ! ironisa-t-elle, et je me demandais bien où elle voulait en venir par là. A moins qu’elle parlait du fait que j’avais gagné le cœur de son petit copain – enfin, ex-petit copain – et que donc, c’était une bonne année en perspective. Ça se tenait. Bien que ce n’était pas parce que River m’avait choisi que j’allais passé une année parfaite en tout point. Je devrais peut-être y aller, j'ai pas trop envie de parler... finit-elle, et je fus franchement étonné de son envie de fuir, alors qu’elle savait si bien se battre d’habitude. C’était sûr que lorsqu’on était perdant, c’était plus difficile !

- Ca tombe bien, moi non plus… approuvai-je ses propos – une chose sur laquelle nous étions au moins d’accord. Je t’avouerai quand même que je m’attendais à ce que tu sois plus… véhémente à mon égard. Comme quoi, ça se voit que tu as perdu la guerre, parce qu’avant ça, tu ne te gênais pas pour me lancer des remarques cinglantes.

Je supportais mal la situation, j’avais mal au cœur en voyant Tyler. Et j’aurais certainement encore plus mal au cœur quand je verrais Tyler et River, marcher mains dans la main, manger en amoureux, faire le genre de truc qu’on faisait quand on vivait heureux et en parfaite harmonie. Cela me faisait déjà bien assez mal pour lui faire la conversation, il m’avouait d’ailleurs qu’il ne souhaitait pas me parler. Enfin je ne sais pas pourquoi il devait être gêné de toute façon même si il l’avait vraiment dragué et chauffer plus que raisonnablement, il n’avait certainement pas forcé River à me quitter et me faire autant de mal. Il me dit ensuite que j’avais été auparavant plus détestable quand j’étais la petite amie officielle de River, c’est vrai que je lui avais clairement dit de déguerpir parce que River était mon territoire à l’époque mais après j’avais essayé d’être plus gentille en lui souhaitant le bonheur qu’il devait mériter. Je me mis à hurler alors, comme il devait certainement l’attendre, comme pour lui montrer que j’avais perdu mais que j’étais encore digne : « Alors c’est ça que tu attendais hein ? Que je te montre à quel point j’étais mal…Et bien oui je suis mal, j’ai même l’impression d’être morte tu vois, d’être une coquille vide, un décor de cinéma, une simple façade sans River parce qu’il me rendait heureuse. Il me prouvait chaque jour que j’étais une personne géniale qui méritait d’être aimé. Je crois d’ailleurs qu’il était la personne que j’aimais le plus au monde. Enfin, que j’aime le plus au monde. Alors oui, tu as gagné, tu peux être content mais tu vois ça me désole, ça me désole que tu parles de lui comme si il était une chose, un trophée obtenu après avoir courut un marathon. Je pense que River mérite mieux que ça, River est un être exceptionnel et de toute manière il fera toujours parti de ma vie avec le bébé… ». C’est vrai il était le père de mon enfant et j’espère que Tyler était au courant de ce détail d’ailleurs. Je lui répondis alors beaucoup plus calmement : « J’ai même plus la force de crier, je ne vois pas ce que ça changerais, ma vie va être lamentable maintenant… ». Je n’étais pas très optimiste mais en ce moment je passais mon temps à déprimer et à pleurer. Tyler devait s’y habituer, lui qui m’avait connu avant c’est sûr que ça pouvait le changer…

- Alors, c’est ça que tu attendais, hein ? se mit-elle tout à coup à hurler, me transperçant les tympans avec sa voix aiguë. Que je te montre à quel point j’étais mal… Eh bien oui je suis mal, j’ai même l’impression d’être morte tu vois, d’être une coquille vide, un décor de cinéma, une simple façade sans River parce qu’il me rendait heureuse, m’expliqua-t-elle, tandis que je levai les yeux au ciel par autant de gnangnantisme. Il me prouvait chaque jour que j’étais une personne géniale qui méritait d’être aimé. Je crois d’ailleurs qu’il était la personne que j’aimais le plus au monde. Enfin, que j’aime le plus au monde, se corrigea-t-elle, et cela me fit légèrement froncer les sourcils – bien que je savais parfaitement qu’elle l’aimerait encore un bon moment puisqu’elle s’était fait plaquer comme une vieille chaussette. Alors oui, tu as gagné, tu peux être content mais tu vois ça me désole, ça me désole que tu parles de lui comme si il était une chose, un trophée obtenu après avoir couru un marathon, me fit-elle la morale, ce qui eut une nouvelle fois le don de me faire lever les yeux au ciel. Après tout, de quoi se mêlait-elle ? River ne faisait plus partie de sa vie, elle n’avait donc aucun mauvais conseil à me donner. Je pense que River mérite mieux que ça, River est un être exceptionnel et de toute manière il fera toujours parti de ma vie avec le bébé… me balança-t-elle à la figure, ce qui fit buguer complètement mon cerveau. J’ai même plus la force de crier, je ne vois pas ce que ça changerais, ma vie va être lamentable maintenant…

