Il m’avait fait sursauter au moment où il me disait d’arrêter de remuer, et la vitesse à laquelle il m’avait pris les mains et m’avait débarrassé du plat, j’étais resté fixe, sans réellement comprendre ce qui se passait. Sa petite phrase, et son petit air. C’était si simple et si touchant sur le coup. « Pas si tu ne le mérites pas. » Je mordais mes lèvres sur le dernier mot de cette phrase. Parce que je n’allais pas lui mentir après tout. Il fallait être honnête dans la vie. Ce qui suivait été assez impressionnant. Il faisait tout avec tellement de facilité que ça en devenait fascinant. Il était taquin, dans toutes ses phrases, mais plus le moment fatidique arrivait, plus la situation devenait tendue et appréciable. Il me disait que ça devait reposer, et nous savions tous les deux qu’une demi-heure, c’était long. Très long. « On va croiser les doigts. » Je lui souriais délicatement avant qu’il ne s’approche pour ranger les ustensiles à leur place dans la vaisselle. C’était à mon tour de me rapprocher de lui quand il me faisait clairement comprendre que j’avais le choix de tout ce qui pourrait se passer dans les prochaines minutes. Passant ma main sur la sienne comme s’il s’agissait d’une caresse. « Des idées, ce n’est pas ce qui manque. » Je faisais des vas et viens entre son regard et sa bouche. Me mordant la lèvre inférieure. Mais je devais me calmer, ça allait peut-être trop vite pour lui. « Tu veux peut-être aller t’asseoir dans le canapé ? » Proposition alléchante, non ?
Voyant tes dents se passer sur tes lèvres, cette morsure invitante emplie de sous-entendus, j'étais comme submergé de confiance. Moi qui, à mon habitude, pouvait montrer une once de vulnérabilité, j'étais dans tous mes états. Croiser les doigts. Pourquoi pas. Rien à perdre, j'étais plus confiant en mon habilité de prendre tout contrôle sur toi qu'en mon habilité de faire une bonne glace, en toute honnêteté, Becca. Je sentis un mouvement brusque, sournois dans mon dos tandis que certains ustensiles se retrouvaient ensemble, mélangés dans le lavabo. Ta main dans la mienne, nos doigts qui se croisaient et s'entremêlaient l'espace d'un moment, je jette un coup d'oeil au-dessus de mon épaule. Tu es taquine, envieuse. Désirable. Désireuse, aussi. Ce contact me fis frissonner, comme n'importe lequel certes, mais c'était des frissons honnêtes. Je me retourne légèrement, t'écoute susurrer des mots doux l'espace d'une seconde, sans vraiment dire un mot de mon côté. Je laisse mon silence parler pour moi-même, mes yeux te démontrer comment j'me sens à ton égard à ce moment précis. Si tu continuais à te mordre la lèvre comme ça, j'allais devoir m'en occuper moi-même, Becca. Le canapé. Je jette un coup d'oeil au-dessus de ton épaule, quelques dizaines de mètre nous séparent du canapé. J'en ai pas besoin. On va pas ruiner un moment pareil, non. Furtivement, tu sens ma main s'échapper de la tienne, remonter le long de ta taille. J'ai peur, peut-être je bouge trop vite. J'm'en fous. Mes doigts sont sur ton cou, mon pouce caresse ta joue, mon regard se baigne dans le tien. Je fais quelques pas vers toi, quelques millimètres entre nos deux souffles, mon soupir chaud contre ta peau fine, douce. Nos respirations sont rauques, la distance me tue, mais j'ai pas les couilles de faire ce pas entre nous deux. Un peu d'aide, becca.
Ce soir tout était différent. Ce soir, j’étais avec Riyaaz. Ce beau garçon aux cheveux bouclés. J’aimais bien ses boucles, ça lui donnait un style particulier, et bien à lui. Nos doigts se mêlaient les uns aux autres, c’était si improbable que j’aimais cette connexion. En fait je m’en battais les steaks de la glace. Ou alors, juste un tout petit peu. J’avais envie de l’embrasser. Puis, c’était si simple pour une fois. Pas besoin de grand discours, de rendez-vous galant. C’était parfait ainsi. Je n’aimais pas ça de toute manière quand les mecs en faisaient trop. Sauf quand je leur demandais, parce que ça me faisait rire au fond. J’étais joueuse, et je ne m’en cachais pas. Je sentais à son attraction physique et à la proximité, que nous n’irions pas du tout sur le canapé. Il devait être trop loin, ou pas assez attirant, qui sait. Son visage se rapprochait du mien. Nos souffles ne devenaient plus qu’un avec aussi peu de distances pour les séparer. Et là, je le sentais bloquer. Il ne se rapprochait plus, alors qu’il ne restait que quelques millimètres à parcourir. Oh et puis merde. Je passais ma main dans sa nuque pour l’attirer vers moi et l’embrasser passionnément. Ses lèvres étaient douces. Elles m’avaient données envie depuis son arrivée dans l’appartement, alors autant en profiter. Lâchant son cou, je passais mes mains sur le bord du comptoir pour venir à m’asseoir dessus sans mettre fin à cette étreinte. Quand j’étais installée, je revenais sur son corps. Le rapprochant du mien, l’encerclant entre mes jambes. Je rompais notre lien, faisant de court baiser à sa lèvre inférieure, comme pour la remercier de cette tendresse. « Tu embrasses bien Riyaaz. Tu embrasses vraiment bien. » J’esquissais un sourire satisfait, et ma voix était reposée. S’il voulait continuer, maintenant, il savait qu’il avait le feu vert.