- Tu mens… réussis-je tout de même à articuler, après avoir repris un minimum mes esprits. Elle ne pouvait pas être enceinte. River ne l’aurait jamais permis – du moins, c’était ce que je pensais. Il n’y avait de toute façon qu’une seule possibilité à cette nouvelle : June mentait pour pouvoir garder River auprès d’elle, et je n’allais pas me faire avoir par ces manigances de sorcière. Tu dis ça seulement pour que River ne t’abandonne pas à ton triste sort. Mais ça prend pas avec moi. Alors, tu vas arrêter de raconter des conneries et laissez River tranquille, parce que sinon je risque de devenir très méchant… lui expliquai-je sur un ton grondant qui montrait parfaitement que mes propos étaient sérieux. Et je m’étonnai d’ailleurs encore une fois de réagir de la sorte pour cet homme qui avait déjà chamboulé tellement de choses en moi. Peut-être qu’Elia avait raison finalement. Peut-être que j’étais pour la première fois de ma vie tombé amoureux et que je voulais protéger un minimum ce que j’avais réussi à acquérir jusque-là.

J’avais commencé par lui hurler dessus, même si j’avais essayé de garder mon calme, je devais faire évacuer la colère qui m’avait empli depuis que River m’avait quitté. De la colère, de la haine, je ressentais infiniment de chose envers River mais aussi de l’amour, je ne pouvais pas oublier l’homme pour lequel j’avais oublié la France. J’étais très attaché à lui, et maintenant qu’il était le père de mon enfant je ne pourrais jamais le zapper définitivement de ma vie. Je trouvais ça osé de lever les yeux au ciel alors que je lui parlais, River avait toujours été mon petit ami avant d’être le sien ! Et maintenant il agissait comme si tout cela ne m’avait jamais concerné. Après lui avoir annoncé que je serais liée à jamais à River il osait me dire que cela ne me concernait pas ! Je lui avais annoncé que de toute façon River pourrait toujours être à mes côtés avec le bébé que j’attendais mais lui aussi me disait que je mentais…Je ne comprenais pas pourquoi personne ne prêtait attention au petit être que j’avais dans le ventre, comme si celui-ci n’avait aucune importance. J’avais vraiment envie de crier mais je décidai de ne pas m’énerver même si il m’accusait de mentir, je me mis à rire avant de répondre : « Heu…Non je ne mens pas ! ». Je finis par lui expliquer : « C’est étrange, River pensait aussi que je mentais, comme si j’étais le genre de garce qui pouvait faire ça juste pour garder son mec ! Je suis enceinte Tyler, tu sais quand on est en couple on fait le genre de chose qui peut nous emmener à avoir un bébé…Un soucis de pilule et je suis tombée enceinte ! Deviens méchant j’en ai rien à faire ! De toute façon tu ne peux pas me taper, ça pourrait te couter cher de taper une femme et une femme enceinte en plus… ». Je ne m’étais pas énervé mais si ça se trouve j’aurais du. J’espérais simplement que je ne devrais pas lui montrer le test de grossesse empli d’urine que j’avais déjà du mettre sous le nez de River pour lui prouver ma réelle grossesse. Je lui demandais alors, un peu curieuse : « River t’as pas parlé du bébé…Je ne comprends pas là… ». Une chose est sûre s’il commençait à lui cacher des trucs du genre, ils n’allaient pas être ensembles très longtemps…